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Fort Dom!
- Le 26/02/2021
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"Dis donc Emile, tu sais qui vient de sortir d'ici! Borniche, le superflic!
_ Ben quoi! J' l'aurais buté ton superflic!"
Flic Story
Lundi 22 février: le soleil fait son apparition, après tant de jours de tempête! Il crible le versant de la montagne là-bas et vient pénétrer ma chambre! Son rond de lumière me réchauffe et montre même la poussière des meubles!
Ce changement est un spectacle bienfaisant et pourtant, par le hublot, j'aperçois des chercheurs qui s'empressent nerveusement, pour effectuer leurs relevés! Ils ont le visage crispé, le corps raide à cause de l'inquiétude! Ils se bousculent même et l'un chute, en se prenant les jambes dans l'antenne qu'il porte!
Ils ne sont pas sensibles au retour de la lumière et ils ne parviennent pas à se nourrir de la beauté! Ils n'admirent pas et c'est lié à leur égoïsme! Bien sûr, ils se voient comme des gens sérieux, responsables, soumis à des devoirs, des contraintes, mais ce n'est pas leur travail qui les empêche de prendre du temps, d'être disponibles!
Notre domination nous maintient tendus, chevillés à nous-mêmes, ne serait-ce que par peur! Nous voilà face à l'Univers, en équilibre sur le sentiment de notre supériorité! C'est bien mince et cela ne nous permet pas de nous relâcher, pour contempler! Il nous faut toujours sentir notre pouvoir, en "vampirisant" les autres!
Il est impossible de donner à la beauté tout son sens, si on ne veut que triompher, s'imposer!
Mercredi 24 février: il paraît que près de 60 % des Français se déclarent athées! Voilà bien du courage et... de la lucidité! Moi, je veux bien, à condition qu'on prenne en compte la domination! C'est bien joli de faire le philosophe..., quand on écrase les autres! On trouve le quotidien normal, puisqu'il "tourne" autour de nous... et on n'a par ailleurs aucune gêne à haïr, ni à mépriser ceux qui nous résistent et nous inquiètent par leur différence, leur indépendance!
Des tyrans athées, qui ne voient que leur ascension, leur réussite, leur personne, la belle affaire! Quand on est au chaud dans une boîte à chaussures, on rit de l'immensité de l'Univers et même de la mort, qui paraît toujours lointaine! Des remords, des scrupules, parce qu'on diffuse chaque jour le poison de sa haine, point! On est aveugle comme une taupe et on dit très raisonnablement: "Dieu n'est pas!" Ben voyons, quel sérieux!
Comment montrer aux gens leur laideur, leur tyrannie, leur équilibre faux, leur décor de théâtre? Voilà une question qui me taraude depuis des années... et à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponses! Qui pourra se dire athée, s'il ne se sent pas dominant, supérieur aux autres? Qui pourra se dire athée, s'il est perdu, anéanti?
Le malheur fait aussi perdre la foi, mais c'est parce qu'on a toujours cru dans du "coton", en étant protégé, en se sentant "élu" en quelque sorte! Et c'était encore la domination, puisqu'on était le "point de mire"! Mais qui pourrait supporter la vie, en prenant de plein fouet son insignifiance sidérale?
Les sociétés se contemplent instamment! Elles se dévorent même elles-mêmes, tant le "froid" du dehors peut paraître vertigineux, incompréhensible! Il suffit de regarder la télévision, pour voir combien nous nous abrutissons de nous-mêmes! Celui qui prend garde à respecter, à ne plus haïr, qui apprend, qui réfléchit, celui-là ouvre la porte du train! Il a peur forcément..., mais il saute tout de même, tant à l'intérieur c'est empoisonné, vide, stérile! Il atterrit dans un choc, il a mal et il se retrouve abandonné, dans un lieu désert! Il s'époussette, se nettoie le front et se met en marche... Une nouvelle existence commence!
Là-bas, le train continue de foncer... et il se déclare athée, alors qu'il ne voit même pas le paysage! Quelle blague! Que l'on fasse son choix, sans la domination! en étant distinct des autres, sans les piétiner! Est-ce possible cela, si on continue à voir le monde comme un chef mafieux! Bon sang! Combien ne se déplacent pas dans leur bulle de haine... et ils auraient une idée sérieuse de Dieu? Autant demander son avis à un bébé!
Il y a pourtant quelque chose qui nous rappelle à l'ordre! qui met à bas notre domination... et c'est la force des éléments! Les premiers hommes ont développé naturellement une spiritualité, car ils ne "commandaient" rien autour! Ils se sentaient vulnérables, dans un milieu hostile! Ils avaient l'idée de "quelque chose" de plus grand qu'eux, puisque déjà la nature les dépassait largement! Ils n'étaient pas les maîtres!
Aujourd'hui, c'est tout le contraire! C'est l'homme omnipotent! Il sonde les étoiles, révèle le passé, guérit, analyse et imagine un avenir grâce au patient travail de la raison! Rien ne lui semble impossible, il s'adaptera!
A y voir de plus près, la catastrophe est partout! Plus l'homme étend sa domination et plus il se heurte à la nature, c'est inévitable! Il ne peut que constater le réchauffement climatique et la disparition des espèces! Il ne comprend pas non plus que son angoisse le pousse à détruire son prochain! Ben dame si, pour se soulager, il faut supplanter l'autre! C'est ce qui explique pourquoi, malgré que nous ayons tout, nos vies sont impossibles: les crises succèdent aux crises! Mais même une telle absurdité ne nous paraît pas évidente! Elle serait le fait d'un mauvais gouvernement, d'un système corrompu, de méchants capitalistes! Comme si le lanceur de pavés n'était pas lui aussi un dominateur!
Ici, le virus anéantit notre suprématie! Et ce n'est pas une vengeance divine, ce n'est que la conséquence de nos actes! De même que nous ne réchauffons pas la planète parce que nous sommes toujours plus nombreux, mais bien parce que le sens de nos vies dépend de notre pouvoir social! Notre voiture doit être plus grosse et plus belle que celle du voisin et tant pis si elle consomme plus!
Voilà encore pourquoi nous avons créé ce monstre que nous appelons Economie et que nous ne comprenons plus, car à quoi est-il destiné, sinon à nous vaincre nous-mêmes! Mais, dans notre pauvre station Charcot, le virus enlève les espoirs, ferme l'avenir, rend malade avant même d'agir! Car, sans la domination, nous voilà hébétés, assommés, hagards! Nous avons perdu nos repères! Nous ne pouvons plus nous sentir triomphants! La dépression nous guette, car elle vient à chaque fois que nous avons le sentiment d'être face à un mur!
Il faudrait trouver une nouvelle manière de grandir, de se développer, de survivre même! Il faudrait se sentir dominant, sans dominer, sans victimes! Et pour cela donner du sens à l'ensemble, pas seulement à notre personnalité! Il faut déjà voir les autres... et non les écraser! Il faut accepter de perdre, bien sûr! Et comment réussir cela sans foi? Se développer, s'épanouir, c'est aussi donner par amour! Or, comment mieux donner qu'en "croyant", quasi "gratuitement", comme si on faisait "rouler" un peu de soi-même dans l'infini! Comment mieux grandir qu'en aimant l'esprit?
L'égoïsme est vaincu, quand il croit, car il n'a plus peur! Mais la plupart se raccrochent à la domination coûte que coûte, tant qu'ils ne sont pas brisés!
Jeudi 25 février: la neige tombe lentement et tout paraît calme, mais c'est trompeur! D'abord, mine de rien, je dois lutter contre mon angoisse... Elle est souvent au chevet de notre réveil, mais encore faut-il la reconnaître! Certains la transmettent directement à leurs enfants, leurs employés, à toute personne qu'ils rencontrent, en montrant de l'impatience, de l'énervement et même du mépris ou de la haine! Cela dépend de l'idée que l'on a de soi-même et plus on se croit important et plus on se donne le droit de ne pas respecter l'autre!
Lutter contre sa domination demande un entraînement quotidien! On apprend chaque jour à se calmer, à dresser son amour-propre, même s'il a raison et qu'il veut le bien! Heureux celui relativise son avidité, car il devient lent à la haine et reste disponible! Heureux celui qui combat sa peur et qui parvient à la dominer, car il ne broie pas les autres et travaille pour la paix!
Mais distinguer sa crainte demande déjà d'être individualisé! On doit être conscient de l'existence de l'autre: il ne nous appartient pas, ni nous est assujetti Or, la domination se nourrit justement de l'infériorité, de la vassalité de l'autre!
Ainsi, la plupart ne distinguent pas le monde de leur propre univers: l'environnement est mené à la baguette! C'est une tyrannie qui se déplace et qui n'admet pas l'obstacle, la résistance! un peu comme si on étendait sa famille en tous lieux!
Comment peut-on, dans ces conditions, remarquer sa peur, essayer de la comprendre et lui demander des comptes! On fait tout subir à son entourage, on ne se remet pas en question et on n'évolue pas! On croit pouvoir utiliser les autres comme des paillassons! Et malheur à celui qui se rebelle, car on cherchera par tous les moyens à le détruire! C'est à pleurer! d'autant qu'on crée une société dure, égoïste et on est tout surpris quand la violence se déchaîne, alors qu'elle n'est au fond qu'un retour de bâton!
Pour pouvoir grandir, il est nécessaire de s'opposer à sa domination... C'est ce travail qui permet de se construire, d'atteindre toute son individualité, en même temps que celle des autres devient de plus en plus distincte! A l'inverse, il existe un degré où la domination constitue une folie, quand les autres ne sont là que pour servir, quand c'est seulement leur esclavage qui permet de faire un pas!
La patience joue un rôle capital dans notre développement!
Le dominateur ressemble au siphon d'un évier... Est-il rempli d'eau noire et il la déverse aussitôt ailleurs!
Mais, comme chaque matin, je dois aller porter son petit déjeuner à Gestin... et je me rends dans la cuisine. A côté, il y a deux gars qui occupent le réfectoire... Soudain, le ton monte et les deux hommes s'empoignent! Ils roulent par terre, en se donnant des coups, mais cela me laisse absolument indifférent!
Cela m'amuse même, car je savais bien que l'ambiance était réellement électrique et je me félicite encore d'avoir vaincu ma peur matinale! Je suis paisible, nullement tourmenté et je suis prêt à faire le bien, mais cela ne passe pas forcément par être entraîné par ces deux imbéciles, qui d'ailleurs sont finalement séparés par Friant!
Par moments, je me dis même que je n'ai pas de cœur, mais autour on fait si peu d'efforts, que j'élude ma réflexion d'un haussement d'épaules! Et puis la laideur de l'égoïsme est sans fin!
En chemin, je me rends compte que nous sommes tous à un degré de domination et que nous l'exprimons d'une manière ou d'une autre! Il ne peut en être autrement et d'ailleurs je repense à celles qui sont les plus reconnaissables dans les villes... On trouve la musique forte, l'appel téléphonique que tout le monde entend, la richesse ostentatoire, la séduction agressive et même la politesse exagérée ou le handicap outré!
Il s'agit d'attirer l'attention sur soi, afin de contrôler le monde, du moment qu'on en est le centre! On se sert de l'autre, sans s'intéresser vraiment à lui! On ne cherche pas son épanouissement, ni le bien en général! On se contente de tirer la couverture à soi, ce qui est très pauvre!
Personne ne répond, quand je frappe à la porte de Gestin... Je pousse un peu le battant et il s'ouvre. Tout dans la pièce est sens dessus dessous! Je marche sur des papiers et dépose le plateau sur le bureau, mais nulle trace du médecin!
Je passe dans la salle de bains et découvre Gestin, la tête sous l'eau, dans la baignoire. C'est une des seules de la base et elle a malheureusement été utile ici, d'autant que ce n'est pas un suicide! Le corps nu de Gestin a de multiples ecchymoses et on lui a retourné tous ses doigts! On l'a donc torturé, avant de le noyer!
