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RAM et la lumière!
- Le 07/08/2021
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"Tss, tss, tu sais pas te servir de ça!"
Il était une fois dans l'Ouest
La lumière s'étend à travers l'espace!
Elle avance avec l'Univers!
Elle s'épanouit dans les plantes et les animaux!
Mais la conscience peut l'arrêter!
La conscience peut la contrôler!
C'est le privilège de la conscience!
La conscience est donc unique!
C'est une révolution!
La lumière est donc conscience elle aussi!
Que voyons-nous?
La lumière comme un marécage, transformée en boue!
La lumière niée, emprisonnée, muette, dans une forteresse imprenable!
La lumière cachée, piétinée, moquée, galvaudée, méprisée, oubliée, salie!
Ainsi c'est le chaos! la nuit! Il n'y a pas de lumière, de vérité!
Ainsi va la misère, les larmes, le désespoir! l'amertume, la guerre, la violence!
Pourquoi? pourquoi ne pas accueillir la lumière, la répandre, l'aimer?
La lumière embarrasse!
La conscience n'en veut pas!
Pourtant conscience et lumière ne devrait faire qu'un seul!
Si l'homme reste un animal, alors la conscience se sépare de la lumière!
L'homme reste un animal, quand la conscience veut triompher sans la lumière!
L'animal est lumière, car il n'a pas de conscience!
La conscience fait le choix de l'homme!
C'est le prix de la connaissance de la lumière!
On doit pouvoir la rejeter, si on veut pouvoir la définir!
Mais la lumière est piétinée, méprisée, oubliée, moquée et la conscience dit: "C'est la nuit!"
La vie devient une vallée de misères! un gouffre!
Aujourd'hui encore plus qu'avant!
La lumière reconnaît le manque de lumière!
La lumière voit comme elle est maltraitée, dans le regard de l'autre!
Celui qui nie la lumière doit la combattre!
Car la lumière veut s'étendre, grandir, se libérer!
La conscience qui nie doit lutter contre la lumière!
C'est de l'énergie perdue! qui empêche le développement, qui favorise la haine!
Car on hait plus grand que soi, comme on hait la lumière!
On a les yeux de glace! la lumière semble morte derrière!
La conscience alors est un défi contre la lumière!
La lumière pourrait briser la glace, montrer qu'elle n'est rien!
Mais la haine et la violence surgiraient!
On ne peut pas détruire la conscience à cause de la lumière!
Ce serait détruire la lumière elle-même!
C'est la conscience qui doit choisir de libérer la lumière, de la retrouver elle-même!
C'est le privilège de la conscience! C'est ce qui fait l'individualité!
Conscience et lumière sont inextricablement liées!
La lumière est cachée le plus souvent!
Car elle paraît l'ennemie de la conscience, de l'individualité!
Pourquoi? Parce qu'elle est autre?
La conscience veut pleinement exister! C'est l'effet de la lumière!
Mais elle ne veut pas la lumière, qui semble ne pas être elle!
La conscience veut exister seule! alors que c'est la lumière qui la pousse!
La conscience s'ampute d'elle-même! Elle n'éteint pas sa soif et reste malheureuse!
Sa satisfaction: avoir combattu la lumière, c'est-à-dire elle-même!
Elle ne s'est pas développée, elle s'est juste retournée contre elle-même! recroquevillée!
Elle est restée chiffonnée, flétrie, enfermée!
Journal de Jack Cariou, monde de RAM, mercredi 4 août... Je voudrais mobiliser les habitants de RAM! les amener à lutter, à prendre conscience de ce qu'ils ont de bon en eux! Je voudrais réveiller leur lumière! la faire naître, la libérer! Je voudrais leur rendre la vue!
Combattre pour son égoïsme, pour sa soi-disant liberté, contre le gouvernement, ce n'est pas se libérer! C'est encore favoriser le nombril, quoiqu'on ait l'impression de lutter contre l'autoritarisme! Je voudrais que les gens rient, en voyant danser leur lumière! Mais comment faire?
Les gens ont peur de la lumière! ont peur d'être ridicules! d'être trompés! Pourtant, la lumière est là, quelque part, au fond de leurs yeux! Chez certains, cependant, elle paraît définitivement morte, comme si elle n'avait jamais existé! Elle est à des kilomètres de profondeur, sous la glace, sous une glace accumulée par toute une vie! une vie à nier la lumière, à se durcir contre elle, pour se protéger, pour vaincre!
Le résultat est un mur impénétrable! La lumière est pourtant toujours là, il ne pourrait en être autrement! Mais alors la haine la combat incessamment, pour l'étouffer et qu'elle ne parle plus! Nul repos! nulle paix! Nulle vraie joie! L'énergie sert à la fermeture, à la dureté!
Je voudrais aider la lumière à se libérer, qu'elle sorte des corps, des yeux, que les gens rient de la voir danser devant eux! car tout est possible! La lumière fait retrouver l'enfant, sa légèreté, sa joie, son innocence, son espoir, sa force aussi, son enthousiasme!
Mais comment faire? La lumière est gardée sévèrement! comme un dangereux criminel en prison! On peut pas s'isoler avec elle au parloir! La lumière, chez la plupart, est muselée! On ne peut pas l'atteindre! Tout au plus lui jette-t-on un message furtif, qui sera peut-être mal compris, mal lu!
Souvent aussi quand on s'adresse à la lumière, la réaction de la domination est haineuse! Elle a l'impression qu'on la méprise, qu'on se sent supérieur! Dame, elle méprise elle-même la lumière, la juge infantile! On voudrait la rassurer, lui faire comprendre qu'on ne veut que son bien, que la lumière est pure, mais c'est trop tard: elle s'est dressée comme un serpent!
Il y a un malentendu, de la lumière il n'est plus question! Il n'y a plus que la haine qui siffle! Comment récupérer la lumière, apaiser la haine, la radoucir, l'endormir, la mettre en confiance, afin que la lumière revienne, qu'elle fleurisse à nouveau? Comment faire revenir la limpidité dans les yeux? le rire, l'innocence?
