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  • Dans les coulisses

    Dans les coulisses

     

     

     

        Nous l'avions dit: "Trump ne sera heureux qu'avec un casque sur la tête!", eh bien, ça y est! Le voilà tel un chef de guerre, déplaçant ses troupes: 1500 hommes déployés, pour soutenir les ennemis de l'Iran et donc les amis de l'Amérique! Attention, c'est un général d'opérette que nous avons sous les yeux! Trump est né avec une cuillère d'argent dans la bouche; l'adversité, "encaisser les coups", il ne connaît pas! Il a toujours dirigé, dominé, d'où sa folie! Au moment où ça tournera mal, on peut prévoir qu'il perde pieds!

        Mais donnons un contre-exemple, pour faire contraste, pour nous ramener sur Terre! En 1917, dans les tranchées, le général Patch a un affreux mal de dents et il fait chercher un dentiste... En vain, on ne trouve qu'un vétérinaire, auquel Patch demande: "Vous avez déjà arraché des dents?

        _ Oui, à des chevaux...

        _ Eh bien allez-y, continue Patch, en ouvrant la bouche et en tendant une tenaille au vétérinaire."

        Hein! Là chapeau! Si on regarde une photo de Patch, on voit un cobra étoilé! C'est lui qui libéra la France en 44, par la Provence!

        Pourtant, Trump n'est pas l'idiot que ses plus farouches détracteurs aiment à voir! Il est bien plus complexe et sensible qu'il n'y paraît et il peut certainement même être bon! Mais, comme Bush fils, il est entouré de conseillers avides, méprisants, ne rêvant que de puissance et qui ne méritent même plus le nom de faucons, mais de hyènes!

        John R. Bolton, notamment, est un tyran avéré, c'est-à-dire qu'il ne comprend le monde que s'il le domine... Ainsi traite-t-il son angoisse, mais vous connaissez déjà cette logique! Après avoir connu un fiasco au Venezuela, Bolton "s'attaque" maintenant à l'Iran, qui d'après lui a une attitude agressive! Mais ce sont bien les Etats-Unis qui ont créé cette situation de toutes pièces! C'est bien la politique de Trump qui a poussé à bout le gouvernement iranien! Comment peut-on s'abuser au point de voir ce dernier comme le belliciste ou l'agresseur! Toutes les victimes futures, quelle que soit leur nationalité, pourront accuser Trump, lors du jugement dernier!

        Au sujet de l'Iran, nous ne saurions trop vous conseiller le livre de Armin Arefi, Dentelles et tchadors, paru en 2009, aux Editions de l'Aube... Vous y découvrirez une jeunesse iranienne sensationnelle, incroyable, dont vous tomberez fatalement amoureux! C'est comme si on atterrissait sur une autre planète, après le rideau épouvantable des clichés!

        Arefi a "récidivé" avec Un printemps à Téhéran, édité par Plon, en 2019, mais ce nouveau livre est moins bon et contient même des fautes de grammaire, ce qui laisse rêveur... Mais la magie de Dentelles et tchadors est encore là et on a quasiment envie de hurler devant la bêtise de Trump et consorts!

        Evidemment, le régime des mollahs n'est pas démocratique et peut constituer une menace, mais c'est surtout celle de la différence! Il ne faut pas en avoir peur et l'attitude de Trump montre encore combien il est faible, sans consistance; car seuls les forts acceptent l'opposition et en sont même curieux! La différence est une source de richesse, à condition de la considérer évidemment! Mais ne faisons pas d'efforts, n'ayons aucun courage et détruisons! Quel aveuglement! Trump croit encore au triomphe, qu'il sera un jour fêté comme les cosmonautes, à leur retour de la lune!

        Mais combien de morts sous les confettis? Combien d'anonymes tués dans l'indifférence? Le 15 août 1944, soixante-sept marins français, appartenant au Groupe Naval d'Assaut, aborde de nuit la pointe de l'Esquillon, dans le Sud de la France. Leur mission est du sabotage à l'intérieur des terres, pour éviter que des renforts allemands empêchent le débarquement allié. D'après leurs renseignements, la côte n'est pas minée, mais elle l'a été la veille! Les hommes sautent en nombre et meurent dans des souffrances qu'on imagine... Un peu plus tard, une jeune femme, Hélène Vagliano, est fusillée, après avoir été torturée par la Gestapo!

        A Paris, à la libération, Guitry, accusé de collaboration, réclame le droit à la légèreté et dans des salons, des hommes disent, pour excuser leur lâcheté, qu'ils n'ont pas choisi la résistance, parce que c'était mettre en danger des innocents! Certes, chacun suit sa voie et a ses opinions, mais il faut ouvrir les yeux, ne pas oublier tous ceux qui ont donné leur vie, pour que nous soyons libres aujourd'hui, ni tous ceux qu'on écrase telles de vulgaires punaises, alors qu'ils sont comme nous, avec leur histoire!

        Tant que la domination nous tient, nous sommes irresponsables! C'est l'échec, l'obstacle, le sentiment d'abandon, la peine qui déchirent la nuit, rendent humains, font comprendre, donnent de la patience, tandis que le pouvoir, les hommages, l'aisance, la facilité enchaînent dans l'enfance! Et le sage apaise, quand le tyran brûle!

        Mais baste! poursuivons... Nous sommes chez le dentiste, dans sa salle d'attente, et nous n'échappons pas à la télévision, car elle couvre tout un mur! Mais cela fait très longtemps que nous ne l'avons pas regardée et nous redécouvrons ses images, à neuf heures du matin!

         En l'occurrence, c'est un journal télévisé qui passe, sur une chaîne continue d'informations, et apparemment les choses n'ont pas changé: deux présentateurs tendus, aussi rigides que des tuteurs, étouffant presque, semblent commenter un événement extrêmement grave, au point que le studio a l'air d'un QG de guerre! Mais que se passe-t-il?

        C'est la campagne de Macron, pour les élections européennes, qui est le sujet! Son investissement est vu comme un risque politique majeur! D'autres journalistes interviennent, comme des commandants d'unités, et on ne serait pas étonné de voir dans le fond des personnages, déplaçant de petites marques, sur une immense carte!

        D'ailleurs, la gravité de la situation est encore accentuée par une "Une alerte info", en bas de l'image, et on redoute ce qu'elle annonce... Une centaine de morts dans une catastrophe ferroviaire? Macron assassiné? Les chars de Poutine à Kiev? Non, c'est un commentaire de Raffarin qui fait le texte défilant! Les cardiaques pourront porter plainte!

        A vrai dire, dans cette salle d'attente, nous sommes épouvanté par ce que nous voyons! Comment des gens, qui vivent dans une telle agitation, une telle tension, pour si peu et c'est comme ça chaque jour, comment pourraient-ils comprendre un traître mot à la vie et même aux événements qu'ils semblent maîtriser? Comment discerner où va la rivière, quand on est emporté par le courant? Son tracé n'apparaît qu'avec de la hauteur! Il est nécessaire d'essayer d'atteindre un temps qui dépasse le nôtre, par la contemplation de la beauté et donc de la nature notamment! Car nous sommes également l'objet d'une maturation, comme tout ce qui existe! Nous ne pouvons pas avoir à tout instant une réponse à nos questions! Il nous faut de la patience pour comprendre!

        D'ailleurs, quand le cerveau est trop jeune, il ne peut supporter le poids des réponses, du savoir... C'est la force de sa maturité qui lui permet de recueillir les meilleurs fruits, les plus denses! Puis, plus tard, le vieil homme abandonne la plupart de ses préoccupations, pour ne plus se préparer qu'à son crépuscule...

        Si votre temps reste uniquement celui de votre agitation, de votre tourment; celui de votre plaisir, de votre égoïsme; s'il ne s'élargit pas, mais demeure à l'échelle de l'homme, vous ne grandissez pas, vous ne mûrissez pas et votre comportement ne varie pas... Vous n'évoluez pas et vous vous débattez au milieu des événements, tel un enfant qui aurait trop de jouets!

        Le pire, c'est que quand Macron apparaît à l'écran, il est dans le même état que celui des journalistes! Il est aussi nerveux et agité qu'eux et il ne peut donc pas vraiment mieux comprendre la situation, le cours des choses et ainsi choisir la meilleure politique! Il est bon d'être engagé, mais pas au prix d'en devenir aveugle!

        Toujours est-il qu'à cet instant nous mesurons encore davantage notre isolement, car la plupart des gens vivent sans se demander où ils sont, ni où ils vont... Il existe un abîme entre eux et ce que nous écrivons, mais ce n'est pas grave... Le bonheur ou l'équilibre que nous avons trouvé ne dépend pas de l'approbation, ni de la reconnaissance générales et c'est pourquoi notre expérience a de la valeur; même si, bien entendu, il est toujours agréable de recevoir une grande claque dans le dos, en se faisant traiter de vieille canaille!

        Mais une bonne nouvelle vient éclaircir le ciel, c'est le vote Vert des Européennes! Malgré notre "clairvoyance" et comme tout le monde, nous avons été surpris par ce résultat; nous n'avions pas pris assez au sérieux les divers mouvements écologiques, qui avaient précédé les élections... Mais voilà, la jeunesse rappelle qu'elle est bien présente et sa générosité la place d'emblée au-dessus des intérêts particuliers! Cependant, ce n'est pas seulement une politique plus écologique qui pourra améliorer le sort de la planète, ainsi que le claironne le succès lugubre du RN!

        A quoi est-il dû? On a retrouvé la moustache d'Hitler! Un Russe l'avait conservée! Plus sérieusement, c'est toujours la même pente... L'angoisse, l'ennui, les inquiétudes conduisent à la domination, à la réaffirmation de son importance, au contrôle des autres; ce qui entraîne, dans le désordre, de l 'égoïsme, de la jalousie, un repli sur soi, de la fermeture, de l'intransigeance, de la dureté, du mépris, de la haine, etc. Il en est ainsi car l'équilibre de la plupart n'est construit que par la victoire, la satisfaction de l'amour-propre!

        C'est une conséquence inévitable de l'individualisation croissante des espèces et si ce comportement convient parfaitement aux animaux, pour la défense du territoire ou la sélection naturelle en particulier, il est sans issue pour l'homme, car la conscience ne peut seulement s'accommoder du triomphe du plus fort; ne serait-ce que parce nous sommes sensibles à la souffrance d'autrui!  Mais nous ne cessons de décliner ce thème, n'est-ce pas?

        Toujours est-il que la montée des nationalismes traduit nos inquiétudes, notre époque pleine d'incertitudes, et comme nous réagissons à l'instar des animaux, nous devons nous attendre à des défis, des affrontements, à des coups de dents et de griffes! Nous serons bientôt aussi secs que du bois mort! Notre air sera de plus en plus martial, ainsi que l'histoire ne nous aurait rien appris! Nous roulerons des muscles, tel Trump, à la recherche de l'injure, de l'outrage, du casus belli! Pourtant, les Européennes étaient pour nous l'occasion de penser aux Ukrainiens, aux Estoniens, aux Lithuaniens, à tous ceux qui sont petits face aux superpuissances! Mais la campagne des différents partis a été d'une grande médiocrité!

        Macron a raison, il faut une armée européenne, pour rafraîchir le front de Trump, ou pour calmer Poutine, mais vu les finances et surtout la fermeture des uns et des autres, ce vœu n'est pas prêt de se réaliser! Et la jeunesse est naturellement trop tendre, pour lutter contre l'égoïsme mûr, satisfait de sa puanteur, comme le rat dans ses excréments! Notre horizon pourrait devenir de plus en plus noir, de plus en plus sanglant, à moins que les catastrophes naturelles ne "coiffent au poteau" nos désirs guerriers! Mais tout cela échappe au plus grand nombre, car il nie son angoisse!

        Dans notre quartier, nous voyons au moins trois personnes, qui ne peuvent dormir sans la lumière allumée! Une revue féminine ne verrait là qu'un cas de claustrophobie et donnerait des conseils, comme de se frotter avec un oignon, avant de consacrer son article suivant aux tables basses! Mais l'angoisse ne touche pas seulement quelques uns, elle étend ses branches dans tous les cerveaux et si on ne la ressent pas, c'est parce qu'on prend le soleil pour un accessoire de théâtre!

        Toujours  par ici, il y a ceux qui ferment leurs volets dès huit heures du soir, tandis qu'il reste encore près de trois heures de lumière! Ils ne voient plus d'intérêt au jour et même celui-ci les ennuie et les indispose! Ils s'enferment donc, dans l'obscurité et sans doute devant la télévision!

        S'ils avaient une passion, leur activité regretterait la venue trop soudaine du soir, mais une seule chose les mène: leur domination, leur importance! Ce n'est que quand ils brillent qu'ils aiment la vie; sinon ils dépriment! A ce compte-là, ils n'ont pas la solution de leur problème, parce que la plupart des autres sont comme eux! Si chacun tire la couverture à soi, chacun finit par avoir froid!

        Comment alors ne pas comprendre que dans ces "terriers" naissent le ressentiment, l'incompréhension, la crainte; toutes les conditions favorables à un vote RN?

        Pour un monde meilleur, il est nécessaire de "casser" ce réflexe, qui nous fait croire que notre bonheur ou notre réussite résident dans notre supériorité! Que l'on regarde autour de soi! Qu'on redevienne enfant, pour la curiosité, l'émerveillement, la douceur, la confiance tranquille; celle qui fait chanter sa joie et contempler les nuages comme une caresse!

  • Dans la bauge

    Dans la bauge

     

     

     

     

        Comme chaque jour, nous nous heurtons au tyran. Nous sommes à faire nos courses, à un étal ou à la boulangerie, et le voilà qui arrive, aussi précis qu'un train, aussi rapide qu'une mouche! Aussitôt, il pèse et l'image la meilleure qui pourrait le représenter est celle-ci... Einstein découvre que la gravitation, bien qu'elle obéisse aux lois de Newton, est en fait un champ gravitationnel, car la masse des astres déforme l'espace... La lumière elle-même est déviée et le tyran a une action similaire: il veut être le centre du monde, grâce à la tension qui l'habite!