Je vomis dans les toilettes, reprends mon souffle et me lave la bouche. Puis, je ressors, en refermant doucement la porte. Un peu plus loin, je croise Sophie Prémel, éclatante de santé! "Mon Dieu, Cariou, qu'avez-vous? Vous êtes tout pâle!
_ Ce n'est rien... Je crois que je fais un peu de constipation...
_ C'est plutôt un problème féminin, ça non? Est-ce que vous ne seriez pas plus délicat que vous en avez l'air?
_ Attendez de voir mon micro pénis!"
Elle éclate de rire et s'en va, et c'est tant mieux, car je suis complètement désemparé! Le seul ami que j'avais ici a été assassiné et je ne sais même pas quoi en faire! La chose qui me hurle à l'esprit, jusqu'à l'obscurcir, c'est que nous sommes en compagnie de quelqu'un de très, très dangereux!
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Do do l'enfant Dom!
- Le 20/02/2021
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"Là!
_ Quoi là?
_ Fantômas!"
Fantômas
Journal de Jack Cariou, station Charcot, mardi 16 février: le temps s'améliore un peu... Peut-être pourrons-nous bientôt sortir, nous dégourdir les jambes? Mais nous restons toujours sous la menace du virus... D'ailleurs, je m'aperçois ce matin combien l'énervement monte depuis quelques jours, chez tout le monde... et cela m'amène à me demander pourquoi!
Qu'est-ce qui fait que nous perdons nos nerfs? C'est que nous voyons que rien ne change, n'est positif! Nous avons l'impression d'être face à un mur, contre lequel, gagnés par la colère, nous nous mettons à frapper! C'est l'angoisse qui nous pousse et le monde autour reçoit nos plaintes et notre agressivité!
Heureux alors celui qui peut davantage s'apaiser, en se demandant moins à lui-même, en se reposant, car il a moins besoin de satisfaire son amour-propre, puisqu'il prend plus de plaisir au quotidien! En effet, fustiger les uns ou accabler les autres ne fait que rajouter au chaos ambiant! Terroriser n'est jamais constructif!
Le sage se calme à mesure que les autres s'emportent et c'est ce qui prouve le bien-fondé de sa voie! L'angoisse entraîne le plus grand nombre, quand lui demeure tel un rocher! Il apprécie encore le jour, au milieu des cris et des invectives! Et ce n'est pas une question de temps libre et d'argent! C'est bien l'amour-propre souffrant ou l'égoïsme instable qui ont le plus de besoins et qui sont donc les plus sujets à la colère et au mépris!
C'est aussi pour cela que la plupart veulent garder leurs illusions et fuient tout ce qui pourrait les inquiéter, les faire se remettre en question! Ils se trouvent déjà pauvres et il faudrait encore en céder! Pas question! Il vaut mieux croire sa haine ou son indignation justifiées! Cela donne de l'air! Mais, dans ce cas aussi, on ne voit jamais vraiment les aspects les plus sombres de la réalité et on ne peut ni guérir, ni se prémunir contre les prochaines catastrophes!
Ceci est encore valable pour les journalistes, ne leur en déplaise, car ils forgent une société dans laquelle ils se retrouvent, malgré certains événements, qu'ils choisissent d'ignorer, ou plus exactement qu'ils refoulent! Nous voyageons sur un bateau imaginaire et seules les tempêtes nous forcent à nous changer! C'est dire combien notre évolution est longue et nous coûte cher!
Mais, c'est ainsi: nous ne voulons voir que ce qui nous arrange!
Mercredi 17 février: le vent est tombé, mais je suis réveillé par une musique, que je perçois comme une agression... C'est déjà assez dur comme ça! Je me lève mécontent et me dirige vers la source du bruit, pour le diminuer!
Dans le couloir, je m'aperçois que la musique vient du secteur de Douguet... Il me faut passer un embranchement et plus j'avance et plus je trouve le son anormalement fort! C'est comme si on avait subitement abandonné la station, en laissant certains appareils fonctionner...
La porte de Douguet est entrouverte... et il gît sur son lit! Il a des pansements sur le visage, mais ce sont ses yeux qui me frappent! Ils sont figés dans une surprise horrifiée et ne regarderont plus personne! Une main serre la télécommande, ce qui explique le volume de la chaîne... Je m'approche un peu, mais pas trop..., car j'ai déjà vu cette expression: elle était sur Mercier, le premier mort du virus!
J'éteins la chaîne et je bute contre Friant! "Alors, mon salaud, t'es venu finir le travail!" me dit-il. Derrière lui se tiennent le professeur Morizur et même Sophie Prémel, qui me regarde avec de la haine, car elle croit sans doute toujours que je l'ai "snobée"!
Morizur est un grand type, maigre et froid, quasi hautain! Il doit se faire une haute opinion de lui-même et avoir beaucoup d'ambitions! C'est un dominant et qui trouve juste de l'être! Pour lui, il y a les élites et les autres! Dans son esprit, c'est une question naturelle d'intelligence, de capacités! Il est né du bon côté, voilà tout!
Mais l'intelligence n'a pas grand chose à voir avec le QI! Elle est difficilement quantifiable et même on peut vouloir ne pas la voir, comme je l'ai écrit plus haut! On comprend qu'il y ait une intelligence basée sur la logique et la raison, mais il en existe une autre qui émane de la sensibilité, qui rend la perception du réel extrêmement fine! Celle-là aussi utilise bien sûr la raison, pour atteindre l'entendement, mais elle est d'abord due aux sens, à l'instar de l'animal qui reconnaît un danger, avant même qu'il ne soit vraiment menacé!
On peut ainsi juger du degré d'oppression d'un dominant, car chacun transmet quelque chose! Et certains ou certaines sont déjà des tyrans à cent mètres! Et c'est une forme d'intelligence que de s'en apercevoir, car cela évite de devenir une victime! Cette intelligence due au sens, et qui est peut-être plus primitive que celle du raisonnement, est un formidable atout pour la survie! Elle permet de comprendre le monde bien avant la parole! Mais le terme d'intuition ne lui convient pas non plus...
"Vous vous trompez, Friant! J'ai entendu de la musique et je suis venu voir... et j'ai trouvé Douguet comme ça, mort!
_ Mort? Il est mort? Vous l'avez tué! criait maintenant Friand, en essayant de voir par-dessus mes épaules...
_ N'approchez pas, Friant! fis-je en bloquant le passage! Le malheureux a été tué par le virus!
_ Le virus? Encore vos histoires!
_ Il a le même air que Mercier, quand celui-ci a été frappé!
_ Hum! Il a peut-être raison, Friant, dit à son tour Morizur. Il vaut mieux être prudent!
_ Je peux sans doute prouver que c'est le virus, car je dispose de tests!
_ Des tests? Mais personne n'en a parlés!
_ Je sais, c'est Gestin qui me les a confiés! Mais, sortons! Je vous propose de revenir effectuer le test, quand nous serons équipés!"
Avant de continuer mon récit, il me faut revenir sur mon dernier échange avec le médecin de la station...
Jeudi 18 février: le temps est sec... et la température à l'extérieur est de moins quinze degrés! Quand on regarde les choses par le hublot, on ne peut s'empêcher d'éprouver un léger malaise, car ce qui nous protège du froid nous paraît bien mince! Mais baste, il s'agit bien de vivre!
Gestin a peut-être effectivement découvert un vaccin... Il faut dire que le "labo" ici est très performant! Mais il est nécessaire d'attendre, d'examiner s'il y a bien une immunité et je suis devenu le cobaye de Gestin! Pour l'instant, je ne ressens pas d'effets secondaires, mais suis-je vraiment protégé contre le virus?
De son côté, Gestin résiste à la maladie, notamment en prenant des médicaments, sa "potion" comme il l'appelle, et il a mis au point des tests! Ce sont de longs bâtonnets, terminés par du coton, qu'on enfonce dans le nez et qui prennent la couleur bleu, au contact du virus! J'en ai plusieurs sur moi et j'explique leur fonctionnement à Friant...
Puis, je prends un malin plaisir à lui "tisonner" le nez, de sorte qu'il s'agite et lève un bras pour m'arrêter! Mais je ressors le test et il est négatif! Friant est soulagé, mais en même temps il doute... Cependant, je ne lui laisse pas l'occasion de m'appliquer le même traitement... Je lui montre seulement une pochette avec mon nom et un coton blanc, ce qui doit le convaincre de ma bonne santé, et, comme je ne mens pas, nous nous mettons à nous habiller.
Vêtus de combinaisons protectrices, nous entrons de nouveau dans la chambre de Douguet... et inutile de dire qu'il n'a pas bougé! Il a toujours ces yeux terrorisés, mais, sans m'apitoyer, je lui enfonce dans le nez un test et il réapparaît bleu! Friant acquiesce et nous nous en allons. Le corps sera enlevé plus tard, pour rejoindre ceux qui déjà "méditent" dans la chambre froide!
Tout le monde, en fin de compte, est réuni dans le réfectoire... "Je n'ai que quelques tests! dis-je. Il y en aura d'autres, mais Gestin fait ce qu'il peut!
_ Et qui nous dit que ces tests sont valables? fait quelqu'un.
_ Friant était avec moi chez Douguet... Il peut témoigner!
_ C'est vrai, j'ai vu la différence!"
Il y a un murmure... "La priorité, c'est de tester les personnes qui étaient le plus en contact avec Douguet!" repris-je. Silence...
"Voyons voir... Il y a bien sûr Friant... et il est négatif! Mais qui d'autres?
_ Morizur, Prémel certainement! dit Friant lui-même!"
Je vois les deux intéressés se raidir... "Hum! C'est-à-dire... fait Morizur.
_ Jamais vous ne me mettrez une saloperie pareille dans le nez! s'écrie verte de rage la belle Prémel."
Derrière les autres s'écartent... "Friant..." fais-je et tous les deux, encore vêtus de nos combinaisons, nous faisons asseoir celle qui pourrait être mannequin et qui très sérieusement est ici en tant que biologiste! Elle se débat et son corps élastique s'avère particulièrement vigoureux! Mais enfin sa tête est immobilisée et mon bâtonnet disparaît dans sa narine frémissante!
Malgré la situation, je fais tout pour ne pas paraître brutal, car je respecte toujours la beauté et l'homme cède naturellement à la femme, car elle représente potentiellement l'avenir, la survie de l'espèce!
Prémel a sans doute senti mes égards, puisqu'elle se calme et je crains maintenant lui avoir dévoilé quelque faille, mais le test est négatif et la jeune femme se libère... Nous nous tournons alors vers Morizur, qui hésite et qui a sans doute peur que le moment l'humilie devant les autres! N'est-il pas le chef?
"Allez, professeur! fais-je. Vous savez bien que c'est nécessaire! Tenez, c'est Friant qui va vous tester!
_ Eh bien, oui, hum! dans ce cas..."
Ici, Morizur redevient un dominant: il s'assoit volontaire sur la chaise et met courageusement sa tête en arrière. Je laisse Friant opérer... Le bâtonnet roule entre ses doigts et sa couleur bleue est montrée en pleine lumière! C'est la stupeur! "Ce n'est pas possible! s'écrie Morizur. Je... je ne ressens aucun symptôme!
_ Vous devez donc être asymptomatique! lui dis-je. Mais vous transmettez tout de même le virus!
_ Mais.. mais...
_ Il est indispensable que vous gardiez la chambre pour le moment, à moins que vous ne vouliez contaminer tout le monde! Gestin vous fera donner les médicaments qu'il utilise lui-même!"
Morizur est assommé et il se laisse emmener par Friant... Les autres me regardent comme si j'étais le diable en personne... et je suis toujours surpris par notre enfantillage!
Nous sommes là avec toutes nos histoires, sur une toute petite planète perdue dans l'espace, alors que nous mourons les uns après les autres, et pourtant cela ne nous choque pas, ne nous interpelle pas!
C'est comme si nous étions dans un train à grande vitesse, sauf que le réseau ferré n'existe pas!
Combien faut-il de domination, pour ne pas sentir la spiritualité nécessaire?
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Sous le Dom!
- Le 13/02/2021
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"Des cloportes! Tous des cloportes!"