La lumière est en cage, derrière les yeux, et voudrait s'échapper! La domination et la peur l'en empêchent! Ces deux gardiens varient suivant les individus... Quand la domination est souveraine, absolue, on ne voit plus la lumière! Il faudrait briser la domination, mais cela reviendrait à briser l'individu!
La plupart du temps, Peur et Domination se partagent le travail et la lumière apparaît de loin en loin timidement! Parfois, elle appelle au secours! Mais dans sa prison! C'est un appel muet, qui ne se dit pas! Il faut l'interpréter, car Peur et Domination sont toujours là, sur les bords, prêtes à intervenir!
L'appel au secours ressemble à celui d'un naufragé! Les vagues l'entourent, menacent de l'engloutir et on voit sa main nous faire signe. On regarde impuissant cet être qui est emporté et qu'on ne peut sauver! Il est impossible de discuter avec Domination et Peur! Domination, nous le savons, ne supporte pas d'être rabaissée, de se montrer faible! C'est Domination qui commande et qui réussit!
Elle ne peut donc avouer être en perdition! Quant à Peur, elle a peur tout simplement, peur de Domination, de Lumière, de tout! Elle ne veut rien entendre! Pour parler à Lumière, pour qu'elle réapparaisse, il faut rassurer Peur et amadouer, endormir Domination! C'est difficile, mais cela arrive! Alors la personne est transformée! Lumière est de nouveau dans ses yeux, sur le pas de sa porte! La personne rayonne, elle est traversée par la lumière qui lui donne son plein épanouissement, comme la sève des plantes!
La personne laisse passer la lumière, qui vient du fond du cosmos! Elle a fait tout ce chemin en un instant, mais c'est à présent une lumière consciente, qui se connaît elle-même! C'est une lumière qui est passée par la conscience! Elle est unique, car elle est le fruit d'une individualité! Mais c'est encore la lumière, qui est commune à toutes les lumières! Ce n'est pas le reflet d'un égoïsme!
C'est une lumière personnalisée, au service de la lumière, qui aime la lumière pour ce qu'elle est! Il n'y a pas de diminution de la personne! Au contraire, il y a toute l'étendue de la personne! C'est la lumière qui lui donne toute sa dimension! Domination est alors totale, car inoffensive! au service de la lumière! L'enfant est tout puissant, léger, libéré, mais sans haine, sans mal, amant de la lumière!
Domination pleine de lumière ne veut que voir toutes les dominations pleines de lumière! Car dominer avec la lumière, ce n'est pas dominer! C'est s'enchanter de la lumière, c'est être joyeux qu'elle existe! C'est un bonheur infini, ineffable! C'est pourquoi la lumière veut la lumière chez les autres! Il n'y a aucune gêne à voir d'autres lumières personnalisées, au contraire!
La lumière est une, même individualisée! La lumière cherche la lumière, parce qu'elle veut toujours s'étendre, se développer, sortir, être heureuse! Lumière est vérité, c'est pourquoi elle fait la joie! Domination et Peur sont troubles, car ils nient Lumière et l'emprisonnent!
Lumière doit être patiente! Lumière s'incline, est souple comme le vent! Domination est dure comme la pierre! toujours en colère, insatisfait! Peur est pleine de soucis, de troubles, de plaintes!
Lumière est au fond heureuse! Son cœur chante comme un ruisseau! Peur et Domination se chargent chaque jours de seaux lourds! Elles peinent sous le poids! Si Lumière sort du cachot, elle pardonne tout! Elle rit de retrouver ses ailes! Même après une vie en prison!
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ANAGRAMME
- Le 31/07/2021
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"On se retrouvera en enfer!
_ D'accord!"
Impitoyable
L'égoïsme allait par les rues de RAM! Il s'ennuyait! Il ne se demandait pas ce qu'il faisait ici, ni ce qui lui manquait pour être heureux! Non, il était inquiet, sombre, impatient, nerveux et même prêt à mordre!
En effet, que pouvait-il espérer? En qui pouvait-il avoir confiance? Comment se développer, étendre son amour, enrichir son être? Quel repère avait-il? quel ami, quel confident? Qu'est-ce qui pouvait le conduire à se dépasser et en même temps à vaincre ses peurs, pour s'apaiser?
Il pouvait s'abrutir de travail, de bruit! L'effort le rassurait, le fatiguait aussi, le rendait amer et querelleur! D'autres ne faisaient rien et lui peinait! Ce n'était pas supportable! Il demandait des comptes, avivait les haines, amplifiait les fractures! Le mépris coulait de sa bouche et n'arrangeait rien!
Seul celui qui est heureux peut être utile, ne serait-ce que parce qu'il peut s'intéresser aux autres! L'égoïsme en était incapable et il allait par les rues de RAM, le visage fermé! La vie ne lui donnait aucune espérance, apparaissait morne et il maudissait tous les paresseux, les mollusques! Il était malheureux!
Au-dessus de lui pourtant passaient les nuages d'un blanc éclatant! Le vent agitait les branches, ainsi qu'elles auraient été des mains folles de danser! La lumière pleuvait et chauffait! Les oiseaux fiers planaient merveilleusement! Mais l'égoïsme était maudit! Il portait le fardeau du monde, pendant que toute la nature se permettait de s'amuser!
Mais comment aurait-il pu avoir confiance et relâcher son effort? Sa femme n'allait pas mieux! La haine lui brûlait le ventre! A la boulangerie, elle dut attendre une minute et ce fut celle de trop! Elle sortit son grand couteau et elle égorgea le client qui la devançait! Celui-ci s'écroula en gesticulant et en perdant tout son sang! Elle fut bientôt arrêtée par la police et maintenant elle passe ses jours en prison! Maudite elle aussi!
Comment faire confiance? Comment espérer, devenir infiniment meilleur et heureux? Comment être toujours riche? Comment ne plus avoir soif? J'ai le secret! Mais l'égoïsme ne veut pas l'entendre! Il se moque même de moi! Il me prend pour un enfant (ce que je suis!)!
