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  • Le cauchemar

     

        Dans la pénombre, Rémy ne savait pas trop où il allait, mais comme il était poussé par d’autres, il s’approcha d’une vaste table, à laquelle il fallait prendre place. Au-dessus se balançait une lanterne et devant le jeune homme glissait lentement une assiette. On le servit brusquement et surpris, il demanda à voix haute :

        _ Mais qu’est-ce que c’est qu’ça ?

        _ Ca ! c’est des pâtes bouillies, répondit un homme massif près de lui, et j’te conseille de les manger, car c’est tout c’que t’auras !

        _ Mais où sommes-nous ?

        _ Mais à bord du bateau France !

        _ Le bateau France ? Mais… mais pourquoi je pleure ?

        _ Oh ! beaucoup sont comme toi ici… c’est qu’t’es dépressif !

        _ Dépressif ? mais qu’est-ce que ça veut dire ?

        _ Ca veut dire que t’as travaillé longtemps sans obtenir de résultats !

        _ Mais… mais c’est impossible : si on travaille, on reçoit forcément quelque chose !

        _ Pas si t’as été assez nigaud pour croire en la vérité et au mérite !

        A cet instant, un vieil édenté, en face, éclata d’un rire bruyant.

        _ C’est bien lugubre ici, reprit Rémy, pourtant… j’entends de la musique !

        _ Oui, ça, c’est la France qui rit ! Elle est à l’air libre… Tiens ! j’peux te décrire son emploi du temps : en automne, elle s’achète des habits neufs, elle se plaît devant le miroir. En hiver elle remet ça, elle s’offre plein de cadeaux… et elle s’amuse à glisser sur le pont. Faire du ski qu’elle appelle ça ! Au printemps elle se passe une balle avec des raquettes, elle joue au tennis comme on dit… et en été, elle débarque sur une plage, où elle reste à rien faire sous le soleil, pour oublier ses soi-disant soucis ! Voilà toute son année !

        _ Mais alors, nous, qui sommes-nous ?

        _ Mais nous sommes la France qui pleure ! D’ailleurs tu verras marqué RSA sur le dos de chacun…

        _ Mais moi, j’veux pas rester ici, je veux aussi rire comme les autres !

        _ Ne t’en va pas, p’tit ! Ils vont…

        Mais déjà Rémy filait vers l’écoutille, quand un solide gaillard le prit par le cou.

        _ Ah çà ! voilà de la graine de mutin ! cria le garde, ou j’m’y connais pas ! J’m’en vais te faire passer le goût de la rébellion, moi !

        Rémy se débattait et à force il se réveilla… dans son lit ! La sueur le trempait et il descendit prendre son petit déjeuner le pas encore tremblant.

        _ Qu’est-ce que tu as ? lui demanda sa mère, tu es tout pâle !

        _ J’ai rêvé que je faisais partie de la France qui pleure, que j’étais dépressif et que j’étais au RSA ! Alors qu’au-dessus s’amusait la France qui… Oh ! mon Dieu !

        « Décidément, ce garçon a bien trop d’imagination ! » songea la mère.

  • La rentrée littéraire

     

        _ Bon, ça y est ? Tout le monde est là ?

        Il y avait encore un fort brouhaha quand s’exprima ainsi l’institutrice. Elle reprit donc :

        _ Allez, tout le monde en place, s’il vous plaît ! Et maintenant mesdames et messieurs les éditeurs, vous êtes priés de sortir ! Vous reverrez vos protégés à la fin de la classe… Allez, on finit de s’embrasser là-bas… Je ne veux voir devant moi que les écrivains, que les véritables créateurs ! Allons… du courage , tout le monde !

        Enfin, les éditeurs sortirent, non sans adresser encore des signes à leurs « poulains », puis la classe devint silencieuse.

        _ Tout le monde est là ? demanda de nouveau l’institutrice, je vais vous compter : sept cent un, sept cent deux… sept cent vingt ! Bon apparemment vous êtes tous là ! Alors chacun de vous va prendre son cahier et vous allez l’ouvrir comme ceci : non à la page une, mais vous allez laisser passer la page deux et à la page quatre, vous n’écrivez pas sur celle-ci, mais de l’autre côté, je dis bien de l’autre côté !