        Nous voudrions nous tourner vers lui, pour lui dire: "Si je comprends bien, dès que vous êtes là, il faut que les autres dégagent, c'est ça?" Le tyran montrerait d'abord de la surprise, de l'incompréhension, comme si nous étions nous-même l'impoli ou fou! Il faudrait alors lui expliquer que personne ne met de la mauvaise volonté, que c'est à chacun son tour et qu'il ne doit pas faire pression sur les autres, qu'il n'a pas à les serrer comme ça! (Qu'il se détende, bon sang!)

        Face à ce discours, le tyran ne conviendrait de rien; il pourrait même se récrier et s'excuser, comme s'il s'agissait d'un malentendu; mais, dans le fond de son cœur, il vous haïrait, son orgueil étant piqué! Il reculerait néanmoins et vous laisserait plus d'espace, mais une telle explication vous aurait épuisé et vous ne la recommenceriez pas de sitôt!

        Aussi l'attitude la plus courante face au tyran est-elle une résistance silencieuse, secrète pourrait-on dire! Sous la menace, on se relâche encore plus, on respire plus profondément, on se défend en devenant plus calme, plus dense; on prend son temps... Non par bravade, pour envenimer les choses, mais par respect pour soi, pour refuser l'égoïsme et la bêtise! Car ce n'est que cela: il n'y a pas de gens pressés, il n'y a que des bébés attardés, qui ne savent pas se contrôler!

        Cependant, même si on résiste au tyran, il nous oblige à réagir et c'est encore une usure; alors qu'un autre monde est imaginable, où chacun respecterait l'autre! Mais, comme on ne cède pas au tyran, celui-ci enrage et peut faire valoir sa haine davantage! Il se campe par exemple près de nous, son air de dégoût nous analysant de la tête aux pieds! Il peut encore nous coller encore plus, de sorte qu'il nous semble, quand on se retourne, telle une matière molle, dont on aurait de la peine à se débarrasser... Il est possible enfin qu'il nous donne carrément un coup de coude au passage, qui serait mis, si on le relevait, sur le compte de l'étroitesse des lieux ou de la distraction... Mais c'est pourtant une véritable petite agression, qui laisse entrevoir au bord de quels abîmes nous vivons!

        Mais nous croyons qu'il ne faut surtout pas croiser les yeux du tyran, le considérer, car la pire insulte pour lui, c'est l'indifférence! Non seulement celle-ci le blesse au plus profond, mais elle lui montre aussi le visage encore lointain de l'angoisse! En effet, le tyran ne voit qu'un monde, le sien, celui qu'il domine! Les autres n'y ont pas une existence vraiment réelle... ou plutôt ils ne sont pas les égaux du tyran, ils n'ont pas les mêmes droits que lui! Mais ils doivent lui obéir et reconnaître sa supériorité (ce qui est une plaisanterie, bien entendu...)! Tout élément qui résiste est une étrangeté, un univers inconnu, une réalité soudain détestable pour le tyran, dont nous allons essayer de comprendre encore mieux le phénomène!

        Les scientifiques, pour expliquer le génie, le pouvoir créatif, émettent l'hypothèse d'une sorte d'autisme... et on comprend leur point de vue. Comme a priori nous naissons tous avec le même cerveau, il faut bien que l'idée originale, créatrice, vienne de quelque part et peut-être qu'elle est le fruit d'une maladie mentale, d'autant que le créateur semble en proie à une véritable obsession, ne serait-ce que parce qu'il doit lutter contre vents et marées!

        Ce qui fait avancer l'humanité serait ainsi un accident, une anomalie, voire un parasite, comme le champignon sur une souche, ou la rouille sur une barre de fer! Mais nous laissons à la science la responsabilité de cette voie, qui peut se révéler extrêmement périlleuse, puisqu'il faudra tôt ou tard regarder Darwin ou Freud tels des malades!

        Ceci étant, nous pouvons mieux parler des véritables artistes, qui sont plutôt de grands névrosés, et ce qui les caractérise le plus souvent sur le plan psychologique, c'est le doute, l'effacement devant le jugement des autres, la dépression, qui peut aller jusqu'au plus profond dégoût de soi-même! Nous n'expliquerons pas ici la raison de ce comportement, bien que l'analyse freudienne soit fausse, mais même si l'artiste croit en son talent, surtout s'il crée, il est très difficile pour lui de ne pas être à nouveau victime du découragement, de l'abattement, ce qui le mène à mépriser son œuvre et à souhaiter un autre travail, une autre tâche, qui lui permettrait de se sentir plus utile, plus aimable...

        Il suffit de voir les atermoiements d'un Pissarro, les excuses d'un Baudelaire ou les souffrances d'un Van Gogh, pour s'en convaincre... Cézanne, dans son désespoir, croyait que le génie c'était son père, puisque celui-ci, grâce à sa fortune, lui assurait une rente... Mais, bref, il n'est pas rare que l'artiste finisse par regretter son exception et par envier la "normalité" des autres, et si nous avons pris le temps de dresser un peu de son portrait, c'est qu'il ne correspond pas à celui de l'autiste!

        En effet, d'après nos propres observations, un élément essentiel qui caractérise l'autiste, c'est sa fermeture, sa psychorigidité... Tout le monde connaît certains dons exceptionnels des autistes: ils peuvent notamment être très précis, avoir une mémoire extraordinaire et relever des erreurs que personne ne voit! Mais c'est justement cette capacité qui constitue un handicap, car le monde de l'autiste repose sur des détails, sur une logique, ainsi que son cerveau serait tel un mécanisme d'horlogerie!

        Si on fait obstacle à l'autiste, on a droit à sa colère ou à sa panique, et c'est pourquoi on parle de maladie, car les limites sont vite atteintes! Il n'y a pas chez l'autiste un véritable échange social, qui demande nécessairement une souplesse d'esprit, une capacité d'adaptation... On doit pouvoir reconnaître la supériorité de l'autre ou au contraire ne pas lui montrer son infériorité! Rien que les faits ou la stricte exactitude excluent toute relation! En tout cas, nous sommes très loin ici de l'artiste qui, à force d'échecs, est tout prêt à se désavouer et à suivre l'avis de ceux qui le critiquent, ce qu'il regrettera d'ailleurs  amèrement plus tard!

        Mais, si l'artiste n'échappe pas à la catégorie des "roseaux pensants", chère à Pascal, par contre on peut se demander très sérieusement si le tyran, lui, n'est pas beaucoup plus près du comportement de l'autiste; car comment regarder différemment sa façon de traiter les autres? Il ne les respecte pas lui-même! Il est également fermé, dur et sujet à la colère et à la haine, s'il est contrarié! Quand on sait qu'il forme la majorité, cela laisse rêveur! Certes, il est sociable et il est même vu par la science comme un modèle de bonne santé, car ce sont ses projets, ses ambitions, son égoïsme, qui a priori animent la société et la développent; et pourtant chaque jour il blesse autrui et empêche le bonheur... Mais si la science ignore le "phénomène du tyran", c'est parce qu'elle ne le voit pas, tout simplement! Tâchons donc d'aller encore plus avant, afin d'examiner celui-ci en plein soleil!

        En ce qui nous concerne, nous fréquentons un bouquiniste, avec lequel nous aimons évoquer les guerres passées, les déclarations des uns, les erreurs des autres... Cela est plein d'enseignements et Vichy, en particulier, est un sujet qui redonne toujours le moral! Mais, durant la discussion, il est naturel que d'autres clients passent et nous voyons la haine de leur regard, quand ils découvrent qu'ils ne seront pas seuls avec le bouquiniste! Cette réaction ne nous surprend pas, bien au contraire, puisque nous l'avions nous-même, à une autre époque, il y a longtemps!

        Mais d'où vient-elle? Nous sommes tous à l'origine impatients de nous sentir vivre, de montrer notre talent, notre richesse, notre importance, et cela est si fort que le moindre empêchement, que tout ce qui nous retarde, nous ralentit, cause notre énervement, notre dégoût, notre colère, notre irritation! C'est l'enfant qui est en nous qui continue de souffrir, dès qu'il n'est pas immédiatement satisfait!

        En constatant ce processus et ses conséquences, la haine pour autrui et la douleur pour soi, nous avons décidé d'évoluer; nous avons appris à être patient, pour ne pas dire confiant; nous avons grandi, atteint une certaine maturité, qui nous permet de ne prendre nul ombrage, quand bien même nous n'aurions pas l'occasion de nous faire valoir! Au contraire, ce détachement, cette maîtrise nous donne liberté et légèreté! Nous ne souffrons presque plus et même nous sommes si fort, si disponible,  qu'il nous arrive d'avoir de la compassion pour tous ceux qui se débattent encore avec leur amour-propre!

        Mais une conclusion s'impose: le tyran, au fond, n'est rien d'autre qu'un enfant dans un corps d'adulte! Il refuse toute maturation, parce qu'il a l'impression que s'il faisait des efforts, s'il consentait à se diminuer, à reconnaître son ignorance, ce qui est nécessaire pour apprendre, il serait perdant, il n'aurait pas sa place; sa jouissance serait moindre! Il reste donc avec son avidité et sa fragilité d'enfant et son destin est souvent malheureux, voire tragique!

        Par exemple, un patron de bar expatrié, en France, un Irlandais, se calme en s'emportant régulièrement contre sa femme! Quand celle-ci ne peut plus supporter la situation et demande le divorce, notre homme ressent soudain une telle solitude qu'il décède d'une attaque cérébrale! Rappelons que le tyran n'a pas d'autre équilibre que celui de l'enfant despotique! Autrement dit, s'il n'a plus de victimes, il est perdu!      

        Autre exemple... Un charcutier, tout en se plaignant tout le temps de son travail, se montre dur et intransigeant à l'égard des autres, mais il doit aussi prendre sa retraite et vendre sa charcuterie... Il meurt quelque temps après, d'un cancer foudroyant, car la peur n'avait plus aucun obstacle devant elle! Si le métier s'arrête, le vide apparaît, au point que le premier peut rendre esclave! Mais ceci révèle encore combien le sort du tyran est peu enviable, car il est dépourvu de paix!

        Elargissons notre point de vue et considérons le conflit israélo-palestinien! S'il n'était pas lugubre et cruel, il ressemblerait à un match de tennis, entre Borg et Connors!  Cela paraît sans fin, inextricable, et gagné par le découragement, on a envie de dire quelquefois: "Mais qu'on les laisse s'entretuer! Comme ça, ils seront moins et on sera plus tranquille!"

        Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi... Les "pères fondateurs" de l'état d'Israël ont été plutôt de gauche, des travaillistes, et qu'ils s'appelassent Ben Gourion ou Mosche Dayan, ils n'ont jamais oublié qu'il faudrait traiter avec les Palestiniens! Ce sont les leaders de droite, du parti du Likoud, qui n'offrent qu'un dialogue de sourds, et parmi eux on citera Begin et Shamir, qui étaient tous deux des terroristes, du temps du protectorat britannique; c'est-à-dire qu'ils ont tué ou fait tuer au nom de leurs convictions. Shamir d'ailleurs a vraiment été le Mesrine des Anglais et la France a pu l'aider à leur échapper, car à cette époque notre pays avait à cœur d'empoisonner la situation! Mais ceci est une autre histoire...

        Toujours est-il que la droite conservatrice est bien plus proche de l'attitude "autiste" du tyran! Elle refuse de prendre en compte l'existence de l'autre, ou de la différence, et elle vit dans l'illusion qu'elle finira par triompher, que ses ennemis disparaîtront! Evidemment, les partis extrémistes sont encore plus engagés dans cette voie et c'est pourquoi ils ont toujours veillé à ruiner les négociations pour la paix! Du côté palestinien, ce sont les attentats-suicides du Hamas et les fanatiques religieux juifs sont à l'origine de massacres... En 1995, le premier ministre israélien, Rabin, est même assassiné par un de ses compatriotes, parce qu'il était favorable aux accords d'Oslo, certainement la tentative la plus sérieuse pour aboutir à la paix!

        Aujourd'hui, Netanyahou symbolise la droite gâtée et capricieuse, car les menaces pesant sur Israël sont de moins en moins lourdes; mais son sourire fait plutôt penser à celui d'un homme assis sur une caisse de dynamite!

        De même, un ancien conseiller de Trump est venu en France, apporter son soutien à la liste européenne de Marine le Pen, parce que dit-il: "Il faut que les nationalismes s'internationalisent!" et effectivement, on a vu les présidents de la Hongrie ou du Brésil, pour ne citer qu'eux, se rendre aux Etats-Unis, pour saluer leur quasi cornac Trump!  

        Mais le but final d'un nationalisme, malgré les belles formules, c'est sa domination, sa supériorité sur les autres, ce qui mène au conflit et à la guerre! Ainsi, L'Iran essaie-t-elle déjà de répliquer à la politique écrasante et méprisante du président américain... Des missiles partent du Yemen, en direction de l'Arabie saoudite!

        En fait, le tyran, qu'il soit un homme de la rue ou aux commandes d'un pays, met à bouillir l'humanité; c'est la fascination ou l'aveuglement de l'enfant, quand il brûle des criquets ou démembre sa poupée! Et nous n'avons donc pas fini de voir le faible se tordre de douleur!

        PS: nous vous conseillons vivement les dernières photos de cette semaine, car ce sont de remarquables clichés d'épaves!

  • Du remède

    Du remede

     

     

     

        Reparlons de l'angoisse! Car c'est un sujet passionnant et auquel nous sommes confrontés chaque jour! Il nous est donc essentiel et il est vrai qu'on ne peut jouir de la vie, tant qu'on est la proie de l'angoisse! Cherchons donc son remède, examinons lequel d'entre eux est le meilleur; dénonçons les faux médecins, les savoirs impuissants; afin que nous puissions nous aussi, tel Jésus, marcher sur les flots de l'angoisse qui noient le monde!