A mon secret, il préfère sa rengaine, sa scie! Et il va par les rues de RAM, triste, le visage fermé! Il fume! La situation le désespère! Que n'est-il à la tête de RAM? RAM et son concert d'avis! cette crécelle à inquiétudes!
Monde de RAM, mercredi 28 juillet... RAM regardait sa ville par l'immense baie de son bureau... Aussi loin que portait la vue, il y avait des chantiers, de nouveaux bâtiments et on avait même gagné sur le mer! Mais cela ne suffisait pas à RAM!
Il se passa les mains dans les cheveux, fit jouer les muscles de son cou et battit un instant des paupières, suivant une méthode qu'il avait vue un jour! Puis, en agitant les doigts, il prit place sur un tabouret, devant une maquette de la ville qui avait les dimensions de la pièce! Il tapota une des touches du clavier, qui permettait de faire sortir de nouvelles constructions!
A cet instant, le soleil se couchait et le ciel était sanglant! Un tel spectacle favorisait l'inspiration et RAM rejeta la tête en arrière, comme s'il devait recueillir l'eau fraîche de sa muse! Puis, le concert commença et RAM, maire de sa ville, fit exploser de vieux quartiers, souleva des rues et vers les cieux des immeubles immaculés s'envolèrent!
RAM était maintenant en transe et la maquette ondoyait comme la mer! Peut-être était-il possible d'écrire le nom de RAM, avec son écume, son béton neuf? Ainsi, il y aurait une signature seulement visible par des initiés, qui survoleraient la ville! Derrière RAM, dans l'ombre, se tenaient deux invités!
D'abord, la mort, décharnée, apparemment indifférente, battait discrètement la mesure, car c'est elle au fond qui poussait RAM à laisser une trace, à transformer autant la ville! De temps en temps, son doigt squelettique et glacé caressait le cou de RAM, comme pour lui dire: "C'est bien! Si tu veux qu'on se rappelle ton nom, tu ne dois pas lésiner! Sinon, ce sera l'oubli à jamais!"
A côté, une femme à demi-folle laissait aller ses sanglots! Elle criait, mais on ne l'entendait pas! C'était dame Nature! On avait d'abord écrasé ses épis, mit en fuite ses oiseaux, abattus ses arbres! On l'avait chassée, repoussée comme un vieux tapis sale! Elle ne savait plus où aller! Des flots de béton avaient été déversés dans le secret de sa mer! Elle avait vu les poissons affolés, les algues mourir! Maintenant, elle suppliait RAM! Elle lui lançait: "Je t'en prie, RAM! Tu ne sais pas qui je suis! ni ce que je suis capable de faire! Je vais me venger, même si ce sera sans haine! Tu vas souffrir, RAM, au-delà de tout ce que tu peux imaginer! Tu ne fais pas le poids! Tu es un enfant!"
Mais RAM n'écoutait pas! Il voyait son nom en lettres de feu dans l'avenir! Il continuait sa folie... et sur place, parmi les hommes, les habitants, comment cela se passait? On prenait des charrettes, on les chargeait de meubles, on y mettait sa famille! On partait! On n'en pouvait plus! On ne voyait plus rien! Il n'y avait plus de lumière! Trop de bruit! Les petits pleuraient tout le temps! On devenait malades! De plus riches prenaient la place! mornes, indifférents! On partait! On reprenait la route, avec ses dangers, ses peines, ses fatigues! L'errance était de nouveau là!
Mais personne, personne n'arrêtait RAM! Avec son conseil, il parlait de progrès, de relance économique, d'emplois! Tout le monde opinait! Si on cillait, on était aussitôt vu comme un rétrograde, un irréaliste! Ainsi, RAM menait sa ville et le monde en enfer, en dansant au rythme de sa folie! Oui, son nom sera dans la géhenne!
Monde de RAM, jeudi 29 juillet... Le ciel était de plus en plus noir, tourmenté, tempétueux! On savait que des maisons avaient été emportées, ailleurs, que des gens avaient tout perdu! On savait que la planète était en train de fondre et qu'on était en route vers des changements profonds, brutaux, gigantesques!
Des cataclysmes marchaient vers RAM, mais, comme si cela ne suffisait pas, la violence envahissait la ville, devenait quotidienne! On battait à mort, on délimitait des territoires, on faisait la loi! Ceux dont l'orgueil était assoiffé et qui n'arrivaient pas au pouvoir, à s'élever, à cause de leur origine étrangère, ceux-là choisissaient la voie de la drogue et de la délinquance! Ils s'imposaient par la force et défiaient la société! Ils étaient les nouveaux chefs et abattaient tous les obstacles!
RAM suait! d'autant que sa base, son pied était fragile! La dette de RAM, en effet, était abyssale et on sentait parfois le froid du gouffre! Des conflits sans bornes, des fractures, des sacrifices étaient à prévoir et RAM allait encore trembler!
Mais le pire n'était pas là! Quand on est prêt, qu'on voit lucidement la situation, qu'on sait où est l'essentiel, à savoir qu' on est somme toute engagé dans une guerre, puisque notre destruction est amorcée, on peut prévoir, se préparer, réagir au mieux, en échappant à la catastrophe!
Notre monde s'écroule, mais que fait le peuple de RAM? Eh bien, il s'amuse, il rêve, il se berce dans son illusion! Il ne voit pas le mal, ou bien il considère que c'est l'affaire de la police, des lois! Il ne voit pas le mal chez lui, il se croit innocent, c'est dire sa cécité!
Il se croit pur et il refuse de reconnaître sa laideur, son avidité, sa folie, son égoïsme! Ainsi, il fait son propre malheur, car il ne vit pas dans la réalité! Il ignore l'orage qui arrive! Il s'admire, il joue, il parade, il se raconte des histoires, crée un univers factice, artificiel, qui n'offre, ne pourra offrir aucune résistance au malheur!
Ne réveille pas l'habitant de RAM, si tu as les yeux ouverts! C'est impossible tant il rêve! Regarde ses jouets! sa belle voiture, qui fait vroum! vroum! Contemple-le dans la rue! Il avance les yeux dans son petit miroir, qu'il tient à bout de bras et auquel il parle aussi!