        La maîtresse maintenant montrait la bonne page, avec son cahier ouvert, mais la plupart des élèves étaient perdus et se tournaient les uns vers les autres pour savoir ce qu’il fallait vraiment faire au juste. Seules quelques filles au premier rang semblaient tout comprendre et c’est pour elles que la maîtresse poursuivait.

        _ Alors sur cette page, en haut à droite, chacun va écrire, de sa plus belle écriture ! son nom, afin que vos papas et vos mamans soient contents de vous ! Attention aux gribouillages, je vais passer parmi vous. Mais ce n’est pas ça que j’ai demandé ! (à présent la maîtresse, en allant de table en table, se rendait compte que presque personne ne l’avait comprise… elle retourna vivement au tableau.) Qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai dit en haut à droite sur la page opposée à la page quatre… c’est quand même pas compliqué !

        _ Maîtresse ! maîtresse ! coupa une fille, y a un garçon qui pleure !

        L’institutrice regarda la classe et s’approcha de l’écrivain qui était en sanglots.

        _ Allons, allons, qu’est-ce qu’il y a ? Tu as du chagrin ?

        Pour toute réponse le garçon pleura davantage.

        _ Mais pourquoi tu pleures ? parce que tu n’arrives pas à mettre ton nom sur le cahier ?

        _ Ouuuh ouh oui !

        _ Mais il ne faut pas se mettre dans un état pareil ! Ce n’est pas grave ! Et puis tu es un véritable créateur, un véritable artiste ! Et ça doit être courageux un véritable artiste !

        A ce moment la sonnerie retentit et de nouveau il y eut un tumulte, mais vers la sortie cette fois-ci.

        _ N’oubliez pas, cria encore l’institutrice en s’efforçant de se faire entendre, n’oubliez pas qu’au cours de l’année il y a les prix ! et que votre attitude dès maintenant compte ! allez !

  • L'impasse

        Frank habitait Paris, était détective privé et regagnait son bureau. Toute la journée, il avait suivi un mari infidèle et il avait hâte maintenant de se laisser tomber dans son vieux fauteuil club, un whisky à la main.

        Mais à peine avait-il refermé sa porte, qu’il fut jeté sur le plancher avec une force incroyable! Quoique encore choqué, il voulut se remettre debout, mais une gifle, tel un coup de fouet, le renvoya au sol. A genoux, il sentit le sang envahir sa bouche... "Salauds!" murmura-t-il entre ses dents, alors qu'il distinguait vaguement deux hommes dans la pièce.

        _ Dis donc, Joe..., fit une voix aigre, installe donc monsieur pour qu'on puisse causer!

        La même force qui l'avait balancé et frappé souleva Frank comme un sac vide et il chuta sur le cuir de son fauteuil. Assis, il put reprendre son souffle et sa vue se clarifia. Celui qui s'appelait Joe avait un corps pareil à un tronc de séquoia et sa tête était si ronde que l'ensemble ressemblait à une énorme quille.

        L'autre agresseur était son contraire... Il était petit et sec et on eût dit une punaise avec des jambes! Celui-là, Frank s'en rappelait maintenant, c'était Tony.

        _ Alors détective à la manque ! reprit Tony. On passe te voir y a une semaine, pour qu'tu nous indiques un écrivain contemporain d'qualité… et tu nous laisses sans nouvelles ! Tsss, tsss, c’est pas gentil, ça !

        _ Vous me croirez ou non, mais y en a pas !

        _ Et le Goncourt! le Médicis ! le je-n'-sais-quoi encore! hurla Tony, c'est pas d'la littérature, ça?

        _ Peuh! C'est du bisness! C'est du bla-bla avec un ruban rouge!

        _ Laisse-moi l'travailler, Tony! coupa Joe. Y va parler, tu peux m'croire!

        _ Et les émissions littéraires ? demanda encore Tony, sans se soucier de Joe.

        _ Du cirage à la tonne ! répondit Frank.

