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  • De l'orgueil

    De l orgueil

     

     

     

        L'orgueil est ce qui a fait le succès de la Genèse, de sorte que toute la chrétienté le considère encore comme le péché principal, à l'origine sans doute de tous les autres! En effet, quand nous cherchons à comprendre le commencement du monde, selon la vision du peuple juif, nous nous sentons concernés par l'histoire d'Adam et Eve, parce qu'elle touche éminemment notre amour-propre! Elle éveille en nous en un écho certain, car elle révèle un désir de dominer, elle raconte une ascension, même si celle-ci avorte!

        Adam et Eve veulent devenir les égaux de Dieu, avoir sa puissance et nous cherchons tous d'abord à nous imposer, à montrer notre valeur ou notre supériorité! C'est notre première croissance, issue de l'individualisation des espèces et du besoin de dominer des animaux... Les Juifs ont donc vu juste, mais à l'époque ils ne situent leur origine que dans les limites de leur histoire et il n'est pas question bien entendu de l'Evolution!

        Ils ont donc inventé le diable, car la domination devait bien venir de quelque part... Puis, Adam et Eve commettent le péché d'orgueil et sont chassés du paradis! Ce qui est grave, c'est de continuer à croire à une telle fable aujourd'hui; car notamment c'est prendre Dieu pour un être mesquin et même sadique! De même, les Juifs vont se voir en peuple élu et c'est quasiment un réflexe, car ils sont entourés d'ennemis et tout sentiment qui exalte leur valeur renforce aussi leur cohésion et assure leur défense!

        Mais comment croire que Dieu puisse aimer des individus plus que d'autres, à cause de leur nationalité? Serait-il le premier raciste de l'histoire? Serait-il infiniment borné? Mais il ne s'agit pas ici d'entrer en conflit avec les Juifs qui voient encore Dieu avec la rapacité d'un propriétaire terrien, puisqu'il n'accordera son pardon que si on lui remet dans la corbeille la Palestine tout entière! Notre sujet est bien l'orgueil, car il est le baromètre par excellence de notre domination!

        Cependant, on peut encore comprendre que la Genèse soit née autour du feu, pour mettre en garde ceux qui voudraient s'affranchir de l'autorité du clan... Ils seraient bannis, car ils mettraient en danger l'ensemble! C'est une histoire très imagée, destinée à des esprits simples... Le serpent y joue le rôle du traître, du danger et ça tombe bien, puisqu'on doit s'en méfier! L'ordinaire, constitué d'efforts et traversé de peines, trouve là son explication et le pouvoir des chefs en est étendu, par le sentiment de sa propre culpabilité... Il n'y a nulle part où aller, avec le boulet de sa faute, et la lignée est respectée! C'est un conte moral!

        Mais, si le peuple juif aujourd'hui devait prendre en compte totalement l'Evolution, il serait sûrement l'objet d'une remise en cause radicale, ce qui ébranlerait ses fondations... Pourtant, il n'y a pas de libération sans modernité, sans progrès! Chaque message religieux est une étape dans la connaissance, car nous ne sommes pas figés, pour approcher l'infini de Dieu! Que le passé nourrisse nos racines, c'est une évidence; mais se développer, c'est aussi inventer la vie et le gardien des textes réduit Dieu lui-même! Ah! Mais ainsi il ne perd pas sa domination, alors que c'est bien l'orgueil qui est visé! Duplicité du pouvoir!

        Mais nous voulons être heureux en dominant, ce qui est impossible; ne serait-ce que parce que l'orgueil nous tient lieu d'œillères... La domination nous empêche de voir le monde tel qu'il est, car nous le voulons alors à notre image, à notre botte pour parler plus crûment! L'orgueil nous dresse devant le médecin, en nous faisant crier: "Je ne suis pas malade!" Il n'est pas question d'avoir le sentiment de déchoir, en avouant son trouble! Nous refusons donc le remède par fierté! Nous préférons notre errance, quitte à parader au soleil et à gémir dans l'ombre!

        Bien entendu, nous pouvons aussi nous mentir jusqu'au fantasme, comme les gilets jaunes les plus violents, qui voient un Etat comploteur, avec une police qui lui obéit au doigt et à l'œil! L'ange lève son épée contre le monstre des ténèbres et lui demande d'un voix solennelle: "Où est Steve?"; comme si quelqu'un s'était soucié jusqu'à présent de celui-ci!

        Mais nous sommes prêts à tous les mensonges, à toutes les forfanteries, pour ne pas voir la réalité, ni se regarder en face: s'inventer un ennemi est une vieille solution de facilité! La domination fait de nous des marionnettes; l'orgueil nous aveugle et nous prive des véritables solutions! Nous voulons bien apprendre, mais sur des sujets qui nous sont étrangers, dans lesquels notre ignorance est normale; tel blog sur la finance connaîtra soudain un franc succès!

        Par contre, que l'on vienne "fouiner" dans nos comportements, "renifler" notre intérieur, nous conseiller d'aérer ou nous dire comment marcher, ça non! Pas question! Mais pour qui on se prend? Notre orgueil s'émeut, s'insurge, devient tout rouge, tandis que la haine nous décompose! Plus la domination est forte, plus l'envie de meurtres devient palpable! Nous voilà comme des chiens enragés!

        Pourtant, le sage qui parle ne veut supplanter personne; ce qu'il dit est universel, il exprime des lois générales, qu'il a lui-même apprises parce qu'il ne se sentait nullement supérieur! Au contraire, la sagesse l'a rempli d'autant qu'il était vide et on peut même dire rien! Que craint l'orgueil devant un maître qui n'en est pas un, qui ne demande pas à l'être? Un piège? Il y a anguille sous roche?

        Disons plutôt que l'orgueil est comme une sorte de maladie, qui fige, qui enivre et qui se révèle de plus en plus difficile à guérir plus le temps passe; car l'angoisse y creuse un abîme! C'est le monde de notre domination qui nous en protège, d'où sa vitesse, son énervement, sa peine ou sa folie! Puis, la mort nous rejoint, scellant une vie à laquelle nous avons été incapables au fond de donner un sens!

        L'orgueil peut mourir pavillon haut, dans une ultime fanfaronnade; cela fait partie de sa légende, mais le plus souvent, c'est la peur et le désespoir qui accompagnent notre "sortie"!  La sagesse est là, mais on ne veut pas la voir! à moins d'être à terre, et encore! Nous n'écoutons pas! Nous avons soif, mais nous méprisons le verre d'eau! Nous sommes des caïds, n'est-ce pas! C'est nous qui savons, pas le sage! Eh! Dame, c'est que nous avons vécu! Il était où le sage, en 14, quand la boue noyait les tranchées?

        La querelle, le malentendu entre le sage et le tyran semble sans fin! Mais voici un bel exemple de situation théâtrale, digne de Molière, avec des médecins imaginaires, de faux remèdes, des cris dans la rue et de sévères cognes! Que les trois coups résonnent, que le rideau se lève!   

        Mademoiselle X ne travaille pas, d'abord parce qu'elle est fortement dominatrice et qu'elle aurait bien du mal à supporter d'être commandée! Nous avons aussi connu un monsieur Y qui avait tellement de hauteur qu'il considérait comme une honte le travail et il est vrai encore qu'il ne savait ni dire s'il vous plaît, ni merci: il en eût eu la bouche écorchée!

        Ensuite et c'est à sa décharge, mademoiselle X a déjà une santé fragile... Elle a la taille d'une crevette et sa lumière reste parfois allumée toute la nuit. Elle crie encore durant son sommeil et une nature prématurément traumatisée apparaît! Cauchemars, dépression, claustrophobie, nerfs à vif sont quelques uns des problèmes de mademoiselle X, qui, on le voit sur son visage marqué, a déjà bien dû combattre dans la vie, contre la galère ou des adultes violents!

        Toujours est-il que mademoiselle X est un mélange d'égoïsme et d'inadaptation et que seul le RSA doit assurer sa subsistance... Elle est logée par le CCAS dans un appartement qui ressemble à un garage aménagé et qui est facilement accessible à partir de la rue; ce qui est tentant pour les nombreux ivrognes qui passent par là, jeunes et vieux, et il faut reconnaître à mademoiselle X un courage certain pour habiter et même pour rester digne dans un tel lieu!

        Cependant, un chien aide mademoiselle X dans sa tâche et le mot n'est pas trop fort, puisque la journée de mademoiselle X pourrait sembler épique! Mais, ici, il faut revenir sur un principe qui nous est cher et qui veut que la plupart trouve son équilibre dans sa domination, dans sa conduite animale, pour enfoncer le clou! Mais comment ne pas avoir peur de la vie, quand on ne peut pas dominer, quand on n'en a pas les moyens?

        En effet, mademoiselle X ressemble au prisonnier de la célèbre série télévisée... Veut-elle prendre le train, pour échapper à la chaleur suffocante de la ville? Elle est immédiatement rattrapée par la bulle orange de son découvert! Avec 400 € par mois, si on termine le 31 peint en vert, au 30 ou 31 suivants on est toujours en vert! Rien ne change et il faut faire attention quand on se mouche: on pourrait réveiller le dragon de la banque!  

        Mademoiselle X voudrait bien sans doute éclabousser de sa classe les hommes qui se pavanent, ne serait-ce que parce qu'ils ne valent pas grand-chose; on la comprend, mais elle sait qu'elle serait alors regarder comme une demi-folle! Elle est lucide et si elle peut bien dominer son chien, celui-ci, malgré quelques incartades, est trop heureux d'obéir et souvent il étouffe sa maîtresse!  

        Sans la contrainte du travail, qui empêche aussi de trop réfléchir, mademoiselle X offre donc une cible de choix à l'épouvante! Le sentiment de sa valeur est absent au réveil! Qui est-elle? Que peut-elle faire dans la journée qui lui donnera de l'espoir? L'angoisse est dans le lit de mademoiselle X, quand elle reprend peu à peu conscience... C'est un monstre froid, qui pèse une tonne, ce qui fait que mademoiselle X n'ouvre ses volets qu'à midi, et encore avec l'impression qu'on a raboté sa tête, et très vite elle s'énerve après son chien! C'est encore la peur qui agit et qui depuis longtemps a donné à mademoiselle X une voix criarde!

        Pour se calmer, elle dispose apparemment de trois remèdes: la télé, qui maintient dans l'enfance; l'alcool qui rend agressif, et le pétard, qui amplifie la dépression et marginalise encore plus! L'ombre de Sarkosy montre du doigt et clame encore: "Oui à la solidarité, non à l'assistanat!" Mais l'ancien président payait les disques de sa femme, en puisant dans la Caisse des dépôts, l'épargne des Français! Comment le savons-nous? Mais "Quelqu'un nous l'a dit", évidemment!

        Cependant, l'été arrive, avec les jours les plus longs de l'année et une pulsion sexuelle forte, ce qui nous pousse à dominer, soit par la séduction, soit par la puissance physique, selon qu'on est un homme ou une femme. Mais surtout la lumière met à nu notre quotidien et révèle notre angoisse, que nous combattons instinctivement en nous rengorgeant et donc l'été est peut-être la saison de l'orgueil par excellence! Mais par quelle pirouette mademoiselle X va-t-elle désormais supporter le vide de sa vie, qui a pris des proportions abyssales?

        Voyons... Elle fréquente les cas sociaux et en repère deux, un jeune et un vieux, qui sont dans l'attente d'être logés par le CCAS. Mais pourquoi ne les dépannerait-elle pas, en les hébergeant momentanément? Elle mettrait fin de cette façon à sa solitude... et elle aurait le sentiment de dominer, d'être importante, auprès de personnes qui sont encore plus dépourvues qu'elle! Ce que c'est tout de même que de travailler du chapeau! Mais voilà nos trois compères installés comme des cerises dans un tube à essai!

        Malheureusement, le plus vieux a des problèmes psychologiques; il ressasse de vieilles histoires; l'empire des fourmis lui aurait fait du mal... et soudain, au bout de quelques jours, il cogne la tête du plus jeune contre l'évier! Mademoiselle X s'en émeut et hausse la voix pour faire impression, mais elle est prise par le bras et une valse forcée l'envoie dans la rue; où elle crie qu'on appelle la police et c'est là que nous intervenons, car nous sommes le voisin; nullement parce que nous goûtons particulièrement les gens violents!

        Mademoiselle X est choquée et ne peut elle-même faire le 17, car son portable est resté dans l'appartement, qui laisse voir le coléreux à contre-jour tel un singe impatient! Nous appelons donc nous-même la police et parlons d'agression, mais la standardiste, qui rêve aussi de monter les marches à Cannes et qui abhorre le simple devoir de sa charge, nous demande si c'est le conjoint qui fait des siennes et si dans ce cas le couple ne négligerait pas les vertus d'une thérapie! C'est effectivement des questions à poser dans l'urgence et écœuré, nous répondons sèchement à la future star, ce qui la scandalise!

        Dans la rue, le jeune, qui a une étoile sanglante au front, et mademoiselle X, qui est en chaussettes, essaient de faire bonne contenance... Un autre voisin s'approche, avec un air que nous n'aimons pas du tout... Imaginez un homme venant au secours d'accidentés de la route, en leur demandant toute leur attention, alors qu'ils ont déjà du mal à retenir leur tête qui tombe! Nous reconnaissons immédiatement un tyran, un "trou noir", et nous nous détournons de lui. Par contre, mademoiselle X et le jeune se laissent prendre et les voilà discutant tous trois, comme s'ils appartenaient à la même amicale des anciens du quartier!

        Mais la police est arrivée, dans une voiture puissante et sans signe distinctif! Nous sommes loin de la patrouille démonstrative, luttant notamment contre le tapage nocturne, et effectivement les deux policiers ressemblent à des guerriers! L'un interroge déjà le violent, qui a pris l'air du voyageur qui a raté son train! Nous nous présentons à l'autre, qui ne nous salue pas, mais qui veut être conduit auprès de mademoiselle X... Il la questionne bientôt avec une désinvolture qui nous heurte, mais notre "sauveur", quoique très professionnel, roule aussi des mécaniques!