L'habitant de RAM n'est préoccupé que de lui-même! Est-il regardé? Fait-il de l'effet? A-t-il du succès, des amis? Est-il fort? bien habillé? riche? Son monde est sa petite personne, alors qu'au loin le volcan gronde et fume!
Les merveilleuses histoires de RAM, de ses élus, de ses élites! On voit encore une cité rayonnante, harmonieuse, symbole du progrès, de la civilisation! On n'a pas de haine, ni d'envie, ni d'orgueil, de méchanceté, d'agressivité! On est seulement des flèches d'or dirigées vers l'avenir!
On n'est pas sale! On croit encore à la cité rayonnante! Bien sûr, il y a des conflits, des pleurs, des plaintes, des attaques, mais ce sont des envieux qui essaient de freiner la cité immaculée! On est pris par la mer des problèmes, mais on imagine la dompter, la faire disparaître sous la modernité, le neuf, la cité rêvée!
Certains ne bougent pas! Ils ne sont pas bien, ils souffrent, mais ils ne bougent pas! On agira pour eux! Car il en a toujours été ainsi! Il se trouvera un champion, une poire en somme! Un révolté, si on veut! Mais ils ne bougent pas, trop fiers et leur confort avant tout! Le plaisir, le rêve à tout prix!
Le raz de marée de la catastrophe balaiera tout ça! Il y aura des crises, des cris et de la haine, beaucoup de haine! Ben dame, on est comme des enfants! On ne veut pas être dérangés, ni voir, ni se fatiguer! On criera comme des bébés et on méprisera, on détruira, on condamnera comme des adultes! De la haine et encore de la haine!
Parce qu'on n'aura pas voulu voir! être humain! prendre sa peine! avoir du courage! Dors douillettement habitant de RAM! Raconte-toi tes berceuses! Ris à tes fêtes! Les nuages s'amoncellent sur ta tête!
Ne cherche pas surtout! Ne te demande pas ce qui est vrai, réel! Ne donne pas un sens à ta vie! Ecoute seulement ton ambition, le chant de ton égoïsme! Comme il te berce! Comme il te tient chaud, malgré le vent et les éclairs!
Ecoute, il est des chemins de pierres dont tu n'as même pas idée! Il existe des sanglots en plein soleil! Des amertumes noires en plein jour! Tu n'as aucune idée de la dureté et du chagrin!
Fais vroum vroum avec ta voiture ou ton scoot! Regarde ton écran géant! Imagine ta cité merveilleuse, sans mal! puisque tu en dépourvu toi-même! Hein? Tu ne fais pas le mal, hein dis RAM? Tu ne frappes pas, tu ne méprises pas! Tu ne hais pas!
Monde de RAM, vendredi 30 juillet...
L'égoïsme est un bébé dans la rue!
Tout le monde doit s'occuper de lui!
Les autres n'existent pas!
C'est l'homme piranha!
Il court à sa destruction!
Il crée la violence dont il sera la victime!
Il ne connaît ni la planète ni le cosmos ni la mort!
Il n'est qu'un souffle, qu'un mirage!
Il n'est déjà plus là!
Ouvre-toi!
Laisse passer la lumière!
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EPIGRAMME!
- Le 24/07/2021
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"FIST! FIST!"
FIST
Journal de Jack Cariou, monde de RAM, mardi 20 juillet... "Accusé Cariou, levez-vous! Attendu que, devant le couple ici présent, vous ne vous êtes pas prosterné à ses pieds, en demandant pardon d'exister! Attendu que vous n'avez pas reconnu que vous aviez affaire à des dieux, je vous déclare coupable, accusé Jack Cariou, et vous condamne à la géhenne pour l'éternité! Avez-vous quelque chose à rajouter?
_ Ben, j'étais à la caisse du magasin et je finissais de payer! Je discutais poliment avec la patronne, que je connais... On échangeait des nouvelles, quand ce couple est arrivé lui aussi... et il a été frappé de stupeur que je continue comme si de rien n'était! Je l'avais repéré pourtant, mais je ne mettais pas de mauvaise volonté! C'est que c'est simplement à chacun son tour! Chacun a une existence propre!
_ C'est tout?
_ Non, puisque nous en sommes aux amabilités, je rajouterais que ce couple est malade! Il faut qu'en tous lieux il domine, soit le centre d'intérêt! Il ne peut pas accepter l'indépendance des autres! On leur fait injure, si on reste soi! C'est une forme d'immaturité, comme si le monde autour restait des langes! Et combien ne sont pas malades comme ça! C'est notre époque...
_ Suffit! Qu'on emmène l'accusé! Qu'on satisfasse sur le champ le couple victime! Des honnêtes gens!
_ C'est bien simple! Dès que j'ai senti leur présence, près des légumes, j'ai eu envie de vomir!
_ Gardes! Hors de ma vue!"
Je suis emmené au-dessus d'une porte temporelle et elle s'ouvre dans la nuit, sur un brasier géant! "Eh, les gars! vous allez quand même pas m' jeter là-dedans!" On me pousse et je crie, je crie!
Et je me réveille en sueur dans un lit d'hôpital et qui pis est j'ai les mains attachées! Bon sang, où suis-je? Je m'efforce au calme, malgré l'horreur de ma nouvelle situation et je refais le cours des événements!
Le départ de la station Charcot s'est plutôt bien passé... Après avoir tué Godefroy, le capitaine Siclay a demandé qu'on nous récupère... Je l'ai quand même invité à détruire l'arme de Morizur, le pistolet fracturant ou PF! Mais Siclay m'a répondu que ce n'était pas de sa compétence...
Par la suite, j'ai été conduit dans RAM chez le ministre Fauconnier, qui m'avait missionné pour ainsi dire... et c'est là dans le Bob, sur le trajet, que j'ai été apparemment endormi! Mais par qui? Dans quel but? Ne pourrait-on pas me laisser tranquille?