        Mais d'abord rappelons ce qu'est l'angoisse et sa cause... Le mot vient du latin angustus, qui veut dire étroit! Nous avons déjà écrit cela ailleurs, mais on n'en finit pas d'"apprendre la vie"! Cependant, à chaque fois que nous sentons notre développement limité, inexistant, comme si nous étions prisonniers, nous éprouvons une impression d'étouffement, de malaise et très vite notre nervosité apparaît! Nos gestes deviennent mal assurés, distraits, car notre cerveau est préoccupé et c'est à ce moment que se produit l'incident, comme d'oublier son portefeuille sur la table du restaurant!

        Nous sommes perdus, dès que nous n'avons plus le sentiment de notre valeur! Nous voilà comme un poisson hors de l'eau: nous cherchons désespérément de l'oxygène, du plaisir en fin de compte! Dans certains cas, quand le psychisme est déjà affaibli, l'espace autour peut paraître si écrasant qu'il déclenche une panique! Mais la plupart du temps, ce n'est qu'une gêne; "comme si l'angoisse voulait juste nous aider à aller encore plus mal"! Notre existence ainsi nous est à charge; elle est pleine de nuages noirs; et quelle différence avec nos moments heureux! Nous ne comprenons pas; le froid est venu subitement...

        C'est que la situation de l'homme ne pose aucun problème, du moment que nous sommes à nos projets, à nos joies, à nos espérances! Le bonheur ou la réussite nous donnent comme un habit de cosmonaute: nous ne subissons pas l'hostilité de notre monde! Et pourtant les abîmes nous entourent! L'inconnu peut se dresser tel un dieu de glace, à l'infini! Il peut nous renverser d'un souffle! La différence, la contrainte, l'échec nous rendent peu à peu et plus ou moins perméables au trouble, à la peur! Notre gaine protectrice n'est pas immuable; bien au contraire, elle n'est jamais vraiment étanche!

        Pour échapper à nos inquiétudes, nous cherchons naturellement à nous sentir de nouveau importants, utiles! Nous voulons de la force, que notre tâche avance, pour effacer le brouillard qui nous environne!  La lumière, c'est le progrès, avons-nous envie de dire et comme c'est notre place qui se joue, la formule du remède pourrait être: "Vous êtes tip top, extra, sur la bonne voie; on ne peut pas faire mieux; cool, la classe, quoi!" "Les obstacles? Hop, ils sont derrière moi, dans la poudreuse!" "J'suis Killer crocodile! Mes mâchoires ne se ferment jamais sur du vide! Mon parfum? Nez de buffle!" "Non, mais j'suis à tomber! J'suis la bombe! Mes lignes rendraient jalouse une antilope! Ah! les pauvres mecs! Y bavent! Y savent faire que ça!" Oui, avec un tel remède, la mort et toute la bêtise de l'espace, la lèpre et les chaussures trop chères n'existeraient plus! Ce serait du printemps concentré... ou comme la potion d'Astérix! Mais est-ce vraiment possible? Peut-être!

        Mais, on le voit, notre premier réflexe face à l'angoisse, c'est la domination! Issue du règne animal, c'est elle qui renforce d'abord le sentiment de notre pouvoir, de notre supériorité! Exemple: Trump!

        Il est partout sur la scène internationale et même dans son propre pays! Il passe de l'avortement, à son mur; de la Corée du Nord à l'Iran, etc.! Il régit tout, condamne tout,  encense qui il veut et bref il est omniprésent! A priori, c'est la bonne formule: l'économie des Etats-Unis n'a jamais été aussi florissante, pour reprendre une expression de son président; le taux de chômage est aussi bas que celui de l'année 69! L'Amérique se voit de nouveau forte; elle espère de nouveau, dans le sillage tumultueux de Trump; mais c'est l'égoïsme qui triomphe et ce ne sera qu'une victoire temporaire, qui mènera même à la catastrophe et à beaucoup de larmes!

        Car vous ne pouvez pas vous imposer aux autres sans les blesser, sans les écraser, et donc sans susciter de la haine, de la vengeance, de la violence! L'un de ces premiers effets est la condamnation à mort en Iran de deux mineurs violeurs... Cela peut être une coïncidence, mais comment ne pas voir là une réaffirmation du régime qu'il sera intraitable, qu'il est dans son droit, qu'il est légitime, malgré les pressions de Trump (à l'heure où nous écrivons ces lignes, l'Iran vient de poser un ultimatum à l'Europe!)! Deux mineurs ont déjà fait les frais de la politique expansionniste américaine! Qui aura pensé à ces deux là? Leur famille ont sûrement de la peine et leur ressentiment vient s'ajouter à combien d'autres? La spirale de la souffrance et du mal n'a pas de limites, et tôt ou tard elle se retournera contre Trump!

         La domination pour lutter contre l'angoisse est le pire remède qui soit! Outre qu'il fatigue, car il faut incessamment des projets, du mouvement, il ne résout au fond rien: il faut tout le temps dominer, encore et encore, pour échapper à l'angoisse, qui de toute façon revient! Combien de victimes ne laisse-t-on pas derrière soi! Mais est-ce à dire que plus l'angoisse est forte et plus la domination l'est également, ou encore, à l'inverse, plus l'orgueil est fort et plus la peur l'est aussi? Sans doute, mais ce n'est pas un processus fatal; l'intelligence est justement là pour comprendre et nous changer!

        Cependant, l'angoisse crée aussi le rejet, le mépris! C'est très simple, car cela découle de ce qui vient d'être dit... En effet, ce qui menace une domination est forcément un facteur d'angoisse et quand on ne peut pas dominer cette menace elle-même ou la détruire, on lui oppose son mépris, comme si elle n'existait pas, n'avait pas de sens! On se protège donc par le mépris, on garde sa "réalité", son monde; on se convainc que ce qu'on a aperçu n'était qu'un mauvais rêve, une ineptie, un fantasme!

        Pourtant, on devrait savoir que dès lors on a une vie artificielle et que l'angoisse qui est tenue dehors ne cessera de grandir! On évite la vérité ou l'élément étranger par faiblesse, parce qu'ils sont déjà épouvantables, et le mépris est un aveu d'impuissance! Ainsi, le slogan: "Macron dégage!", malgré toute sa violence, est une forme de mépris! Il nie tout le processus électoral, car s'il fallait vraiment le considérer, cela exigerait de la retenue, de la patience, de l'attention; ce qui permettrait à l'angoisse de réapparaître telle qu'elle est! On préfère donc croire à un "coup de baguette magique", comme le bébé crie plus fort, pour qu'on vienne le voir, et dans ces conditions bien entendu, le dialogue est au fond impossible!

        Mais la domination peut encore être tournée contre soi-même et l'angoisse devient alors un maître exigeant, tyrannique, voire tortionnaire! On devient son propre esclave, on travaille au-dessus de ses forces et on finit par se blesser. Cela peut être de la dépression: on s'affaisse et on éclate en sanglots! On a des idées de suicide... Mais on peut aussi s'énerver, vouloir faire à tout prix le ménage et empoigner quelque chose de trop lourd, qui finalement nous tombe sur le pied, pour nous conduire à l'hôpital;  où on rigole avec celui qui s'est brûlé au-dessus de son barbecue, ou avec celle qui s'est donné un coup de sécateur! Une sciatique carabinée nous montre encore tel un vieillard et nous apprend patiemment à prendre le temps!

        Nous sommes prêts également à nous priver de notre liberté, pour ne plus souffrir de l'angoisse... Certains, pour ne pas dire la plupart, fondent une famille dans ce sens et deviennent bientôt malhonnêtes, à se plaindre de la lourdeur de leur charge, car les enfants ne sont pas seulement une source de devoirs, ils offrent aussi l'occasion aux parents d'être dominateurs et donc d'avoir de l'importance, ce qui chasse l'angoisse!

        Par ailleurs, le sport est ordinairement un bon calmant (c'est encore une domination sur soi...), mais ses excès sont parfois mortels! Il y a peu un champion de snowboard, en voulant battre un record, a été hospitalisé dans un état grave et le clown Artemus Gordon est décédé en jouant au tennis! Le raid, l'exploit, l'aventure permettent d'explorer ses limites et seuls ceux qui ont survécu dans des conditions extrêmes sont riches de cette connaissance!

        C'est parfois un peu loufoque et trop risqué... Dernièrement, un aveugle a traversé le Pacifique à bord d'un voilier... et ça c'est plutôt bien passé... En fait, c'est pour partir du port que tout le monde a pris une suée! Mais même la paix qui découle du dépassement de soi est éphémère; l'exploit finit par ne plus nourrir et la confiance disparaît! Ainsi, Mike Horn, dans sa nouvelle carrière à la télévision, se révèle dominateur et méprisant; car, malgré tous ses périples, l'obstacle de son angoisse demeure!

        Autre exemple, Gérard d'Aboville qui commence son livre "Seul" par une blessure, une humiliation... Un quidam lui dit qu'il n'a pas vaincu avec ses rames le plus grand océan du monde, puisqu'à quelques kilomètres de l'arrivée il a préféré monter à bord du bateau venu l'assister! Bien que ce choix fût certainement le plus raisonnable, car une tempête sévissait sur la côte, et qu'il dût être éprouvé comme un crève-cœur, d'Aboville convient que les faits sont là et on voit alors comment la dépression fait son œuvre!

        Car, imaginez-vous dans un caisson étanche, à l'écoute des vagues les plus monstrueuses, qui arrivent comme des trains! Plus elles vous soulèvent et plus durement elles vous font retomber, vous écrasant dans un fracas d'eau! Vous pensez à chaque fois que c'est la fin, mais le "toboggan de la mort" recommence! Comment pourriez-vous ne pas juger par la suite la plupart des préoccupations terriennes comme anodines?

        Mais il faut toujours de l'action, pour repousser l'angoisse, et l'agitation constante et quasi frénétique de nos sociétés ne s'explique pas autrement! Ainsi naissent l'agressivité et les incivilités!

        Vouloir aller vite est un symptôme d'angoisse! Quand le gouvernement montre son désir d'obtenir rapidement des résultats, il laisse voir son futur échec! Car l'angoisse ne permet pas de bien comprendre les choses et la greffe de la politique de Macron ne prendra pas!

        Par ailleurs et n'en déplaise à la psychologie, mais la soif de sexe est aussi produite par l'angoisse! Mais baste, arrivons à la religion, qui nous préoccupe beaucoup, depuis qu'elle vient nous tuer dans nos contrées laïques! Est-elle un bon remède contre l'angoisse?

        Dans la plupart des pays musulmans, la religion est le cadre, la loi, le sens! Allah y est vu comme une autorité suprême, à travers un fonctionnement rigide, notamment on doit prier cinq fois dans la journée, à des heures précises; sinon on n'est pas un bon musulman et on encourt tôt ou tard des sanctions! Mais on comprend facilement que, dans ces conditions qui restent somme toute scolaires, l'angoisse ne puisse franchir le portail de la religion et que, si elle insiste, elle ait affaire au directeur!

        Cependant, un tel fonctionnement empêche l'individualisation, c'est-à-dire le développement des pays, et c'est pourquoi le monde musulman paraît s'éveiller aujourd'hui d'un long endormissement (la domination coloniale est une autre raison...)! C'est même un réveil extrêmement brutal, car la technologie et le confort de l'Occident n'ont jamais cessé de "cavaler", grâce à la liberté de la science, elle-même due à la laïcité!

        Cela explique encore pourquoi la démocratie, le pouvoir accordé aux individus, que propose volontiers  et principalement l'armée américaine est incompréhensible aux populations de pays détruits, comme l'Afghanistan ou l'Irak; même si elles sont débarrassées de leurs tyrans! L'individualisation est si soudaine qu'elle devient synonyme d'angoisse et la seule bouée de sauvetage reste encore l'ancien mode de vie, l'islam!

        En fait, tant qu'elle est un pouvoir, la religion ne peut que conduire ses responsables à la domination, s'ils se sentent menacés! Ainsi, Dieu ou Allah apparaît comme un égoïste, un violent ou un assassin, et c'est bien l'islam qui dessert le plus l'islam, bien au-delà de toute caricature!

        Cependant, de tout ce qui vient d'être dit, on peut conclure que la religion n'offre pas le bon remède, mais que reste-t-il alors? Mais la solution, nous l'avons sous les yeux! C'est la connaissance, le savoir! Imaginez-vous lisant sans difficultés tous les comportements que vous avez devant vous! Comment pourriez-vous vous sentir seuls et angoissés? Encore faut-il distinguer le savoir scientifique de celui de la sagesse!

        La science, parce qu'elle croit que c'est nécessaire à son objectivité, regarde l'homme comme un étranger et elle ne peut pas entièrement le comprendre... A votre avis, pourquoi Freud a-t-il essayé de tout expliquer, l'alpha et l'oméga, par la seule psychanalyse, sinon pour lutter lui-même contre l'angoisse! Le savoir peut devenir aussi dominateur et aujourd'hui, la psychanalyse est une vaste cathédrale, avec ses prêtres qui, à l'occasion, se montrent aussi agressifs et hostiles que ceux de la religion! Mais il y a pire, car au fond le seul bien que la psychologie apporte à ses patients, c'est la restauration de leur égoïsme, ce que nous voulons justement éviter!

        La sagesse, elle, voit d'emblée l'homme comme l'aboutissement de l'individualisation que connaît la vie et ainsi la conscience prend tout son sens! Le sage trouve sa place au-delà de toutes ses espérances et marche sur la voie de l'Illumination, qui n'est rien d'autre qu'une foi sans peur!

       

  • Sur le vide...

    Sur le vide

     

     

     

        La révolte des gilets jaunes se termine et elle est de plus en plus violente, car le "fond de la bouteille" est constitué d'extrémistes, de ceux qui se donnent une existence par l'affrontement même! C'est leur égoïsme qu'ils brandissent! C'est leur amour-propre qui défie! Depuis longtemps déjà, les idées ont déserté leurs rangs...

        Les autres sont rentrés chez eux, tâchant de faire différemment, s'efforçant de dépasser leur amertume, essayant de grossir leur budget par des moyens nouveaux; se souvenant sans doute de moments particuliers; se demandant peut-être s'ils ont eu raison d'arrêter... Le quotidien reprend ses droits et les laisse désorientés...