        Nous pourrions crier à l'asile de fous, mais nous connaissons son directeur et sa logique, et nous préférons regagner la paix de nos pénates. L'incident est clos! Pas tout à fait, car mademoiselle X vient frapper à notre porte, pour rendre les chaussons que nous lui avions prêtés, afin de protéger ses menus pieds divins! Nous en profitons alors pour lui glisser la vérité... Nous lui disons qu'elle a peur de la solitude et que c'est normal, mais qu'elle ne doit pas faire n'importe quoi pour y échapper! La réponse fuse: "Mais c'est lui, le violent, qui est seul!"

        Ce n'est pas le cri du cœur, mais celui de l'orgueil! Nous espérons tout de même que notre petite phrase fera son chemin, car on ne peut pas guérir, si on ne reconnaît pas son mal! Et ceci est valable pour tous ceux qui hausseraient les épaules à cette histoire, parce qu'ils ont l'air plus stables, à cause de leur travail ou de leur vie de famille! Tant qu'on veut dominer, on crée un monde dur et égoïste! Ce n'est pas la vie qui est méchante, ce sont les hommes et les femmes qui sont bêtes à pleurer!

         

  • Du chaos

    Du chaos

     

     

     

        Il existe trois facteurs qui poussent à regarder l'avenir avec un regard très sombre, même si bien entendu il est impossible de connaître parfaitement la situation, qui produira sans doute son lot de bonnes surprises; le bien étant à l'œuvre comme le mal!

        Cependant, voici les trois facteurs dont nous voulons parler: le réchauffement climatique, la très probable prochaine crise financière et la monstruosité de la nouvelle génération! Ce sont trois éléments qui s'influencent mutuellement, on peut le comprendre facilement, et ils pourraient créer une catastrophe, des affrontements civils sans précédents, une perte de contrôle de la part des gouvernements... Le chaos serait dans la rue, les sociétés trembleraient jusqu'à leur base et chacun devrait se défendre!

        Certes, c'est une vision apocalyptique, celle d'un monde sans loi, barbare et sauvage, digne de certaines productions hollywoodiennes, mais on voit mal comment il serait possible d'y échapper totalement, tant certains faits apparaissent inquiétants! Pourtant, nous sommes peut-être personnellement et inconsciemment le jouet de notre propre pessimisme, de notre désillusion... Nous ne mangeons pas assez ou nous manquons de distractions... Le poids de ce que nous voyons va s'effacer, quand nous retrouverons de l'énergie, comme le soleil dissipe les brumes matinales, mais nous doutons tout de même que ce ne soit que cela! Bref, on verra bien selon la formule consacrée!

        Toutefois, examinons nos trois facteurs, afin d'être le moins possible pris au dépourvu! Le premier, le réchauffement climatique, est devenu quasiment inévitable, même s'il continue d'avoir ses détracteurs... 45°9, c'est un record absolu de chaleur enregistré au mois de juin! Jamais il n'a fait aussi chaud en France, depuis qu'on mesure les températures! Des résultats de ce genre ont été notés partout en Europe et leur cause laisse de moins en moins place au doute... Les activités humaines ne peuvent qu'être montrées du doigt!

        Tout le monde connaît les effets de la canicule... Elle est une ennemie; elle pèse notamment sur la ville; elle étouffe, énerve, inquiète, comme si elle nous enlevait la plupart de nos repères ou faisait fondre le cadre de la loi! Certains vont presque nus; d'autres bravent des interdits, à la recherche de la moindre fraîcheur... La population ne semble plus vraiment tenue et bien entendu des violences éclatent, dues à l'alcool!

        On n'arrive pas à dormir, on rumine, on s'agace, on envie ceux qui profitent des plages; les inégalités deviennent plus apparentes! Les dangers du climat semblent favoriser les révolutions, préparer le terrain des soulèvements, notamment en faisant ressortir les clivages et c'est valable aussi bien pour l'été que pour l'hiver... On se souvient de Paris accusée d'avoir inondé la province alentour, pour se sauver elle-même de la crue!

        D'autre part, les effets sur les cultures sont bien entendu à prendre en compte... Ce sont des récoltes perdues, des pénuries, des manques d'eau, des hausses de prix, des producteurs fragilisés... Il est facile de voir que notre quotidien se ressent de chaque coup que nous porte la nature et que le réchauffement climatique ne va pas nous laisser tranquilles, bien au contraire! Ce facteur sera déterminant pour la suite des événements...

        Venons-en au second: la probable prochaine crise financière, qui devrait dépasser en importance, en intensité toutes celles qui ont précédé... Il faut le dire, à ce sujet, les avis divergent, encore plus que sur le réchauffement climatique! Tout se passe comme si les hommes avaient créé une entité à part entière, douée d'une vie propre et dont on ne connaît pas les réactions! Certes, l'économie est une science et si on manipule tel levier, on sait qu'on fera monter ou baisser telle aiguille; mais le marché qu'on s'efforce de contrôler est en réalité un inconnu, tant ses ramifications sont complexes et impossibles à cerner!

        Pour faire court, on dira que les sociétés ont enfanté un monstre, avec lequel on joue, mais qui a parfois des soubresauts inquiétants et inexplicables!

        Le résultat, outre les crises, ce sont des professionnels, des spécialistes, des journalistes, des politiques qui battent la campagne! Jamais on n'a vu autant de prédictions et de commentaires qui se sont avérés faux et inadaptés! Parmi ceux qui interviennent, il y a les alarmistes, les bilieux, les sentencieux, les lâches, les insouciants, les vaniteux, etc.! Le domaine est si vaste et si flou que toutes les passions et toutes les figures humaines s'y retrouvent; avec au bout du compte la surprise et la tension produites par les faits!

        Apparemment et contre toute attente, on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres! 

        Donnons un exemple, même si notre plume renâcle devant certains noms, à cause de son dégoût... Mais en 2007, au moment de la crise des Subprimes, c'est-à-dire peu avant la chute de la banque Lehman Brothers et la panique qui s'est emparé des marchés, Christine Lagarde et DSK, deux anciens patrons du FMI, déclaraient dans les médias que la crise était maintenant derrière nous! Quant à Alain Minc, qui se veut aussi un fin connaisseur de l'économie, il voyait l'abîme qui s'ouvrait devant nous comme "grotesquement psychologique"! C'est ce même personnage qui a écrit "La mondialisation heureuse"!

        Ce qu'on peut considérer tel le sommet de la société ressemble bien à une cime himalayenne: dans le brouillard et le vent, on croise des fous, des égarés; avant de retrouver leur sourire niais près des moulins à prière, sous les pavillons multicolores! Aujourd'hui, nous savons que nous sommes passés très près de la catastrophe... Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la BCE, dit lui-même, au sujet de 2008: "Les banques centrales se sont efforcées (sic) d'éloigner le plus possible la menace d'une grande dépression qui eût été pire que celle des années 1929-1930."

        Mais les principaux commentateurs ont une excuse; ils sont eux-mêmes des actionnaires; ils sont à l'aise et certains d'entre eux, sous leur air bonhomme à la télévision, sont même millionnaires! Peut-on alors en vouloir aux passagers des premières d'être moins sensibles aux voies d'eau que les mécaniciens? Evidemment non, mais l'incompétence ne nous garantit en rien que l'iceberg n'aura point sa revanche... En scrutant l'horizon, on peut même être convaincu du contraire!

        En effet, ce qui mène les banquiers, ce n'est ni plus ni moins que la domination; leur intelligence ne va pas au-delà! Or, pour donner un sens à la vie, nous savons que la domination a toujours besoin de se renouveler, ce qui condamne (le mot n'est pas trop fort) les banques à une course au profit, au culte de la victoire! Aujourd'hui, toutes les banques les plus puissantes du monde ont eu affaire à la justice; aucune d'entre elles n'a un casier vierge et comme elles ignorent même l'existence de leur trouble, il n'y a aucune raison pour qu'elles ne deviennent pas multirécidivistes! Attendons-nous donc à de nouvelles crises et à d'autres scandales!

        Effaré par l'arrogance de Goldman Sachs, Obama a entrepris de limiter les activités financières, ce qui a donné la réglementation Volcker. L'une de ses mesures phare était d'empêcher les banquiers d'utiliser les dépôts de leurs clients pour leurs spéculations! Ceci est essentiel, car de cette façon on ne met pas en danger la population et si la banque a de grosses pertes, on n'oblige pas le gouvernement à la sauver par peur de la panique!

        En 2008 et à la grande stupéfaction du monde de la finance, le Trésor américain ne tend pas la main à Lehman Brothers, qui dépose son bilan... Il faut dire que les dirigeants de cette banque ont continué jusqu'au bout leurs activités illicites, car ils étaient persuadés que le gouvernement ferait tout pour leur éviter le naufrage! Cette duplicité a rendu sourde l'administration Bush, mais nous avons parlé au passé de la réglementation Volcker, puisque Trump s'est empressé de l'attaquer avec succès, pour y supprimer d'abord l'article que nous avons cité; ainsi qu'une mère aurait rendu aux banquiers leur "joujou"!    

        En France et en Europe, les banques placent avec gourmandise sur les marchés l'argent qui leur est confié! Elles font donc peser une épée de Damoclès sur la tête des gouvernements, car ne suivent-elles pas la même logique que Lehman Brothers, à savoir que leur pratique leur donne un filet de sécurité? C'est le contribuable qui sauve le banquier voleur, qui échappant toujours se sent tout puissant et nullement responsable! Notez que de séparer la spéculation des dépôts est appelé une recapitalisation des banques, ce qui est au banquier comme le légume à l'adolescent!

        Une autre raison, pour que nous entrions dans un champ de glaces, c'est la politique générale... L'idée est celle-ci: libérons le plus possible les entreprises des charges, autrement dit exonérons les plus riches, pour développer, favoriser la croissance! La suppression de l'ISF ne procède pas d'un autre raisonnement... On veille à ce que les mouches n'importunent pas le magnat, de peur qu'il ne prenne ses valises et quitte l'hôtel! ("On n'est pas bien ici? Hein? Et quelle vue sur la mer! Si vous avez besoin de quelque chose, vous n'hésitez pas, vous sonnez!")

        Mais cette politique est-elle vraiment efficace? Sarkosy a continué de grever la France (Hollande un peu moins...) et Trump joue en ce moment même au casse-boîtes avec le budget US, ce qui ne l'émeut guère; mais surtout l'injustice dans les traitements, entre le riche et le pauvre, nous fait pénétrer inexorablement dans la forêt de Sherwood! Le carrosse du nanti paraît de nouveau éclabousser la famille paysanne qui gratte la terre! C'est la vision des gilets jaunes, qui n'est pas totalement dénuée de fondements! Macron semble prendre conscience de son erreur, mais n'est-il pas déjà trop tard? Quel élixir pourra changer la haine en eau douce?

        Enfin, il y a les mouvements populistes ou nationalistes qui jettent de l'huile sur le feu! Leur pensée est celle-ci: nos ennuis viennent de l'étranger...; si on rejette celui-ci, on atteindra l'azur au-dessus des nuages! Ceci est même valable pour la dette, qui disparaîtrait comme une flamme de bougie sur un gâteau d'anniversaire! C'est bien entendu infantile, car il y a des lois économiques et notamment une sortie de la zone euro entraînerait une dévaluation catastrophique, mais les égoïsmes, qui sont toujours à la recherche de la satisfaction la plus immédiate, peuvent être séduits et un prochain gouvernement populiste, en Europe, n'est pas exclu; ce qui mettrait un enfant furieux dans les jambes des adultes!

        De toute façon, nous ne pouvons pas continuer ad aeternam à emprunter, pour payer les emprunts précédents... Tôt ou tard, un particulier surendetté doit réduire son train de vie et l'austérité apparaît nécessaire pour notre pays; mais ce serait aussi pour la classe dominante accepter de moins dominer, ce qui est quasiment impossible, à cause de l'orgueil et de l'angoisse qu'il masque! Nous sommes donc comme dans un train qui file et qui ne peut s'arrêter, à moins qu'il ne déraille!

        Cependant, le troisième et dernier facteur, selon nous, qui assombrit notre horizon, n'est pas le moins important, bien qu'il soit apparemment invisible au plus grand nombre... Il s'agit de notre jeunesse empoisonnée!  Certes, des jeunes montrent actuellement combien le sort de la planète les préoccupe et la majorité, si elle ne se mobilise pas, partage sans doute les mêmes soucis... Notez toutefois qu'on ne peut maintenir l'homme dans un état d'urgence permanent... Condamné à l'angoisse, un individu se ferme instinctivement, pour se protéger, et il devient sourd à tous les appels! On ne pourra pas vaincre le réchauffement climatique sans un changement profond des mentalités, sans comprendre le rôle de la domination et pourquoi elle est un impasse; sans cette révolution, osons-nous dire!

        Mais, pour l'observateur attentif, ce qui effare c'est le nombre toujours croissant de ces adolescents qui méprisent absolument leurs aînés, comme si ceux-ci devaient être à leur botte! Ce sont autant de "petites cathédrales de glace" que l'on croise sur le trottoir ou dans le bus! Il n'y a même pas chez ces jeunes la crainte de la force physique supérieure des adultes, ce qui n'est pas naturel! Si on essaye d'en chercher la raison, on peut considérer le smartphone comme une explication... L'adolescent a le nez dessus et ne regarde le monde qui l'entoure que par intermittence... En fait, il se promène dans sa bulle, sans rencontrer véritablement le réel, ce qui fait qu'il en ignore les dangers, même les plus primaires! L'enjeu paraît aussi simple qu'épouvantable: ou bien c'est l'adolescent qui s'impose, ou bien il est détruit! Mais il n'y a pas de dialogues... 