"Surprise!" crie le Psycho-RAM en entrant brusquement. Sa boule vole dans la pièce, avant de reprendre: "Je vous avais dit qu'on s' retrouverait! que même j'aurais vot' peau! Les cas comme vous, on les abandonne pas! Au contraire, on les choie, on les presse, on les écrase, en écoutant pisser leur jus! comme on écrase des blattes!
_ Tiens, mais c'est cette vieille connaissance de Psycho-RAM! On a l'air d'avoir encore mal! Voilà qui m' fait plaisir!
_ Ah! Ah! Ris, ris, Cariou, pendant que tu as encore des dents! Tu es à moi, à ma disposition! J'ai carte blanche! On veut savoir en haut lieu pourquoi tu résistes au PF! Tu vois, les nouvelles vont vite! Tu vas tout déballer, car ici on a tous les traitements! Psychotropes, électrochocs, camisole et même cette bonne vieille douche froide!
_ Il vaut mieux que vous cherchiez pas à savoir, pour moi et le PF...
_ Ah bon? Qu'est-ce que tu veux dire?
_ Si j'arrive à vous faire comprendre, vous allez y rester!
_ Oh! Oh! Mais pour qui tu t' prends? Pour Dieu en personne? Attends, pour ce genre de malades, tout est prévu! Faut les faire atterrir, c'est tout! C'est une maladie, Jack, ça s'appelle la paranoïa! Hein? T'as le complexe du messie? Pas grave, on va t' purger!
_ J' vous aurai prévenu... Mais est-ce que je vais rester attaché?
_ Mais non, Jack! C'était pour t'éviter une réaction incontrôlée dès ton réveil! Mais maintenant que tu sais dans quelle nasse tu es, tu vas pouvoir aller et v'nir comme les autres malades! Bienvenue dans mon hôpital, ma garderie, Jack!"
Monde de RAM, mercredi 21 juillet... La dépression va par les rues de RAM, le corps massif, le visage fermé et l'œil indifférent!
Elle peut accoster n'importe qui... Elle ne parle pas beaucoup et on est toujours surpris de la voir chez soi! Mais, avant qu'on ait pu faire une objection, elle nous affirme qu'elle sera un modèle de discrétion, qu'elle ne dérangera personne, et on la laisse là où elle est!
Au matin, elle se lève aussi tout près de nous et on se demande qui elle est vraiment... Elle ne fait pas de bruit et on hausse les épaules! Sans doute qu'on s'habituera à sa présence! Et pourtant elle gêne! C'est quasiment indéfinissable! Elle lit par exemple le journal, semble ne s'occuper que d'elle-même, mais en même temps elle pèse, préoccupe, envahit!
Elle a une action sourde, empoisonnée, quoique douce, non violente! Elle murmure à l'oreille: "A quoi bon?", "Laisse-tomber!", "T'y arriveras pas!", "C'est pas pour toi"!, etc.! Ce sont de drôles de messages, qu'elle répète inlassablement, chaque jour, et qu'on finit par faire siens!
Elle s'amuse encore à nous effrayer! Elle suscite des peurs idiotes, éprouve les nerfs! Elle claque des portes, crie au voleur, au feu! Elle raconte des histoires folles: la justice nous a dans le collimateur! Notre nom circule, provoquant la réprobation générale! Des ombres nous guettent, le voisin nous en veut! Elle nous rend peureux à force et nous fait même pleurer, car nous sommes à bout!
Elle s'en moque et continue son travail de sape! On en a marre et on lui dit de partir! Elle temporise et dit que ça ne servira à rien! De nouveau son poison agit! Il faut la combattre chaque jour! C'est un bras de fer! A chaque fois, on devrait pouvoir se dire qu'on a gagné un peu, qu'on est un peu plus fort! Il faut oser, se rendre compte qu'elle nous ensevelit!
Car elle nous enterre, nous efface, au profit de ceux qui piétinent, qui écrasent de sorte qu'ils n'en sont pas atteints! Elle nous dit d'attendre et par derrière, elle creuse notre tombe, qu'elle fait bien douillette et dans laquelle on rentrera sans résister! Ainsi, rien ne restera de nous! Elle aura tout pris, tout engouffré, tout digéré!
Il faut lui mettre des bâtons dans les roues! Car rien ne doit demeurer dans l'ombre! L'indignation, la colère du cœur, ses doutes, ses questions n'ont rien d'absurde, tout au contraire! Ce qui est pur, légitime, a sa place au soleil! La vérité est simple et doit s'imposer! Elle sort de nous quand elle est mûre et il suffit juste de la laisser aller!
La vérité parle et elle veut être écoutée! Alors la dépression s'en va, vaincue!
Journal de Jack Cariou, monde de RAM, jeudi 22 juillet... Je peux déambuler parmi les autres "pensionnaires" de l'hôpital... Certains jouent aux cartes ou aux dominos... D'autres font de la peinture, des découpages... Les plus nombreux sont devant la télé, happés par elle, alors qu'elle n'est au fond qu'un objet! On aura peut-être honte dans les couloirs du temps...
Soudain, je me fige, car je reconnais dans une vieille personne tremblante Sarah Taylor, une collaboratrice de l'Oued que j'apprécie beaucoup! Bon sang, que lui est-il arrivé et qu'est-ce qu'elle fait ici? Je m'approche, m'assied près d'elle et je lui dis: "Sarah! C'est Jack!
_ J...ack, Jack? Ce n'est pas possible!"
Elle se met à pleurer: où est passée l'altière, l'inébranlable Anglaise? "Sarah, ils t'ont fait du mal?
_ Ouuiii... Beaucoup sont morts, tu sais! Stein (ses larmes redoublent)! Gnocka, Sato, Sovensen! Exécutés!
_ Mais pourquoi?"
Elle hausse les épaules. "Moi, ils me droguent, reprend-elle. Oh Jack! je ne sais plus où j'en suis! Je n'ai plus aucune force!
_ J' vais t' sortir de là!
_ Vous ne devriez pas gêner, madame Taylor, me fait une infirmière sèche. Les émotions, c'est pas bon pour elle!"