        _ Mais dis donc, si j'suis bien ton raisonnement, poursuivit Tony, comme y a pas d'bons écrivains, y a pas non plus d'bons éditeurs! ni même de bons critiques!

        _ J’t’embrasserais presque !

        _ Mais patron, s'écria encore Joe, vous voyez pas qu'y s'fout de not'gueule!

        _ J't'ai dit d'la fermer, Joe! J'réfléchis! Ecoute, Frank, t'es p't'être comme le héron de la fable! Hein? T'es tellement difficile que tu trouves plus rien à ton goût! Mais moi, y m'faut une plume, un auteur qui m'apaise, qui m'comble! quand dehors y pleut et qu'mon feu me chauffe les pieds! T'as vingt-quatre heures! C'est mon dernier délai! Après ça, si t'as pas lâché un nom, tu s'ras plus en mesure de r'connaître un livre d'une brique de lait! Ah! ah! Joe, montre à monsieur comment tu fais le ménage!

        Joe, avec un sourire sardonique, se mit à tout renverser et il s'en donna à cœur joie. Mais enfin, quand la pièce ne fut plus qu'un vaste capharnaüm, ils partirent. Frank but alors un grand verre de whisky, en grimaçant, car sa bouche lui faisait toujours mal. « Le mieux, songea-t-il, c’est d’appeler Liz… Depuis le temps qu’elle veut partir en vacances ! »

  • Le morse

        Un morse déjà grisonnant et appelé Klem aimait la Terre de Feu. Les détroits coiffés d’un brouillard sombre, la végétation courbée sous le vent ou les montagnes hérissant la mer glauque apaisaient ses nerfs; même si la colonie à laquelle il appartenait s’ébattait non loin de là.

        Or, un jour qu’il avait satisfait une compagne, Klem songea avec délices à une sieste sur une vaste pierre attiédie, qu’il avait repérée dans la matinée. Il commençait à sentir la première euphorie du sommeil, quand des créatures aux couleurs criardes sortirent bruyamment des rochers. Très vite, elles cernèrent Klem et l’animal troublé se dressa sur sa masse en poussant des cris rauques, afin d’intimider ses agresseurs, mais ceux-ci se rapprochèrent encore plus et essayèrent de poser sur le corps du morse une sorte de ruban.

        En fait, c’était l’équipe du professeur Bougival du Muséum national d’histoire naturelle, qui avait quitté ses locaux parisiens pour venir ici étudier la vie des morses et qui cherchait présentement à mesurer Klem. La graisse de l’animal roula quand il voulut s’échapper, mais alors il sentit une piqûre dans son dos et bientôt il perdit connaissance.

     

        Un peu plus tard, le vent seul résonnait aux oreilles de Klem et les alentours paraissaient tout aussi sauvages qu’à l’accoutumée. Pourtant, un collier était accroché au cou du morse et il chercha à s’en débarrasser en se frottant au récif, mais en vain.

        Klem connut-il alors l’amertume, car on l’avait dérangé dans son somme et décoré d’un objet malséant ? Nous ne pouvons le dire… Toujours est-il qu’il quitta ces parages, pour aller bien plus loin, vers des rivages encore plus austères !

        De son côté, le professeur Bougival se frottait les mains : grâce à l’émetteur placé sur Klem, il était à même de suivre précisément les déplacements de l’animal et ce qu’il apprit d’abord le frappa : le morse se déplaçait apparemment beaucoup plus qu’on le supposait. Il devenait urgent de tenir une conférence !

        _ Mesdames, messieurs, dit le professeur de retour à Paris à son auditoire, j’ai pu constater, après un récent travail sur le terrain, auquel mes étudiants ont participé avec brio! que le morse couvre des distances impressionnantes et je suis conduit à pousser un cri d’alarme. En effet, quelle sera bientôt la condition de cette espèce, qui a besoin de tant d’espace, alors que l’humanité s’étend en tous sens ? Elle sera précaire, c’est moi qui vous l'dis ! Je crois qu’est venu le temps de se montrer plus mesuré et pourquoi pas plus prévenant !    