        Quoi qu'il en soit, cet égoïsme juvénile extrême ne peut pas ne pas miner la société... Il agit souterrainement, telle une trappe sous la cheminée... Il attise le feu du milieu, celui qui est déjà brûlant de toutes les revendications sociales!

        Dans notre ville, au moment même où retentissent les premières explosions du feu d'artifice du 14 juillet, un concert incroyable de klaxons vient couvrir la fête! Qu'est-ce à dire sinon que les gilets jaunes rappellent qu'ils sont toujours là, contre la République, comme une meute de loups, par ses hurlements, montre qu'elle reste à l'affût de la bonne occasion! 

        Bah, après une bonne nuit de sommeil, nous rirons de tout cela, n'est-ce pas?

        Nous vous conseillons encore les photos de la semaine, car la beauté exerce la patience et calme même la soif de sens! C'est la maturation qui est la clé du savoir!

  • De la crise

    De la crise

     

     

     

        L'été est là, le soleil brille, nous l'avons appelé de tous nos vœux et pourtant nous ne sommes pas satisfaits, notre égoïsme est aussi dur qu'en hiver! Apparemment, rien ne peut nous rendre heureux et l'ennui et la haine nous dévorent! Il faut ajouter à cela les soucis des petits, qui se battent avec l'argent, qui ne prendront pas de vacances; pendant que d'autres, toujours les mêmes, se complaisent dans le luxe, les privilèges et l'arrogance! Le mépris est la lumière des riches, mais examinons mieux les choses, car notre folie n'a aucune limite!

        "Sur la route des vacances...", comme dit la chanson, nous avons rencontré un couple qui roule dans une Porsche cabriolet... Nous partageons la même maison d'hôtes pour un soir et nous échangeons lors du petit-déjeuner... Quelle n'est pas notre surprise, quand le couple déclare qu'il est entièrement du côté des gilets jaunes, "parce que, dit-il, la façon dont le gouvernement traite les gens est inadmissible!"

        Ah bon? Disposer d'une Porsche, ne manquer de rien, aller vers le sud tant qu'on veut, c'est se sentir mal traité? Disons plutôt que notre couple est d'un égoïsme insatiable et qu'effectivement il peut avoir l'impression d'être négligé! Ceci nous ramène à l'essentiel de nos problèmes, à savoir l'impasse, le malheur inhérents à la domination; mais nous sommes tout de même là loin de la condition de la plupart des gilets jaunes... Mais comment expliquer celle-ci à notre couple, et non seulement à lui, mais à tous ceux qui nous gouvernent ou vivent dans l'aisance?

        Rien ne vaut une description... Le gilet jaune ou le petit tourne et retourne sa facture, de gaz ou d'électricité! Elle a encore augmenté, alors que le thermostat du logement est réglé sur 16,5°! Pas sur 17 ou 18, ni encore moins sur 19 ou 20, mais sur 16,5°! Autant dire qu'en hiver, on survit plutôt qu'on ne s'épanouit! On a un gros pull partout où on se trouve; il n'y a qu'un seul coin chaud et le reste est froid! Mais, malgré tous ces efforts, la facture continue d'augmenter! A cause de quoi? Si on cherche un peu, on est en face des taxes, c'est-à-dire que le brouillard se lève... Dans le village, personne ne répond, comme si l'endroit était atteint d'une étrange maladie, qui annihile toute volonté... On raconte encore que le marais est dangereux la nuit, à cause d'une créature sortie tout droit de l'enfer! Bref, il est impossible de comprendre vraiment sa facture et pourquoi elle ne cesse d'augmenter; pourquoi elle invente le mouvement perpétuel, pourtant abandonné par la science!

        Il ne reste que le sentiment de l'impuissance, de l'écrasement! On gémit et la haine grandit! On se sent comme une quantité négligeable, que le système broie! Le système qui paraît comme un mur, mais qui montre du doigt les mauvais comportements du petit, tel un proviseur sévère et intransigeant! Le système menace et prend des sanctions! Il presse le petit, car le système a peur: la situation financière est en réalité loin d'être bonne, comme nous allons le voir, mais quand les puissants sont inquiets, ils sont sans pitié, car ils ont beaucoup de besoins!

        On traque le chômeur: soit il prend l'emploi qu'on lui propose, soit on met fin à ses allocations! On se croit juste, courageux, intègre; le système croit être dans son droit et agir sainement! Mais regardons le système sans naïveté, au-delà des apparences: qui sont ces gens qui font la leçon aux autres? Les enseignants grévistes vont être punis, mais qui punit les ministres? Où est la vertu, l'expérience de ceux qui se goinfrent? Voici comment les choses marchent, dans la France sucrée! celle du pouvoir! dont l'égout est sans fond!  

        On sort de l'ENA, haut fonctionnaire! On travaille au Conseil d'Etat, c'est le commencement, avec déjà 4 à 5 000 euros par mois! On a profité d'une formation payée par l'Etat et maintenant adieu le petit! Il n'est plus dans le rétroviseur, mais il ne l'a jamais vraiment été! On ne connaît rien de lui, mais on va bientôt le tancer!

        Comme on a de l'ambition, on entre en politique ou dans le privé, qui soi-disant paye mieux! Mais on peut aussi trouver des sinécures ou presque... Après quelques années, toujours dans l'administration, le salaire peut être de 20 à 30 mille euros par mois! Evidemment, retraite assurée, sécurité maximale! Ben dame, on le mérite... et c'est le petit qui paye, celui qu'on va tôt ou tard remettre dans le droit chemin! (Comme disait Jésus aux docteurs de la loi: "Vous imposez des devoirs que vous-mêmes ne touchez pas du bout des doigts!" Haine et grincements de dents garantis!)

        Cependant, si on s'engage dans la politique, on ne démissionne pas du Conseil d'Etat, au cas où on connaîtrait des revers électoraux, où on perdrait son poste au gouvernement... Edouard Philippe suit cette voie... L'homme, qui a l'air si sévère et si responsable, pourra toujours retrouver la chaleur de l'administration, si jamais Macron le remercie! Il ne risque rien, l'angoisse du lendemain, il ne connaît pas, c'est pour les autres! C'est pourquoi il est à l'aise; il ne sait pas vraiment ce que c'est que d'avoir peur; il n'a aucune idée de la souffrance d'un chômeur! La crise des gilets jaunes n'est pas passée par là; elle n'a apporté aucun enseignement! La violence de demain est déjà en route!

        S'il a rejoint le privé, le haut fonctionnaire a le même confort! Il n'est pas l'entrepreneur type; il n'est d'ailleurs ni chair, ni poisson! Le véritable entrepreneur travaille sans filet, s'il rate il tombe! Mais pas notre haut fonctionnaire: s'il est licencié ou si son affaire fait faillite, il retourne dans le giron de l'administration; sa mise en disponibilité a pris fin, c'est tout! En aucun cas, on a vu le monde réel! On a côtoyé les fauves, mais comme au cinéma! A la maison, maman nous attend! Elle a fait notre dessert préféré! On n'est pas réellement un adulte, mais une sorte d'ectoplasme dégoûtant, car on pérore sur une puissance qu'on n'a pas!

        D'ailleurs, les grandes entreprises quand elles engagent un de ces fonctionnaires "d'élite", c'est pour deux raisons: la première est qu'il connaît la loi, la seconde qu'il possède un carnet d'adresses extrêmement précieux! On l'aura compris, il s'agit de contourner les lois, les obstacles, afin que les projets, les dossiers avancent! Le fonctionnaire trahit en quelque sorte l'Etat, pour le profit d'intérêts privés, et parfois même en s'attaquant à des règles qu'il a lui-même mises en place (voir encore Barroso travaillant maintenant pour Goldman Sachs!)!

        Les problèmes d'éthique ne gênent pas ceux qui se voient telle la crème de la société et qui se réunissent, pour les plus privilégiés, chaque dernier mercredi du mois, au Siècle, le rendez-vous des gens qui comptent. On dîne là entre décideurs et cerveaux éclairés; on y voit le monde comme à travers un télescope et savez-vous quoi? Il existerait une planète habitée par de drôles de créatures, toutes vêtues d'un gilet jaune! N'est-ce pas curieux?

        Le pouvoir est là-bas ruisselant; il y fonctionne comme de la vaseline: on glisse entre soi, on murmure, nul besoin d'élever la voix! On n'est pas aux halles! On se comprend, on est tellement bien ensemble, loin du bruit de la pauvreté et même de la vulgarité! Brroouhh! "Tiens, voilà Edouard Philippe, je vais juste lui toucher un mot au sujet de ma petite affaire!" On est à Versailles au vingt-et-unième! sous l'Œil-de-bœuf, ou à une partie de trictrac éclairée aux chandelles! Evidemment, la révolte ici fait sourciller; elle effraie les femmes, qui cachent subitement leur poitrine! Les hommes se rengorgent, roulent des épaules; ils ne vont pas se laisser faire; d'autant que les coupables pour l'heure, ce sont les enseignants, des subalternes! Que fait le prévôt?

        C'est que les enseignants dérangent la vitrine: ils font subitement peur aux familles, au sujet de leurs rejetons, et juste avant les vacances! On voudrait quand même pouvoir souffler! Peu importe que les enseignants cherchent avant tout à préserver la qualité du bac: trop, c'est trop! C'est l'été, après une année fortement éprouvante... Que le rêve se réinstalle! Oh oui! dormons, car la réalité tient plutôt du cauchemar!

        Mettez vos ceintures, le tour d'horizon va être rude! Et il nous concerne tous! Mais par quoi commencer? Un chiffre? La France a 2 400 milliards d'euros de dettes! L'Italie à côté paraît comme un réacteur nucléaire en surchauffe, qui menace de s'enfoncer, entraînant l'Europe dans une "crise Grecque" mille fois plus importante! Les "stress tests" de la BCE sont de la poudre aux yeux! Autrement dit, si un incendie se déclare, les pompiers seront incapables de l'éteindre!

        La gestion de Trump, la soi-disant bonne santé économique des "States", est un trompe-l'œil! Le déficit américain a explosé! Le montant de sa dette est actuellement de 21 000 milliards de dollars, soit un tiers de la dette mondiale! Trump ne sait même pas compter ses sous! Mais à quoi est-il bon?

        Le Japon vit depuis longtemps comme un caisson étanche au fond de la mer, son endettement atteignant plus de 200 % de son PIB! (La France est à plus de 100 %, l'Italie plus de 134 %!) La crise de 2008 a été résolue par un remède pire que le mal! Les banques centrales ont acheté de la dette et sont maintenant sous la menace d'un défaut de paiement des gouvernements, d'un pays incapable d'honorer ses créances! Elles ne pourraient pas aider, même si elles le voulaient! La crise qui se profile à l'horizon de 2020 sera sans doute infiniment plus meurtrière!

        Ce qui est arrivé aux victimes des Subprimes va se renouveler! Les taux d'intérêts des crédits vont subitement augmenter; c'est une conséquence logique de la fragilité des emprunteurs! On prend des risques, on se couvre! D'ailleurs, si vous-même payez un crédit, nous ne pouvons que vous conseiller d'accélérer son remboursement! Jusqu'à présent, les taux d'intérêts sont demeurés bas grâce à la politique de "quantitative easing" de la Fed et de la BCE (achat massif de crédits hypothécaires et d'emprunts d'Etat, ce qui apporte des liquidités aux banques et les soulage...), mais aux Etats-Unis, où cette pratique s'est terminée, la situation se tend déjà!

        Evidemment, il n'est pas possible de savoir avec précision quand éclatera la prochaine crise, ni quelle sera son ampleur; de même qu'on ne peut prévoir avec exactitude les conséquences du réchauffement climatique; mais, par contre, la réaction des riches et des puissants, face à l'adversité, est parfaitement connue! Sa logique est aussi simple que désespérante! Plus on a de besoins et plus on a peur du manque! Cela vaut aussi pour l'orgueil, sentiment de la domination par excellence! Toujours est-il que la peur mène à l'agressivité et qu'elle est dirigée naturellement vers le plus faible, qu'on pousse à bout et dont on verrait la disparition sans sourciller!

        Ainsi, on le constate aujourd'hui, on est de plus en plus dur et même sans pitié à l'égard de tous ceux qui sont considérés comme des gêneurs! Les chômeurs et les enseignants récalcitrants font partie de cette famille! En France, General Electric va licencier, malgré ses promesses, mais le groupe est sans conscience: naguère a été révélé qu'il ne payait pas d'impôts  en Amérique, c'est-à-dire que cette championne des entreprises n'aide en rien son sol natal! Puiser, exploiter semble son mot d'ordre, qui rejoint celui du potentat Trump, dont la politique, suicidaire économiquement, favorise tous les forts!

        A côté, pour être originale et meilleure, la Deutsche Bank limoge elle aussi! Un vaste plan de restructuration va pousser dehors des milliers d'employés, mais quelle mouche a piqué l'un des fleurons de la finance mondiale? Mais la Deutsche Bank, comme la plupart de ses homologues, est impliquée dans le scandale du Libor (2012) et les malversations du marché des changes (2013) et de là à penser que, ne pouvant plus mener ses activités illicites et si lucratives, elle ait décidé de "se venger" du monde légal! Mais les Allemands sont si disciplinés que, réunis par un DRH, qui leur chantera les louanges de la banque, ils remercieront leurs bourreaux!

        Aujourd'hui, Sarkosy vend son livre et dans certaines maisons de presse, celui-ci est exhibé devant les caisses, sur l'ordre des distributeurs! Ainsi va le monde! Des méthodes mafieuses pour un président tout aussi mafieux et qui a fait exploser la dette française, de plus de 300 milliards, notamment par ses cadeaux aux petits copains du CAC 40!