Je me lève et m'éloigne et à ce moment, un soignant vient me chercher. Le Psycho-RAM m'attend dans son bureau et en y entrant, j'ai une première surprise! Un homme d'une cinquantaine d'années, les cheveux en brosse, se tient devant moi: "Ah! Cariou! fait-il. Asseyez-vous! Mettez-vous à l'aise! J'ai décidé que nos relations devaient commencer sur de nouvelles bases... et c'est pourquoi j'ai quitté ma boule, pour me présenter en chair et en os! Je pense que nous n'arriverons à rien sans une confiance mutuelle! Et j'ai fait le premier pas! J'espère que vous y serez sensible!
_ Bien sûr, docteur! J'ai grand plaisir à vous voir aussi... simplement!
_ Bien! Bien! En fait, si vous vous montrez coopératif, je ne verrai pas pourquoi vous ne seriez pas traité ici dans les meilleurs conditions! Disons que votre séjour parmi nous ressemblerait à une période de repos! Vous pourriez être comme un coq en pâte!
_ Et vos sentiments revanchards disparaîtraient?
_ Mais bien sûr! Votre collaboration les éteindrait!
_ D'autant qu'en haut lieu on vous marquerait une réelle gratitude!
_ Hein? Oui, évidemment! Alors, c'est conclu? Bien, entrons à présent dans le vif du sujet! Qu'est-ce qui vous fait résistant au PF?
_ Eh bien d'abord, je dois vous poser une question..., pour que vous me compreniez! Voilà, il y a longtemps que vous êtes comme ça?
_ Comme ça? Comment?
_ Oui, que vous êtes fermé à la lumière, à la vérité, que votre égoïsme fait barrage! Vous avez été un enfant pourtant, plein de bonne volonté!
_ Qu'est-ce vous racontez, je suis un scientifique et seuls m'intéressent les faits!
_ Justement, il est tentant pour un scientifique de vouloir quitter son innocence, afin de montrer qu'il n'est pas dupe! Mais je vais vous montrer mon secret, car moi, je suis ouvert à la lumière divine! Faites l'obscurité et vous allez constater que je dégage une luminescence particulière! C'est elle qui me permet de mettre en échec le PF! En fait, docteur, ce que je vous propose, ce n'est ni plus ni moins que de réaliser le plus vieux rêve de l'homme: voir Dieu!"
Le Psycho-RAM s'exécute, non sans hésitation, mais il est mené par la carotte de l'ambition! Nous sommes debout l'un près de l'autre et je lui dis: "Observez- bien!" Il a les yeux qui sortent des orbites et c'est à cet instant que je lui envoie de toutes mes forces un coup de pied dans les parties! A sa décharge, il ne crie pas! Il est tétanisé par la souffrance, car j'ai même senti ses testicules être broyées sur le bout de ma chaussure!
Enfin, il s'écroule en gémissant, mais je ne perds pas mon temps: je le bâillonne et le ligote avec du scotch, puis j'enfile sa blouse et me fait un peu sa tête. Ce n'est pas très difficile, il suffit d'avoir l'air toujours excédé, comme si l'autorité se mesurait à cet énervement!
Je repère la sortie et découvre une scène à laquelle je m'attendais: deux ambulanciers discutent mollement, adossés à leur véhicule. D'emblée, je leur braille dessus et ils se mettent quasiment au garde-à-vous! "Comment, madame Taylor, n'est pas encore là! C'est inadmissible! Allez la chercher!
_ Mais..."
Aucune explication ne sera donnée! Je suis supérieur, car sans traumatismes, sans névroses, sans besoin d'affection! "Vous ne m'avez pas entendu?" je crie encore, le visage plein de menaces! Ils plient bien entendu! Ils sont ductiles, poreux et ils filent! Ils ramènent Sarah dans un temps record et nul doute qu'ils ont eux-mêmes fait pression sur leurs collègues!
Nous partons, avec l'ambulance, et je demande bientôt de nous laisser en plein centre! Là encore, aucune explication! Un léger mépris, qui doit laisser supposer aux chauffeurs qu'ils s'en tirent à bon compte! Plus tard dans la soirée, je monte sur une éminence et je regarde brasiller la ville!
La mère du capitaine Siclay va s'occuper de Sarah! Mais puisque RAM est en dessous de tout, que sa médiocrité et sa lâcheté sont sans bornes et qu'on vient inévitablement me chercher des noises, en m'empêchant de vivre, eh bien, je vais donc combattre RAM pied à pied, jusqu'au bout! Je ne fuirai plus et je m'amuserai!
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PICTOGRAMME!
- Le 17/07/2021
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"Vous êtes Ambrose Chapel?"
L'Homme qui en savait trop
Mercredi 14 juillet, monde de RAM... RAM déambule maussade dans la galerie marchande... Il se gratte le menton: que pourrait-il bien acheter? Il ne sait pas! Mais qu'est-ce qui pourrait lui faire plaisir, car il a quand même de quoi?
Un bijou, une nouvelle montre? La sienne est déjà belle! Un nouveau costume? Faudrait se changer, se regarder dans la glace, voir qu'on a pris du poids... Tiens, ici, y a des articles originaux! Des bocaux recouverts de lin! Fallait y penser! C'est tout un univers, dans lequel RAM s'enfonce! Il farfouille, puis tous ces objets finissent par lui donner la nausée!
C'est venu soudainement! Il était là, quasiment dans l'euphorie... Il sentait son enthousiasme, mais une idée froide s'est glissée dans son cerveau! Et si on se moquait de lui? Derrière ce décor coloré, séduisant, il y a des études de ventes, qui catégorisent les acheteurs et RAM s'imagine maintenant comme un élément du troupeau!
Il n'a plus la foi, d'autant que le magasin suivant propose une philosophie, un bien-être par la consommation! On achète la paix ou le bonheur! la bougie apaisante ou la méthode du bonze tout sourire! RAM a l'air perdu, désolé! La richesse qui l'entoure curieusement le vide et il abandonne!