La Métamorphose des cloportes
Journal de Jack Cariou, lundi 8 février: déjà trois morts! Le Mercier, Nizou et Covillon! Nous vivons isolés, à cause de la tempête, mais surtout parce qu'un virus condamne notre station Charcot!
La neige s'accumule sur nos flancs et paraît nous enfouir peu à peu! Il est difficile de résister à un sentiment d'oppression, d'autant que le souffle du vent rend encore plus troublant notre silence!
Les rencontres sont rares et courtes, seulement produites par la nécessité! Les nerfs sont mis à rude épreuve... On croit être suivi et on se retourne, pour voir un couloir vide! Ou bien on se fige, car on a entendu des rires, jusqu'à ce qu'on comprenne qu'on est le jouet d'un bruit de fond ou d'un acouphène!
On s'arrête encore devant des ombres, que font les coins, comme si on redoutait et désirait tout à la fois voir surgir je ne sais quel monstre! L'horreur même montrerait que nous existons, qu'il se passe quelque chose!
Pour m'équilibrer, j'écris avec plaisir, dans ma chambre, où j'ai mes habitudes! Un vieux plaid, même déchiré, vient me réchauffer les jambes... J'ai une belle lampe de chevet, qui me verse une lumière chaude, et comme partout où je suis, j'ai construit autour de moi une ambiance studieuse!
On ne se refait pas évidemment et je suis toujours le même fil rouge: la domination et le sens de la vie! Je ne peux me lasser du sujet, c'est plus fort que moi! Mais j'ai l'impression d'être un brise-glaces, tant les obstacles sont nombreux et il est possible que l'horizon soit aussi vide que le cœur de ceux que je combats! Alors, la nuit éternelle m'engloutira..., avec mon secret ou ma folie!
Mardi 9 février: il est tout de même un fantôme, quasi palpable, qui hante les lieux... C'est une très vieille dame hideuse et en haillons, toujours à se plaindre et qui soudain vous tranche la gorge, avec la plus belle férocité! C'est la haine, le sentiment qui règne le plus et qui finit par chasser tous les autres!
Le froid n'y est pas pour rien, bien entendu, car il gêne, mais la haine est quasiment une maladie! Elle vient de ce que notre domination se sent menacée et plus cette seconde est impérieuse et plus la première est grande! C'est un sujet que nous avons déjà maintes fois traité et pourtant il ne cesse de nous interpeller!
En effet, la plupart sont haineux du simple fait que l'autre existe! Que l'autre ait une vie propre, qui doit être respectée, constitue pour eux une épreuve insurmontable! Comment expliquer un phénomène aussi déraisonnable, sinon parce qu'il vient d'un égoïsme forcené, immature, infantile; comme si le bébé qui est en nous ne voulait pas grandir, pour ne pas voir, ni avoir froid et peur?
Nous sommes faits pour vivre en société, mais la haine nous en empêche justement et elle peut donc être vue tel un cancer qui nous détruit! C'est pourquoi, malgré l'enseignement des guerres, notre quotidien est toujours aussi impossible, violent et douloureux! Mais considérons les animaux...
Dans le groupe, ils se situent selon qu'ils sont dominants ou dominés! Il est donc naturel que nous reproduisons ce comportement et on tient d'abord à être supérieur à l'autre, ce qui implique qu'on le veut asservi; d'où notre haine si ce n'est pas le cas!
Un combat s'engage pour savoir qui est le dominant et jusque-là nous ne faisons guère plus que les animaux! Cependant, si la hiérarchie assure leur survie, pourquoi est-elle empoisonnée chez nous? C'est que l'homme (et nous nous répétons sûrement!) a une conscience qui lui permet de s'affranchir un tant soit peu de ses instincts, ce qui lui donne une liberté, un choix, une connaissance, qui ne peuvent pas ne pas l'inquiéter, l'angoisser!
Or, face à la peur, à l'inconnu, nous avons de nouveau recours à notre naturel, c'est-à-dire que nous renforçons notre domination et par là notre haine! On voit l'impasse! Ce qui convient aux animaux nous perd! Non seulement nous nous piétinons, mais en plus nous voulons soumettre la planète, ce qui la met en péril!
Il faut donc donner à nos vies un autres sens que celui de la domination! Mais allez dire ça à des gens qui sont remplis de haine, qui sont prêts à n'importe quoi pour écraser ou avilir!
Mercredi 10 février: mal dormi, froid... Par le hublot, je ne vois que de la neige en bourrasque, car ici la tempête peut souffler pendant des jours! Comme souvent, je suis quasiment hagard et je ne crois plus à ce que je fais... Parler de leur égoïsme aux gens, c'est comme soulever une poutre! On grimace, on ahane, puis on la laisse retomber avec précautions, pour ne pas coincer sa main ou blesser son dos!
Pendant ce temps-là, notre interlocuteur est resté de marbre et ne montre aucun signe de compréhension! Il s'est glacé sous la menace! Pourtant, on parle de l'essentiel et même du bonheur! La haine de nouveau affleure et on peut même s'en vouloir d'exister, en étant aussi encombrant!
On se lasse d'être à contre-courant et on voudrait alors n'importe quoi, plutôt que de continuer à marteler des choses, que seul le néant écoute! J'étais dans cet état d'esprit quand elle est entrée! Elle a d'abord frappé, j'ai répondu et elle a dû faire un pas dans la pièce, mais je n'en suis pas sûr, car elle se déplace comme par enchantement! Elle, c'est Sophie Prémel!
Dès mon arrivée à la station, je l'avais remarquée... et ce n'est pas possible de faire autrement! Sa vitalité, sa sensualité captivent tous les regards, comme si chacun était un figurant du film dont elle est la vedette!
Cela ne m'avait pas gêné, car Sophie Prémel était avec le groupe des dominants et je sais que ce sont au fond les plus faibles; ne serait-ce que parce qu'il leur faut toujours éprouver leur supériorité, ce qui réduit leur existence à un miroir!
Mais la santé appelle la santé, la force la force! C'est une garantie de plaisir pour le sexe et plus inconsciemment, c'est la condition pour une progéniture saine! L'acte d'amour n'est jamais autant réussi que quand il y a l'espoir d'un monde meilleur, par la transmission des gènes! C'est le désir infini de l'autre qui provoque ce rêve... et c'est pourquoi les dépressifs, qui ne trouvent pas leur environnement favorable, s'en désintéressent!
Mais Sophie Prémel m'adresse pour la première fois la parole et j'assiste à une véritable symphonie! Mon regard va de ses yeux clairs et profonds, à sa bouche corail et légèrement humide! Elle tourne autour de mon lit, en pivotant sur un doigt... et cela me permet d'admirer ses hanches fuselées et fermes!
Elle se redresse, ainsi que sa poitrine parfaite! Elle a une moue et souffle sur une mèche, qui dégringole d'une chevelure de lionne! Je me tends inexorablement!
Elle se rapproche encore et m'embaume! Elle me parle, mais que dit-elle? Je n'écoute même pas! Je suis captivé par chacun de ses gestes, comme le cobra par son maître! Puis, elle me frôle de sorte que je peux imaginer les plaisirs les plus crus! Mais elle me calme en levant un sourcil!
Je suis comme un assoiffé dans le désert! Je crains même de devenir son caniche! Ma solitude me paraît absurde, mon combat une planche de tortures! J'ai l'air d'un morceau de sucre qui se dilue! Je voudrais la prendre dans mes bras, boire à sa source... et pourtant, il y a une chose que je ne perds pas de vue, malgré le brouillard: pourquoi ai-je droit à cette visite?
Voyons... La reine, que j'ai sous les yeux, a pu apprendre ma résistance face à Douguet et ma collaboration avec Gestin! Cela place un homme, si je puis dire, et j'acquiers peut-être le statut de dominant! Mais je n'y crois guère, je n'ai pas vraiment le profil: il me faudrait encore être riche, pour satisfaire Sophie Prémel, qui veut la puissance et la sécurité!
Ce qui me paraît plus juste et plus sombre, c'est qu'elle est envoyée par le "clan" adverse, que mène le professeur Morizur, à qui je n'ai pas encore eu l'honneur de parler! En me rendant esclave d'Eros, on m'écarte de la route, pour atteindre Gestin! C'est bien combiné, car vraiment je suis tout petit et la vague de la sensualité peut m'emporter facilement!
Mais, au final, c'est Sophie Prémel elle-même qui me délivre, en se trompant sur mon inertie, qu'elle prend pour de l'indifférence! Son amour-propre, impérieux et impatient, se révolte et l'injure succède à l'œillade! "Qu'est-ce que je fais ici, Cariou? hurle-t-elle presque. Vous me désirez, je le sais, mais vous n'avez même pas le courage de vouloir vous satisfaire! Vous n'êtes qu'un minable, un pauvre minable (on dirait du Douguet au féminin!)!"
Et elle s'en va; ses formes sveltes se fondant dans le sillage de sa chevelure fauve! Elle eût montré un peu de désarroi et j'eusse cherché ses lèvres! Inutile de dire que j'ai mis beaucoup de temps à m'en remettre!
Jeudi 11 février: dans la nuit j'ai été réveillé par un froid intense, anormal! Après examen, mon chauffage était éteint et je me suis dirigé vers la chaufferie, pour essayer de réparer la panne. Je ne voulus pas allumer les couloirs et me guidai seulement avec les éclairages de secours; c'était largement suffisant! De temps en temps, j'entendais, au-dessus de ma tête, le bruit soyeux de la neige, qui était en train de nous ensevelir!
La chaufferie est une vaste pièce nue, où ronronne le circuit, dont on découvre le fonctionnement, au fil des voyants de plusieurs tableaux! J'étais en train de déchiffrer ce dédale, quand j'entendis derrière moi une voix dire: "Alors, j'ai fait sortir le loup du bois!" C'était Douguet, qui visiblement m'avait fait tomber dans un piège! "Il est de temps de régler nos comptes... Tu penses pas, le morveux?"
J'ai plus de cinquante ans et je suis fatigué d'avoir peur..., surtout de gens comme Douguet! Il était plus fort que moi et savait sans doute se battre, mais je connaissais son caractère et je prévoyais son attaque! Comme il était impatient et égoïste, il voudrait m'anéantir le plus vite possible! Si je pouvais résister un tant soit peu, je le conduirais dans mon domaine, celui de l'endurance et de la souffrance, ce qui lui serait nouveau et le déstabiliserait!
Je me mettais en garde, me couvrant bien le visage et tout le haut du corps! Douguet bien entendu en ricana, mais je me moquais de son mépris! Puis, il chargea et fit pleuvoir ses coups, comme je l'avais prévu! Ma défense tint bon et je reculais juste pour diminuer le choc! Soudain, entre ses bras, je plaçai un uppercut, qui le toucha au menton! C'était un geste préparé!
Il fut plus surpris que blessé, mais j'avais réussi à briser son élan! De nouveau, cependant, il fonça et je me protégeai contre sa fureur! Il n'était pas possible qu'il pût soutenir ce rythme et je profitai d'une petite baisse d'intensité, pour me pencher et le frapper dans les côtes, avec deux crochets du droit, de toutes mes forces! Il grimaça et encore une fois s'écarta!
Il était là où je voulais qu'il fût! Le doute commençait à le gagner et il réengagea plus mollement! Je lui refis mal de la même façon: un cobra n'aurait pas été plus percutant! et cette fois Douguet hésita, entre sa garde et se tâter les côtes! Dans l'ouverture, mon direct du gauche chercha la distance et je pus déclencher le droit! J'écrasai sa joue et son nez et j'alternais: gauche, droite; gauche, droite! Je me défoulai sur la pâte de son visage et je vidai une colère depuis trop longtemps contenue!
Je fus tout de même tiré en arrière, en même temps qu'on me criait: "Mais arrêtez! Vous allez le tuer!" Je me calmai et approuvai celui qui venait d'intervenir: Friant, l'un de ceux qui étaient avec Douguet, quand je fus sommé de choisir mon camp!