  • Les spécialistes

     

        Aujourd’hui, je vais visiter le chenil d'un ami et il m'accueille sous un ciel gris. Bientôt, nous passons devant des chiens de toutes sortes et cela déclenche évidemment un concert d'aboiements!

        J'ai du mal à comprendre comment on peut supporter un tel environnement et me tournant vers mon ami, j'lui demande: "Tout ce vacarme, ça n'te dérange pas?

        _ Non... non, et puis tu sais, ce sont tous des spécialistes !

        _ Quoi ?

        _ Oui, on en apprend beaucoup à les écouter! Tiens celui-là par exemple, le grand marron, c'est un spécialiste de la politique intérieure! Il en connaît chaque personnalité sur le bout des doigts! Il perce leur stratégie, comme du beurre! Rien ne lui échappe!

        _ Et il avait prévu la victoire de Macron?

        _ Euh... Non, à vrai dire... Mais l'ascension de Macron a été si rapide qu'elle a déjoué tous les pronostics, non?

        _ Possible... Mais j'parie que ton chien fait l'entendu quand les événements sont déjà arrivés!

        _ Peuh! Te voilà de mauvaise foi! J't'assure que ce toutou-là a même le museau dans les alcôves du pouvoir!

        _ Dans le fond, ça ne m'étonne pas… et le pelé là-bas, celui dont l'aboi rauque fait mal aux oreilles, il est spécialiste de quoi ?

        _ Ne parle pas ainsi de ce chien vénérable… Son poil blanchâtre indique trop bien sa longévité et le poids de son expérience !

        _ Tu m’intrigues !

        _ Et y a de quoi, crois-moi! Car ce chien dévoile les arcanes de la vie, les vérités générales. Il voit plus loin et plus profond que tous les autres. Il dégage du quotidien des faits dont la valeur donne le vertige, c'est un phare !

        _ Et il aboie chaque jour ?

        _ Oui… ou presque.

        _ Alors ce que tu me dis est impossible !

        _ Ah bon ! pourquoi ?

        _ Mais parce que pour approcher de la sagesse ou de l’intelligence, il faut observer longtemps et beaucoup méditer. Ce qui implique d’être souvent silencieux.

        _ Tout de même ! Ecoute-les ! Tiens, le petit jaune là, il est spécialiste de la Suisse! Il a écrit des tas de livres sur la qualité d'l'air en montagne! Et celui-ci, il a fait dix ans d'sous-marin en banlieue ! Il connaît chaque cave! Tu vois ses pattes arquées? C'est des voyous qui lui ont fait avaler un fer à cheval! Et celui-là! Si tu regardes bien comment il trottine, tu seras au courant des fluctuations du Dow Jones ou du CAC 40! Même ses étrons sont pleins d'économies!

        _ C'est bon, c'est bon, t'emballe pas... J'voulais pas t'faire de la peine..., du moment qu'ils te rendent ton affection...

        _ Ben... C'est justement à c'sujet que ça pèche un peu...

        _ Ah bon?

        _ Hon, hon... La semaine dernière, y en a deux qui se sont échappés... et ils ont attaqué un gamin tout près d'ici... C'est de plus en plus chaud pour moi dans le secteur...

        _ Féroces, hein?

        _ Ouais... Comment t'as d'viné?

        _ Question de flair!

     

  • Les psychologues

        Dans son bureau, le shérif Travers se gratta la tête : il était perplexe, car l’homme qu’il avait devant lui n’avait pas l’air d’un fou et pourtant il racontait une histoire incroyable!

        _ Voilà ce que je vous propose, dit le shérif, nous allons reprendre ensemble votre déclaration, pour que les choses soient bien claires !

        _ Si vous voulez.

        _ Voyons, vous vous appelez David Vincent... La nuit dernière, vous cherchiez un raccourci, que vous n'avez pas trouvé, quand une lumière éblouissante vous a fait perdre connaissance... C'est bien ça?

        _ Oui.

        _ Vous vous êtes réveillé face à d'étranges créatures, dans une sorte de vaisseau...

        _ Exactement !

        _ Et que s’est-il passé ensuite ?