Il avance d'un pas de condamné vers une terrasse, où il se laisse choir! Sa voix n'est plus qu'un souffle, quand il commande! Mais on lui fait de grands signes! C'est son ami de toujours, M'as-tu vu, qui arrive! "Bon sang! RAM, t'en fais une tête!
_ Oui, je me sens patraque! Le temps reste gris et je n'arrive pas à me faire plaisir, par un achat!
_ Y a peut-être trop de choses! Ou bien tu ne manques de rien et tu n'es pas vraiment motivé! Pense à celui qui économise pendant des mois, des années même, pour pouvoir se payer l'objet de ses rêves! Celui-là espère... et il est heureux!
_ Comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur! Ah! Ah!
_ Ah! Ah! Tu vas mieux, on dirait!
_ Pas vraiment! On se sent plus chez soi, si tu vois ce que je veux dire!
_ Oh oui! L'émigration est massive! On en voit de toutes les couleurs! Eh! Eh! Mais tu sais, tant qu'on ne règlera pas la démographie d'un pays, en fonction de ses ressources, on sera toujours envahi!
_ Tu es affreux, mais j'aime ça! Mais il y a tant de problèmes! Que penses-tu de la solidarité économique? Mais elle n'existe pas, mon cher! C'est chacun pour soi! Terrible! Et le désarmement? Qui songe à en rabattre!
_ Certainement pas nous! Ah! Ah!
_ Ah! Ah! Et la planète qui continue à brûler!
_ Sûr! Faut la transition écologique!
_ Ben tiens!
_ Rien ne vaut une bonne pompe à chaleur, pour rendre fous les voisins, à cause du bruit! Ah! Ah!
_ Ah! Ah! Et les éoliennes qui dégradent les paysages! Rendre service est bien ingrat! Mais tout cela, même si c'est important, c'est un peu secondaire, en ce qui me concerne! Je ne sais pas, je ressens un mal-être, un vide, une angoisse diffuse, comme si j'étais l'objet d'une menace sourde, indéfinissable!
_ Dépression, dépression, RAM! Tiens, mais voilà l'Humaniste, il va peut-être pouvoir nous aider! Eh! l'Humaniste!"
Fidèle à lui-même, M'as-tu-vu siffle bruyamment, à travers la galerie commerciale, et il crie: "Eh! l'Humaniste, on est là!" Celui-ci s'approche et prend place à côté des deux autres. "Dis l'Humaniste, fait M'as-tu-vu, t'as peut-être un truc pour RAM! Il a un coup de mou et c'est bien ton job, à toi, de réfléchir au bonheur, non?
_ Parfaitement! Mais attention, le bonheur est ici et maintenant! Il doit être sans illusions! On doit regarder bravement les choses!
_ D'ac, l'Huma! enchaîne M'as-tu-vu. Mais concrètement, ça veut dire quoi?
_ Ben, on peut s'appuyer sur le "contrat social"! Je respecte les autres et donc la société, qui à son tour me donne son bien-être! C'est la civilisation qui progresse!
_ Dans du velours! rajoute M'as-tu-vu. Mais t'oublies les crises sociales! C'est quoi la société sans chaos?
_ Evidemment, chacun défend son bifteck, mais justement il faut qu'il évolue, qu'il sache se tempérer!
_ Tu veux parler d'une sorte de sagesse?
_ Exactement! Je vais vous donner mon truc! Pour toujours plus apprécier le moment, je me dis que c'est peut-être le dernier!
_ Eh! Eh! Pas bête!
_ Et moi, je ne veux pas avoir l'air d'un condamné! coupe RAM. Je veux tout! Je veux espérer! que ma vie ait un sens! que tout mon élan, toute ma force, toute mon énergie contribue à mon bonheur, sans léser les autres! J'ai soif! Je crève de soif! Je veux un dessein aux dimensions cosmiques! Je veux que mon amour profite au monde entier!
_ Dans ce cas, répond l'Humaniste, je crains que tu ne sois à la veille de bien des illusions!
_ Pourquoi? Parce que je ne rentre pas dans ta boîte à chaussures?
_ Non, parce que tu es déraisonnable!
_ Dis tout de suite que je suis un fanatique!
_ Hum! En effet, il est possible que ton "amour" soit destructeur!
_ J' vais t' dire, l'Huma: j' t'ai jamais kiffé!
_ Moi non plus à vrai dire! J' t'ai toujours vu comme un gros poussah!
_ Oh! Oh! les gars! intervient M'as-tu-vu. Calmez-vous!
_ Que je me calme? s'écrie RAM. Quand j'entends une philosophie de pacotille, qui ignore même toute la haine que nous avons dans le cœur!
_ Bon, bon! fait l'Humaniste. J' crois qu'il vaut mieux que j' parte! C'est toujours le plus intelligent qui cède!
L'Humaniste se lève et descend par l'escalator. "Place! Place au héros, au martyr! clame alors RAM au-dessus de sa tête et à destination des autres gens.
_ Pauvre con! répond l'Humaniste.
_ J' te chie d'ssus! hurle RAM.
_ Tu pètes vraiment les plombs! fait derrière lui M'as-tu-vu.
_ Sans doute! concéde RAM. Mais il m'a énervé par sa vue bornée! Et tu sais ce qui nous rend malheureux? C'est de douter de nous, du bonheur lui-même! Nous sommes des enfants et nous pouvons tout avoir! même le rêve le plus fou!"
Vendredi 16 juillet, monde de RAM... La domination se frottait les mains... "Quel chaos! Non, mais quel chaos! Pleurez pauvres gens! Vous voilà écrasés! Et qui est derrière tout ça? C'est bibi! Mais moi, ça va, j' sens rien! J' suis d'ailleurs au soleil! A l'heure actuelle, j' sirote un excellent cocktail sur une chaise longue, et vous savez ce que j'ai devant moi? Une vaguelette de cristal, qui vient mourir! A vingt-six degrés, s'entend!