        Où est la justice? Le puissant écrase le petit, mais se remet-il en cause lui-même; est-il sanctionné quand il commet des erreurs? Lui fait-on peur comme on noue le ventre du chômeur? Nullement évidemment! On recase le haut fonctionnaire fautif; on ne le jette jamais à la rue; il reste un membre de la famille, même s'il a fait perdre à l'Etat des millions d'euros (on pourrait facilement citer des noms et des affaires: ONP, SIRHEN, ASP, etc.)! Le puissant est protégé, il ne connaît pas les affres de l'entrepont! Il peut même être décoré pour son incapacité! En tout cas, il n'arrive pas à prendre conscience de sa faute; c'est une espèce de paralysie de caste!

        Comment le sage peut-il regarder le ciel s'assombrir, prévoir le vent de la tempête? La violence va revenir, c'est certain... La colère du peuple se débondera encore, face au mépris des dominants, et le sage se sent souvent très petit, très impuissant lui-même... Mais le meilleur moyen de rester solide est de se détacher de son égoïsme, de sa soif de domination: c'est là la véritable liberté, car il est alors possible de réduire ses besoins au maximum! (Rappelons que c'est la vanité qui est dispendieuse...)  

        Qui dit solidité dit paix et mansuétude, écoute quand tous les autres n'écoutent plus! respect quand tous les autres ne respectent plus! Le sage est de l'eau fraîche pour lui-même et ceux qu'il croise! Il est un puits dans le désert de nos âmes! Il vit parmi les morts, ou les fauves!

  • Du bel été

    Du bel ete

     

     

        En ce qui nous concerne, nous avons vécu quelque temps en Afrique, au Mozambique précisément, où nous effectuions une mission en tant que logisticien, pour Médecins sans frontières. Le pays était toujours déchiré par la guerre civile et sa pauvreté, comme son malheur, étaient vertigineux! Une femme, par exemple, va récolter de quoi manger et a soudain le pied arraché par une mine!

        Nous la découvrons couchée à même le sol, dans un hôpital de campagne, qui n'a au fond plus que les murs... Elle gémit doucement, tandis que ses os brisés hérissent sa chair brûlée... Il faut la transporter jusqu'à la ville et elle est placée dans l'avion MSF, un vieux coucou, sous les sièges des autres passagers: ce sera son baptême de l'air!

        Est-elle sauvée pour autant? Rien n'est moins sûr... L'hôpital de la ville est certes vaste, mais nous découvrons ses cuisines et nous avons l'impression d'être dans une grotte, tant elles sont nues et sombres! Près d'une ouverture, qui est la seule source de lumière, deux hommes préparent le repas de midi, en tranchant à la hache un morceau de viande, dont ils jettent les lambeaux dans un sceau d'eau... La scène est si misérable qu'on dirait deux fantômes!

        Mais le Mozambique, on s'en doute, n'est pas seulement un pays triste... Là comme ailleurs, la vie ne demande qu'à se développer et les Mozambicains vont et viennent, dans leurs habits colorés, avec leurs rêves, pour faire leurs courses ou travailler... Ils sont si enthousiastes qu'ils rient facilement et qu'ils ne perdent jamais une occasion de danser! Mais, si nous racontons ces souvenirs, qui datent déjà d'une autre époque, puisque les ONG engageaient toujours volontiers les bonnes volontés, c'est parce que nous avions la garde d'un petit macaque et que son comportement va nous aider à mieux comprendre le nôtre aujourd'hui!

        Ce petit singe était surprenant, tant il paraissait proche des humains et nous nous rappelons encore comment il nous accueillait, pareil à un parent qui dans la joie lève les bras! Nous n'oublions pas non plus sa chaleur contre notre joue, ni que nous l'affrontions à la boxe! Assis sur une dalle de béton, nous n'utilisions qu'un seul poing, quand notre ami restait debout et plus vif nous débordait, si bien que nous faisions parler notre puissance, au-delà de ce qui était correct et à chaque fois une morsure venait dénoncer notre tricherie!   

        Mais le plus intéressant ici, c'est un voyage en voiture... Notre ami est sur le siège passager et la route devenant bonne, nous commençons à accélérer, quand soudain c'est la panique! Le petit animal saute d'une fenêtre à l'autre; il crie; il se prend la tête entre les mains comme s'il était la proie d'un cauchemar épouvantable! Il est tellement effrayé qu'il souille éperdument l'intérieur!

        Alors que nous nous efforçons de le calmer, nous ne comprenons pas sa réaction, puisque certains chiens, dans la même situation et par la fenêtre, vont jusqu'à transmettre le mépris de leurs propriétaires aux véhicules dépassés! Mais peut-être que notre ami comprend-il mieux pourquoi il peut sembler anormal que les arbres défilent aussi vite, cependant que le chien, lui, ne voit le monde qu'à travers la confiance qu'il voue à son maître? Il faudrait sans doute demander à un spécialiste de nous éclairer...

        Mais, au fond, la peur du macaque ne devrait-elle pas être la nôtre au quotidien? Certes, nous n'éprouvons pas la vitesse de la Terre autour du Soleil, bien qu'elle soit en moyenne de 106 000 km/h! Certes encore, nous ne sommes pas écrasés par l'infini de l'espace, quoique nous ne soyons guère plus, en comparaison, qu'un grain de sable au fond du Pacifique! Certes toujours, nous côtoyons sereinement les morts, bien qu'ils fussent tout comme nous pleins d'eux-mêmes! Mais nous pouvons nous représenter mentalement ces éléments, pour ne citer qu'eux, et être facilement bouleversés par l'étrangeté de notre condition!

        Mais ce qui nous sauve, nous protège, c'est notre racine animale! Nous sommes tellement préoccupés par notre domination que nous trouvons notre fonctionnement parfaitement normal! Nous fonçons dans l'espace, mais nous ne supportons pas la moindre file d'attente! Mais cela veut aussi dire que les plus ambitieux sont les plus aveugles, ou les moins éloignés de la bête! Ainsi, ceux qui se voient tels des élites, qui sortent des grandes écoles comme l'ENA ou HEC, qui accaparent les postes de commandement et qui bientôt s'y sucrent; ceux-là ont peut-être effectivement un QI exceptionnel, mais surtout la clairvoyance du bousier, d'où notamment la bassesse des politiques!

        En fait, nous n'examinons jamais assez les conséquences de l'Evolution et même les scientifiques ne profitent pas pleinement de leurs découvertes! En voici un bel exemple... Il y a peu nous avons acheté Premiers hommes de Pascal Picq, chez Flammarion. Nous voulions nous retremper dans les sources de l'humanité, pour mieux retrouver son cours... Mais nous ne cherchions qu'une description des faits, car le sujet est essentiel, délicat et on a tôt fait de l'accompagner de beaucoup de bêtises... Pour tout vous dire, un scientifique qui pense, ce n'est jamais très bon!

        Pourtant, Pascal Picq dans son introduction nous rassurait... Page 14, il dit: "Voilà un énorme paradoxe: il existe une fascination universelle pour la question de nos origines, mais un refus absolu de ce qu'elle est dans presque tous les champs de la pensée, même au sein de la science!" Nous sommes d'accord avec l'auteur: mettons cartes sur table, pour rafler la mise sans coups de feu! Fi du regard borgne du plus grand nombre!

        Cependant, à la page précédente, nous avions déjà tiqué en lisant: "A cette ignorance s'ajoute la puissante tradition anthropocentrique de la Bible et de la philosophie grecque..." Cette phrase ne choque même pas Pascal Picq, qui devrait pourtant se demander d'où vient cette tradition, d'autant qu'elle se retrouve chez la plupart des peuples! Le sujet est bien ce que nous sommes, mais indulgent, nous avons passé outre!

        Mais page 24 nous avons de nouveau fait la grimace! Nos craintes se sont malheureusement confirmées! Il n'était plus possible d'aller plus loin! Un problème avec les porteurs? Mais pas du tout, c'est cette méchante sciatique qui reprend du service! Sur le panneau, c'est écrit:" C'est une vieille manie de la pensée hiérarchique occidentale qui, jusqu'au début du vingt-et-unième siècle, a toujours classé les populations humaines selon ses propres critères..." "Et alors, où est le problème?

        _ On reparle bien de l'anthropocentrisme, non, l'Europe ramenant tout à elle?

        _ Ben oui...

        _ Alors l'anthropocentrisme est d'abord une tradition et maintenant, c'est une manie! C'est pas très scientifique tout ça! J'vous l'avais dit: "Un scientifique qui pense, c'est jamais très bon!"

        _ Comprends pas!

        _ C'est pourtant simple... Comment ne pas voir que cet anthropocentrisme nous est naturel, tant il est récurrent! qu'il n'est qu'un corollaire de notre domination! qu'une manifestation de notre égoïsme! qu'il n'est qu'une suite logique de l'individualisation des espèces! Autrement dit, Pascal Picq lui-même ne prend pas toute la mesure de l'Evolution et ne s'applique pas sa remarque de la page 14! Et savez-vous pourquoi?

        _ Non, mais vous allez m'le dire!

        _ Mais c'est parce que Pascal Picq fait partie de ces chercheurs matérialistes, qui fuient comme la peste notre anthropocentrisme, ce qui fait qu'ils ne comprennent ni celui-ci, ni ce que nous sommes!

        _ Je ne vous aime pas, vous savez...

        _ J'm'en doute! C'est que je menace votre propre anthropocentrisme!

        _ Assez! Partez, je vous en supplie!

        _ Très bien, mais vous avez blessé Ours d'argent... et tôt ou tard il attaquera!"

        Toujours est-il que nous avons dû abandonner Pascal Picq, car la lecture doit rester un plaisir, nullement une cause de polypes! Et puis à dix euros le livre, nous pouvions nous refaire! Tout de même, nous ne pouvons vivre impunément comme des animaux! Notre conscience influe sur nous, telle la lune au-dessus des marées! Notre angoisse transparaît malgré la fixité des murs! Notre liberté nous inquiète bien plus que nous ne voudrions le montrer! Notre destinée est la connaissance, mais nous la fuyons parce qu'elle nous dérange! Nous préférons l'instinct à la découverte, l'égoïsme au raisonnement, l'irritation à la patience!

        Mais c'est peut-être le matin qui nous révèle le plus, parce que la nuit nous a fragilisés... L'anxiété nous conseille quand nous nous habillons... Les hommes mettent volontiers les habits de la veille et leur credo est apparemment qu'il faut passer inaperçu! Ainsi, ils ne risquent pas grand-chose, mais la lâcheté n'a jamais empêché la haine; bien au contraire, on veut mordre d'autant qu'on est inconsistant!

        Cela veut-il dire que les femmes sont plus courageuses, puisqu'elles font attention à leur toilette? Nullement, car leur but est autre... Elles se repèrent par la séduction! Elles dominent grâce à celle-ci et donc leur premier réflexe, face à la peur, est d'attirer sexuellement! Regarder les femmes le matin, c'est comme écouter une symphonie: on vit toutes les nuances, toutes les intensités!

        Il y a celles qui ont renoncé et qui avancent comme des sacs! Il y a les élégantes qui sont matures et qui plaisent avec retenue, quoique d'une façon pénétrante... Mais il y a encore celles qui frappent comme la foudre! dont une partie du corps cingle l'esprit! Les seins sont mis en avant ou les fesses parfaitement moulées! Ce sont ces femmes qui inquiètent le plus le monde islamiste, mais leur attitude ne témoigne pas d'une liberté outrancière, ne relève pas de la provocation: c'est à l'opposé un appel au secours, comme une antenne tâtonne éperdument!

        Mais que vaudrait une relation avec une personne qui se sert de l'autre, pour soulager toute son angoisse? Cette dernière ne cessant de ronger, elle pousserait à dévorer!

        Curieusement, certains hommes font valoir aussi le renflement qu'ils ont entre les jambes, mais, comme ils adoptent une pratique plutôt féminine, nul doute que leur sexe ne doit pas être souvent utilisé et qu'il est plutôt un totem destiné au culte de leur personnalité! Les choses qu'on vénère restent immobiles et si, dans le cas qui nous intéresse, elles trouvent des adorateurs, c'est qu'ils sont perdus, car il n'est pas normal de vouloir être dominé!

        Cependant, l'été est bien entendu synonyme de moissons, de récoltes et pour le sage particulièrement, c'est une période magnifique qui commence! Attention! Vous êtes prêt? Non? Vous vous sentez légèrement faible sur vos jambes, en proie au doute, un peu fragile? Qu'à cela ne tienne! Ouvrez grand la porte et sortez dans la rue! Le spectacle commence! Et d'emblée ce qui frappe, c'est l'extrême agitation qui règne: les gens sont empressés et les voitures font un bruit d'enfer!

        Mais vous savez pourquoi... Tout cet énervement n'est que le reflet de notre inquiétude; il est le fruit de l'hypocrisie, de la tyrannie, de notre conduite animale; ou de notre ignorance, de notre paresse ou de notre égoïsme! Il ne doit pas vous impressionner, puisqu'il est mensonger! Tout au contraire, vous voilà savant, conforté dans votre raisonnement: vous n'étiez pas très solide, les autres le sont encore moins! Cela ne pouvait pas être autrement!

        Vous vous détendez donc, car vous êtes encore le plus calme, le plus clairvoyant! Vous prenez même un malin plaisir à vous sentir tel un rocher dans le courant; vous devenez de plus en plus serein et les réactions ne se font pas attendre! Certains enragent en faisant rugir leur moteur; d'autres vous suivent d'un air glacial... S'ils pouvaient, ils vous écraserait chaque doigt dans un étau! D'autres encore s'arrêtent, comme si vous veniez d'une autre planète! Ils se demandent quel Berlitz serait nécessaire, pour vous approcher!

        Mais tout cela ne vous fait ni chaud, ni froid! C'est la suite logique! Vous êtes hors de l'agitation ambiante! Vous n'êtes pas sous son pouvoir superficiel! Vous êtes dense et vrai, alors qu'autour ils ne sont que haine et vent! Vous vous amusez bien!