        Mais au fond pouvait-il en être autrement? Ont-ils jamais su ce qu'ils voulaient vraiment? Leur colère, leur angoisse étaient bien réelles, mais le gouvernement n'avait pas le remède pour les apaiser, car leur mal-être n'était pas lié aux taxes, ni à leur liberté; même si certaines mesures gouvernementales sont à rejeter!

        En fait, la révolte des gilets jaunes a remis au goût du jour une question essentielle: pourquoi vivre? En effet, le "vide" de nos sociétés n'apparaît pas tant qu'on a de l'argent et les ambitions qu'il génère! C'est quand on ne peut pas rêver de consommer et d'obtenir du pouvoir que la vie semble absurde et angoissante! C'est le vide du porte-monnaie qui montre le vide qu'il y a autour!  Notre époque n'a plus de sens à proposer..., bien que Macron ait l'air de dire le contraire, et c'est pourquoi il est rangé du côté des nantis et haï pour cela!

        Nos sociétés sont comme des campagnes désertes, sauf pour le train de l'argent et du pouvoir! C'est bien cela le problème et croire qu'il faille revenir aux anciens modèles de la Commune et de l'Assemblée constituante, c'est se tromper soi-même! C'est d'abord édulcorer le passé, le peindre aux couleurs de l'arc-en-ciel, comme le font les islamistes au sujet de la communauté du Prophète!

        Ensuite, c'est ignorer l'histoire, la mépriser, car nous passons de la Commune à la Troisième république, parce que la première est invivable, et la Cinquième république, avec un président fort, finit par s'imposer, car l'expérience nous a montré qu'il faut un responsable qui peut décider!

        Notre "système" ne peut guère être meilleur et ce n'est pas en le détruisant que nous nous épanouirons! Nous ne sommes pas en Egypte, où les injustices sont toujours flagrantes, démesurées; où l'oppression reste meurtrière! Le mouvement des gilets jaunes n'a pas renversé le gouvernement, parce qu'il n'a pas la légitimité du Printemps arabe! Macron n'est pas Moubarak et on ne peut pas non plus faire disparaître toutes les inégalités!

        Par contre, oui, la pauvreté de nos sociétés, sa misère spirituelle est à regarder au fond des yeux! Chacun désormais, en cherchant à comprendre les événements, peut être conduit à se demander effectivement: pourquoi vivre? Ce qui revient aussi à essayer de diminuer son angoisse, même si ceux qui ont un beau compte en banque et de la réussite continuent leur "numéro", comme si de rien n'était!

        Car, en réalité, la violence des gilets jaunes ne peut pas s'expliquer autrement que par le vide qui l'attend, si elle cesse! Il faut à tout prix voir Macron en despote et croire à un tas d'autres fariboles, comme celle d'un complot des riches pour exploiter les pauvres! Il faut garder la vision d'un monde manichéen et l'image d'un méchant! C'est l'angoisse même qui commande l'illusion! La peur provoque le rejet! Que retrouvera-t-on chez soi si on rentre? La solitude et le désespoir! Pour éviter cela, on s'invente un ennemi, qui est la cause du malheur et de la tristesse!

        Cette façon de faire n'est pas propre aux gilets jaunes et aux revenus les plus modestes; elle est a priori en chacun de nous! Que l'on menace de plus riches, qui ont un métier, du pouvoir, de la reconnaissance; qui ont une famille pleine d'avenir et dont l'image est celle de la réussite; que l'on parvienne à les inquiéter, en leur montrant subitement une réalité dont il ne se doute même pas; qu'on brise ainsi leur rêve, comme si on ouvrait "une trappe dans l'avion"; et on les verra changer à vue d'œil! Leur métamorphose sera spectaculaire: ces gens, qui apparaissaient comme des modèles d'équilibre, seront soudain froids, méprisants, étrangers, durs comme de la pierre! Ils n'auront plus rien de civilisé, car ils obéissent à un mécanisme de défense, qui révèle toutefois toute leur faiblesse, leur mirage et leurs mensonges!

        Ils pourraient apprendre, contredire, se renseigner, discuter; mais la peur et l'égoïsme les en empêchent! Seul celui qui est fort, parce qu'il a bâti avec la vérité, seul celui-là peut être curieux de la différence et ignorer la critique! Pour les autres, il faut des ménagements, des contes, car au vrai il n'y a pas de fondations! Et notre société, et notre monde continuent parce qu'ils se racontent des histoires! Le pouvoir et la consommation sont les fées de notre temps! Malheur à celui qui raconte qu'elles n'existent pas! Et il ne faut donc pas s'étonner de la violence, ni des phantasmes des gilets jaunes, car eux, par contre, n'ont plus les moyens de rêver, de s'illusionner! Les factures ont fini par les "réveiller" et c'est pourquoi ils se sont empressés de se placer dans une autre épopée, une autre "geste"! Mais la question reste: "Pourquoi vivre?" et il n'est pas facile d'y répondre!

        Parce qu'il faut vivre tout simplement? Cette réponse n'est pas valable, car nous ne pouvons vivre seulement par devoir; il nous faut du plaisir!

        Alors, noyons-nous dans les plaisirs! Ce n'est pas plus praticable, c'est la voie royale vers l'hôpital et la mort!

        L'une des grandes calembredaines de la science est celle-ci: "Soyons les pionniers du progrès! Réjouissons-nous de laisser notre pierre, car un jour l'humanité, grâce à la science, pourra contrôler, assurer son bonheur!" Ce "slogan" permettrait d'accepter la mort, nous faisant "passeurs d'eau", et il est surtout présent chez les psychologues, qui rêvent d'une connaissance du cerveau ou de l'esprit, jusqu'à ce que nous jouions avec les planètes au bilboquet; simple distraction de notre télékinésie!

        Mais des psychologues parlant de l'importance de leurs théories, c'est comme si des diplodocus nous enseignaient comment lutter contre le surpoids! Derrière la science, il y a encore beaucoup d'égoïsme et de domination, et c'est cela qui la fait "tenir debout"! La science, c'est le royaume des aveugles, avec un phare devant, pour montrer qu'il y a de la lumière!

        Pourquoi vivre? Reprenons, si vous le voulez bien (livre 1, verset 4...)... Nous savons que l'Evolution est fondamentalement une individualisation, puisque plus les organismes sont complexes et plus ils sont individualisés! Nous avons encore compris que l'individualisation se poursuit par la domination (il ne peut en être autrement) et il est donc normal que nous voulions dans un premier temps devenir plus grands, plus forts, meilleurs! Ceci donne nos sociétés, qui permettent le développement personnel, avec l'envie de réussir et de gagner de l'argent!

        Mais cela ne suffit pas! La peur et l'angoisse nous suivent pas à pas! C'est l'inconnu, découvert par notre conscience, qui nous talonne! Tant que nous réussissons et que nous pouvons nous consoler avec la consommation, nous pouvons pérorer à loisir et nous ne nous gênons pas! D'autre part, notre fonctionnement est établi de sorte qu'il sert de garde-fou! La société n'est ni plus ni moins qu'une salle de classe pour adultes! La peur prend la figure du proviseur, et de temps en temps on entend le glas et on croise un cortège funèbre, comme on regarde les voisins déménager! C'est une petite attraction!

        La domination, produite par l'individualisation et qui nous écarte de notre peur, nous fait vivre sur un tapis volant, dont la formule magique est le pouvoir et l'argent! Voici encore pourquoi nos sociétés sont si difficiles à réformer, car dès qu'on voit son pouvoir ou son argent diminuer, le tapis volant plonge dans l'abîme! Nous sommes comme dans une impasse!

        Nous pouvons choisir, comme Trump, de renforcer la domination, d'augmenter le pouvoir et l'argent, et apparemment c'est la solution: le tapis volant est tout en haut dans le ciel! La peur est minuscule en bas! Mais la tyrannie qu'on a engendrée vient frapper comme la foudre! C'est la tempête des opprimés, de tous ceux qui ne peuvent échapper à la peur! C'est le fanatisme! Ce sont des gilets jaunes qui ont des canons, des couteaux, une formidable haine surtout! Qu'importe! On les écrasera tous, n'est-ce pas monsieur Trump! Il ne sera pas dit qu'on discutera tant qu'il y aura du terrorisme, etc.!

        Le problème de la domination, alors qu'elle nous est si naturelle, c'est qu'elle ne résout pas vraiment notre angoisse et qu'elle n'est qu'une fuite en avant, qui ne peut mener qu'au despotisme! Nous ne pouvons vivre tels les animaux! Mais tout cela nous l'avons déjà dit maintes fois. et nous nous sentons tel un vieillard qui radote...

        Cependant, nous n'avons pas pris l'exemple de l'Egypte précédemment par hasard... Ce qui s'est passé sur la place Tharir est exceptionnel! La jeunesse égyptienne a chassé deux présidents: Moubarak et Morsi! Outre qu'elle est devenue autonome, elle a aussi placé la religion musulmane dans une situation inédite, vertigineuse!

        En effet, le monde musulman est resté traditionnel; sa religion toute puissante explique la vie; la science y est celle des Infidèles; seul Allah connaît les choses et que sa volonté soit faite! Or, place Tahrir, les pôles matérialiste et spirituel ont été violemment en contact et ont produit un immense arc électrique! Que veut Allah finalement, quel est son pouvoir, comment agit-il, quelle est sa place; quand la jeunesse exprime toute sa liberté, son indépendance; quand l'univers des Infidèles déferle, s'impose; quand sa technologie, son mode de vie triomphent, quand la Charia ou l'autorité des ulémas volent en éclats!

        C'est une question que ne se pose plus depuis longtemps l'Occident, où la religion chrétienne depuis 1789 ou presque a rejoint l'armoire! La laïcité dit: "Réfléchissez en privé... et surtout pas fort!" Nous vivons largement dans un statu quo! Une bien drôle de situation! Un peu comme si nous étions schizophrènes, la souffrance en moins!

        Nous vivons avec la science, qui est la base de nos sociétés modernes et confortables, comme avec notre travail! Nous fréquentons le monde matériel, puis nous rentrons à la maison, où nous gardons nos convictions! Si nous sommes croyants, nous donnons à Dieu une existence étrange, un pouvoir mal défini, une logique que nous refusons d'éclaircir vraiment, et cela donne une foi entre "deux chaises", fragile et dont l'incohérence est masquée grâce au tapis volant du pouvoir et de l'argent!

        Nous refusons à la science le droit d'entrer dans notre conscience, comme le berger ferme sa porte au loup! Nous craignons sa vérité et les dégâts qu'elle pourrait causer..., et pourtant nous l'utilisons chaque jour, en reconnaissant sa valeur! Nous sommes aussi inconséquents que les terroristes, qui ne peuvent se passer des armes de l'Occident, pour justement détruire celui-ci!

        Une foi borgne, bancale, ne peut qu'avoir peur quand elle est confrontée à ses contradictions. Elle a alors recours au radicalisme et c'est ce qui se passe dans l'exemple égyptien... Après le départ de Moubarak et avec l'aide du nouveau président Morsi, les Frères musulmans veulent installer un état islamique, gouverné par la Charia! Ainsi, l'ambiguïté posée par le monde moderne n'existerait plus; c'est le rejet qui tranche, soulage! C'est aussi la violence qui vient frapper la place Tahrir et qui donnera à l'armée le rôle de sauveur; malheureusement en préambule de sa dictature! Un jour, l'Egypte sera une vraie république et elle pourra mesurer pleinement toute la beauté et l'héroïsme de sa jeunesse!

        Mais une foi solide doit ouvrir les yeux et être vive dans le monde matériel! C'est d'ailleurs la seule manière de lutter efficacement contre tous les intégrismes, qui servent de refuge... Imaginez Israël comprenant qu'il n'y a pas de "peuple élu", mais que chaque religion est le fruit d'une civilisation et une étape dans l'Evolution! La même réflexion conduirait l'islam à ne plus utiliser le terme d'Infidèles, pour désigner les non-musulmans!

        Le seul à notre sens qui ait osé "mettre les pieds" dans le plat est Teilhard de Chardin, moqué par les scientifiques pour son anthropocentrisme et méprisé par le clergé pour son soutien à l'Evolution! Sa position ne pouvait pas mieux être plus clairement définie! Mais ici nous continuons son œuvre, avec notre vision bien entendu! Nous expliquons une logique, où le présence de Dieu est possible, au quotidien, dans toutes les situations!

        Dès lors, la question: "Qui est Dieu?" s'affranchit de tout parti pris, de toute idéologie partisane, et donc de toute violence, de toute haine! Et le vertige commence, la vision ne cesse de s'étendre; le rêve devient infini, le bonheur aussi: l'homme retrouve l'enfant!

        Le vide n'existe plus et le "tapis volant" de la domination, qui inclue le pouvoir et l'argent, n'est plus nécessaire! Mais le moins courageux, le plus facile, bien sûr, c'est de se retrancher dans son trou, derrière ses canons! Même le "bon Dieu" ne passera pas!

  • De la société animale

    De la societe

     

     

     

        Question: quelles différences entre nos sociétés et le mode de vie animal? Réponse: pratiquement aucune! Les animaux obéissent à leurs instincts et chaque jour, ils répètent les mêmes comportements... Le merle a son réveil réglé sur l'aube et il sort alors de sa cachette. Il ne faudrait tout de même pas croire qu'il soit fringant tout de suite! Il lui arrive de rester tout ébouriffé sur un mur... Il somnole encore et il vaut mieux ne pas le déranger à cet instant; sinon il peut montrer toute son irascibilité!

        Ne vous en moquez pas... Regardez dans l'œil noir et cerclé d'or du merle... Vous y verrez bientôt l'ancien dinosaure, celui qui vous épouvanterait, s'il mesurait encore deux mètres de haut! Mais baste, voilà le merle lancé dans ses activités du jour! Contrôle du territoire, réaffirmation de soi, chant comme des coups de ciseaux à qui mieux mieux! Puis, il faut manger aussi... Chasse terrible sur la pelouse! Pas de quartier pour la vermine! De temps en temps, un insecte volant est pris pour cible... Des fruits également... Le sorbier des oiseleurs est le rendez-vous des gourmets!