        _ Eh bien, elles m’ont d’abord dit que j’étais un introverti, en période régressive, à tendances schizoïdes, avec des bouffées de paranoïa!

        _ C’est quelle langue, ça ?

        _ J’en sais rien…, mais elles ont même rajouté que je devais couver une boulimie, vu que j'avais l'air asexué !

        _ Hum! ça me paraît agressif…

        _ Et c’est pourquoi j’ai répliqué qu'elles ne m'aimaient pas beaucoup, pour dire des choses pareilles !

        _ Et qu’ont-elles répondu ?

        _ Que l’amour était la somme de petit a et de grand A, de l’attirance et de l’amitié.

        _ Ah?

        _ Oui, j'ai fait comme vous... Je suis resté à quia!

        _ Ouais, ouais… Mais c'est à cet instant que vous êtes parvenu à vous échapper... Une nouvelle créature entrait et vous avez bousculé tout le monde, pour plonger dans l'ouverture!

        _ Mais oui! On était occupé à m'expliquer comment le mysticisme et l'art sont produits par les sublimations!

        _ Vous êtes tombé sur le sol et vous avez couru vous mettre à l'abri... Le... le vaisseau, lui, s'est mis à luire et à siffler, avant de disparaître vers les étoiles, à une vitesse foudroyante!

        _ Vous ne me croyez pas ?

        _ Je n'ai pas dit ça..., mais ce que je dois comprendre, c'est que vous avez été enlevé par des extraterrestres!

        _ Vous allez tout de même faire une enquête ?

        _ Bien sûr, … On va d'abord aller voir s'il y a des traces d'atterrissage, là où vous dites que ça s'est passé... Ensuite, on interrogera les voisins, pour savoir si eux aussi ont vu quelque chose de suspect, dans les environs ou dans le ciel! Ne vous inquiétez pas, nous ferons notre travail... En attendant, je vous conseille tout de même d'aller vous reposer…

     

        Dehors le soleil brillait, mais David restait soucieux : il avait la désagréable impression qu'on doutait de ses paroles et il se sentit soudain très seul... Pourtant, en reprenant la route avec sa voiture, il savait qu'il lui faudrait désormais convaincre d'autres hommes, qui comme lui menaient une vie ordinaire, qui comme lui aimaient le monde; car l’invasion avait déjà commencé !

  • Robinson

     

                                                                                                                                                                                            ROBINSON

     

     

                                                                                                                                         Ah! les flots écumants

                                                                                                                                         Et les oiseaux féroces,

                                                                                                                                         J'ai, je ne sais comment,

                                                                                                                                         Supporté deux saros!

     

                                                                                                                                         Parmi les sapajous,

                                                                                                                                        J'ai le pas d'un sachem

                                                                                                                                        Et tout autour ils jouent,

                                                                                                                                        Comme on embrouille un schème!

     

                                                                                                                                        J'œuvre aussi sur des tins

                                                                                                                                        A un sélandre et certes

                                                                                                                                        Il est beau, mais m'éteint

                                                                                                                                        De l'océan la serte!

     

     

    un saros: période de 18 ans et 10 ou 11 jours, permettant de prédire le retour des éclipses.

    un schème: représentation des planètes, chacune en son lieu, pour un instant donné.

    un tin: cale pour les bateaux.

    un sélandre: navire du temps des croisades.

    une serte: opération qui consiste à sertir une pierre précieuse (sertissage).

  • L'incertitude

                                                                                                                           

     

              

     

                                                                                                          L'INCERTITUDE

     

     

                                                              Dans la forêt, le nez

                                                              A la hauteur des frondes,

                                                              Sur du bois mouliné,

                                                              Je continue ma ronde.

     

                                                              Hors d'un tapis mollet,

                                                              Où l'aède a son bouge,

                                                              J'examine à la laie

                                                              Des troncs aux poinçons rouges.

     

                                                              Mais à ce couloir nu,

                                                              Au milieu du silence

                                                              Et sous le rail des nues,

                                                              M'orienter me balance.

     

     

    une fronde: feuille des fougères

    mouliné: réduit en poussière

    mollet: agréablement mou

    un aède: moustique commun

    une laie: chemin forestier