        Plus on veut vous détruire ou vous séduire, et plus on apporte de l'eau à votre moulin! plus vous comprenez que vous avez raison, que vous êtes sur la bonne voie, et vous vous mettez à siffloter! La vie paraît radieuse! Vos efforts ne sont pas vains! Tout cela a un sens! C'est un plaisir ineffable! Il n'y en a pas de plus fort, ni de plus riche!

        Votre personnalité se teinte d'éternité! Vous marchez dans les pas de Dieu! Vous êtes un ange souriant! Le ciel bleu vous illumine! Vous êtes libre parce que vous ne voulez pas dominer! Même la mort vous devient aimable... Vous êtes une créature infinie! 

  • Du combat!

    Du combat

     

     

     

        Il nous faut combattre tous les jours, c'est une évidence! Rappelons les faits, puisque le monde apparemment les ignore complètement! Les animaux se vouent une lutte sans merci, pour se nourrir, défendre leur territoire et se reproduire. Les hommes, quant à eux, grâce à leur conscience, qui leur permet de s'affranchir de leurs instincts, ce qui veut dire qu'ils sont capables de nouveautés, ont pu régler un certains nombre de leurs problèmes... Par exemple, nous n'avons plus besoin de chasser, pour nous procurer de la viande... La notion de combat de ce côté-là a pratiquement disparu.

        Aujourd'hui encore, dans nos pays riches, la défense du territoire n'est plus une nécessité, même si nous savons que nous avons des ennemis... Pourtant, à l'autre bout de la planète, en Iran, les choses recommencent..., comme si on n'apprenait jamais rien et que la guerre était fatale! A ce propos, la manière dont les médias traitent les événements est stupéfiante: pour eux, il n'y a pas d'agresseur, mais deux pays ont une querelle et la tension monte... Trump n'est pas le Liberty Valance du secteur! Et le silence de la Communauté internationale est assourdissant! L'inaction de Macron incompréhensible, comme celle même de Poutine (quoique dans ce cas cela vaut peut-être mieux...)! Mais apparemment tout le monde est débiteur de l'Oncle Sam... et on ne s'emporte pas contre son créancier...; à moins que nous ne soyons pas dans le secret des dieux et que tout se passe entre chancelleries!

        Toujours est-il que nous ne combattons pas instamment chez nous une menace étrangère... (Plaisanterie: "Le diable est-il allemand? Vous avez quatre heures!") Mais alors de quelle petite guerre au quotidien parlons-nous? Cela n'est pas non plus au sujet de la reproduction... Nous n'avons pas les suées du mâle de la mante religieuse ou de la veuve noire... Pourtant, notre lutte est bien issue du règne animal, puisque faire valoir notre individualité est bien la suite des efforts des autres créatures, pour pouvoir s'imposer et donc survivre. Mais la conscience fait que chez nous la domination est un combat complexe entre les identités... Dans le cadre de la loi, c'est même un affrontement souterrain, non dit, au point que la psychanalyse et tous les savoirs qui en découlent sont passés à côté, ce qui montre l'incroyable naïveté (ou cécité) du monde scientifique!

        Car il ne suffit pas de vaincre ses complexes, pour espérer être heureux, il faut encore comprendre l'enjeu général et qu'a priori chacun veut dominer, blesser, écraser l'autre! Ceci est essentiel, car plus vous serez libre et épanoui et plus vous susciterez de haine, de jalousie et l'envie qu'on vous détruise! Nul besoin d'avoir fait HEC pour comprendre cela! d'autant que dans la domination nous avons tous les degrés et c'est de nouveau ce qui va intéresser notre chronique!

        Mais d'abord un principe... et c'est sans doute le seul dont nous devrions tenir compte! Soit nous dominons, en ne suivant que nos instincts, et nous faisons le mal, avec un scénario aussi prévisible qu'une messe, qui est: plus vous dominez et plus vous créez un monde égoïste et angoissant; et plus vous dominerez pour échapper à l'angoisse! C'est le serpent qui se mord la queue et cette logique n'a qu'une seule issue: la guerre (notez que la crise financière en est une, mais "civilisée")! C'est l'affrontement qui libère, puisqu'il permet une domination exponentielle, d'où l'agressivité contre l'Iran! On tue donc des millions de personnes ou moins (apparemment Trump considère le nombre de morts, il reste un homme d'affaires...), puis on se calme, on se demande: "Pourquoi tout ça?" et pour un temps nous voilà plus solidaires, juste heureux d'être encore en vie!

        Soit, et c'est la voie intéressante, on échappe à la chaîne de la domination, en trouvant pour la satisfaction de son identité un autre sentiment que celui de sa supériorité; ou plutôt celle-ci ne fait plus aucune victime, car elle se nourrit des lois de la sagesse, de la compréhension intime du monde! Cela inclue bien entendu de reconnaître la beauté, de la saluer avec admiration et c'est pour ainsi dire la base... Ceci peut s'adresser particulièrement à tous les thuriféraires de Ben Laden, puisqu'il pêchait la truite à la grenade pour se détendre, ce qui montre de toute évidence un profond respect pour la création d'Allah! 

        Mais on l'aura compris, pour être sûr de faire le bien, il ne faut plus chercher à dominer, à être "ruisselant" de réussite, comme par exemple la plupart des personnages qui animent le petit écran... Mais c'est dur, convenons-en, car notre amour-propre est piqué par toute cette société qui s'affiche et qui crée une sorte de monde doré, avec ses fêtes, ses rires, sa facilité, son aisance! On voudrait également y participer, rejoindre la lumière, trouver un sens à la vie dans cette direction, puisqu'on serait alors consistant, quelqu'un; notre importance serait évidente!

        Mais surtout c'est le désert qui effraie! Il est plein de cauchemars, de doutes, d'empoisonnement; l'eau y est rare, le quotidien laborieux; les bonnes nouvelles tiennent du miracle! Des pierres, rien que des pierres forment l'horizon... On s'interroge forcément sur cet état... Quelle est notre erreur? On devait tourner à droite au kilomètres 250, mais on a tourné à gauche sans même savoir pourquoi! Oh si! On le sait, parce qu'on est têtu, parce qu'on se croit supérieur, meilleur que les autres! Il en a toujours été ainsi et voilà le résultat! On est en plein dans cette mer de misère! On bout chaque jour! On crève à cause de l'injustice!  Mais il faut cesser de rêver! Il n'y aura pas de rencontres! Une soucoupe ne va pas atterrir et des aliens, beaux comme des dieux, ne vont pas en sortir, pour nous offrir la médaille du mérite; en riant, parce qu'on aura pris au sérieux notre isolement, notre souffrance! Ah! C'était une mauvaise plaisanterie! Ah! ah! Elle est bien bonne! Mais, je savais que vous viendrez, je n'en ai jamais douté! L'ombre de la mort ne pouvait pas apparaître sans cette reconnaissance, cette fête! Bande de salauds, vous en avez mis du temps!

        Hein? Eh! Mais ne partez pas! Oh! Mais je deviens fou, je suis seul ici! Il n'y a rien... et il n'y aura jamais rien! La haine... la haine contre tous ceux qui se goinfrent! Rejoindre les gilets jaunes! Réclamer moi aussi justice, contre ce monde pourri! Si seulement je pouvais croire que c'est aussi simple! Maudite soit mon intelligence! Maudit soit Dieu de nous avoir mis dans un tel cirque! Si seulement celui-là bougeait une seule fois son cul! Toujours se calmer! prendre sur soi! alors que tant d'autres ont tout le temps la gueule ouverte, sans même s'en rendre compte! Oh mon Dieu, qu'est-ce qui ne va pas chez moi?

        Pourtant, la réalité est bien différente: ce qui brille est rarement or! Mais voici un exemple bien explicite, à même d'obscurcir n'importe quelle fausse étoile! Nous sommes à photographier des épaves, le corps dans l'eau grâce à des waders. Nous ressentons à la fois de l'excitation et de la sérénité! Nous traquons la lumière sur de vieux morceaux de bois et c'est notre univers, depuis l'enfance!

        Nous avons en effet été bercé par la beauté merveilleuse et discrète de la nature; c'est elle au fond qui nous a tout appris! Sur le plan technique, nous travaillons avec un objectif de 200mm, ouvert constamment à f2,8, et l'exposition est réglée sur la mesure spot! Un vrai régal! Notre fantaisie, notre rêve ou notre créativité s'exprime dans un rayon laser! De plus, l'heure est tardive (22 heures!), car il faut attendre l'heure dorée, quand la lumière est rasante... Mais ainsi nous ne dérangeons personne; le rivage est désert et nous disparaissons presque derrière les carcasses!

        Pourtant, à force, un bruit vient nous gêner... Quelqu'un bat bruyamment des couvercles de poubelles, comme si on essayait de nous transmettre une exaspération; ici, où il y a seulement deux ou trois maisons en bordure; alors qu'on peut considérer les épaves tels des déchets qui meurent dans de la vase... Mais ce n'est pas grave, nous en avons fini et nous sortons de l'eau... C'est à ce moment qu'une femme, suivie par son mari, vient brutalement se planter sous notre nez... C'est elle qui depuis tout à l'heure ne va pas bien... et que fait-elle? Elle prend en photo l'une des épaves, avec son téléphone portable! Son mari, en la voyant, a un haut-le-cœur; ce qui veut dire que le geste de la femme n'est pas innocent!

        D'abord, il n'y a plus de lumière; la photographie n'est donc plus de mise. Ensuite, un cliché du bord et donc lointain ne donnera rien! Enfin, le matériel utilisé, un téléphone portable, est au reflex ce qu'une Twingo est à une Féfé (une Ferrari dans la bouche des demi-truands!) Alors pourquoi cette femme agit-elle de cette manière? Que veut-elle nous dire? Mais qu'elle est là! et combien elle est importante! Sa prise de photos nous montre qu'il n'y a chez nous nulle particularité, que notre bonheur, notre passion n'a nul secret, nulle magie, nul savoir-faire! C'est une forme de mépris, qui rappelle encore que nous sommes sur le territoire d'un autre!

        Car cette femme n'accepte pas l'indépendance, la liberté et même la joie qui lui échappent, qui ne sont pas sous son contrôle, dont elle n'est pas la source, le point de mire! C'est un tyran, vous l'aurez compris, et à un haut degré! Tout ce qui n'est pas elle lui est odieux et doit être détruit! Seule sa personne peut exister! Mais son exemple, comme vous le savez, n'est en rien exceptionnel, nous pourrions le multiplier par dix, par vingt, chaque jour! La majorité des hommes et des femmes sont des tyrans; il n'y a que l'intensité de leur oppression qui change!

        Nous sommes donc ici à des années lumières d'une vision psychologique du monde, qui voudrait nous faire croire que notre bonheur ne dépend que de nous! Il n'est pas possible, écoutez bien, il n'est pas possible que le contact des autres ne nous soit pas au quotidien éprouvant, usant et destructeur! Les tyrans nous dévorent la vie! Tant que la société ne comprendra pas ce phénomène, ne le prendra pas en compte, nous retomberons immanquablement dans les mêmes erreurs et donc les mêmes malheurs! Ceci est aussi fondamental qu'indispensable!

        Si le doute vous atteint, ce qui arrivera de toute façon, et que vous recommencez à vous tourmentez sur vous-même, de sorte que vous voilà de nouveau dans la peine, rappelez-vous ce que nous disons ici; à savoir que les autres en général vont vous haïr, vous mépriser et vouloir vous anéantir, d'autant que vous paraîtrez libre et détendu, hors de leur pouvoir! Ce que la plupart cherchent, avec plus ou moins de férocité, c'est vous asservir! que vous les considériez comme des dieux! Ainsi s'explique votre doute, votre tristesse, à cause d'un environnement hostile! Et nous ne clamons pas bêtement: "L'enfer, c'est les autres!", mais nous décrivons un fonctionnement et nous donnons les remèdes pour qu'il change!

        Mais revenons au monde doré, celui qui s'affiche dans les médias et que nous sommes enclins à envier, puisqu'il symbolise la réussite de la personnalité, la preuve du talent! Des gilets jaunes ont essayé de l'atteindre, voire de le détruire, dans le but naïf d'installer un système plus juste, moins élitiste; mais le révolté bedonnant, qui défie les caméras devant des palettes qui brûlent, ne veut au fond que montrer qu'il est l'égal de ceux qui le méprisent...; il n'est pas au bout du compte différent d'eux!  

        Il nous faut donc voir les choses autrement et d'abord comprendre que le monde doré, aussi séduisant qu'il puisse paraître, est incapable de connaître la paix! L'énervement, le trouble de la femme de notre exemple est artisanal, provincial, osons-nous dire... Imaginez cet appétit, cette haine à la mesure de Paris, là où les places sont si capiteuses!

        Le monde doré est fatalement constitué de cadavres; il y faut un cœur de pierre, autant pour s'aveugler que pour gravir les échelons! La meilleure preuve de cette errance est donnée par Trump! Il est au sommet de la pyramide; il a tout ce que peut désirer le monde doré! Son pouvoir est quasiment illimité et que fait-il? Il cherche des noises à l'Iran, qui est comme un vendeur de journaux, qui a ses combines, à côté des requins de Wall Street!

        Trump ne peut pas être heureux, ni tranquille... Il est comme l'homme à moustache qui a conquis la France en 40. En effet, Hitler aurait pu à ce moment-là consolider sa position et il aurait été quasiment indélogeable! Mais la domination, pour ne pas céder à l'angoisse, doit incessamment ressentir son pouvoir et l'armée allemande signe sa perte en reprenant les traces de Napoléon, dans la steppe sans fin!

        L'instabilité et même la folie du monde doré s'expriment notamment par sa production littéraire... Il suffit d'entrer dans une librairie pour voir tout ce fatras d'inquiétudes et d'amours-propres! Il faut produire sans cesse, pour tenir le haut du pavé, et ainsi on ne comprend rien, on écrit des ouvrages vains et même on plagie, à bout de souffle! Tous les spécialistes, tous les penseurs du monde doré n'ont jamais vu les crises financières arriver, ni le Printemps arabe! Ils sont comme des bouchons que la mer emporte, tandis que le sage, lui, est assis sur une dorsale!