        Si c'est l'époque, on s'accouple! Le mâle fait son numéro, bec jaune en avant! La femelle cède devant ce "grand fou"! Puis vient le soir, mais attention, c'est de nouveau l'avertissement du propriétaire: "Ici, c'est à moi!" crie-t-il et enfin il va se coucher, et le lendemain ça recommence! Entre-temps, notre merle a bien effectué sa toilette, madame surtout, très longuement, protégée par un feuillage et dans la douce lumière d'un rayon de soleil, s'il vous plaît! Nous avons même vu un troglodyte mignon gazouiller de plaisir, sous une petite pluie; c'était là sa douche!

        A six heures, ou même plus tôt, monsieur X se lève et il n'a pas l'air très vaillant non plus! Il prend son petit déjeuner, se lave et part travailler. Il klaxonne, pour rappeler que c'est lui qui a la priorité! Il a son bureau, il donne des ordres, ou il en reçoit; bref, il a son poste! Puis, il va déjeuner, moment de grâce, mais il paye au lieu de chasser! Les tâches s'accumulent jusqu'au soir et c'est la route du retour, où on klaxonne encore, pour dire qu'on a la..., etc.! Et le lendemain, ça recommence! Dans la nuit, monsieur X fait peut-être des choses étranges, avec madame Y, mais ça ne nous regarde pas!

        Evidemment, il y a le dimanche, les jours fériés et les vacances, mais dans l'ensemble la société se répète chaque jour! Elle a un fonctionnement serré, qui ne varie guère, qui est protégé par des lois, des codes, des sanctions; qui peut sembler tout à fait naturel tellement il est rigide; et nous pourrions en conclure que l'homme est lui-même "prisonnier" de ses instincts, qu'il est incapable d'imagination et que sa société n'est rien d'autre qu'une société animale! Et au fond, pourquoi pas?

        Le problème, c'est que l'homme a "hérité" de la connaissance! La nature l'a pourvu de ce qu'on appelle la conscience! Curieuse chose qui évolue, qui analyse, qui anticipe et dont on ne finit jamais de mesurer les merveilles! Mais, ainsi, l'homme a pu regarder au-delà de ses instincts et ce qu'il découvre l'intrigue et même l'inquiète beaucoup... Il constate d'abord qu'il va mourir et que ce n'est pas forcément une bonne nouvelle!

        Il devient aussi sensible à la souffrance d'autrui, ce qui fait naître chez lui des sentiments comme la pitié; alors qu'un animal blessé est bientôt abandonné par ses compagnons... La vie de l'homme devient plus riche et plus compliquée...

        Mais il n'est pas au bout de ses surprises... On lui apprend qu'il habite une planète, perdue dans une galaxie, dans un univers peut-être infini, avec des milliards d'autres galaxies comme la sienne!

        Sa généalogie aussi donne le vertige! Il descend du singe, bon... Mais si on remonte encore dans le temps, il est dans le rat qui court, pour échapper à la fin des dinosaures! Bref, sa famille la plus éloignée est un cauchemar! Il n'y a nulle assurance à regarder en arrière, ni autour!

        L'homme se retrouve donc avec un étrange instrument, qui s'appelle la conscience, et essaie-t-il de la manier dans toutes les directions, pour en connaître tout le mode d'emploi? Non, l'homme joue à faire l'animal! Il le copie, pourquoi? Mais par peur évidemment!

        Il se réfugie dans un quotidien strict, invariable, au point qu'il s'y sent souvent un esclave! Il fuit son angoisse et de la pire manière qui soit! Certes, il faut manger, mais s'il n'y avait que cela, des milliers de cerfs-volants sillonneraient le ciel, résultat de notre temps libre! Or, c'est plutôt des sirènes d'ambulance qui résonnent sous les nuages!

        C'est bien la peur qui édifie notre système, car elle conduit à la domination!  Pour les gouvernements, c'est une politique, des mesures, une économie, des mots d'ordre, des guerres aussi! C'est de la répression encore, comme en voit actuellement... Pour la population, c'est bien entendu la richesse, l'importance sociale, le m'as-tu-vu, mais encore la haine, le mépris, le racisme, la violence, etc.! Notamment, c'est l'agitation et le bruit, qui méritent une mention particulière, puisqu'il est aujourd'hui impossible d'avoir une pensée cohérente, tant le trafic décervèle! Cela veut dire que nous sommes cloîtrés dans notre angoisse, sans espoir de remèdes!

        Au fond, nous avons peur de notre liberté, mais nous nous aveuglons! La télévision en particulier semble une fenêtre ouverte, un espace créateur, où nous nous amusons et prenons plaisir à la vie! Elle nous montre acteurs, maîtres de notre destin, clairvoyants et responsables, mais elle est en réalité une foire aux égos; elle est le triomphe de la domination, même quand les sujets sont les plus graves, et elle est donc le royaume de l'égoïsme, avec tous ses travers! Son ignorance, ses querelles, sa pauvreté, sa violence nous dégoûtent, mais nous la supportons pour ne plus sentir ni notre ennui, ni notre solitude! Ainsi, vivons-nous comme si nous avions un caramel mou dans la poche!

        Certes, dans l'histoire de l'humanité, des hommes ont eu avec leur esprit (et donc avec l'esprit!) des expériences extraordinaires! Chacun d'eux, il nous semble, a pu parler de libération! Leur message est le résultat d'une expérience mystique, qui est un traitement particulier du réel, à partir d'une observation; ce n'est pas seulement une subjectivité, car ils ont établis des lois dans le sens scientifique du terme et que tous nous pouvons vérifier... Par exemple, une revue de psychologie avait pour une dernièrement cet impératif: "Collaborez!" Or, ce n'est qu'une variante de:"Aimez-vous les uns les autres!" Toujours est-il que des religions sont nées, à la suite de ces témoignages exceptionnels et elles peuvent donner un sens à nos vies, mais elles-mêmes n'échappent pas à la domination, à cause de leur peur, et l'islam radical en est un parfait exemple aujourd'hui!

        Pour comprendre celui-ci, il nous faut revenir à la France d'avant 1789! Dans l'Ancien Régime, le pouvoir était de droit divin... La politique n'existait pas, ni la liberté individuelle, car tout était régi par la volonté de Dieu! Ce que nous étions était déterminé par la religion et en l'occurrence par l'histoire biblique... Nous étions donc tous des pécheurs et nous devions nous amender... Toute tentative d'indépendance était celle du diable! C'est ce qu'on appelle, dans les milieux universitaires, l'hétéronomie, par opposition à l'autonomie... (Comme nous, vous vous coucherez moins bêtes ce soir!)

        Mais il n'est pas possible d'arrêter notre développement! C'est la religion elle-même, par son système de "castes", qui se met dans la position d'être détruite! Les roturiers ne peuvent pas avancer face aux nobles et ils se révoltent: le chemin vers la laïcité est ouvert! De même la religion hindoue a dû évoluer, parce qu'elle avait créé les Intouchables!

        A une certaine époque, ceux-ci étaient contraints de porter une écuelle autour du cou, pour que leurs crachats ne souillent pas le sol, et ils traînaient une balayette qui effaçait leurs traces! Cette condition infâmante, qui se voulait imposer par Dieu, a elle aussi conduit à une rébellion, menée par le leader des Intouchables: Babasaheb Ambedkar (1891, 1956)!

        Les religions sont le message d'une époque et leur hiérarchie notamment a pu être instituée pour la défense du territoire ou du groupe..., mais même Jésus ou Mahomet ont voulu devenir eux-mêmes! C'est ce que le Printemps arabe a voulu rappeler en substance: nous avons besoin de notre liberté pour être, pour nous épanouir, car que vaut une existence commandée? A quoi sert une conscience qui est étouffée? Sissi a repris en main l'Egypte, mais le pouvoir y est désormais définitivement "désacralisé"!

        Cependant, l'Occident a de quoi effrayer l'Orient! Un abîme s'est creusé entre eux et la tentation est grande pour l'Orient d'imaginer un état idéal, représenté par la communauté du Prophète, elle-même gouvernée par la Charia, et vers lequel on pourrait retourner, pour échapper à la peur, au vertige, que suscitent la science, le développement de l'Occident!

        Un des hommes du terroriste Zarqaoui était sans jambes... Il avait été chargé de placer une bombe dans un cinéma jordanien..., mais il fut tellement fasciné par le film occidental, qu'il avait sous les yeux, qu'il en oublia sa bombe et qu'elle explosa sous lui! Pour beaucoup d'intégristes islamistes, la découverte du monde des "Infidèles" est un véritable choc (sans vouloir faire un triste jeu de mots!)!

        Pourtant, la liberté, ou la maturité, affichée par l'Occident est un leurre, une illusion; Trump est là pour nous le prouver! Le président américain est en train de replacer le monde dans un état de guerre! Il écrase l'Iran, aboie contre tous ceux qui l'approchent; il isole les chiites, ce qui réjouit la majorité musulmane sunnite! Pour "fêter ça", l'Arabie saoudite vient de décapiter trente chiites soupçonnés de terrorisme; c'est un bel hommage rendu à Trump!

        Le prix du pétrole s'affole, car la production iranienne n'est plus possible; on craint une pénurie et la situation sociale européenne ne va pas cesser de se dégrader! Tous ceux qui ont été victimes de Trump rejoignent la Russie: la Corée du Nord, la Syrie, la Turquie, l'Iran... A un moment donné, les deux géants, Etats-Unis et Russie, devront se faire face, pour défendre leurs intérêts ou leurs partenaires!

        Trump a repris le rôle désormais classique de la bête enragée dans la jungle, celui tenu avant lui par les plus grands despotes, qui nous ont plongé dans la catastrophe! Trump pourrait être l'homme du dialogue, un constructeur, mais il est incapable de vivre en paix. Il est d'abord sans culture, l'histoire de son propre pays ne l'intéresse même pas! Pour soulager son angoisse, pour vaincre sa peur, il n'a qu'un moyen l'action ou plutôt le conflit! Lui aussi n'a recours qu'à sa domination! C'est le comportement animal face à l'interrogation humaine! C'est l'enfant qui perdure!

        Sur la scène internationale, c'est de l'agressivité, du défi, de l'instabilité, du rapport de force, de la morgue, jusqu'à... la rupture, la crise! Un attentat terroriste (et on aura tout fait pour qu'il arrive!) pourrait servir de prétexte à une déclaration de guerre! On serait alors dans la même situation qu'en 14! L'assassinat de Sarajevo alerte les chancelleries... Commence alors un processus provoqué par la peur... Sans songer sérieusement à la guerre, on se prépare quand même, pour ne pas être surpris; ce que l'adversaire prend pour une menace et ce qui le conduit lui aussi à un dispositif plus dur! Un engrenage se met en route que plus personne ne peut arrêter! Aujourd'hui encore, il est impossible de savoir exactement qui a déclenché la guerre et pourquoi! Mais le résultat est toujours le même: des milliers ou des millions de morts, avant qu'on s'arrête, épuisé et effaré par tant de folie!

        Ici, un mot sur l'invention du diable! Comment croire en Dieu, face au malheur? L'explication la plus commune est qu'Il nous met à l'épreuve... La Genèse va même plus loin, quand elle dit que nous sommes tous pécheurs! Evidemment, ces points de vue apportent du grain au moulin de l'athéisme, qui lui voit une solution bien plus simple: Dieu n'existe pas et c'est tout!

        Il y a pourtant une troisième voie, qui est celle des lois de la sagesse, dont témoignent déjà les religions, mais que nous nous efforçons nous-même de mettre au "goût du jour"... et donc voici quelques éléments pour un manuel de survie!

        Plus vous serez mal à l'aise, c'est-à-dire plus vous ressentirez de l'angoisse, et plus il faut vous attendre à de la domination dehors, car le trouble est général! Cela revient à ce que dans la rue vous subissiez, de la part des hommes, un défi de plus en plus fort, et, de la part des femmes, une séduction de plus en plus insistante! L'égoïsme ambiant est de plus en plus pressant!

        Mais plus vous constaterez ce phénomène et plus vous vous rendrez compte que vous avez raison, que vous voyez clair (que vous êtes dans la "Dream Team"!); et plus votre angoisse diminuera, car c'est bien la connaissance (mais toute la connaissance) qui nous aide à ne plus avoir peur de l'inconnu!

        La domination, elle, tyrannise et n'a qu'une seule issue, c'est l'affrontement! Au fond, Trump ne sera heureux qu'avec un casque sur la tête! Bonne chance à tous!

  • Des fléaux

    Des fleaux

     

     

     

     

        Si on regarde notre temps, il est tentant de dire qu'il n'y a qu'un seul fléau, c'est la religion! On n'arrête pas en effet de tuer au nom du dieu qu'on vénère! Cela nous accable au plus profond, car se représenter Dieu tel un bourreau ou un assassin est évidemment une absurdité!

        Mais, pour aider la mort, il y a de la concurrence: le nazisme ou le communisme n'ont rien à envier aux religions; sans doute même ont-ils été plus efficaces, car ce sont des états entiers qui ont donné leur plein rendement! La religion reste passionnelle; elle n'a pas la froideur de la politique et ses tueries gardent ainsi un caractère artisanal, dû à leur spontanéité!

        Mais c'est tout juste! Car notamment le vaste projet de l'islam radical, retrouver la grandeur de l'ancien Empire ottoman, n'est pas très différent de ceux d'un Hitler ou d'un Pol Pot! Ils ont un point commun et c'est lui le véritable fléau! Le problème n'est pas la religion ou l'idéologie, mais c'est bien le désir d'imposer coûte que coûte une pensée, un point de vue, un mode de vie, une manière d'être! Autrement dit, c'est la domination qui est à l'origine des massacres ou des génocides; c'est elle qui pousse à mettre le monde à feu à sang! C'est elle qui le veut à son image et nous allons de nouveau expliquer pourquoi!