Je laissai le blessé aux soins de Friant et regagnai ma chambre... Je ne regrettai rien... J'étais fier d'avoir résisté et puis c'était le matin! Après une brève toilette, malgré mes membres douloureux, j'apportai à Gestin son petit déjeuner! C'est moi qui lui sers ses repas...
Il ouvre sa porte et je pousse le plateau... Puis, quand il a refermé, on discute comme dans un confessionnal... Debout dans le couloir, je l'entends qui commence à manger, mais cette fois-ci je me figeai: " Cariou, dit-il, je crois avoir trouvé un vaccin!"
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Dom dégoûtant!
- Le 06/02/2021
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"Comment veux-tu que je fasse confiance en quelqu'un
qui porte une ceinture et des bretelles?"
Il était une fois dans l'Ouest
Journal de Jack Cariou, mardi 2 février: de nouveau la tempête fait rage autour de la station polaire Charcot! Nous voilà comme sur un navire, que les flots emportent dans la nuit, d'autant que nous sommes isolés, confinés, à cause d'un virus!
Aujourd'hui, j'ai eu la visite du mécano Douguet... Un drôle de type, au corps dégingandé et au regard fuyant! Il s'est présenté sur le seuil de ma chambre: "J' vais pas plus loin..., rapport au virus! m'a-t-il dit avec une grimace.
_ Bien sûr!
_ Alors, comment vont nos malades?
_ Eh bien, apparemment, ça ne va pas trop mal... Gestin se soigne... J'ai informé Covillon qu'elle était un cas contact et la scientifique en elle a repris le dessus! Elle comprend qu'elle ne doit pas quitter sa chambre! Quant à Nizou, il continue tant bien qu' mal son sevrage! Je lui transmets par ailleurs les calmants que lui adresse Gestin!
_ Oh! oh! Bien! Voilà de bonnes nouvelles!
_ En effet!
_ Dites, c'est quand même dur ce confinement! J'ai l'impression qu'y pensent pas vraiment à nous, sur l'Hexagone!
_ La tempête n'arrange pas les choses...
_ Non, évidemment! Mais, au final, nous sommes paralysés à cause de trois personnes! Deux exactement!
_ Comment ça?
_ Eh bien, d'après ce que nous savons, seuls Covillon et Gestin ont été infectés! Car, autrement, personne n'a vu le virus sur la base!
_ Mais il peut se propager tout de même!
_ Bien sûr, mais nous prenons des précautions, non? D'ailleurs, ne sont-elles pas excessives? On ne vit plus pour ainsi dire! Alors, que nous, nous sommes jeunes, dans la pleine force de l'âge!
_ Mais où voulez-vous en venir?
_ Ecoutez, il est visible que le virus est véritablement dangereux pour les vieux! Mercier est mort et son collègue Gestin a l'air lui aussi salement touché! Mais la Covillon s'en sort comme un charme! Le virus semble sans effets sur elle!
_ Mais j'imagine que les personnes les plus vulnérables sont les plus exposées, mais cela ne veut pas dire que le virus ne pourrait pas faire succomber... quelqu'un dans la pleine force de l'âge, comme vous dites!
_ Ecoutez, Cariou, je vais vous parler franchement... Je crois que Gestin nous mène en bateau..., qu'il nous fait croire à un virus qui n'existe pas! Après tout, Mercier est peut-être mort d'une simple crise cardiaque et Gestin a saisi l'occasion!"
Je suis resté au moins une minute silencieux, avant que les propos de Douguet ne me pénètrent, puis j'ai eu la force de demander: "Mais Gestin agirait dans quel but?
_ Mais pour prendre le pouvoir de la station! Il y avait déjà une lutte entre Mercier et lui et depuis quelque temps, il est question que les jeunes ici prennent les choses en main! L'Hexagone verrait bien le professeur Morizur comme nouvel administrateur, à la place de Gestin!
_ Je l'ignorais...
_ Apparemment, vous n'êtes pas très au courant... et comment pourrait-il en être autrement? Vous êtes un invité ici! Mais, bon sang, considérez les choses avec sang-froid! Qui a découvert le virus? Gestin! Qui a provoqué le confinement? Encore Gestin! Qui a dit à Covillon qu'elle est un cas contact? Toujours lui! Il est devenu le maître d'œuvre, il nous tient à sa merci, pour ainsi dire, avec une histoire inventée de toutes pièces!
_ Et s'il meurt demain?
_ Et si le père Noël frappe à la porte! Je vous laisse, mais vous devriez commencer à réfléchir à tout ça!"
Oh oui! Il n'avait pas besoin de me le dire, car un abîme s'ouvrait devant moi! Un monde effarant et terrible! Je frissonnai de dégoût! Mais il fallait que je considère les méandres du cerveau humain! Comment pouvons-nous tant transformer la réalité selon nos désirs?
Soudain, pourtant, je me figeai! Et si j'avais été aveugle? Le poison de Douguet faisait son effet... Je rappelai à ma mémoire Gestin, son allure, son action auprès de Nizou et de Covillon... Je pesai de nouveau entièrement l'homme et il me fut impossible de le voir tel un manipulateur! Il ne simulait pas, il y avait bien un virus et Gestin en était atteint!
Malgré mon soulagement, je ne pus m'empêcher de frémir, en mesurant le travail destructeur des propos de Douguet et je prenais conscience du mal que pouvaient produire les fake news! Mais comment expliquer de telles manœuvres retorses?
Nous savons que, sitôt le ventre plein, nous luttons pour imposer notre amour-propre ou notre égoïsme! C'est la domination qui nous vient du règne animal! Mais nous n'admettons jamais ce fait, que ce sont nos intérêts qui sont en jeu! Notre soif de pouvoir n'existe pas!
Par exemple, un tel va s'engager en politique et tout son discours s'appuiera d'abord sur une volonté d'aider les gens, de s'impliquer pour eux! C'est d'autant plus facile à faire croire que c'est vrai! Une partie du futur élu veut effectivement le bien, grâce aux "manettes" de la démocratie!
Il faut un événement contraire pour que le tuf, la roche, apparaisse! Notamment, l'échec aux élections fait naître, chez notre candidat, une haine qu'il voue à son adversaire! L'autre a réussi et pas lui! S'il était seulement question d'un programme et du bonheur des gens, il n'y aurait pas ce sentiment violent, cette amertume et ce mépris, mais comme l'amour-propre était encore sur la balance, il réagit et se console comme il peut!
Au fond, il n'y aurait pas de politique, s'il fallait avouer ses ambitions personnelles, car la situation semblerait trop crue pour les électeurs... et cette façon d'"arranger" nos pensées, que l'on peut voir comme de l'hypocrisie, est présente dans tous les cerveaux! Elle est même plus le fruit de l'ignorance que de la malhonnêteté!
Cependant, elle ne cesse d'agir et de transformer notre environnement! Elle "dévie" le problème ou l'essentiel! En effet, notre égoïsme insatisfait, souffrant, s'il demeure caché, s'exprime en désignant des coupables, des responsables qui font obstacle au bonheur! Pour les uns, ce sera les étrangers; pour les autres, le gouvernement, l'Europe, etc.! Jamais nous ne touchons du doigt notre véritable moteur et nous croyons durs comme fer à nos combats!
Certains, pour se donner de l'importance, imaginent de vastes complots, car ils deviennent ainsi des victimes paranoïaques, se débattant dans des rets invisibles! Ce songe leur voile tout appétit personnel et même légitime l'égoïsme le plus forcené! "Puisque nous vivons dans un monde dominé par des manipulateurs sans scrupules, faisons comme eux pour nous libérer, défendons-nous becs et ongles pour sauver notre peau!", voilà le raisonnement!
Ici, Douguet tourne la situation pour donner raison à sa haine! C'est Gestin qui le bloque, parce que celui-ci est coupable! Gestin fait partie des vieux qui veulent garder le pouvoir! En le supprimant, on retrouve la justice et celui qui en doute n'est pas dans la réalité, selon l'esprit de Douguet! De plus, il se dit appuyé par les autorités, etc.! Et tout ça parce qu'il est impatient, ambitieux, qu'il cherche à aller plus vite!
Il ne se sonde pas, ne se remet pas en question, ne voit pas que son problème est justement son avidité qui le ronge! Il avance comme un tourbillon et ne veut surtout pas qu'on lui tende un miroir, où il apparaîtrait égoïste, d'où sa logique perverse! Un tel homme ici, alors que nous sommes confrontés à des conditions extrêmes, est forcément dangereux!
Mercredi 3 février: ce que je redoutais est arrivé! J'ai été pris à partie par Douguet, qui était accompagné de quelques autres, afin que je choisisse mon camp! La question était: est-ce que je suis avec eux ou contre eux! Et leurs regards n'avaient absolument rien d'amical! Mais comment leur faire comprendre la façon dont je vois le monde?
On entendait le vent hurler dehors et cette rencontre, dans le réfectoire presque vide, avait quelque chose de sinistre! Je décidai de gagner du temps, en tergiversant... "Qu'allez vous faire, si je suis des vôtres? Quels sont vos projets?
_ Eh bien, on prend le pouvoir... répondit Douguet. On écarte définitivement Gestin et on annonce que le virus était une erreur! On va pas se sacrifier pour des ruines, on a mieux dans le viseur! Pas vrai, les gars?
_ Vous ne pensez tout de même pas sérieusement à éliminer physiquement Gestin?
_ Non, bien sûr que non! Ceci dit, euh, un accident est vite arrivé... Par exemple, il peut s'endormir la fenêtre ouverte! Elle était mal fermée et le vent...
_ Je vois... J'aimerais savoir: qu'est-ce que vous voulez au juste?
_ Hein?
_ Oui, qu'est-ce qui vous manque et qui pourrait vous rendre heureux?
_ Ben nous, on veut que la base fonctionne et puis s'il y a des brevets, on peut se faire du fric! Etre plus à l'aise, voir plus grand, respirer, voilà c' qu'on veut!
_ Et si je vous disais que même avec du fric et du temps libre, vous seriez aussi malheureux et tendus que maintenant! Hein? Et si je vous disais que vous êtes des hypocrites et des égoïstes et que c'est justement cela qui vous fout d'dans!
_ Ah! Ah! Cariou, j' t'avoue que j'avais jamais compté sur toi! J' savais que tu nous f' rais faux bond! Tss, tss! T'es un merdeux, Cariou! T'es le pauvre type par excellence! J' parie qu' t'as jamais vraiment satisfait une gonzesse! T'es un pisse froid! Un sale petit bourgeois!
_ Bah, j' suis trop vieux maintenant, pour avoir peur de la canaille!
_ Très bien, on va s'occuper de toi! On va d'abord t' rosser comme t'as pas idée!'
Je reculai pour me préparer, quand il y eut soudain du bruit dans le couloir! Puis, la sonnerie d'alarme se déclencha! Quelqu'un venait d'entrer dans le sas, sans effectuer la procédure! Les lumières s'éteignirent et je me précipitai hors du réfectoire, pour buter contre Gestin! "Ca... Cariou, balbutia-t-il. Vite! C'est Nizou et Covillon! Ils sont comme fous! Ils ne savent même plus où ils sont! Ils ont pris une moto neige, Cariou! J'ai pas pu les raisonner!"
Gestin éclata en sanglots et je démarrai moi-même un engin, pour ramener les égarés! La nuit était tombée et le vent m'attaqua aussitôt comme des milliers d'aiguilles! Un phare apparut sur le côté et je distinguai Douguet! Ainsi donc, lui aussi participait aux recherches!
Que dire? Qu'on les a retrouvés au petit matin? L'un et l'autre figés dans la glace? Quelle folie les a saisis? Nizou en manque toujours et voulant échapper à ses souffrances, par une ultime fuite! Peut-être croyait-il qu'il y avait une ville non loin, avec ses dealers?
Quant à Covillon, l'angoisse et la claustrophobie ont eu raison d'elle! Cette femme voulait plaire, être la reine dans les lumières et l'air frais l'a sûrement d'abord grisée! Le chant des étoiles plutôt que cette station grise, presque miteuse!