        Ainsi, où que vous soyez et qui que vous soyez, nous voudrions vous dire, tout en essayant de ne pas trop copier une parole célèbre: "Réjouissez-vous de votre peine, elle montre que vous n'êtes pas aveugle! Réjouissez-vous de voir le tyran, car vous n'êtes pas comme lui! Réjouissez-vous de votre chemin difficile, car c'est le seul qui mène à la paix! Réjouissez-vous de votre solitude, même si elle est pénible, car elle permet de comprendre! Réjouissez-vous de la haine que l'on vous porte, car elle témoigne de votre liberté, de votre individualité!!"

        A ce propos, pour notre part, nous nous habillons avec des vêtements qui sont le reflet de notre force et qui ont donc des couleurs vives... Ce n'est pas pour provoquer, mais il n'est pas question de porter des jeans, qui ne nous dissocieraient pas des murs! C'est une forme de respect pour nous-même, mais évidemment, comme de cette façon notre personnalité est remarquable, nous essuyons la haine des tyrans! Mais savez-vous ce que fait celle-ci, lorsqu'elle ne peut vaincre physiquement? Elle gronde, elle grince des dents et l'écouter est l'un des charmes du combat!

  • De l'argent

    De l argent

     

     

     

        Nous avons vu que notre époque a ses monstres et qu'ils n'ont pas fini de nous faire pleurer! Mais nous allons expliquer maintenant beaucoup plus précisément leur origine, ce qui ne nous renverra pas à la psychanalyse, Dieu merci, pourrait-on dire! Nous serons bien plus efficace et bien plus lucide, car "nos" monstres sont d'abord produits par le comportement des adultes et nous remettons donc naturellement nos sociétés sur la sellette!

        En septembre 2008, le patron de la banque Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, appelle son prédécesseur, Henry Paulson, qui est devenu le ministre des finances du président Bush: "Je t'en supplie, Hank, fais quelque chose!" La situation est en effet très grave... Lehman Brothers, une autre banque géante américaine, vient de faire faillite et les bourses du monde entier sont en proie à la panique! Le colosse de l'assurance, AIG, menace lui aussi de s'effondrer, alors qu'il doit à Goldman Sachs près de vingt milliards de dollars!

        En fait, c'est toute la planète monétaire qui connaît un séisme de magnitude 12, ce qui place l'humanité au bord d'un gouffre, car il est impossible de mesurer toutes les conséquences de cette situation inédite! Mais comment en est-on arrivé là?

        Les plus grosses banques mondiales sont loin de la traditionnelle banque de dépôt! Elles n'investissent pas avec l'argent de leurs clients, mais elles agissent sur les marchés financiers, ce qui rend abstraite leur activité aux yeux du profane... Leurs opérations peuvent s'emparer des entreprises les plus puissantes et elles menacent même des gouvernements!

        En 2002, la Grèce fait appel à Goldman Sachs, pour entrer dans la zone euro... Il s'agit pour la banque de masquer le montant réel de la dette du pays, de sorte que son économie soit en accord avec les critères du traité de Maastricht! Ce n'est apparemment pas illégal, mais en 2010 le scandale éclate, les abîmes sont révélés, c'est la crise de l'euro!   

        Elle est d'autant plus violente qu'on apprend que Goldman Sachs a entre-temps spéculé sur la baisse de la nouvelle monnaie, puisque la banque, elle, savait parfaitement à quoi s'en tenir! Tout le monde a suivi les efforts énormes de l'Union européenne, pour sauver sa création... La tension qui s'est alors installée entre l'Allemagne et la Grèce a été extraordinaire, jusqu'à ce que le président Tsipras rappelle la période nazie!

        Goldman Sachs se croit le maître du jeu, sur la scène internationale, et en 2005, l'un de ses employés, le Français Fabrice Tourre, invente un produit financier séduisant et complexe, appelé Abacus; nom qui désignait à l'origine le bâton de commandement du grand maître des Templiers! (Le trader ne se surnomme-t-il pas dans ses mails: "Fab le fabuleux"!)

        En fait, Abacus n'est qu'un CDO spécialisé... Il est essentiellement constitué par des titrisations de créances, celles des Subprimes; les banques mettant même sur le marché l'argent qu'on leur doit, car ainsi elles se remboursent plus facilement! Quant aux Subprimes, ce sont ces crédits, majoritairement immobiliers, que l'on propose sans exiger de l'emprunteur une solvabilité sérieuse... Ils sont à risques, mais d'un très haut rendement, à cause de leur taux d'intérêt très élevé!

        Toujours est-il que les produits tel Abacus sont la manne du moment; ils permettent de s'enrichir vite et de nombreuses banques, quelle que soit leur nationalité, en achètent! Tout cela circule à travers des fonds d'investissements, dans une sphère réservée aux initiés... Mais en 2007, près de trois millions de foyers américains ne peuvent plus rembourser leur crédit... Qu'à cela ne tienne, leurs maisons sont saisies, pour être revendues... Comme on pouvait le prévoir, le marché de l'immobilier s'engorge et des sociétés de crédits, après avoir dépouillé leurs clients, font elles-mêmes faillite: les produits financiers, liés aux Subprimes, deviennent subitement un poison mortel!

       Les pertes sont colossales, elles se chiffrent en centaines de milliards de dollars! Goldman Sachs voit le danger et s'empresse de vendre ses titres, notamment auprès de banques européennes, fascinées pas la puissance anglo-saxonne et qui ignorent encore la réalité du marché américain! Par contre, Lehman Brothers ne peut éviter la faillite, car Washington refuse de lui venir en aide... Goldman Sachs pense être à l'abri, mais la menace qui pèse sur AIG fragilise la plus grande banque du monde, qui est prise elle-même pour cible par des spéculateurs... C'est une curée de requins ivres et c'est à ce moment que Lloyd Blankfein appelle au secours les anciens de Goldman Sachs, qui travaillent au gouvernement!

        Question: peut-on laisser le marché financier partir à vau-l'eau? Chacun a vu, en 2007, cette file de clients pressés de récupérer leur argent à la banque Northern Rock, qui sera nationalisée par le Royaume-Uni, afin d'éviter la panique! Qui voudrait voir ce genre de comportements multiplié par mille? La rue ne s'embraserait-elle pas? Est-ce que ce ne serait pas le chaos? Washington se décide donc à agir et le groupe AIG est placé sous perfusion... On accorde à Goldman Sachs le statut de banque de dépôt, afin qu'elle puisse bénéficier des aides publiques...

        La place boursière internationale ressemble à une vaste salle d'hôpital, après un bombardement! On panse les plaies, on rassure les uns, on opère les autres parmi les gémissements... En France, en Allemagne, en Angleterre, les états sont devenus des urgentistes, alors que les ambulanciers ne cessent d'amener de nouveaux blessés! Et tout ça parce que de sales gosses, qui se croyaient des hommes, ont joué avec les allumettes, jusqu'à provoquer un incendie!

        A force de manœuvrer avec de l'argent, les gouvernements stabilisent la crise et nous voilà comme des sous-mariniers, qui guettent les structures de leur bâtiment, qui a cessé de s'enfoncer! On entend des craquements, mais ça tient! On va pouvoir refaire surface; le monde est sauvé!

        Mais, à peine un an plus tard, rien n'a changé! Goldman Sachs et AIG annoncent des bénéfices records et des bonus mirobolants, ce qui déclenche la colère, la haine de Main Street, de l'homme de la rue; car c'est bien l'argent du contribuable qui a permis ce redressement, tandis que le plus grand nombre continue sa vie laborieuse! Mais de nouveau on se sucre, sans même la reconnaissance du ventre!

        Une inimitié particulière naîtra d'ailleurs entre le nouveau président Obama et Lloyd Blankfein; le premier voulant une réglementation stricte des marchés! Mais, aujourd'hui, on n'entend plus personne, ni les banques, ni les agences de notation, qui ont pourtant si longtemps défrayé la chronique! Nul doute que les mêmes activités continuent dans l'ombre, en amont de la prochaine catastrophe!

        Goldman Sachs a voulu améliorer son image auprès de l'opinion et la banque a multiplié les dons, mais son président a toujours refusé de s'excuser et de reconnaître ses erreurs... Cela ne devrait pas nous étonner, car nous connaissons maintenant la logique de la domination!

        En effet, en dehors de permettre d'acheter à manger, l'argent donne deux choses: le pouvoir et le sentiment de la sécurité! Mais nous savons encore que dominer est continuer la vie animale, ce qui constitue une fuite en avant, puisqu'il est impossible dans ces conditions d'apaiser  fondamentalement l'angoisse qui nous est propre, à nous, les humains, et qui découle évidemment de l'existence de notre conscience!

        Le tyran, qu'il soit un homme ou une femme, se tient en réalité dans une "bulle"... Il faut que partout et incessamment il se sente le centre d'intérêt, le personnage le plus important! Le but de sa vie est qu'il se voit supérieur aux autres; c'est la seule source de son soi-disant équilibre!

        Il faut donc au tyran toujours plus d'argent! C'est la barrière qui le sépare des inférieurs! Vous pesez combien de dollars? Vous habitez dans quelle ville, dans quel quartier? Vous fréquentez qui? Appartenez-vous à tel club? Votre femme s'habille dans quels magasins? Dans quelle école vont vos enfants? Où allez-vous en vacances? Avez-vous un yacht? Si oui, à quel ponton est-il amarré? Est-ce qu'il y a un petit drapeau, avec un soleil souriant, à l'arrière..., à la poupe, pardon! Oui? Alors, bienvenue, nous sommes vraiment du même monde! Je vous avoue qu'à un moment j'ai cru avoir affaire à un imposteur, à un de ces bons à rien qui fouine sur le port! Mais, bon, me voilà rassuré! Martha! Martha! Viens voir qui est là; c'est les assurances Block!

        On comprend que le mépris est nécessaire au tyran, puisqu'il rabaisse et même détruit ce qu'il y a autour! Il maintient donc la "bulle" du pouvoir! S'excuser paraît au tyran une chose impossible; c'est comme demander à un unijambiste de sauter! Les mots restent dans la bouche... S'il venait à reconnaître son erreur, le tyran verrait son monde s'écrouler! La réalité de l'autre est pour lui terrifiante! La mer s'engouffrant dans une coque lui ferait moins peur! Mais le mépris peut être tellement fort qu'il fait ignorer cette fragilité!

        Un autre exemple de cette attitude nous est donné actuellement par Didier Lombard, l'ancien patron de France Télécom... En 2005, il rêve de faire la une de Forbes, d'être l'égal des patrons américains, qu'il admire tant, et même de susciter leur jalousie! France Télécom devient donc une usine à rendement, un modèle du genre, où les employés sont forcément considérés comme des suspects, avant d'être poussés dans leurs derniers retranchements!

        Le résultat est que dix-neuf d'entre eux se suicident et que douze autres font une tentative! On ne peut pas changer brutalement la culture de quelqu'un, surtout quand on prend la pire face de celle qu'on veut imposer! Accusé de harcèlement moral, Didier Lombard nie absolument les faits, même s'il déplore bien entendu (base de la com.!) le départ de ceux qui ne reviendront jamais!

        Au contraire, l'ancien patron, pour se défendre, se présente comme l'homme providentiel, qui a redressé l'entreprise: c'est dans la lignée de son personnage! S'il devait demander pardon, admettre ses torts, c'est toute sa vie qui partirait au gré du courant et plus rien n'endiguerait son angoisse!

        A la même époque, 2007, Nicolas Sarkosy est le premier président de la République à croire que l'on peut gouverner un pays comme une grande entreprise! Lui aussi a les yeux qui brillent quand il regarde outre-Atlantique! Il gagne les élections et il va fêter sa victoire, avec ses amis, au Fouquet's, en pleine lumière! C'est normal, c'est le travail d'une équipe qui est récompensé!

        Plus tard, Sarkosy est en vacances sur le yacht de Bolloré! Mais une nouvelle fois, c'est mérité! Il est comme un patron du CAC 40, qui se détend après de bons résultats... Mais il ne lui viendrait même pas à l'esprit qu'il y en a qui travaillent davantage et qui pourtant n'ont jamais pu prendre de vacances! Mais là encore, c'est le mépris qui aveugle!

        En fait, l'argent et le pouvoir forment un monde à part! On s'y choie, s'y place, s'y caresse, s'y protège, s'y goinfre! Ce sont des passe-droits, des copinages, des carnets d'adresses, des listings, des comptes obscurs, des affaires, des non-lieux inexplicables, des secrets d'état!

        Ce sont des fauves qui montent, des gens sans foi ni loi, prêts à tout pour réussir! des équilibristes, des rats d'égout! C'est une mafia politique, qui encaisse le montant de sa protection! C'est une nomenklatura avec ses valets! Ce sont des parvenus qui crient haro sur le baudet, en désignant les chômeurs et les bénéficiaires du RSA! C'est un Wall Street à la française! C'est une cour de Versailles en pleine république!

        Voilà pourquoi les gilets jaunes dénoncent un monde des riches et son complot! Voilà pourquoi ils se comparent si volontiers aux sans-culottes!

        Mais comment les adolescents, eux, perçoivent-ils tout cela? Qu'éprouvent-ils en découvrant toutes ces crises, cette violence, qui sont essentiellement les fruits de l'égoïsme? Que font-ils de l'angoisse dont les adultes se déchargent sur eux; d'autant qu'on leur murmure que la planète est perdue?

        Nombreux sont ceux qui s'abrutissent avec de l'alcool, pour ne plus voir leur environnement! Nombreux encore sont ceux qui jouent à des jeux dangereux, mettant leur vie en péril! D'autres deviennent des délinquants précoces et notamment, à peine pubères, des violeurs!