        Au fond, la logique est simple... C'est la peur qui provoque essentiellement la domination (même si cette dernière nous est naturelle...)! Le fait d'exercer un contrôle sur les autres permet d'apaiser ses craintes et son angoisse! Le sentiment de son importance, de son pouvoir, de sa supériorité efface l'anxiété, donne un sens à la vie! Rappelons que la domination masculine est la force et la féminine la séduction!

        Disons encore un mot sur la peur... Les animaux l'éprouvent aussi bien entendu, mais chez eux elle est limitée par le comportement instinctif! L'homme, lui, est devant une étrangeté... Il doit faire face à quelque chose qui n'est pas figé... et qui pourrait être symbolisé par la mort! Prendre conscience de sa fin, alors qu'on ne souhaite que se développer, comme apparemment tout ce qui vit, fragilise l'existence, y répand un sentiment d'insécurité, qui peut être ressenti dès le plus jeune âge, si on ne bénéficie plus de la protection des parents, parce que eux-mêmes ne sont plus, ou même parce que l'enfant se sent injustement traité!

        Toujours est-il que l'homme fait le dur apprentissage de la liberté... Les questions que pose sa condition peuvent sembler insolubles, d'autant que la science étend toujours plus notre histoire et notre univers! L'abîme peut s'ouvrir à tout moment et il est capable de nous écraser! L'angoisse est un compagnon de route, que nous tenons plus ou moins bien à distance et cela dans le cas où nous sommes assez clairvoyants, car la plupart du temps la majorité n'a pas de discernement et elle est prompte à trouver les responsables de son mal-être, comme si nous n'étions pas en réalité tous à la même enseigne, devant l'inconnu!

        Mais la peur engendre la domination et très vite ses extrêmes: le mépris, la haine et la violence! Derrière chaque tyran se cache la peur et on peut même avancer que plus elle confine à la terreur et plus la dictature est forte! Les bourreaux, dont notre histoire a retenu les tristes noms, étaient tous des angoissés! Et, entre eux et nous, c'est juste une question de degré! Mais leur domination a sans doute été paroxysmique pour mieux échapper à la peur, car plus on se sent important et plus il est difficile de la reconnaître... Mais donnons quelques exemples...

        Commençons par le champion toute catégorie, Hitler! Très jeune, il est livré à lui-même... Son père est mort et il ne va plus à l'école. Il passe son temps à errer dans la campagne, en proie à ses rêveries! Plus tard, majeur, il arrive à Vienne où il n'a pas un sou en poche. Il survit en peignant des cartes postales et il n'est pas difficile d'imaginer quelles inquiétudes peuvent le ronger!

        Mais, à sa peur, il va donner un nom! Elle est pour lui représentée par les Juifs, qu'il voit comme des profiteurs, des sournois, qui dirigent dans l'ombre l'économie du pays et qui la minent! Ils sont les responsables de toutes les misères, y compris celle d'Hitler! Les dominer, les chasser, les détruire enlèverait la peur, en ramenant la sécurité! C'est ce que fera exactement Hitler, quand il sera au pouvoir! Six millions de Juifs seront tués pour calmer son angoisse!

        Mais la peur rend aussi instable... Elle peut faire agir malgré soi, si elle envahit le cerveau, alors que celui-ci n'a pas de fondations solides, comme il arrive souvent après une enfance solitaire! Hitler, au fond, n'a jamais voulu du putsch de Munich et il se verra d'ailleurs, toute sa vie, comme un peintre, un artiste, dont la vocation aura été contrariée par la nécessité politique!

        Car, à cette époque, Hitler voit les démocrates qui dirigent son pays comme des traîtres! Ce sont eux qui sont responsables de la défaite de 18! Ce n'est pas l'armée qui a été vaincue! Hitler n'a-t-il pas éclaté en sanglots en apprenant la reddition et un jour, n'en pouvant plus de la politique d'après-guerre, il va menacer d'une arme à feu des élus réunis dans une brasserie, pour obtenir une scission du territoire!

        S'il avait pu être lucide, Hitler aurait reconnu la folie de son geste... Dans une société civilisée, on n'obtient rien par la force, mais Hitler se serait cru un lâche en n'agissant pas! Ainsi, son tourment apparaît évident et d'ailleurs, bien que condamné à la prison, Hitler ne s'y sentira pas malheureux... Bien au contraire, les murs lui enlèveront la question douloureuse chez lui du choix! C'est là qu'il livrera volontiers ses idées à d'autres oreilles malades, celles de Rudolf  Hess; c'est là que s'écrira Mein Kampf!  

        Car, la peur seule, bien entendu, ne saurait expliquer le "monstre"! Sa vision du monde est sans nuances... Elle n'est pas le fruit d'un esprit intelligent... Elle cède toujours à la facilité, à l'égoïsme! C'est la rançon de la médiocrité! Les arguments d'Hitler sont plus des envies, des partis pris, plutôt que des développements! Toute l'immaturité de leur auteur s'y révèle! On dirait un bébé hargneux et avide, qui ne prend pas du tout en compte la réalité, et on peut se demander comment a-t-il pu devenir chancelier? Mais le peuple allemand se moquait de lui comme les Américains de Trump, avant de l'élire président! A force de jouer avec le feu, on finit par allumer l'incendie!

        Hitler commémorera son putsch, en retournant, avec ses hommes, sur les lieux et à la date anniversaire de l'événement. Mais, comme sur quasiment toutes les photos qui le montrent, il y apparaît tendu, les poings crispés, car lui seul, au tréfonds, sait qu'on y célèbre surtout son angoisse et nullement son courage! C'est ce mutisme, quant au trouble qui produit sa conduite, qui va le mener sur la route de ses crimes impardonnables!  C'est son amour-propre qui fera de lui un assassin! Il n'y a aucune honnêteté morale chez Hitler et dès lors qu'il sera au pouvoir, son déséquilibre ne cessera de s'amplifier!

        En effet, il est un peu comme ces stars de la musique, qui aiment monter sur scène, mais qui, après coup, sont ravagés par la peur! Ce n'est pas naturel de s'exhiber et cela use, épuise! La carrière de comique, en particulier, fait vieillir prématurément! Ainsi, en 40, Hitler est-il le premier à vouloir ralentir ses chars, alors qu'ils foncent en terrain dégagé, à travers la France! La situation dépasse ses nerfs, mais sa crainte d'une brusque réplique française laisse indifférents ses généraux, plus aguerris et plus rassis!

        Pour une fois, Hitler n'obtient pas gain de cause et ses chars se rapprochent de Dunkerque, où ils vont pouvoir exterminer l'ennemi! Mais pour Hitler, c'est trop! Il a besoin de calme, pour se reprendre; il n'est plus capable de supporter d'aller de l'avant et il stupéfie ses généraux en arrêtant son armée et en racontant combien l'Angleterre est une grande nation et comme il est nécessaire qu'elle subsiste! Hitler se croit obligé de donner des explications, pour masquer sa peur! Tant mieux pour les alliés!

        Bientôt, il ne dort plus ou il ne trouve le sommeil qu'à l'aube, pour ne se réveiller qu'à midi et on imagine dans quel état (nous ne le plaignons pas évidemment, nous déchiffrons un comportement...)! Il a besoin de pilules pour tenir debout et la moindre contrariété le met dans des colères terribles; mais ce n'est pas seulement parce que ses nerfs sont malades et déjà fortement éprouvés, c'est aussi parce que l'opposition ouvre la porte au doute, fait resurgir la peur! Or, la différence n'est rien d'autre qu'une réalité plus étendue et comme il ne veut pas l'entendre, Hitler ne peut pas gagner la guerre!

        Pour les mêmes raisons, l'échec lui devient intolérable et c'est pourquoi il traite avec le plus grand mépris son armée vaincue à Stalingrad, de sorte que celui qui la commande, le général Paulus, finit par collaborer avec les Russes. Au final, Hitler se suicide sur les ruines de son pays et de l'Europe, dans une totale hébétude! Il n'aura rien compris, ni à la vie, ni à lui-même!

        Mais voici Staline, qui apparaît comme un paysan madré, mais la vérité est tout autre! Lui aussi est d'une origine modeste et provinciale, et son enfance sera marquée par les violences d'un père alcoolique!  Le "pied" affectif de Staline n'est donc pas solide et il a très peu confiance en lui-même... Cela explique sans doute pourquoi il signe avec Hitler un pacte de non agression, au détriment des habituels alliés de la Russie, la France et l'Angleterre. Car, ce n'est pas seulement parce qu'il se souvient des défaites de l'armée russe, face à l'Allemagne, lors du premier conflit mondial, mais c'est surtout qu'en rejoignant le plus "fort" il joue les affranchis, les rusés! C'est son personnage pour pallier son incertitude!

        Mais, derrière le masque, sa candeur apparaît! Alors même qu'Hitler commence à envahir la Russie, des convois russes, chargés de matières premières, continuent à partir vers l'Allemagne, signe de la bonne volonté de Staline! Sa peur d'être trompé va s'en aggraver, tandis qu'elle l'a déjà poussé à devenir un tyran absolu! Staline élimine ses adversaires, autant par crainte que par jalousie! C'est son manque d'assurance qui le rend si dangereux!

        Il prêche encore le faux, pour découvrir le vrai; car son doute est tel qu'il ne peut juger autrement! Lors de l'anniversaire de Churchill, à Téhéran (novembre 43), alors que tous les convives se réjouissent de l'ambiance, Staline se lève brusquement pour déclarer qu'il est dommage qu'il ne soit pas aimé de son homologue anglais, et ce n'est que devant les grands efforts de celui-ci, pour lui prouver le contraire, que Staline s'apaise et devient sûr de l'amitié qu'on lui voue!

        De même toujours méfiant, il divise pour mieux régner... Attention, voici dans l'ordre ou le désordre,  le Turkménistan, l'Ouzbékistan, Le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan; autant d'états formés par Staline en Asie centrale et qui ont bien du mal à survivre encore aujourd'hui! Ambitieux et fragile, le "petit père des peuples" reste l'image même du sournois!

        Cependant, le cas de Pol Pot est bien plus étrange! C'est d'abord un lycéen effacé, grassouillet et à fortes lunettes, dont le vrai nom est Saloth Sar, avant qu'il ne poursuive ses études à Paris, où il découvre le communisme, comme Hô Chi Minh... Puis, au moment de la guerre du Viêt-Nam, il retrouve son pays, le Cambodge, mais c'est pour s'y enfoncer dans la jungle la plus reculée! Là, il est en totale sécurité et bien qu'il soit coupé du monde, il commence à professer, ce qu'il sait si bien faire, en évitant tout opposant, tout conflit! Il persuade les paysans pauvres et incultes qu'ils sont exploités, que tout doit changer, que les riches doivent "payer"! Il leur promet un avenir radieux et captive surtout les jeunes, dont le nombre grandit sans cesse; ce seront les tristement fameux Khmers rouges!

        Mais, quand les conditions sont enfin favorables, il ne prend pas d'assaut la capitale, non, il la fait vider de tous ses habitants, ce qui est sans doute unique dans l'histoire de l'humanité! Ce n'est que quand Phnom Penh est désert et abandonné  aux rats que Pol Pot s'y installe, dans la même sécurité que celle de la jungle! Pol Pot ne conquiert pas le monde, mais il le ramène à lui! Sa crainte, sa prudence le veulent ainsi et quand des dignitaires étrangers désirent le voir, Pol Pot attend lui aussi dans le groupe, en ne se révélant pas, ce qui lui permet d'examiner en toute quiétude ses visiteurs! Il est somme toute incapable d'apparaître en plein jour et lorsque les Vietnamiens renversent eux-mêmes son régime, il ne résiste pas, ne les affronte pas, mais il rejoint à nouveau la forêt, pour y répandre encore sa parole, jusqu'à sa fin; comme si un brouillard délétère s'était brusquement répandu sur le pays, avant de disparaître et de laisser derrière lui peut-être trois millions de morts, c'est-à-dire la moitié de la population!

        Notez que la peur chez les tyrans leur fait rêver d'un état idéal, sans aspérités, où il pourrait enfin se reposer! Hitler imaginait une grande Allemagne, pure, vivant en totale autarcie, comme éternelle! Les films de la propagande stalinienne montrent des anges souriants au travail! Pol Pot parlait d'un grain de riz originel, débarrassé de toute souillure occidentale! Les extrémistes juifs voient dans la reconquête du territoire d'Israël le rachat de leur paradis perdu; alors que la science moderne a balayé depuis longtemps l'histoire biblique! Quant aux radicaux islamistes, ils ont une vision idyllique de la communauté héritée du Prophète et que gouvernait la charia; comme si l'homme ou la femme n'étaient pas en lutte pour le pouvoir et qu'une société pouvait se conduire tel un village!

        Mais à quoi peut nous servir, dans nos vies quotidiennes, de savoir que la peur provoque la domination? Mais, à chaque fois qu'un homme veut nous dominer, par sa carrure, son mépris ou sa haine, nous pouvons nous dire qu'il a d'abord peur et cela devrait être une "victoire" assez satisfaisante pour ne pas renchérir (d'autant qu'il serait assez facile de faire réapparaître cette peur...)! De même, il nous est possible de mieux garder la tête froide, quand une femme fait preuve d'une sexualité quasi irrépressible, car celle-ci est le fruit de l'angoisse, de l'immaturité, donc de l'égoïsme et non du choix!

        En fait, c'est la connaissance qui permet de rester en paix et ainsi d'apaiser le monde! 

  • Des lois universelles

    Des lois

     

     

     

        Aux confins du cosmos, Allah s'irritait, ruminait, s'impatientait... Une question l'obsédait: comment vaincre le complot judéo-chrétien? Oussama était mort! Zarqaoui, ce rustre si réjouissant, aussi... et combien d'autres! L'EI démantelé! Devant les Palestiniens exsangues, Bibi parlait d'annexer les colonies! Trump, ce mauvais clown, asphyxiait l'Iran! L'Arabie saoudite louvoyait toujours! L'Irak rêvait de devenir un camp de vacances! Sissi muselait la fidèle Egypte! Quant aux taliban, ils se cachaient dans les montagnes!