Dehors, le vent est tout puissant et il emporte nos rêves!
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Dom Drogues!
- Le 30/01/2021
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"Tu dois de l'argent? Tiens, voilà déjà deux cents! Mais si, prends!
Demain, je passe à la banque, je retire tout ce que j'ai... et j' fais un emprunt!
J' connais mon banquier! T'inquiète pas, ça va s'arranger!"
Tchao Pantin
Journal de Jack Cariou, lundi 25 janvier: "Depuis trois jours, la tempête fait rage autour de la station scientifique Charcot! Nous ne sommes plus en contact avec les autres hommes, tant le vent règne et hurle sur la banquise! Nous avons l'impression que c'est la fin du monde... et pourtant un fait plus grave nous préoccupe encore plus!
La mort du professeur Mercier, il y a deux semaines, a suspendu notre destin! Il travaillait sur les restes d'un mammouth, quand il s'est brusquement écroulé, apparemment victime d'une crise cardiaque! Le biologiste Gestin, qui a pratiqué l'autopsie, a fini par détecter un virus, qui attaquerait les poumons, après inhalation, et qui viendrait sans doute des vestiges de l'animal!
Les autorités en ont été informées et nous avons été placés en quarantaine! La liaison, qui nous apportait des vivres fraîches et qui était si importante pour notre moral, a été interrompue! Nous voilà condamnés à vivre repliés sur nous-mêmes, tant que les analyses n'auront pas éclairci le problème et permis une solution!
Nous nous déplaçons avec des masques et gardons nos distances! Nous avons l'air de parfaits étrangers qui se croisent, tandis que les éléments déchaînés renforcent notre isolement! Les mots sont devenus rares et chacun se demande s'il n'est pas infecté! Nous écoutons nos corps, dans une sorte d'effroi!"
Mardi 26 janvier: nous avons été réveillés par des cris sinistres! Ils venaient de la chambre du logisticien Péron! Je me précipitai, avec quelques autres, et quand nous entrâmes, nous fûmes cloués sur place! Gisait en travers du lit Péron, la langue noire, une cravate autour de son cou meurtri! Visiblement, il venait d'être étranglé!
A côté, prostré, était sur une chaise Nizou, le météorologiste de la base! Que s'était-il passé? Il a fallu que Gestin, qui est aussi notre médecin, emmenât Nizou, avant de lui donner des soins, pour que nous ayons quelques explications! Péron se droguait, à la cocaïne! Sa positon de logisticien lui permettait d'assurer son trafic, car il était encore le dealer de Nizou! Mais, avec le confinement, il a aussi consommé les doses destinées à ce dernier!
Nizou, en état de manque, a demandé des comptes et a perdu la tête! Il ne nie pas les faits, mais reste surtout préoccupé par sa propre souffrance! Gestin l'a enfermé dans sa chambre et on l'entend par intermittences donner des coups dans le mur! Quant au corps de Péron, il a rejoint la chambre froide!
Ce drame ne devrait pas excessivement nous étonner, car plus les conditions sont dures et plus certains ont recours à des "paradis artificiels"! C'est la faiblesse humaine et pourtant je ne peux ne pas voir les choses sous l'angle de l'agent OED que je suis! On sait combien la drogue, comme l'alcool d'ailleurs, donne la toute puissance! On devient beaucoup plus sensible et on se sent exister apparemment comme jamais! On croit à une connaissance accrue de la réalité et à une liberté sans bornes! On atteint le rêve et on a l'impression d'être un dieu!
Cela est assurément séduisant, mais au final il n'y a là qu'une excitation anormale des neurones, qui conduit à la dépendance et à la dépression! Le plus dur, pour l'individu qui veut arrêter, c'est justement d'accepter, outre le sevrage, de diminuer sa domination, de côtoyer un peu plus la banalité, de faire preuve de patience pour remplir les tâches quotidiennes, et si cela peut paraître gris, amer, ce n'est qu'un faux problème!
En effet, la lutte contre la domination ouvre le champ de tous les possibles, devient vertigineuse en conduisant à la foi, c'est-à-dire à l'infini de Dieu! On découvre un rêve inimaginable, qui fait trembler et qui fait couler de la joie comme une cataracte! Le quotidien alors prend des proportions colossales et laisse l'ivresse telle une fusée son aire d'envol!
Mais, là comme ailleurs, il s'agit de grandir, de quitter sa peau de bébé et cela ne se fait jamais sans peine! Combien de fois, quand on réduit son égoïsme, n'a-t-on pas le sentiment d'avoir le ventre arraché? Mais ça passe... et on en rit!
Evidemment, drogue et violence sont inséparables!
Nuit du 26 au 27 janvier: nous pensions en avoir fini avec les émotions, pour la journée, mais nous nous trompions! Des cris, des plaintes, des gémissements m'ont de nouveau sorti du lit! Il était près de minuit et habillé en hâte, je me suis retrouvé dans le couloir, avant de me diriger vers le sas d'entrée!
Plus j'avançais et plus je me sentais mal à l'aise! On eût dit qu'un animal était blessé plus loin! Je rejoignis le groupe, accouru comme moi, et nous regardions stupéfaits la scène suivante... Devant les motos neige, Gestin enserrait Sandrine Covillon, l'assistante du professeur Mercier... Elle criait: "Mais laisse-moi! Laisse-moi, espèce de minable! J'en ai marre, t'entend? Marre! Je veux sortir et tu m'empêcheras pas!
_ Elle a une crise nerfs! expliqua Gestin, en nous fixant. J' l'ai surprise alors qu'elle allait faire un tour! Le problème, c'est que pour que l'alarme ne fonctionne pas, elle a poussé le chauffage à fond dans le sas, au risque qu'il tombe en panne! Elle nous a mis en danger!
_ N'importe quoi! J'ai juste voulu respirer l'air de la nuit! On étouffe ici! Mais lâche-moi, espèce de fumier!
_ Elle est dangereuse! Excuse-moi, ma grande, mais je dois le faire!"
A notre grande surprise, Gestin frappa Covillon, d'un coup qu'il devait maîtriser, car la femme perdit immédiatement connaissance!
"Aidez-moi à la porter dans sa chambre!" jeta Gestin et nous lui prêtâmes main forte. Dans la chambre, le médecin reprit: "Elle a eu une crise de panique! Je vais lui donner un sédatif et demain elle ira mieux!"
Une crise de nerfs... ou de panique? Sans doute, mais de nouveau mon œil OED fonctionne et derrière le terme vague d'une crise, je comprends autre chose...
Nous savons que ce qui nous motive d'abord, en garantissant notre équilibre, c'est la domination! Chez les femmes, cela se traduit par un désir de séduire, d'autant que l'angoisse est forte, car c'est ce qui permet de sentir sa valeur, son importance!
Ici, Covillon a probablement, outre le confinement, perdu un repère essentiel, avec la mort de Mercier, mais qui est-on quand on croit qu'on a le droit de "perdre les pédales", comme si se donner en spectacle était légitime, allait de soi?
Il faut, semble-t-il, avoir une domination profonde, radicale, outrée, de sorte que le monde autour peut être rendu au rôle de spectateur! Cela veut aussi dire que dans ce cas les autres n'existent pas réellement et qu'ils ne sont là que pour servir! Ou bien ils plient, ou bien ils résistent et sont l'objet de la haine!
En fait, les conditions défavorables révèlent le problème, le caractère tyrannique et même maladif, car la crise de nerfs peut être rapprochée de celle du drogué en manque! Certes, celui-ci a un besoin physiologique qui lui échappe, mais son apaisement est aussi dû à une conscience de soi supérieure, dominatrice!
La femme, dont les nerfs lâchent, souffre également d'un manque et c'est celui de sa séduction qui reste impuissante, à cause du confinement, ce qui cause de l'angoisse et mène à la crise! On peut ainsi dire que la domination, à un certain degré, est pareille à une drogue et c'est pourquoi encore les autres ne comptent pas, ou si peu!
C'est une preuve d'immaturité, car chacun a droit au respect, possède une individualité propre, unique! Prendre conscience de ce fait, c'est ouvrir les yeux sur le réel, pour le construire au mieux avec sa paix!
Mercredi 27 janvier: la tempête a cessé et il fait un beau soleil! Je suis parti sur la glace, effectuer certains relevés, car même si je suis ici comme invité, je dois remplir quelques tâches!
On m'a appris à regarder la banquise et ce que je vois m'épouvante! La fonte est monstrueuse et explique pourquoi l'Europe est incessamment en butte à de violentes tempêtes! De l'air froid s'écoule en masse le long du Groenland et du Labrador et vient repousser l'air chaud montant de l'anticyclone des Açores, ce qui crée de gigantesques dépressions, à l'échelle de tout l'Atlantique! Ce vent, cette pluie, cette brouillasse enfin, dans laquelle nous avons l'impression de vivre constamment, même en plein été, sont comme "le chant du cygne" de la banquise!
A mon retour à la base, cependant, j'ai eu de nouveau un choc! Des bruits de fête m'ont conduit jusqu'au réfectoire, où j'ai pu contempler la plupart en train de faire bombance! Ils étaient ivres, se tenaient par la main, s'embrassaient et il y en avait même en slip, avec des lunettes de soleil, sur la terrasse!
La première accalmie avait chassé des esprit le virus et les gestes barrières! J'étais sidéré, mais je n'ai rien dit, je n'en ai pas eu le courage et j'ai quitté les lieux, sans peut-être qu'ils m'aient vu!
C'est que je traîne aussi quelques boulets, certains complexes! J'ai toujours été pour les autres le rabat-joie, l'empêcheur de tourner en rond! Je suscite très vite l'hostilité et ce rejet récurrent m'a fragilisé et rendu haïssable à moi-même!
C'est un effet de la dépression, bien entendu, et avec le temps j'ai compris que ce n'était pas de ma faute! J'ai toujours vu la domination ou le pouvoir destructeur de l'égoïsme et jamais je ne l'ai accepté, ni été son jouet!
Or, il y a toujours un leader, un "roi", qui asservit les autres et qui veut qu'on l'admire, qu'on accepte son commandement! C'est ma résistance face à lui, mon opposition qui me vaut d'être exclu et honni!
Au fond, la société reste le prolongement de l'école ou du lycée! Chacun croit qu'il doit en référer à l'Etat ou à son l'employeur! On s'imagine toujours qu'il y a un "proviseur" et que c'est lui qui règle la mort ou notre isolement dans l'espace! Force est de constater que la majorité demeure infantile et qu'on se piétine aveuglément!
J'ai cherché à voir Gestin, car il n'était pas au réfectoire et j'ai frappé à sa porte. Sa voix a demandé: "Qui est là?
_ Cariou!
_ Ah? Bien! Ecoutez Cariou, vous êtes l'un des seuls en qui je peux avoir confiance! Alors écoutez, je suis contaminé! J'ai le virus! Covillon doit être un cas contact: elle est porteuse sans être malade! Mais cela veut aussi dire que je ne peux plus bouger d'ici!
_ Mais...
_ Ecoutez, il faut que vous enfermiez Covillon dans sa chambre! Cela ne devrait pas être trop difficile, car elle y était encore en train de dormir, avant que je passe mon test! Mais ce n'est pas tout! Il faut vous organiser pour nous apporter des plateaux repas, que vous reprendrez avec précaution et ceci est encore valable pour Nizou! Vous avez compris?
_ Oui, mais vous? Comment allez-vous...?
_ J'ai des médicaments, je suis médecin, je sais ce qu'il faut faire! Bien entendu, il faudra encore en informer le groupe..."
Ces nouvelles responsabilités m'ont assombri, car je me suis rendu compte que nous nous enfoncions toujours plus dans une espèce de marécage! Pourtant, la solution est simple: il suffit que nous "brisions" notre égoïsme, afin de devenir tous solidaires, ce qui rendra la crise quasiment comme un amusement!
Mais, dans le couloir, quelqu'un vomissait à cause de l'ivresse!
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Dom Rouages!
- Le 23/01/2021
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"Encore un homme de Karpov!
_ Ils sont partout!"