        Et puis il y a "nos" monstres, qui méprisent déjà le monde entier, qui se vouent un culte! Comment peuvent-ils sentir toute leur supériorité, s'ils ne veulent pas non plus jouer des coudes? Et s'ils allaient tuer leurs camarades de classe? Ils seraient d'un coup plus forts que leurs aînés! Et la mort pour eux? Mais elle est aimable, comme tout ce qui est extrême à cet âge!

        N'est-ce pas aux Etats-Unis que les tueries de ce genre sont les plus nombreuses? Et les kamikazes du djihad n'ont pas d'autres raisonnements, même si leurs chefs leur font la promesse absurde qu'Allah aime les assassins!

        Ah oui! Le joli monde que voilà!

        (Nous vous invitons à découvrir les photos de la semaine!)

  • Demain...

    Demain

     

     

        Demain, nous nous marierons. Nous ne serons plus seul et notre femme sera superbe! Nous suivrons avec plaisir ses jambes fuselées et ses hanches aussi sensuelles que puissantes, car elles sont encore destinées à la maternité! "Que regardes-tu?", nous demandera-t-elle de sa voix douce, tandis que le parfum de sa chevelure nous enveloppera... Qu'est-ce que nous regardons?  Comme si elle ne le savait pas!

        A l'instar de la plupart des autres femmes, la nôtre sera naturellement pratique! Elle nous écoutera avec respect, pour prendre notre mesure, et elle nous dira ce qu'il faut faire! Ne sommes-nous pas allé vers elle? N'avions-nous pas un manque? Ne cherchions-nous pas des réponses? Ne voulions-nous pas d'une autre vie? N'était-elle pas et n'est-elle pas toujours pour nous l'espoir, la solution, l'image du bonheur et celle de l'avenir?

        Notre femme nous parlera et nous réveillera! Elle nous dira: "Il faut se battre! Il faut que tu t'investisses, parce que la beauté de ton œuvre, de ton travail, doit être diffusée, doit être connue! Il faut que tu t'imposes, car tu le mérites! Des choses laides ont du succès et ce n'est pas normal! Oui, il est nécessaire de jouer des coudes, de parfois taper du poing sur la table, si on veut un monde meilleur! Tu seras fort et je t'aimerai encore plus! Viens!"

        Ce sera comme sortir d'un mauvais rêve, d'un cauchemar même! Nous n'étions rien et nous donnerons raison à notre femme! Nous nous mettrons en marche! Nous téléphonerons prêt à toutes les rebuffades! Nous serons enfin dans l'action, dans le mouvement des autres! Nous ne nous sentirons plus exclu et nous aurons l'impression d'être guidé par la bonté! Nous rayonnerons et à ce rythme, nous finirons par trouver une galerie, qui acceptera de nous exposer!

        Les choses se passeront ainsi... Nous arrivons à l'adresse et nous faisons face à une femme... Nous fermons les yeux sur sa laideur, qui est plus intérieure que physique; la première entraînant de toute façon la seconde... Nous savons, dès le premier regard, que cette femme fait partie des tyrans, qu'elle ne voit pas plus loin que son égoïsme et que c'est justement là son drame!

        Elle reste prisonnière de son amour-propre, de son orgueil! Mais nous passerons outre... De même, nous ne voulons pas voir la pauvreté, la médiocrité, la malhonnêteté, la suffisance des peintures qui sont déjà sur les murs et qui indiquent pourtant que la propriétaire des lieux est sans goût et qu'elle ne connaît rien à son métier! Nous oublions ces horreurs, car nous ne devons pas rater l'opportunité qui s'offre à nous! Il ne s'agit pas de rentrer les mains vides, penaud et amer, avant d'inquiéter notre aimée avec nos explications embarrassées!

        Courage! Concentrons-nous tout au contraire sur la galeriste! Dévorons-la des yeux, comme si elle était une divinité irrésistible! Ecoutons-la comme un oracle! C'est elle le personnage important, la véritable créatrice... N'est-ce pas elle qui prend les principaux risques? Quel est le combat du peintre, d'un rêveur, auprès du sien? Soyons à son égard comme l'écrivain auprès de son éditeur: jouons les caniches!

        Qu'elle nous coince entre deux dates, que nous devions encore nous occuper de la publicité, bien qu'elle profite aussi à la galerie, peu importe! Sourions! Plaignons même celle qui nous parle, car elle rencontre bien des difficultés! Puis, saluons et disparaissons, comme si nous quittions le grand vizir lui-même... Le principal est atteint, quoiqu'on nous déteste déjà, mais nous exposerons!

        Nous rencontrerons aussi des journalistes... Ils viennent tels des nababs dérangés..., à la demande de la galerie, à cause d'un accord tacite, parce qu'ils ont besoin d'un sujet et nous d'un article! Ils flairent, ils sont maussades, il faut les séduire! Ce sont eux les héros du jour! Entre deux Watergate, ils sont là pour la corvée! Ils représentent le pouvoir, qui a les narines sensibles, le ventre délicat, sujet aux gaz!

        Ils jettent à peine un coup d'œil! Ils cherchent en vain un intérêt, car au fond une seule chose les anime: eux-mêmes! Ils veulent se sentir importants, sur les marches de l'Olympe! Puis, soudain, ils ont des airs de Gestapo: avons-nous un CV, une fiche de renseignements? Bien sûr, nous savons qu'il faut leur mâcher le travail et qu'ils écriront leur article essentiellement à partir des documents que nous leur fournirons...

        Mais c'est la traditionnelle photo et nous prenons la pose. Le journaliste baisse son appareil, découragé: ne pouvons-nous pas être plus photogénique? Il prend tout de même son cliché, avant d'afficher une légère grimace de dégoût, en contrôlant son exposition! Après leur départ, nous gardons l'impression d'avoir déçu, mais, malgré toute notre politesse, il nous est impossible de feindre l'admiration! 

        Cependant, viendra le jour du vernissage... Des dizaines de gens seront là et il faudra leur parler, paraître à l'aise, ouvert, disert, aimable... Nous ne convaincrons point toutefois: ce qui est forcé n'attache pas! et on nous quittera bientôt... Nous maudirons alors notre misanthropie, relent d'une époque passée! Nous nous interrogerons une nouvelle fois sur notre étrange handicap ou sur le secret de plaire! Comment font les autres, pour s'entendre aussi bien? Ils sont dans une autre dimension; une pellicule invisible nous en sépare!

        Mais, entre-temps, nous aurons aussi beaucoup subi... Des têtes boursouflées, des yeux vides, des crânes difformes, des corps malingres, des êtres immenses et indifférents, toutes sortes d'animaux en somme, nous auront dit, au sujet de notre peinture: "C'est vraiment sympa!", "Moi, je peins surtout avec du blanc... et mes toiles sont plus grandes!", "Vous me rappelez... Comment il s'appelle déjà? Euh...", "C'est pas mal..., mais ça manque de portraits, c'est quand même l'homme le plus important... Enfin, je crois...", "Si seulement vous aviez mis une touche de bleu là! Hein? Armand, qu'est-ce que t'en penses!" "Tu as raison, ma chérie, comme toujours...", etc.  

        Où seront l'humilité, la véritable curiosité, la profondeur; le manque aussi, la souffrance qui conduisent à la recherche, au désir de comprendre? Nulle part! La beauté ne se donne pas aux égoïstes, car ils n'en ont pas réellement besoin! Et c'est peut-être cela qui finalement constitue le monde qui nous est étranger... Sa matière, son air sont produits par des égoïsmes qui s'abouchent, fusionnent; ainsi que des placentas tardifs! Seuls les êtres inaboutis, encore indistincts, peuvent se plaire à ce point, dans la même illusion! Seuls ceux-là aussi sont capables de haïr et de mépriser les autres sans états d'âme, de sorte qu'ils les rejettent totalement! L'injustice est enfantine!

         La maturité, elle, a forcément des aspérités, comme toute construction; ce qui ne l'empêche pas d'être solidaire, bien au contraire, à cause de sa responsabilité! L'individualisation n'est pas de se concentrer plus sur soi-même, ni de se vouer un culte! Elle est un échange permanent entre ce qu'on peut saisir de soi et le monde extérieur... C'est un regard universel!

        Elle est tout le contraire d'une fermeture, d'un repli, d'un refuge! C'est un pas en avant, c'est la véritable naissance, puisqu'on déchire l'enveloppe des conventions, pour explorer l'inconnu! C'est accepter sa peur et montrer du courage! Ce n'est pas se choyer, ni se croire important! C'est devenir unique, c'est se différencier, c'est entendu, mais pour l'avenir commun!

        C'est l'homme qui est concerné, pas l'individu! L'individualisation permet la connaissance; elle dresse vers le ciel, donne les clés de la liberté! L'égoïsme, lui, s'enlise, s'enfonce dans la nuit! Il a soif, il veut mordre et le fiel lui vient à la bouche! Son rire est toujours moqueur! L'individualisation, elle, n'a pas d'autres issues que la paix et son corollaire, la douceur!

        Mais nous reviendrons sur Terre et nous regarderons où est notre femme, parmi cette assemblée... Elle y sera si à l'aise que nous la verrons soudain telle une étrangère! Mais nous chasserons bien vite cette vision, c'est nous l'ours, le mal-léché, le perdant! C'est nous qui voulons en sortir! C'est nous qui sommes las de la solitude! C'est nous le paria, l'inadapté!

        Avec le temps, nous nous ferons peut-être un nom... Nous commencerons à vendre, comme on dit... et notre femme et nous-même, nous déciderons de fonder une famille, tels les animaux quand ils jugent les conditions favorables! Pour notre femme d'ailleurs, ce sera un accomplissement supplémentaire... et d'après elle encore, il est bon d'être responsable d'un autre, pour cesser de ne penser qu'à soi!

        Nous aurons donc des enfants et nous pénétrerons toujours davantage l'univers de notre femme! Nous suivrons sa grossesse, déchiffrerons ses échographies, serons dans son ventre! Nous créerons moins certainement, mais une nouvelle aventure sera là, peut-être la seule valable! Nous chaufferons les biberons, nous changerons les couches, nous ferons manger la bouillie, enfin humain!

        Nous conduirons à l'école l'âme de notre âme! Nous écouterons ses professeurs, par peur des représailles! Nous aiderons aux devoirs, nous fêterons Noël, nous nous promènerons le dimanche! Nous aurons un chien et il ira devant, telle une étrave!

        Nous saluerons quelques connaissances, des gens respectables, comme nous! Mais nous formerons un clan, avec ses règles et fier comme s'il était seul au monde et nullement infime dans le cosmos!

        Les années passeront, idéales, sans être vues! Certes, il faudra parfois courir; les enfants causent du soucis, surtout quand ils commencent à être eux-mêmes (quelle idée!), mais ainsi l'angoisse ne nous rattrapera pas, ou plutôt son objet ne sera plus notre personne, mais la famille, qui bientôt rira de ses peurs! Notre ciel ne sera plus lancinant et sombre, à moins que le deuil ne nous frappe... et encore!

        Nous aurons aussi des amis, ceux de notre femme s'entend! Nous nous réunirons entre couples, les enfants virevoltant! Nous ferons bonne chère, échangeant des regards complices, symboles de notre réussite!

        Un jeunot fera du plat à notre épouse et nous serons fier et content pour elle! Les hommes parleront avec des voix chaudes, les femmes deviendront rêveuses, à cause d'un souvenir, d'un regret peut-être... Le soleil se couchera et nous serons comme dans une comédie du cinéma français... Nous nous sentirons mûrs et proches de la vérité, parce que le soir descendra, telle une petite mort!

        Un homme, pour gravir les échelons, essaiera de détruire notre réputation de peintre... ou d'écrivain. Une polémique s'ensuivra... et toujours soutenu par notre femme et maintenant par nos enfants, nous nous battrons! Nous aurons notre ennemi, notre croquemitaine! Nous vaincrons et nous aurons même droit à une monographie!

        Notre talent sera devenu sûr et il sera défini, puis classé par certains... Nous entrerons dans l'histoire, comme on étiquette un bocal, avant de le ranger! Notre devoir sera accompli et nous gonflerons les poitrines de notre famille, au point de trouver normal de partir, de tomber malade! L'usure sera chez nous en premier, pour correspondre aux statistiques, qui disent que les femmes vivent plus longtemps!

        Nous déclinerons, nous deviendrons dépendant, mais ce sera encore l'occasion d'éprouver le dévouement de nos proches... Pourtant, plus nous serons faible, plus ils se rapprocheront et plus nous aurons l'impression qu'ils sont comme des vautours! La peur nous fera bien vite chasser cette pensée! L'héritage cependant...

        Mais voilà notre mort! La regarderons-nous en face? Aurons-nous quelque idée de son sens, de sa nature; de Dieu? Aurons-nous encore de la foi? Serons-nous digne, avec une formule pour la postérité? Tiendrons-nous une dernière fois notre pinceau, tel le soldat tombant avec son fusil? L'épouvante nous donnera-t-elle des regrets? Les yeux doux de notre femme, l'attention de nos enfants ne seront-ils pas l'image de l'éternité, en ce que la descendance nous perpétue?

        Ne nous dirons-nous pas que nous nous sommes laissé au bord de la route; que nous avons abandonné une part de nous-même; celle qui nous inquiétait le plus, nous paraissait la plus difforme, la plus bizarre, la plus scandaleuse, la plus dangereuse; celle qui voyait la laideur, le mal, le mensonge, la bêtise; celle qui ne supportait pas les psychologues, les psychanalystes, ces farceurs! celle qui honnissait les cadavres du pouvoir, les marionnettes de l'argent! celle qui vomissait devant les amoureux d'eux-mêmes et de leur sexe! celle qui se frottait au tyran chaque jour, qui lisait au plus profond des cœurs, qui avançait vers la vérité, qui cherchait de véritables solutions, qui avait une idée juste du progrès! celle qui était lucide, qui rafraîchirait les générations suivantes, qui serait un source d'espoir et de paix!