        Décidément, on ne pouvait plus compter sur personne et... contre toute attente, Allah se mit à pleurer! Où était le bon temps, l'âge d'or de la communauté des compagnons du Prophète? Tout était simple alors! La charia dictait la conduite de chacun! On n'avait même plus besoin de penser! Ce qui apporte le trouble, c'est la liberté, le choix! La conscience, c'est bien, mais il lui faut quand même des limites! "Voilà que je pleure sur mon bonheur perdu comme un Juif sur son paradis!" songea soudain Allah... Les Juifs! A ce mot, la colère d'Allah redoubla!

        "Tout est de leur faute! Quatorze milliards d'années pour l'histoire de l'Univers! L'Australopithèque! Le Sinanthrope! après le Tirex et ces idiots de Diplodocus! La tectonique des plaques, le Big Bang, les trous noirs, plus de cent milliards de galaxies, contenant chacune plus de cent milliards d'étoiles et j'en passe, voilà le complot israélien ou chrétien dans toute sa laideur!

        Où sont-ils allés chercher tout ça? L'atome, l'Evolution, l'égalité pour tous, le développement de l'homme, l'émancipation de la femme! On ne peut plus les arrêter! C'est bien simple, moi, Allah, fluide parmi les fluides, j'ai réussi dernièrement à buter contre la sonde Voyager! Faut le faire! Et encore un coup des Américains! Les Yankees frappent à ma porte!

        Mais je vais me venger! Car, moi, ce que j'aime c'est l'ordre! J'ai inventé la conscience, parce que je suis bonne pomme, mais je ne l'aime pas! J'aime pas le développement, c'est comme ça, ça ne s'explique pas! J'aime pas la liberté individuelle! J'aime pas le bonheur chez les autres! J'veux pas qu'ils soient eux-mêmes et qu'ils se réalisent! J'veux de la rectitude, qu'on ne moufte pas! J'veux des cerveaux comme les blés dans la plaine! A la même hauteur tous les esprits! J'aime pas la différence!

        Au fond, ce que j'aime, c'est vrai, c'est le pouvoir! C'est commander! J'veux ma bagnole aux vitres teintées! J'veux que les jeunes m'admirent, murmurent mon nom avec respect; qu'ils fassent de moi une quasi divinité! Hi! Hi! J'veux que la femme baisse les yeux quand j'suis présent! et qu'elle soit soumise la nuit! J'veux pas d'embrouilles, d'scènes de ménage: ma dignité en souffrirait! C'est comme les gosses, faut pas qu'y m'cherchent! La marmaille, ça obéit, c'est pas dans les jambes des adultes!

        Quoi? La pauvreté, la faim, la misère, la maladie... et pourquoi pas encore l'économie, la sécurité sociale ou l'éducation, la culture, la diversité, le progrès, la tolérance et l'amitié! Pouah!  Poisons, poisons de l'Occident! Mollesse des croisés! Du sang? On veut du sang? Top là! J'suis votre homme... ou plutôt vot' Dieu! Ah! Les pleurs de l'ennemi! Lire sa souffrance, sa panique! Ambroisie! Répandre le feu, la foudre, écraser, triompher; bref, se sentir important, quelqu'un! Là oui, je suis et j'renchéris!

        Et les exécutions! L'application stricte de la loi! Hein? Quel spectacle! Quelle main de fer! A propos de main et hop, on en coupe une! Et voilà un pied! Tu veux un œil? Tiens, prends-le! Tu préfères des cheveux, des seins? Non, tu veux lapider, comme à la kermesse! Mais vas-y mon vieux, je suis juste, juste et bon, je suis éclairé, j'ai de la sagesse! J'comprends les hommes, mais oui, c'est moi qui ai inventé leurs faiblesses! Mais y a un texte, un code, c'est pas compliqué!

        Moi-même, je m'abstiens du cigare... et d'l'alcool! J'me prive aussi! J'veux pas qu'on dise que j'en profite! J'participe à l'effort commun! J'ai tout de même quelques plaisirs! Eh! Eh! Mais attention, non négociable! Un homme, ça doit aussi se détendre, s'amuser! J'ai un faible pour la pêche! J'aime être près de la nature; ça me permet d'admirer ma création! J'suis pas seulement un guerrier, je sais aussi être sensible, on n'est pas des bêtes tout de même! Mais la pêche à la truite à la grenade! Hein? Oh! Oh! qu'est-ce qu'on s'marre! quand ça gicle et que l'poisson est projeté en l'air! quasiment dans la poêle! Allah est grand qu'je siffle! C'est moi le meilleur!

        J'veux être une grande ombre lugubre! ou alors un boucher hilare! ou encore j'veux gueuler mon nom sur les foules! J'veux provoquer la haine! J'veux la sentir autour de moi comme un serpent de feu! J' veux des braves pour la mort! J'veux des légions épouvantables, comme... comme Hitler! Tiens! Ce fameux tueur de Juifs! J'ai un faible pour lui, bien obligé, même si son dieu était encore celui des chrétiens! ou peut-être que l'Allemagne, c'était comme une Walkyrie pour lui! Bon, bref, faisons pas dans le sordide!

        J'veux faire autant de morts que les communistes! J' veux des charniers immenses, fumants, odorants! J' veux de la décomposition! des douleurs abominables! J'veux qu'on en ait le souffle coupé, qu'on en soit comme anesthésié! J'veux être le maître absolu, j'le mérite! J'veux réduire en miettes tous les autres dieux! celui des Juifs, des chrétiens, des hindous, des bouddhistes et j'en passe! C'est tout cette kyrielle en fer blanc que j'veux anéantir! Tous ces succédanés, ces imposteurs! J'veux les frapper! Hein? Mais qu'est-ce que j'dis? N'est-ce pas moi qui les ai inventés, tous ceux-là? N'est-ce pas moi en poupées russes? N'est-ce pas moi qui évolue? Voudrais-je me détruire moi-même? Je deviens fou!

        Oh là! Oh là! Faudrait en plus que j'réfléchisse! Oh là! Oh là! Faudrait que je m'arrête cinq minutes! que je me regarde en face! que j'essaie d'examiner les choses! Oh là! Oh là! J'peux pas, j'ai du boulot, une mission! Et puis faut que j'vous dise, j'aime pas le silence, l'inaction, la paix, si vous voulez! C'est le bourdon! J'angoisse quand j'commande pas! Si j'entends pas crier, j'ai l'impression qu'on complote! Mais admettons... J'bouge pas et j'raisonne! Voilà, j'suis dispos: quelle est en fin de compte ma logique? Si j'devais vendre mon programme à des athées, qu'est-ce que j'pourrais leur dire? Faut quand même montrer mon intelligence, ne suis-je pas Allah?

        Voyons voir... Si je prends en compte le monde moderne, quoique ça m'en coûte..., car moi, c' que j'aime, c'est la charia et... Bon! Bon! d'accord, le monde moderne..., la science quoi, la vérité..., enfin une part de la vérité! Mais bon, allons-y! La complexification de la matière entraîne l'individualisation des espèces, qui elle-même produit la domination; ce qui a conduit à la conscience, qui n'est d'abord que le triomphe de l'égoïsme, la volonté de vaincre! C'est la personnalité qui se développe et qui veut s'imposer!

        Bon, mais la conscience permet encore un essor infini, puisque l'individu peut s'affranchir de l'instinct! Il est donc libre et doit faire des choix, d'où son angoisse, ses craintes, sa perplexité! L'homme libre marche en terrain vierge! Il est créateur! Il est en place pour me comprendre... et même pour me nier! Il a la chance d'exister, grâce à moi, le fu...! Bon, bon, faut que j'me calme! N'empêche, avec la charia, tout ça... Mais on a dit le monde moderne et on ira jusqu'au bout! par respect pour des milliards de gens!

        Si je deviens compréhensif, c'est que j'vieillis! Ah! La jeunesse! Sa fougue, son injustice, sa cruauté! Le sang sous le soleil, voilà la force! Mais j'm'égare de nouveau, je me laisse emporter... C'est pas facile de s'concentrer! Donc l'homme libre, l'homme moderne, appelons-le comme ça, connaît l'angoisse, la peur et son premier réflexe pour s'apaiser, c'est bien entendu un retour à l'instinct, à ses racines... C'est-à-dire qu'il a recours à... à... (y a que moi qui suis!) à la domination! Eh ouais, la domination! L'individu s'impose pour faire le monde à son image; fin de la crainte, du malaise! Oui, mais alors il n'est plus créateur! Il se fige, d'où la charia! Bon sang, m...! J'viens de m'tirer une balle dans le pied!

        Easy! easy! J'suis seul ici! Personne m'a entendu! C'pendant, premier théorème: toute personne qui veut dominer, même pour le bien, reste un animal! Et toc! Je sais, ça fait mal, mais c'est comme ça! Faire le lion, c'est bien, mais être un homme, c'est mieux! Si ça c'est pas du slogan, si c'est pas vendeur, j'fais tomber les étoiles! Eh! Mais j'peux pas! C'est le jeu, la gravitation existe! Y a des gars très sérieux qui ont bossé là-d'ssus!

        Second théorème: plus un homme est libre et moins il est dominateur! C'est comme le tennis, ça fait bing, sauf que c'est plus facile! Le tennis, encore un jeu du couple judéo-chrétien! Mais mon théorème est bon, car si on est libre, c'est qu'on est dégagé de son angoisse, et donc moins on a besoin de dominer! C'est pas beau ça!

        Mais j'vais aller encore plus loin... J'vais aller dans le "sensible", dans la "chair délicate"! J'vais soulever le bandage, attention: y a pas de textes sacrés! Aïe! Ouille! C'est douloureux, j'parie! Vous avez de la fièvre, ça se voit! Mais qui dit sacré dit intégrisme! C'est imparable! L'univers évolue, l'humanité aussi! On parle, même si c'est divinement, avec son époque! L'essentiel du message peut rester éternel, mais il est aussi le fruit d'un temps et doit s'adapter! La charia ne peut plus s'appliquer, elle correspond à un degré d'évolution, d'ordre, d'harmonie, si on veut, mais elle m'enferme, moi Allah! Car je suis l'infini, je n'ai pas peur d'évoluer, moi... et plus on se développe et plus on me donne de la grandeur! J'veux que les femmes témoignent de ma puissance, en s'épanouissant, comme les fleurs sont le reflet du soleil! 

        Je sais, je sais, j'ai quelque talent! Mais finies les boîtes d'allumettes! Finie la vie carcérale! J'veux de l'air! de l'audace, de la force vive! de la paix généreuse! Rappelons-le: l'angoisse conduit à la domination, à la contrainte, au contrôle! Alors, messieurs, détendez-vous! Ayez le courage de vous calmer sans victimes, tout seuls! Ne me faites pas à votre échelle de guerriers tendus et sanguinaires! Ne me présentez pas comme un bourreau ou un maître implacable! Je suis plus fort que vos inquiétudes et que vos égoïsmes mesquins! J'aime la liberté, car elle seule permet de venir à moi!

        Je suis l'infini! Pénétrez-vous de cette idée! Messieurs les guerriers, j'vais sans doute vous surprendre, mais ce que j'aime surtout, moi, Allah, c'est le risque, c'est lui qui est la racine du véritable amour; c'est lui qui prouve plus que tout le fidèle!

        Mais vaincre son ennemi, comme le tigre dévore sa proie, ce n'est pas nouveau; c'est animal! Ce n'est pas propre à l'humain! Je n'avais pas besoin de créer la conscience pour cela! Non, la véritable innovation, le grand risque, c'est de me faire confiance! Ce n'est pas de régler ses comptes! Ce n'est pas se poser en maître, même si on se dit mon serviteur! C'est déjà me laisser le soin de la justice... et même de l'ordre! Ce n'est pas de "prendre", en combattant, en détruisant; ce n'est pas satisfaire sa domination; c'est plutôt aller contre celle-ci!

        A partir de là, vous entrez dans l'inconnu; vous "tendez" vers moi, autrement dit! Vous faites un pas dans ma direction! vers la nouveauté! Là, j'vous kiffe! Hein! Vous devenez créateurs, comme moi! Vous me cherchez véritablement, au lieu de répéter un message et des lois inadaptés, qui me rapetissent, rappelons-le!

       Là, je peux croire à votre amour, car a priori vous ne gagnez rien! Votre domination ou votre amour-propre deviennent quasi nuls! Là, vous commencez à m'intéresser! Car quelle solution allez-vous donner à votre équilibre, à votre bonheur? Tout le monde s'empiffre et pas vous! Où allez-vous puiser la force et l'espoir? Pas de femmes à humilier! Pas de Juifs à tuer! Pas d'enfants à faire pleurer! Pas de peuples à affamer! Pas de maisons à brûler! Pas de cris à la télé! Pas de crainte devant vos bobines! Pas de célébrité! L'anonymat! Pas de commandements! L'humilité pour vous, pas pour les autres! Plus de génuflexions hypocrites ou mécaniques! Votre ennemi triomphe, qu'allez-vous faire?

        Vous allez me trouver, malgré votre pas chancelant! Vous allez m'aimer au-delà de la peur, au-delà de l'animal! dans l'inconnu, car je remplis ce qui est vide! Comment alors pourrais-je douter de votre sincérité, de votre force, de votre "grandeur"? Vous seriez mes témoins privilégiés! Vous montreriez au monde que je suis bien infini, car je serais dans la pierre comme dans le Coran! On verrait que je suis une source inépuisable... et non un carcan! que je fleuris où je veux, que ma puissance est sans limites!

        Mais il faut prendre le risque..., laisser là sa domination... Je n'ai pas peur de perdre, quel chef pourrait alors me comprendre? Le temps pour moi n'existe pas, quelle colère alors pourrait m'aimer? Je suis l'infini, quelle loi alors pourrait me contenir?