Le Magnifique
"Rappelons les règles!" dit Joord Krabbe, qui continuait ses cours comme une litanie! Plus la situation se tend et plus la domination s'exacerbe! Nous avons déjà évoqué cet exemple animal...: quand le marigot s'assèche, les crocodiles se battent entre eux, pour savoir lequel profitera de la dernière goutte... et c'est évidemment le plus fort! Donc, plus nous sommes inquiets et plus nous avons tendance à devenir égoïstes!
Il suffit de relever les symptômes du phénomène, pour s'en convaincre! Que voyons-nous, qu'entendons-nous aussi? L'air est notamment saturé de bruits de chantiers, parce que travailler rassure! C'est comme le soldat romain, qui balaie chez Astérix! Malheureusement, la leçon des confinements n'a pas porté! La paix apportée à la nature et aux animaux, par notre inactivité, non seulement favorisait la vie autour, diminuait le réchauffement climatique, mais encore pouvait nous conduire à réfléchir, à méditer, à soigner notre angoisse d'une autre manière!
Bref, on aurait pu évoluer, mais, maintenant que nous sommes plus libres, nous voilà repartis comme en quarante, si j'ose dire! Nous nous rendons de nouveau notre environnement irrespirable, ce qui ne fait que renforcer notre mal-être et donc notre égoïsme! La spirale infernale nous entraîne!
On pourrait me rétorquer qu'il faut bien travailler pour vivre, mais pas à ce prix! Car nous tombons comme des mouches! Les ambulances et les médecins recueillent ceux qui s'écroulent sur le bas-côté! Pour beaucoup de ceux-là, la vie est finie, ne sera jamais plus comme avant, mais on n'en parle pas non plus, on a trop à faire! On se croirait en pleine retraite de Russie, avec les blessés abandonnés, car il s'agit d'abord de survivre! C'est la civilisation! notre destruction au nom de l'emploi!
C'est encore la myopie générale, mais beaucoup fonctionnent ainsi... Ils avancent et piétinent, tant qu'ils ne rencontrent pas de résistance! Nous sommes bien là dans la logique des crocodiles! C'est le plus fort qui gagne! Concrètement, cela se traduit par la montée de toutes les violences! Cela va de la guerre des gangs aux incivilités les plus banales! Elles ont toutes un point commun: on n'y respecte pas l'autre! La conscience ne sert à rien et l'animal triomphe! Pourtant, nous devrions comprendre que notre salut, car c'est notre possibilité, notre talent, à nous les êtres humains, c'est la solidarité!
"Aimons-nous les uns les autres!", pour mettre les pieds dans le plat! Il n'y a pas d'autres issues, ni d'autres solutions! Mais nous cavalons dans la direction opposée et même cette vérité en fait vomir plus d'un immédiatement! tellement nous sommes pleins de nous-mêmes! Pourtant encore, le fort ou le tyran sera bientôt lui aussi emporté par le courant et appellera au secours!
Chacun cependant fait valoir sa haine! Il a tous les droits! On presse, pousse les autres! On est comme des bébés à chaque coin de rue et il ne nous viendrait même pas à l'idée de changer, de nous réfréner ou de chercher un sens, avant qu'il ne soit trop tard! Nous donnons tous les jours à notre monde un tour de vis, sans les mesures gouvernementales! Nous scions avec acharnement la branche, sur laquelle nous sommes assis! Nous ne comprenons rien et ne voulons rien comprendre! La réflexion, l'hésitation, le scrupule, c'est pour les faibles!
Une telle attend son tour, dans un commerce, et elle a l'air d'une martyre! Deux ou trois minutes de patience, et c'est l'Everest, le drame, la haine! Nous n'avons pratiquement aucun sens des réalités! Ce sont les comportements d'une société de confort, qui est dominée depuis très longtemps par le narcissisme, la vanité! Le résultat, aujourd'hui, nous nous brisons sous le poids de notre indifférence, comme des blocs de glace charriés!
Nous rêvons! Nous nous croyons irrésistibles et le centre de l'Univers! Tout nous est dû! Il est vrai encore que nous ne sommes pas ménagés! Les nouvelles technologies devraient nous servir, mais c'est tout le contraire! La 5G! Il faut l'avoir! On vous explique comment et cela devient une source de stress! C'est destiné à nous faciliter à la vie, à l'enrichir et nous voilà encore plus esclaves et menés à la baguette! comme si nous n'étions pas déjà à cran, soufflant, désireux de nous reposer! Le pressoir de la modernité n'en finit pas de nous vider!
L'une des choses qui nous blesse et nous abrutit le plus, sans même que nous nous en rendions compte, c'est le trafic urbain! Il nous use et nous trouvons cela normal! Or, la plupart des trajets en voiture ne correspondent pas à une stricte nécessité! Bien sûr, chacun croit avoir un motif, pour se déplacer, mais c'est plus par habitude, pour échapper à une angoisse, qui viendrait avec l'immobilité!
On doit faire un peu de voiture; le contraire nous paraîtrait bizarre! Il faut toucher le volant, appuyer sur les pédales, jouer le jeu de la circulation, car c'est un espace à part, qui permet de se valoriser! On double au bon endroit, on a la bonne stratégie; on avait prévu tel changement, etc.; mais aussi, évidemment, on est plus puissant que celui-ci et on est donc plus riche, ou on a mieux réussi!
C'est donc un univers que nous subissons chaque jour et qui pourrait très bien ne pratiquement plus exister! L'une des grandes figures de ce théâtre, c'est l'automobiliste qui arrive à fond de train, qui semble dire que tout doit céder devant lui et qui subitement freine pour un piéton; alors que celui-ci avait déjà fait son deuil, quant à pouvoir s'engager!
Ce brusque revirement, qui surprend, ne s'explique que d'une seule manière! L'automobiliste "saute" sur l'occasion de se sentir utile, afin de calmer son angoisse, car sa vitesse, son agitation n'étaient qu'une errance! Cet exemple, parmi tant d'autres, prouve bien que nous conduisons en grande partie parce que nous sommes incapables de rester tranquilles! Malheureusement, le trafic se développe à nos dépens!
Actuellement, la société ressemble au Titanic, qui s'enfonçait toujours plus dans la nuit des flots! Ainsi, chez le médecin, on trouve des affichettes qui signalent que plus aucune incivilité ne sera tolérée! Que s'est-il passé? Là encore, l'inquiétude a conduit à la haine et au mépris! La situation sanitaire tend inexorablement la domination! Mais cela se trouve encore chez le praticien lui-même! La salle d'attente est bondée, favorisant le Covid, mais surtout on n'a même plus le temps de parler de ses maux, à celui qui pourrait les soigner!
C'est le comble! On se sent pressé encore pendant la consultation! On se voit contraint de choisir ce qu'on va dire et ce qu'on peut espérer, alors que sans la santé on ne peut rien faire; on a rapidement le sentiment d'être abandonné ou exclu! Celui qui souffre tout seul, dans son coin, celui-là souffre deux fois plus!
Pourquoi le médecin ne divise-t-il pas par deux le nombre de ses patients dans la journée, afin de les traiter avec tout le temps nécessaire, par humanité? Evidemment, il doit rentrer dans ses frais, mais il peut très bien borner son train de vie, sans pour autant faire faillite! Mais lui aussi est gagné par la folie collective! D'abord, il n'a jamais assez d'argent, son inquiétude étant telle, mais de plus il ne faut pas qu'il s'arrête, se pose, prenne son temps; il faut qu'il enchaîne, encore et encore, avec le même rythme que partout ailleurs! C'est la garantie que l'angoisse ne le rattrape pas, que ses propres maux demeurent cachés!
Il est d'ailleurs effarant de voir des médecins devenir obèses, avec une respiration sifflante, difficile, qui les condamnera plus tard! Certains boivent, fument, mangent comme des siphons et on serait dans le même état, on pourrait commander son cercueil! Mais la folie ambiante va son train et on se demande ce qui reste de sensé dans cet océan d'égoïsme et d'absurdités! Peut-être le chant de l'oiseau!
Et dire que la situation n'est pas fatale, qu'elle pourrait être renversée! Qu'est-ce qu'il y a de plus difficile, assurer sa subsistance ou calmer son orgueil? Qu'est-ce qui nous blesse le plus? Qu'est-ce qui provoque notre rage, notre haine? Qu'est-ce qui nous "déchire le ventre" et nous fait crier? Si l'on veut bien regarder en soi, nous constatons que c'est notre amour-propre!
Ce que nous craignons le plus, c'est d'être méprisé! Qu'est-ce qui nous donne soif, sinon d'avoir le dernier mot? Qu'est-ce qui nous fait bouillir, sinon notre envie de dire ce que nous savons, que nous avons la réponse, que nous avons fait telle ou telle chose? Qu'est-ce qui nous ronge, sinon le manque de reconnaissance, l'anonymat, l'indifférence que nous rencontrons?
Aujourd'hui, dans les villes, de jeunes Français, d'origine étrangère, ont tous le même comportement! Ils mettent leur musique plein pot et se donnent en spectacle, à un passage très fréquenté, ou bien ils s'interpellent bruyamment dans une autre langue, comme si la rue était à eux et qu'on était ailleurs! On le comprend, ils veulent se faire remarquer, sentir qu'ils ont une place, puisque personne ne les regarde habituellement!
Mais l'effet est désastreux et provoque l'hostilité, car le passant a le sentiment d'être agressé, envahi et il n'a pas tout à fait tort, puisque c'est encore la domination qui s'exhibe! La démarche est maladroite, mais elle n'est que le reflet du mouvement général et la réponse des autorités continue la division, en se montrant radicale! Par exemple, des livreurs d'Uber Eats, qui s'assemblaient volontiers dans un lieu, sont chassés, sans dialogue, par une force qui en a jugé une autre concurrente! On ne fait que repousser le problème et aviver le ressentiment!
Ce qu'il y a de plus difficile, c'est de jouer avec son amour-propre, c'est d'accepter de perdre, de s'en amuser! C'est pourtant cela qui apporte une réelle détente et témoigne de la véritable force! C'est pourtant cela qui permet la disponibilité et la diffusion de la paix!
On ne le répétera jamais assez, mais la vraie liberté est intérieure! Elle ne dépend pas du revenu, même s'il faut manger! Elle n'est pas non plus le fruit d'une politique, même si l'Etat ne doit pas être oppressif! On n'est pas libre, tant qu'on est esclave de son orgueil ou de son égoïsme! On n'est pas libre, tant qu'on ne s'est pas délivré de sa domination!
Il faut donc lutter contre elle et pour cela, il n'y a rien de mieux que le message spirituel et en particulier celui de l'Evangile! C'est le chemin de la foi qui libère, mais nous avons bien entendu l'impression de radoter!
Pouvoir donner à l'autre le respect qui lui est dû, ce n'est possible que si on n'est pas soi-même enragé, que si on trouve le sentiment de son importance, ailleurs que dans sa propre domination! Non parce qu'on espère une récompense future, dans un autre monde, ce qui de toute façon n'est pas imaginable, mais parce qu'on a compris l'esclavage et l'impasse de l'égoïsme, parce que l'autre qui est dans la nuit suscite en nous de la compassion! Mais combien de fois n'avons-nous pas expliqué ces choses?
Nos sociétés coulent peu à peu, non à cause du Covid ou du réchauffement climatique, mais bien du fait que nous avons toujours le même réflexe devant l'adversité, nous renforçons notre égoïsme, à la manière des animaux!
Le printemps va nous apporter un peu de réconfort, mais il ne sera que superficiel! La solution est pourtant à la portée de tous!
Heureux celui qui se montre patient, il vivra dans l'enchantement!
Heureux celui qui donne, il recevra!
Heureux celui qui aime, malgré la haine, il sera libre et léger!
L'AUTOMOBILISTE
"Je m'ennuie en voiture!
Mais "Faut aller!", je dis!
Et ma vie je rature,
Dans le trafic maudit!
Pour me sentir utile,
Je m'arrête au piéton,
Si peu pressé fût-il!
C'est comme au téléthon!