        Celle qui aurait essayé de comprendre Dieu, de l'aimer et donc d'aimer les autres aussi! celle qui admirait la beauté infinie de la nature et trouvait fous les hommes! celle qui s'enchantait des lois de la sagesse!

        Mais demain nous nous marierons... et ce sera comme se réveiller d'un mauvais rêve, d'un cauchemar!

     

  • Observons!

    Observons

     

     

     

     

        Observons! Observons! Comme les autres n'ont pas inventé l'eau chaude, ou plutôt comme ils ne savent pas ce que nous savons, car nous le saurions, ils n'ont qu'un équilibre, c'est celui de leur domination, et cela veut dire qu'ils ne "tiennent debout" que par rapport à l'impression qu'ils produisent... Ils ne peuvent être calmes et sûrs d'eux par leur seule richesse intérieure; ils croient qu'ils sont importants et même qu'on leur doit quelque chose!

        Ils vivent somme toute dans un rêve, une illusion, car la vérité, ce n'est pas le travail, les gilets jaunes, Roland-Garros ou les maniaqueries de Trump! La vérité, c'est que nous sommes sur une planète perdue dans l'immense espace, qu'elle tourne plus vite autour de son soleil qu'une Formule 1 et qu'a priori la vie se termine par la mort! Voilà la vérité! A partir de là, la société n'est qu'une construction, destinée certes à nous faire vivre ensemble, dans les meilleures conditions, mais elle n'est rien de plus et certainement pas un but en soi!

        Mais alors pourquoi les choses ne changent-elles pas? Pourquoi ne sommes-nous pas curieux de trouver des solutions, un sens à la vie? Pourquoi ne nous tenons-nous pas devant notre abîme, tels des gens raisonnables sur leur balcon, se demandant si celui-ci est bien solide ou si le point de vue mérite un intérêt? Pourquoi le monde paraît-il aussi irresponsable et aussi aveugle?

        Il n'y a qu'une réponse à cela! La plupart ne veut que s'amuser, nullement se tracasser, ni encore moins avoir peur! Tout au contraire, être le centre d'intérêt, être aussi bête que l'animal qui triomphe sur un autre, est son souhait le plus cher!

        La majorité veut le monde à son échelle et tient absolument au fonctionnement qui lui permet de gravir les échelons! Elle rêve de jouer les vedettes, les premiers rôles et ceci est même valable pour les gilets jaunes, car malgré leur révolte ils sont encore les bases de leur futur!

        Mais notre quotidien est donc factice, puisqu' il ne prend pas en compte tout le réel! L'angoisse de notre situation notamment est là parmi nous, larvée, quoiqu'agissante, et il est incroyablement intéressant de la repérer chez chacun! C'est la vérité qui parle! Observons donc! Observons comment chacun se comporte, marche, parle, gesticule! Puisque nul apparemment ne cherche les bonnes réponses, nul n'a un équilibre vrai! Les manières, les attitudes trahissent le mensonge, le vide, l'ignorance!

        Soyons comme des chiens, pour traquer la pose, le m'as-tu-vu, la plaisanterie! Ne nous laissons pas tromper par les artifices du gibier! La truffe frémissante, tenons-nous aux aguets, car le spectacle commence, les clowns font leur numéro sur la planète Terre! La rue est un théâtre, avec ses bourgeois, ses pauvres, ses soubrettes et même ses assassins! Ayons l'œil ouvert, non pour dominer, et c'est ça la nouveauté, mais pour comprendre, regarder l'autre dans son entier, pouvoir sincèrement respecter, être distinct, responsable, sans haine, n'écrasant a priori personne, pour devenir mature, c'est-à-dire quelqu'un qui travaille à faire évoluer la matière vers l'esprit, quelqu'un qui de l'animal passe peu à peu à l'homme! Grande nouveauté!

        Tenir sur ses jambes, hors de la bulle de l'égoïsme, avec la conscience de l'Univers et de la mort, c'est pas beau ça? On ne fatigue plus personne! Par contre, que d'inimitiés on se crée! Que de haine on provoque! Que de mépris, que de regards meurtriers on suscite! Ben ouais, on n'est plus un esclave; on a quitté le rayon jouet! On n'est pas l'admirateur de ces messieurs-dames! On est le vent du Nord pour l'égocentrique, celui qui vit comme une araignée au milieu de sa toile! On est le ciel rayonnant pour le poids de fonte de l'égotisme! On échappe aux morts-vivants! Ils enragent, ils trépignent, ils suent et c'est de leur faute: ils ne cherchent pas!

        Il faut lutter, sinon on finit par croire, comme les gilets jaunes, que c'est la société qui nous mène, qu'elle a les réponses, qu'elle est sérieuse, qu'elle est l'obstacle! Il faut lutter, sinon on finit par trouver normales toutes les calembredaines qu'on nous sert, tout le tapage de chaque jour, comme si les uns et les autres ne s'efforçaient pas de briller, comme si nous n'étions pas tous embarqués sur le navire Terre, comme si nous n'étions pas tous nos propres commandants, comme si la ville n'était pas au fond qu'un décor!

        Il faut lutter pour rester soi-même, pour ne pas être endormi, englouti par le discours ambiant, le fonctionnement général, qui sont surtout créés par la peur de l'inconnu, l'étroitesse des privilèges, la paranoïa du pouvoir!  Nous discutons avec véhémence au-dessus de la table, alors que nous dérivons au milieu de l'océan! Nous ne savons pas et nous martelons nos paroles! Nous sommes invités à être créateurs et nous ne quittons pas le troupeau! Nous refusons la nouveauté, quitte à détruire!

        Il faut lutter pour ouvrir les yeux, voir toute sa situation, sa liberté, son indépendance! Peu ose l'aventure de l'individualisation! Règles, dogmes, sainteté et sacralisation mènent à la haine et à la violence! Il faut lutter pour s'affranchir de ses craintes et retrouver la souplesse, la confiance, la curiosité, l'enthousiasme de l'enfance! Il faut lutter pour ne pas perdre de vue le mal! Il est dans la folie, la maladie de ceux qui ne veulent pas s'éveiller, grandir... Il est dans les sangsues qui usent et pompent la vitalité des autres! Il est dans les cadavres qui appellent tout le monde dans leur tombeau!

        Les oppresseurs sont légion! La prochaine génération en est pleine! Quoiqu'il y ait une jeunesse saine, elle a ses malades et en sera destructrice, car voici venu le temps des monstres! Ils sont seuls et inadaptés! Ils sont impuissants, puisqu'ils ne communiquent pas, n'échangent pas, ne donnent pas! Le monde les terrifie et c'est pourquoi ils veulent à tout prix le dominer! Ils ne respirent que quand les autres leur sont soumis et les considèrent tels des dieux! Ainsi leur angoisse disparaît seulement s'ils sont les maîtres! Comment pourraient-ils ne pas être dangereux?

        Laids, ils brasillent à l'intérieur, comme le feu qui couve sous la bûche! Beaux, ils se dressent tels des pics enneigés et scintillants au soleil! Ils s'attendent à ce qu'on les admire, puisque eux-mêmes s'adorent! Ils ne comprennent pas qu'on leur résiste, d'où leur haine et leur mépris! Ils étouffent et fuient devant l'obstacle, car leur univers s'écroule! Mais qu'en sera-t-il quand ils auront la force des adultes? Au mieux, faute de moyens, ils seront sournois et feront le mal dans leur nuit, tels des rats! Au pire, avec du pouvoir, ils produiront des catastrophes et tueront des gens; car seul leur monde existe!

        La psychologie parle d'individus narcissiques, qui seraient l'objet de leurs propres pulsions sexuelles... et il est vrai qu'ils veulent d'abord qu'on vénère leur corps! Ils ne peuvent jouir qu'à cette seule condition, que s'ils disposent d'esclaves, et c'est pourquoi le sexe opposé les rebute, car la différence est synonyme d'étrangeté, de difficultés, de découvertes, de remises en question!

        Le confort est primordial chez "nos" monstres... et il est sans doute en rapport avec celui de nos sociétés, qui n'ont pas connu de guerre sur leur territoire depuis plus de soixante-dix ans! Suivons donc cette piste pour expliquer les choses, plutôt que de recourir à un tour de passe-passe psychanalytique, qui fait de toute façon référence à des événements improuvables ou faux; d'autant que la catégorie qui nous intéresse n'en est pas une véritablement, puisqu'elle nous englobe tous à des degrés divers!

        Mais nos sociétés connaissent la sécurité et c'est une situation inédite! Quand il y a des guerres, nous retrouvons nos instincts et malgré l'horreur, nous nous adaptons, car nous comprenons la menace, le combat et la soif de vaincre... C'est l'histoire quotidienne des animaux et donc de nos origines!

        De même, l'agression peut venir de l'intérieur, en temps de paix, si le régime en place empêche notre développement... et nous reprenons alors la lutte, jusqu'à ce que nous puissions jouir de notre liberté! Il nous faut bien des chefs, mais que leur pouvoir soit limité et que chacun ait les mêmes droits! Dans ce cas aussi, c'est notre instinct que nous suivons, c'est la domination qui pousse, c'est l'individualisation qui continue!

        C'est toujours la même chose quand nous voulons le confort matériel, l'aisance! Car la richesse révèle notre réussite, notre force; elle est notre brame, l'éclat de notre plumage, notre corne!

        Mais nous voilà aujourd'hui avec des frontières stables, en démocratie et disposant sans trop de peines d'un intérieur douillet! Le ventre ne crie pas famine et nous pouvons tous nous asseoir au soleil, pour regarder les autres et... nous en moquer! Nous devrions tous être pleinement heureux! Les difficultés que rencontrent les animaux, celles qui les mettent tout le temps sur le qui-vive, sont apparemment derrière nous! Et pourtant nous sommes tendus, nous faisons grise mine, des sirènes d'ambulances retentissent incessamment et certains en colère crient à la dictature!

        Eh! c'est que la paix est pour nous une nouveauté et qu'elle nous place insensiblement, mais inévitablement, devant notre originalité! La conscience est une inconnue qui nous crée de l'angoisse! L'absence de réponses se distille en nous et nous fait réagir plus ou moins bien et plus ou moins sincèrement!

        Nous pouvons, comme Trump et bien d'autres, nous empresser de retrouver la guerre, même si elle ne reste apparemment que commerciale! Nous voilà de nouveau "chez nous", pourrait-on dire! Nous pouvons aussi vouloir réaffirmer notre supériorité, en chantant cocorico! Le nationalisme, c'est comme de gros bras qui retroussent d'abord leurs manches, avant de "tabasser"!

        Nous pouvons encore consommer et consommer, mais pour cela il faut beaucoup d'argent et donc beaucoup d'égoïsme et beaucoup de saletés! Mais enfin tout ceci ne concerne principalement que les adultes... Qu'en est-il du côté des jeunes, dans ce monde soudain étrange et inquiétant, à force d'être "paisible", sans heurts, confortable, facile? Quelles fleurs apparaissent dans cette atmosphère trouble, car hypocrite, et néanmoins quasi ouatée, feutrée, que ne violente pas le "vent de la nécessité"? Entrons dans la serre, à nos risques et périls, il faut bien le dire!

        Qui se cache derrière les réseaux sociaux? Quelle chrysalide produit le ronronnement de l'ordinateur? Qui se mire dans son smartphone?

        En fait, peut-on imaginer des adolescents mieux armés que leurs parents face à l'angoisse? Evidemment non, ils sont fragiles et doivent d'abord apprendre... Ils copient donc les adultes et ceux qui sont les plus isolés, parce que sans doute leurs parents les méprisent ou échangent peu avec eux, n'ont qu'une manière d'être pour affronter le monde: ils se font le centre de celui-ci! Dans leur milieu protégé, ils deviennent leur dieu et parmi la foule, ils sont tels des trous noirs anonymes!

        Bien qu'ils veuillent incessamment asservir, ils n'ont pas le profil du chef! Ils n'en ont ni la puissance, ni les ambitions, ni le charisme! Ils ne cherchent pas à diriger les autres, mais à les dissoudre! C'est la peur qui les paralyse et c'est par défaut qu'ils sont monstrueux! Ce ne sont pas des acteurs, ni des bâtisseurs, mais des destructeurs, par leur incapacité même!

        Cependant, leur "pathologie" n'est qu'un degré ultime ou particulier du comportement général et en réalité, ils ne sont que les fruits de la lâcheté et de l'égoïsme de nos sociétés!

        Mais quels dangers présentent-ils? Nous en avons déjà quelques exemples... Un jour, des lycéens arrivent à leur école, armés, et font un massacre! On annonce encore à un pilote allemand qu'il ne sera jamais le pilote de ses rêves, parce que sa vue baisse...

        Ce coup du sort, dont la plupart s'accommoderait, est vécu par le pilote comme une injure, une humiliation inacceptable! Il décide donc de se suicider, mais nullement dans une chambre d'hôtel obscure... Il faut que jusqu'au bout il ressente sa puissance, son caractère exceptionnel! Le monde entier doit se rappeler toute sa morgue, sa supériorité!

        La suite, on la connaît... Il écrase son avion de ligne contre un versant des Pyrénées et chacun a vu ces sauveteurs, parmi les détritus, à la recherche de morceaux de corps!

        Surveillons nos monstres, comme les Américains les communistes, durant la guerre froide! Soyons prêts à donner l'alerte, car tant que nous n'aurons pas le courage d'ouvrir les yeux, ils vont nous surprendre et nous plonger dans l'affliction!

        Apprenons à les reconnaître, car ils se multiplient et nous dévorent déjà! Plus nous les verrons et plus nous serons nous-mêmes sains et lucides!

        Ils sont sans scrupules, absolument fermés et nous craignons qu'une grande nuit se prépare, car ils ne seront jamais solidaires!