        Je suis la liberté, c'est pourquoi je donne naissance! Je suis serein et c'est pourquoi je laisse croître! Je n'ai pas fait la vie pour qu'on l'enchaîne, ni l'homme pour qu'il reste un animal! J'ai développé l'univers, pour que chacun lève les yeux, rêve et rayonne!

        Je me moque du pouvoir, mais j'aime la différence, parce que je suis fort! Ouf! Maintenant, j'ai l'impression d'être un peu plus beau! Fallait la faire, cette introspection! Oh! Yeah!"

  • De l'autorité

    De l autorite

     

     

     

     

        L'autorité est bien entendu une forme de domination et à ce titre, elle sert notamment à masquer la peur, à un tel point que celui ou celle qui jouit de son pouvoir en vient à oublier ou ignorer complètement son angoisse! Comme l'autorité est aussi bien dans une fonction, dans la vie de famille ou auprès d'un chien, nous vivons dans un monde qui nie sa peur et qui donc ne la traite pas fondamentalement. Ceci explique pourquoi nos sociétés paraissent toujours aussi dures et perdues, car le seul remède que nous connaissons à notre mal-être, c'est le renforcement de notre égoïsme, qui réaffirme dans la plupart des cas notre autorité!

        Autrement dit, plus nous nous sentons "humains" et plus nous avons tendance à nous comporter comme des animaux! Car, ne nous y trompons pas, la peur que nous éprouvons, non pas devant un ennemi, mais bien celle qui nous tourmente apparemment sans raisons, celle qui nous fait douter et qui parfois nous terrifie; celle qui nous montre notre solitude infinie dans l'univers; celle qui anime nos interminables débats intérieurs; cette angoisse-là, cette anxiété collante et repoussante; cette espèce de glue qui nous chagrine, même sous les ciels les plus bleus et les plus sereins; cette poisse, cette ombre, cette menace sourde, cette amie triste qui nous suit partout; eh bien, elle nous est propre à nous, les humains! Les animaux ne la connaissent pas! Car c'est notre conscience qui la provoque! C'est l'inconnu dont nous nous rendons compte qui en est à l'origine!

        Mais cela veut aussi dire qu'elle nous est nécessaire ou qu'elle est du moins un passage obligé pour que nous comprenions le monde, nous-mêmes et que nous puissions évoluer! Celui qui la refoule, jusqu'à en oublier son existence, reste donc un animal, qui "croque" les uns et les autres, avant de "tomber sur un os"! Mais il est donc normal de se méfier de l'autorité et des personnes fortement autoritaires... Elles ne sont pas au fond dans la réalité... La mort d'ailleurs ne va jamais chez eux, de peur d'être mal reçue! Mais l'angoisse n'a pas dit son dernier mot, comme nous allons le voir! Ne doutons pas de la force de la nature, car l'homme ne peut pas ne pas être à priori inquiet!

        Cependant, nous regarderons surtout cette autorité qui semble indiscutable et absolument nécessaire, puisque toutes les autres au fond suivent la même logique, nous voulons parler de l'autorité parentale, celle qui bien entendu s'exerce sur les enfants!

        Notez tout de même que le fameux complexe d'Oedipe n'est rien d'autre que l'effort du petit animal qui est en nous, pour imiter ses parents, afin d'en acquérir le savoir-faire! La psychanalyse a complexifié à loisir cette chose simple, jusqu'à faire de nous des extraterrestres! Voilà ce que c'est que d'écouter ces ergoteurs de forêts profondes! Mais ne nous énervons pas, nous avons encore du travail!

        Les parents ont normalement peur, mais le plus souvent ils ne s'en rendent même pas compte. Ils sont d'abord placés dans un fonctionnement, celui de la société; il faut aller au travail et conduire les enfants à l'école! Toutefois, la peur nous suit pas à pas et elle a une manière lancinante, quoique sourde, de se faire sentir... Elle agit donc, même si elle reste invisible! 

        L'énervement est le signe annonciateur de la peur... La tension et l'angoisse dansent ensemble! Le parent hausse le ton, il devient menaçant, il renforce son autorité! S'il y a obéissance, il se détend! La peur s'en va, déçue, mal aimée sans doute... Mais nous n'avons plus rien à craindre quand nous nous sentons forts! Rappelons-le, c'est la conscience de soi qui protège, qui nous donne notre place, qui enlève notre trouble!

        L'autorité permet la médaille du mérite et de l'équilibre! Elle apporte les lauriers de l'utilité; elle est comme "le tapis rouge social"! Nul doute alors que les parents se servent de leurs enfants, afin de lutter contre l'angoisse! Combien d'enfants n'ont-ils pas été et ne sont-ils pas toujours broyés, pour qu'on en recueille un élixir de paix? L'autorité agirait-elle telle une drogue? Elle calme certainement... L'enfant "fusible" existe! Sans leur pâtiras, des parents tournent en rond! L'enfant incapable, celui qui est montré du doigt, qui fait le désespoir de ses géniteurs, celui-là, bien souvent, est le plus utile, le plus nécessaire, malgré ses bulletins médiocres... et l'avis réprobateur de ses professeurs!  

        Sans la forte tête, l'incapable, le cauchemar, le "problème", le fléau, la peur de nouveau frappe à la porte, avec sa lourde valise, tandis que dehors il se met à pleuvoir sous les lampadaires qui viennent de s'allumer! 

        Mais nous sommes d'accord, il y a une sorte de contrat! L'éducation est nécessaire et puis tout cela est noyé dans tant d'affection! Celle-ci est comme le feu, que l'enfant méprisé retournera tôt ou tard contre lui! "Je vous ai apporté des roses, mais vous les avez piétinées..."

        Dans la plupart des cas, l'éducation se passe tant bien que mal, mais qu'arrive-t-il quand l'enfant voit des choses..., quand son œil innocent reconnaît le mensonge, l'anomalie, la discordance, le faux-semblant? Car, attention, c'est un cercle vicieux: plus on presse l'enfant et plus il se défend!

        Cette vérité de l'enfant, sa remarque qui surprend tout le monde, qui brusquement scandalise, qui paraît si déplacée, ne serait-ce pas la peur qui essaie d'entrer? Ne serait-ce pas ce monde étrange et terrible qui a trouvé un adjoint, un porte-parole? Maudit soit alors l'enfant! La réaction à son encontre est très souvent violente, car la peur est bien entrée! C'est elle qui arme le bras, qui fait crier: elle jubile, elle est chez elle! L'enfant la voit, sans la reconnaître! On le bat, on le morigène, alors que la peur est sur le canapé, à finir les jus de fruits et les cacahuètes! Les souffrances de l'enfant la laissent indifférente, elle est au chaud à présent! Qu'on enferme le petit diable dans le noir... et retrouvons-nous entre grandes personnes, bien dégoûtantes, hein? Tiens, jouons à la belote de l'hypocrisie!

        Il y a deux manières de lutter contre la peur: soit on renforce son autorité et on ne guérit pas; soit on regarde en face sa peur, ce qui exige bien entendu qu'on dise: "J'ai peur!" La première solution plaît à l'orgueil; la seconde pas du tout, et on choisit donc la première! On marche alors vers le crime; on devient client de l'injustice, on lui achète sa "poudre", celle qui rend fou furieux, car la traque commence! Mais, curieusement, un enfant , c'est plus résistant qu'on ne le croit!

        C'est comme une huître! une forteresse! On l'attaque sur le côté, vite, il conduit ses troupes vers là! Il empêche le passage! On s'échine, mais la fermeture tient! Le muscle du bivalve, c'est pas n'importe quoi!

        Qu'à cela ne tienne! On essaye de faire mal de l'autre côté! On tente de percer; ça devrait céder! On serre les dents, on durcit le ton, on accable; on donne des coups, on sermonne, on assomme, on blesse encore, toujours plus profondément; on attend un cri, une douleur, une réaction, mais on est devant un masque impassible, un animal étrange somme toute, complètement hermétique, apparemment insensible, qui lasse, qui effraie même, si bien qu'on le laisse enfin tranquille, comme une coquille vide, morte, remplie en fin de compte d'un immense chagrin, plus vaste que la mer; plus grand que tout le cosmos; plus sombre que l'infini!

        On a fait un zombie, un malade, mais pourquoi un tel acharnement? Mais toute résistance est une fenêtre pour la peur! Elle peut entrer par là! Toute résistance est somme toute une étrangeté, de l'inconnu; comme ce monde qu'on tient à distance, parce qu'on sait qu'il existe et qu'il est menaçant! On le redoute, mais on l'oublie, car on réussit dans la vie! On est quelqu'un, on a du pouvoir, de l'importance! On est bien dans le "système"... et la peur est loin!

        Elle est d'ailleurs fâchée, elle se retrouve sans rôle dans la pièce, puis, soudain, elle éclate de rire! Elle se moque des notables, de la célébrité, des airs sérieux! La peur a tout son temps, car on vient à elle, inexorablement! Elle nous tend les bras! On ne peut pas lui échapper! Plus on vieillit et plus elle nous sourit, plus elle se veut notre amie! Elle lève un bras et nous crions! Elle s'en amuse!

        Elle devient la mort, l'autorité suprême! A quoi servent désormais les autres? On est tout petit devant elle! On ne l'a pas apprivoisée! On n'a pas cherché à la connaître, à lui donner un nom, un remède, un maître, un sens! Elle est une étrangère, une intruse, que rien désormais n'arrête! Elle est un gouffre! On est échec et mat!

        L'enfant blessé, l'enfant "fusible", l'enfant paillasson, l'enfant utile, lui, s'époussette! Un long chemin l'attend... Dans le meilleur des cas, il fait route avec la peur... De toute façon, il n'a pas le choix! Dans le dos, il a des tas de couteaux, qui lui font mal, quand il se couche... Il a des cauchemars; il pleure aussi... Il est tout seul dans le monde... Les autres ont de l'autorité, lui, il n'est rien, il souffre... et il a peur!

        Il se débrouille... Il invente des trucs... Il regarde le soleil, les oiseaux... Il ne comprend pas grand-chose! Il se rappelle une guerre, vaguement, c'était son enfance! Il faut grandir! Une, deux! Il faut aller de l'avant, écouter les idiots et encore les idiots! Ils sont comme la mer, ils ne s'arrêtent jamais! C'est qu'ils ont de l'autorité, qu'ils sont importants! C'est eux qui savent! Ils ont la science! Psychologues, présidents, responsables, analystes, commentateurs! La cohorte est infinie... et le monde ne change pas!

        L'autorité est assise sur son trône! Chaque jour, elle fait défiler ses troupes et chacun la regarde fièrement! On est soldat de l'autorité ou on ne l'est pas! L'autorité rigole, toujours d'attaque! Elle se moque de la peur, qu'elle trouve compliquée, faible! L'autorité a plein de projets, l'avenir lui appartient!

        C'est quelqu'un de dynamique, l'autorité! C'est une passionnée, une gourmande; la maladie, elle connaît pas! C'est bon pour les minables, les médiocres, les besogneux, les ratés!

        L'autorité, c'est du solide! C'est franc comme l'or! C'est plein de sagesse, plein de conseil! La peur apprend la leçon! Elle a un maître, c'est l'autorité, l'aisance personnifiée, la réussite! la clairvoyance!

        Pourtant, la peur marque des points, de temps en temps! Elle gonfle par exemple les ventres, c'est amusant! Elle fait des hommes et des femmes, comme s'ils avaient été noyés! remplis d'eau! Ah! Ah! Ces bedaines, c'est la peur, c'est son travail! (Nous-même avons pesé plus de 140 kilos! On nous a volontiers traité de grosse vache, avant de nous demander si nous n'étions pas enceinte! Quel monde chaleureux et solidaire! C'est la joie de l'autorité, sa distraction, son espièglerie! On serait chagrin de s'en plaindre, n'est-ce pas?)

        L'enfant blessé poursuit sa nuit... Il peine, alors qu'autour on s'affaire! Il est mal parti dans la vie! Il aurait dû être plus ceci ou cela! Tiens, il a manqué de courage, d'esprit de décision! C'est ça! Ah! S'il avait eu de la force, mais c'est un mou! Il le sait bien! Il est détestable, repoussant même, tandis que l'autorité..., c'est un tabernacle resplendissant!

        L'enfant blessé discute avec la peur, l'inconnu! Le fou, il lui parle! Il écoute la peur et l'inconnu! C'est difficile, mais c'est la seule chose que cet enfant connaît! La peur apprend à l'enfant à parler... Elle lui apprend chaque mot, chaque lettre... Ils épèlent ensemble! Ils se comprennent; ils se disent tout! Bien obligé, car l'autorité ne veut pas d'eux!

        La peur apprend à l'enfant blessé à être un homme! Elle lui donne... quoi? De l'autorité! Un savoir, une science, le fruit d'une expérience, une création! C'est le trésor de la peur! C'est une vérité, la peur y a veillé!

        L'enfant blessé est devenu prophète... Il va confiant! Il est plus fort que les autres, maintenant! Car la peur est son amie, il ne l'a pas rejetée, il n'en avait pas les moyens!

        La peur parle par sa bouche! Elle défie l'autorité! Elle lui montre son mensonge, son décor de théâtre! Elle déchire ses oripeaux et l'autorité grince des dents...

        L'autorité méprise la peur, ne veut pas l'entendre! L'autorité se ferme, pour garder ses privilèges, son illusion, ses fêtes, son pouvoir!

        L'enfant blessé est de nouveau rejeté! C'était à prévoir, n'est-ce pas?

        La peur campe devant la cité que commande l'autorité... Elle envoie ses poisons par-delà les remparts! On entend la ville gémir, crier au secours! La violence est dans les murs, l'angoisse talonne le passant... On croise des visages hideux! Les gens deviennent de plus en plus durs! L'autorité se déchaîne!

        Le prophète, lui, sifflote... Il aime la vie, sans haine! L'autorité, en fin de compte, l'accompagne comme un p'tit chien, mais peu lui importe! Il s'enchante toujours plus de son parcours, car il va vers la lumière!