Je circule et circule,
En musique, en revue,
Sans cesse et sans recul,
Eternel m'as-tu-vu!"
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Dom Succès!
- Le 16/01/2021
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"On demande à l'assassin de la comtesse de Saint-Fiacre s'il veut du café!"
Maigret et l'affaire Saint-Fiacre
"Celui qui lutte contre la domination, dit encore Joord Kraabe, qui veut un monde meilleur, plus juste; où les individus ne se piétinent pas les uns les autres, celui-là, bien qu'il s'aide de la foi, ne peut pas tôt ou tard échapper au doute, à l'amertume et à la tristesse! Car il voit que son message ou son action ne portent pas! Il se sent isolé, perdu, découragé, car le monde ne change pas et continue toujours dans le même sens!
C'est la fête du succès! la fête de la domination reine et dorée, même si on ne cite pas son nom! C'est le Versailles médiatique, parisien même! C'est l'éloge constant du triomphe de soi! Le tapis rouge se déroule pour les gagnants, qui font rêver sous les crépitements des flashs! Il existe une Olympe dans la société, un sommet, qui est le symbole même de la réussite, où les personnalités connues, admirées, sont vêtues de tuniques immaculées, qui resplendissent plus que la neige en plein soleil!
Hors de ce monde, c'est la nuit, faite de créatures repoussantes, envieuses et qui griffent pour atteindre la lumière! La déesse Haine les commande, les organise, les excite! Ils sont des millions dans l'ombre, à guetter leur tour, à se jeter sur les miettes, à rêver d'être eux aussi des dieux!
Là, on souffre, on gémit, on mord, on aboie, on raille; on tue aussi, on perd pieds! La société brille tout là-haut et sur ses pentes, c'est la crasse, la sauvagerie, le mépris! Là-haut, on a des salaires mirobolants, les dents blanches et quand on a un avis, une humeur, une petite colère, un ongle incarné, une léger vertige, il est recueilli par mille serviteurs et accroché à des pigeons, qui s'envolent pour informer le royaume! Un tel a perdu sa grand-mère et le pays est en berne! Le chien Malfada est mort et la peine est immense!
Plus bas, on s'écrase et on ne connaît personne! La vie paraît morne, vide, dépourvue de sens! Nous avons l'air errants et damnés! Nous n'avons pas été choisis! Il y a peu d'élus dans ce coin de l'Univers! Dans ces conditions, la vie vaut-elle d'être vécue? Si les dieux ne laissaient pas tomber sur nous leurs paillettes, la violence, qui est déjà manifeste, n'aurait plus de bornes! Nous attaquerions les bienheureux, mais nous avons tout de même l'illusion de partager leurs repas, de pouvoir juger leur quotidien ou de devenir leurs amis! Grâce aux réseaux sociaux, nous rejoignons la communauté des élites, nous les côtoyons et nous ne formons plus qu'une seule et grande famille!
Celui qui combat la domination, qui est sensible à la souffrance générale, qui ne veut pas blesser, celui-là voit passer tous les trains et les ans! Ses proches, ses camarades d'école prennent bientôt part au festin! Certains même deviennent eux-mêmes des dieux! Ils rejoignent l'Olympe médiatique! On les interroge tels des oracles et on mendie leur lumière! Ils paraissent des exemples de réussite, ils ont désormais du poids et doivent chaque jour le savourer!
Comment celui qui est resté en arrière, qui a des scrupules, qui ne trouve pas sa place, qui débat en lui-même, pourrait-il ne pas être affecté, désemparé, anéanti? Fatalement, il se remet en question: est-ce lui qui se trompe, qui manque de volonté, qui a peur? Ne devrait-il pas consulter?
Commence alors un long chemin de peine! On traverse le pays de l'angoisse, morne, ténébreux, plaintif, peuplé de cauchemars comme des chauves-souris géantes! On mange son pain noir invariablement! On accumule les soucis et on tombe dans des abîmes! Les dieux n'ont absolument aucune idée des souffrances qu'on peut supporter, de la misère que l'on rencontre, de l'immense chagrin qui ronge!
On tâtonne dans la nuit et on se demande comment on arrive à survivre! Pourtant, c'est plus fort que soi! Certes, on est sans doute névrosé, on a peur et les dieux ont peut-être osé, mais surtout on suit un fil rouge, qui n'a rien à voir avec notre psychologie! On a été choqué par l'injustice, la tyrannie de certains; l'absence de sens, la vanité de la plupart des comportements!
On a une idée de la vérité, qui est la base même de ce que nous sommes et on ne peut donc pas lâcher; à moins d'accepter qu'on soit fou! Ce que nous voyons et comprenons nous constitue! Les autres ont beau chanter le même air, le nôtre reste distinct! C'est cela qui tient dans la nuit et il en va de notre survie! Cette petite flamme nous la protégeons, vaille que vaille, de la tempête! Il ne faut pas qu'elle s'éteigne et nous avons pour elle les soins d'une mère pour son enfant!
Le prix à payer, pour qu'elle devienne claire et bienfaisante, est élevé et souvent trop fort, car, en cours de route, la santé a pu s'altérer, à cause de l'âpreté du combat et de notre bonne volonté! Nous n'avons pas voulu lâcher et c'est maintenant le corps qui renâcle et se révolte! Certes, notre fragilité, nos traumatismes ont appuyé notre torture et certains se sont détruits sans retour, mais il y avait un but, une raison, une vérité, et si cela reste dur, c'est la faute des dieux, qui veulent qu'on soit leur dupe!
Malheur à celui qui ignore les dieux! qui ne leur rend pas hommage, qui ne les croit pas et qui les ridiculise! Car ce qui les protège, c'est justement de se sentir des dieux! Quelle bizarrerie la vie sur cette planète! Quelle étrange condition qu'est la nôtre!
Pas pour les dieux! Ils ne sentent pas le froid du dehors, ni la solitude! Ils vivent sur leur nuage d'encens et pour cela ils sont prêts à tout! Il s'agit de se maintenir dans la lumière, d'occuper les premières places, qu'on parle d'eux! Vie éreintante et qui somme toute ne diffère que très peu de celle de l'homme de la rue!
Chacun a priori veut sentir chaque jour sa valeur, son pouvoir, quitte à mépriser, à haïr, à bousculer, à terroriser ceux qui font obstacle! Les dieux ne font pas mieux, mais ils agissent dans une sphère lumineuse: leur apparition, leurs querelles, leurs pressions sont publiques! Les dieux n'en sont pas! Ce sont des animaux déguisés! Des hyènes et des singes endimanchés!
Chaque jour, les dieux doivent s'imposer et ils ne connaissent pas la paix! Leurs besoins sont énormes et les poussent à bout! Il faut qu'ils travaillent sans cesse, pour faire la une et paraître des gagnants éternels! Ils s'usent, crachent leur venin, s'empoignent, se dénudent! Ils doivent être partout et la construction du mensonge est harassante! Par exemple, que d'efforts pour présenter la retraite tel un ultime rebond! Dame, des dieux ont été jetés dehors, tels des malpropres! La machine à lumière broie son monde!
Pour celui qui a les yeux ouverts, le monde est incompréhensible! Au contraire des animaux, l'homme a été doté d'une conscience et pourtant il prétend vivre sans elle! C'est-à-dire qu'il croit qu'il peut grandir sans spiritualité!
Les sociétés paraissent comme des ensembles viables, alors qu'elles ne sont tenues que par la domination! C'est l'ego qui les structure et non la raison ou le progrès! C'est l'ego qui les anime de sorte qu'elles ne sentent pas le gouffre qui les borde! C'est l'ego qui aveugle et qui est pourtant présenté comme le symbole de la réussite!
C'est marcher sur l'autre qui est censé nous faire évoluer et nous éclairer dans le cosmos! C'est cela qui forme la pyramide humaine! Et la raison, naïve, chante sur ce tas de fumier!
Malheur à qui ne respecte pas les dieux, car ils ferment toutes les portes, pour qu'on croit leur mensonge! Jésus, par exemple, un benêt, un psychotique, un dépressif qui s'est tué! Un brave type, sans doute, mais un raté sûrement!
La domination est comme un pharmacien monstrueux, qui surveille tous ses bocaux! Sur les étiquettes, on peut lire: "Spiritualité, Poésie, Amour, Idéal, etc." La domination connaît tout et a réponse à tout! Elle ronfle, rugit, se dresse, se moque, règne, se cure le nez, écrase, pète! C'est un mur qui protège l'Olympe et qui enferme chacun d'entre nous!
Qui ose s'aventurer dans la nuit, quitte à se perdre, pour explorer la conscience, trouver la vérité?
Ce n'est pas la raison, car elle vient de calculer qu'en 2023 il y aura trois fois moins de sources qu'aujourd'hui et que si nous ne nous épouillons pas, nous risquons de tomber malades! La raison calcule et n'est jamais déraisonnable! Le mieux qu'elle puisse faire, c'est d'avoir une domination mesurée! Elle est alors stoïque, comme une stèle! Elle n'a pas maudit les dieux pour autant, elle n'est pas folle!
Qui va explorer la nuit, quitte à se perdre, pour savoir s'il existe une vérité? Qui pourra le faire et avec quelle force? Qui sera assez stupide, pour faire un pas dans l'inconnu? Qui renoncera à la domination, en la trouvant abominable? Qui pèsera dans la nuit de tout son poids, pour la faire céder? Qui développera vraiment sa conscience, en lui donnant toutes ses ailes, tout son souffle?
Celui qui sera honni par l'Olympe! Celui qu'on ne voudra pas voir, ni faire entrer! Celui qu'on ne reconnaîtra pas, qu'on raillera, qu'on méprisera! La domination ne pardonne pas qu'on la quitte, ni qu'on l'inquiète! Elle fuit sa peur et ne supporte pas qu'on la lui rappelle!
Aujourd'hui, la Terre est lasse! Le réchauffement climatique et le Covid sont là pour en témoigner! Chaque jour, le manteau de la nuit peine à se retirer! Le mauvais temps est permanent, nous accable, nous enlève tout projet et le virus travaille nos sociétés, comme un insecte tape dans le bois, inexorablement! Ce ne sont pas seulement les économies qui sont attaquées, ce sont toutes les charpentes institutionnelles qui menacent de s'écrouler!
Le dégoût et la haine se lisent sur les visages! La situation n'a jamais paru aussi fermée! Même les dieux semblent en veilleuse, désemparés et la télévision ne chante plus qu'un monde artificiel, une destination de rêve pour extraterrestres!
Soudain, la domination s'affole, car son pouvoir n'est plus! Elle pique des crises de nerfs ou bien s'en va tuer quelqu'un! Ainsi, Trump laisse sa nation se déchirer! Il est un pur produit de notre temps! Hors de l'Olympe, point de salut!
Demain sera plein de cauchemars, car il n'est pas possible que l'ego cède sans résister! Des monstres sont déjà en marche, dont nous n'avons même pas idée! Et tout ça pour ne pas aller dans la nuit, pour ne pas se diminuer d'un centimètre! pour ne pas en perdre une miette, par peur, par lâcheté, par bêtise!
Qui sondera le dehors, qui en aura la force? Qui acceptera de perdre? Qui renoncera à être un dieu? Qui acceptera qu'on dise de lui qu'il est un perdant, un minable, un parasite? Qui sera oublié et méprisé? Qui aura peur et tiendra? Qui donnera tout, par amour? Qui aura confiance? Qui voudra voir le feu de la vérité, s'il existe?
Car l'enchantement et la beauté sont toujours là! La domination est perdue et veut mordre, mais l'enfant de la foi danse! Il est encore la conscience amusée et reconnaissante! Il découvre l'infini, quand la science s'assombrit! Il fait la nique à l'Olympe!"
LA MODERNITE
Dieu pour elle est ringard!
On y était contraint!
Depuis, arrive en gare
De la raison le train!
Elle en sort en vraie star!
Son sourire éblouit
Et elle a pour les tares
Du passé un bon Louis!
Pourtant, où est le phare,
Quand tout va dans la nuit?
Pourquoi tant on s'effare,
Si on sait ce qui nuit?
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Dom Raison!
- Le 09/01/2021
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"Moïse veut son rocking-chair!"
La Prisonnière du désert
"Qu'est-ce qui fait que nous ne nous aimons pas? demanda Joord Kraabe. Car c'est bien là le problème: nous ne sommes pas solidaires! Nous ne soutenons pas l'autre; nous ne veillons pas à son développement; nous ne faisons pas preuve de prévenances! Nous ne sommes pas attentifs, respectueux, clairvoyants!
Si cela était, si chaque jour nous pouvions voir réellement nos semblables, les difficultés, les dangers, les peurs et les haines s'évanouiraient d'elles-mêmes! Le réchauffement climatique ou le Covid ne nous demanderaient pas plus qu'un choix de tiercé!
Pour résumer, il nous manque l'éveil! Et la question est: "Comment l'obtenir ou qu'est-ce qui l'empêche?" Car notre rapport à l'autre dépend de notre propre état d'esprit, de notre propre maturité! Plus nous sommes libres et individualisés, et plus l'autre a pour nous une réalité distincte! Au contraire, plus nous nous débattons dans la nuit, dans nos peurs, et plus l'autre reste comme un faire-valoir, un adversaire obscur, que nous frappons tel un punching-ball et que nous méprisons volontiers!
Que nous luttions contre l'autre nous isole et crée un monde dur, sans pitié, qui tôt ou tard nous fait souffrir à notre tour, quand il ne nous détruit pas! En favorisant le bien-être général, c'est nous-mêmes au final que nous aidons! Tout cela peut paraître évident, logique, plein de bon sens et pourtant nous en sommes à des années-lumière!
Voici un cas courant, que nous avons déjà évoqué plusieurs fois... Vous entrez chez un commerçant et vous remarquez d'emblée qu'il est fatigué! Il ne s'en rend pas compte lui-même, car il est prisonnier d'un tas de craintes et de priorités, qui mêlent à l'envi la soif de bénéfices, la vanité avec des sentiments de culpabilité et des devoirs! Notre commerçant n'est pas plus libre qu'un homme sur un traîneau, perdu dans une tempête de neige!
Ce n'est pas une fatalité, quoiqu'il puisse penser de son métier! A courir après des chimères, en ne voulant rien perdre de son égoïsme, il ne voit pas clair en lui et ne guérit pas de ses peurs! Il est responsable de son malheur, même s'il y a bien entendu un contexte économique, des impondérables, des pressions extérieures!
Il est à l'origine de son esclavage et de sa peine! Il pourrait quasiment déposer la totalité de son fardeau, sans cesser de gagner sa vie! Dans ce cas, non seulement il serait soulagé et un sourire éclairerait son visage, mais en plus il aurait la possibilité de devenir un bienfaiteur de l'humanité, car il serait enfin disponible, pour s'intéresser vraiment à ses clients, ce qui leur donnerait à leur tour du baume au cœur, et ainsi de suite!
Mais le poison est en lui! Et ce n'est pas le Covid, la période des fêtes, une mauvaise livraison, les taxes ou les impôts! Tout cela est secondaire, du moment qu'on est tourné dans la bonne direction! Mais notre commerçant cherche quelque chose, qui le condamne!
De quoi s'agit-il? Vous avez vu qu'il a les traits tirés et donc vous adaptez votre attitude, afin de ne pas aggraver sa souffrance! Vous êtes un être humain de bonne volonté, lucide, qui considère l'autre réellement!
Vous allez par conséquent tout faire pour alléger votre achat! Vous ne commanderez pas trop de choses et vous n'hésiterez pas excessivement! Vous vous efforcez à la brièveté, ce qui ne vous empêche pas de vous intéresser à la difficulté du commerçant! Vous donnez, car vous êtes disponible! Ceci est fondamental!
Le commerçant apprécie immédiatement votre sympathie, ce qui est bien normal... En répondant à vos quelques questions, il exprime son ennui et se restaure un peu et c'est ce que vous vouliez: qu'il oubliât sa fatigue, en retrouvant du plaisir! Jusqu'ici tout va bien, mais soudain le commerçant expose son vice, la vraie raison de sa peine! Il vous révèle son maître, sans même s'en apercevoir! Et c'est un maître qui le fouette et le maintient en esclavage!
Car après l'avoir écouté un moment, vous parlez enfin de vous, ou plutôt d'une chose, qui permet à vos sentiments de poindre! Par exemple, vous avez un mot sur la façon dont vous ressentez la météo, ce qui annonce vos propres préoccupations! Ce qui se passe s'appelle une conversation! Deux personnes se rencontrent et ont un échange! Il doit être équilibré, afin que chacun quitte l'autre satisfait, avec de l'espoir!
Mais ici, à votre grande surprise et pour votre désappointement, votre propos reste sans réponse, ainsi que vous auriez parlé dans le vide ou que vous seriez fou! Dès que vous avez cessé de vous intéresser directement au commerçant, il s'est fermé! Il est devenu fourbe, avare, voleur, inhumain! Il ne vous voit pas, mais se sert de vous! Il prend, mais ne donne pas! Il est comme un désert qui boit de l'eau et il vous vide! Nous sommes là aux antipodes d'une relation bénéfique pour l'ensemble! Au contraire, c'est la guerre! On a l'air de dire: seuls les plus forts survivront!
Pourquoi en est-il ainsi? Mais la réponse vient toute seule! Notre commerçant cherche à vous dominer, à vous supplanter! Par son silence, qui est une forme de mépris, il veut vous faire sentir qu'il est supérieur; alors que, dès le départ, vous avez vu sa nuit et voulu le ménager! C'est comme si un patient crachait sur son médecin! Mais le point de mire de notre commerçant, c'est son égoïsme et c'est cela qui fait son malheur, et non le Brexit!
Inutile de dire que dans ces conditions il ne peut se faire admirer et il vous hait donc, même du plus profond de son âme! Pourtant, vous n'avez désiré que son bien! Ah! Mais il vous voulait soumis, dans ses ténèbres! Votre bonté, qui n'était pas de la pitié, l'a tout de même agacé! Il ne veut pas du remède! Il brûle! Il a soif et maudit le puits! Et il vous blesse sans vergogne, comme si vous n'étiez pas vous-même un être humain, quelqu'un de sensible! Il ne comprend rien, mais frappe!
Il a des circonstances atténuantes: on le martyrise aussi! Il a peur et d'autres, par exemple son patron s'il en a un, en profitent! Il prête le flanc, apparaît demandeur et on le pompe, le malmène, exactement comme il a procédé avec vous! Mais qu'il subisse "dans son coin" ne l'excuse pas, car nous sommes dans une impasse! Il faut casser cette chaîne! essayer de comprendre, d'évoluer! Et c'est la domination, l'égoïsme qui est la cible!
Mais notre commerçant a toujours le même réflexe: plus il souffre et plus il croit se consoler, en valorisant sa personne! On étouffe et l'oxygène semble nos qualités! Malheureusement, retrouver son pouvoir s'effectue toujours au détriment des autres! On les écrase, on les saoule! On ne fait rien fleurir et le réconfort qu'on obtient est éphémère, s'enfuit déjà! L'angoisse revient et des regrets apparaissent, car on provoque des ruptures et on se sent encore plus seul, plus vulnérable! Le gain de l'amour-propre est amer!
On peut toutefois continuer à s'abuser et répéter que l'économie va mal, que le gouvernement est incapable d'endiguer la violence, le flot des étrangers, etc.! On se plaint avec la clé du bien dans la poche!
Cependant, jusqu'à présent, nous n'avons pas parlé de la raison! Certes, je vous livre ici une analyse, quelque chose de réfléchi, mais, sur le terrain, la perception n'est pas d'abord du domaine de la raison! Tout se passe comme si la maturité était comme les peaux d'un oignon, tellement elle détermine notre rapport au réel! Notre commerçant ne voit les choses qu'à travers sa domination! Tout ce qui ne le flatte pas, ne satisfait pas son égoïsme, est rejeté et reste même incompris, car ce qui nous fait est bien entendu lié à notre peur!
Celle-ci nous ferme, nous rend cruel, nous maintient dans l'ignorance et empêche notre guérison! Nous aurions beau expliquer à notre commerçant, avec les meilleurs arguments possibles, comment il nous blesse et les bienfaits de l'altruisme, le résultat serait nul ou presque, car la peur est paralysante! Il faudrait d'abord la calmer, mais c'est une question de maturité! C'est le résultat d'un développement et non d'un simple raisonnement! C'est l'aboutissement d'une recherche, le fruit d'une métamorphose et non la solution d'un problème mathématique! On peut même dire que c'est la perle unique de la foi! Toujours est-il que, libéré de sa peur, l'homme est prêt à tous les entendements!
Aujourd'hui, on oppose traditionnellement la foi et la raison et c'est un héritage historique! En effet, les hommes ont combattu la foi pour être libres, car celle-ci était devenue elle-même dominatrice et même odieuse, en s'alliant avec le pouvoir des plus riches! La réaction a été si forte qu'elle a été saluée comme la naissance du libre arbitre et depuis le fossé entre la foi et la raison semble impossible à combler!
La seconde considère la première avec un certain mépris, comme un enfantillage, une superstition, indigne de la modernité! Il est d'ailleurs courant de voir la foi telle la partie idéale de l'homme, celle qui appartient aux rêveurs, et il y a donc les idéalistes et les réalistes! les artistes et les scientifiques! les névrosés et les esprits objectifs, etc.! On entend certains nous parler de la raison, comme si elle était un pont d'or pour l'humanité et qu'eux-mêmes avaient accepté de mourir au bord de la route! Qu'on nous permette de douter d'une telle résignation, car la seule raison ne permet pas de comprendre toute la réalité!
D'ailleurs, comment guérit-elle de sa peur? Il n'y a qu'une seule solution, c'est que sa domination soit assurée! Il faut qu'elle occupe dans la société un poste, qui lui donne le sentiment de sa valeur! Elle sera professeur, psychologue, ministre ou bien elle aura un succès littéraire, qui la confortera dans ses idées!
Elle ne reconnaît donc pas le phénomène de la domination, puisque c'est lui qui la soutient et je vous rappelle que c'est moi qui vous l'explique et non la science! Mais cela veut aussi dire que, si la raison est menacée dans son amour-propre, elle aura le réflexe que nous connaissons tous maintenant! La peur la pénétrera et provoquera sa haine! C'est ce que j'exprime à travers le poème que je vous ai joint, car bien souvent un bon poème a l'effet d'une bonne caricature et fait mieux comprendre qu'un long discours!
La seule raison ne permet pas d'échapper à "la chaîne de la domination", au contraire de la foi, qui s'y attaque d'emblée! C'est ce que Jésus veut dire par cette parole: "Vous êtes du monde et je ne suis pas du monde!" "Etre du monde", c'est accepter la domination, y trouver son compte! C'est lui donner son sens et satisfaction! C'est encore nous maintenir dans une impasse, un fonctionnement qui nous détruit! Ainsi, enfin, la seule raison ne peut constituer notre avenir, ni sauver la planète!
"Ne pas être du monde", c'est refuser de dominer, grâce à la foi! C'est véritablement changer la donne! Mais ce n'est pas non plus s'amputer de soi-même, se mortifier! Ce que permet la foi, c'est de guérir de sa peur, sans avoir besoin de l'autre comme marchepied! C'est donc de se libérer, d'être soi entièrement!
Ainsi, on connaît la joie et on peut admirer, à côté de la société, le ciel et ses nuages; tandis que la majorité croit bêtement que le monde tourne autour d'elle!
LE PSY
"Oui, oui, je comprends, oui!
C'est normal: j'ai l'air grave!
Vous avez peur de lui,
Vous craignez une entrave!
Ouf! Voilà le suivant!
Mais, diantre, il me domine!
Il paraît tel le vent
Et moi un fonds de mine!
Où sont mes théories?
Je veux crever ce type!
Indiquez-moi le prix,
Je vous envoie le TIP!"