Quand je m'y plonge, c'est juste un petit rafraîchissement! Et partout, autour, un bleu, mais un bleu! Azur dans le ciel et peut-être un tantinet turquoise pour les flots! Le paradis, j' vous dis! En short et tongs! J' suis sûr que vous avez peu à peu la gorge serrée, devant la carte postale! Eh! mais c'est mérité! J' bosse, moi! Et pas qu'un peu! J' compte pas mes heures! Et le résultat! Le chaos sur la Terre! Et quel chaos, encore une fois!
Vous doutez de mes capacités? Vous pensez que vos tristesses et la souffrance des autres ne sont que l'effet du hasard? Hein! Ces chers scientifiques qui nous parlent du réchauffement climatique comme d'une fatalité! Avec un air triste, ils vous disent que nous sommes de plus en plus nombreux et que, forcément, nous mettons à genoux la planète! Bien sûr, ils lancent une alerte, il appellent à agir! Les braves gens! Mais si leur vision était juste, cela supposerait que chacun est en imper et roule en Traban! Chacun aurait les mêmes besoins! Hein! Comme si nous n'en étions pas justement aux antipodes!
Comme si derrière la consommation, l'industrie, l'économie, etc., je n'étais pas le maître! Moi, la domination, la Dom! Ainsi, les récentes inondations meurtrières, en Allemagne et en Belgique, c'est moi! C'est Bibi! Pas directement bien sûr! J' suis pas assez bête pour m'exposer! Mais de fil en aiguille, c'est moi, l'auteur! Et évidemment, j' suis saisi d'effroi, comme tous les responsables, les chefs! Car c'est chez eux que j'habite aussi le plus, le mieux!
Paradoxe! paradoxe! Mais j'enfume aussi tout le monde! Cigare? Y a des benêts qui disent: "C'est l'argent qui mène le monde!" Mais l'argent, c'est mon chien! Il m'obéit au doigt et à l'œil! Sans moi, il aurait pas d'écuelle! Que serait l'argent, sans la soif de dépasser l'autre, de l'écraser, sans la soif de l'amour-propre? Bien sûr, j'en ai besoin! Il me sert bien, mais c'est moi qui le façonne!
Tenez, voilà un de mes plaisirs: une réunion entre amis! Belle villa, belles voitures! Du monde choisi, qui se reconnaît! Du luxe, de l'autosatisfaction coulant comme une fontaine! On est là au-dessus des autres! On fait partie des gagnants, des élites! grâce à moi, la Dom! Comment? Mais suffit d'appuyer là où c'est mou! là où on peut écraser, exploiter! Suffit d'être sourd aux larmes, aux plaintes, aux malheurs!
Imaginez-moi en promoteur! Hein? J'ai un gros projet! Mais alors, le Big! un immeuble de ouf! J' cire les pompes, je fais valoir les besoins, j' trouve le maire intelligent, j' reconnais qu' la vie peut être grave... et j'ai l' marché, légalement! J'ai les mains libres et attention les yeux! C'est moi, le héros, le créateur d'emplois! C'est moi qui nourris, la main qui donne ou qui enlève! C'est moi, Dieu!
J' fais venir mes camions, mes grues, mes hommes, mes machines! Alors commence le concert du siècle! un hymne au bruit et à la nuisance! Pas besoin de payer la place! Si tu viens pas à moi, j'irai à toi! La teuf est dans la ville, délirante, légale, j' le rappelle! Et tu pleures, tu gémis? Mais regarde-toi! Tu vis dans la crasse! dans un immeuble sombre comme un égout! Tu te traînes! T'es là morne avec ton chien, qu' tu promènes! Ta vie est finie! T'es un spectre et autour mes camions passent soulevant la poussière!
C'est la guerre! Mes machines canardent sans fin! Ton quotidien est un enfer, mais j' te vois même pas! T'es une araignée dans la nuit! Le cœur, la compréhension, la modestie, le doute, désolé, c'est pas pour la Dom! Et j'vais t' dire, j' te baise jusqu'au trognon! J'ai détruit ton environnement! J' te laisse avec plein de problèmes et des bruits qui t' détruisent! Mais moi, ça va et même fort! C'est l'inauguration du nouvel immeuble! Une vraie réussite, tu peux m'en croire!
Tous mes amis sont là: Dom 1, Dom 2, Dom 3, etc.! Nous buvons du champagne au nom du progrès! Tu m' trouves dégueulasse? Nous sommes perdus dans l'espace et nous devrions être solidaires? Comme si on t'entendait!"
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CRAME!
- Le 10/07/2021
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"C'est moi l'aigle de la route!"
Mad Max
Lundi 5 juillet 2021, monde de RAM... "Je vais vous expliquer certaines choses, ouais! Mais d'abord laissez-moi bourrer ma pipe!
Hum! Voilà... Alors, j'entends beaucoup d' conneries, comme d'habitude! Par exemple, je lis sous la plume d'un scientifique, Lee Smolin en l'occurrence, dans son livre La Renaissance du temps, que "le combustible de la foi, c'est la peur de la mort! C'est s' rassurer en donnant un sens à la vie, contre la solitude! Etc. Etc.!"
Bref, la rengaine de l'affranchi! du scientifique qui regarde enfin l'existence dans les yeux! l'homme ou la femme qui en ont! Pff! Pff! Car y a des bêtes, croyez-moi! Y a des titans parmi nous! Et dans le meilleur des cas, y nous méprisent pas! Y nous comprennent! La faiblesse n'est-elle pas humaine! Hein? Ne sont-ils pas bons? Et y z'ont intérêt, car ces gus-là, ces hommes et ces femmes d'airain, eh ben, y r'présentent le monde de demain, le futur! C'est pas rien!
Des caïds! des grands frères et des grandes sœurs! Heureusement qu'y sont là! pour faire honneur au genre humain! Pff! Pff! On n'a rien fait d'mieux depuis le tyrannosaure! Non, parce que lui, c'était une vraie machine à dévorer! Et eux, ce sont de vraies machines à courage! Sûr! Y s' sont mis debout! Y n'ont pas peur, eux!
Mais la foi, c'est quoi au juste? Eh! Eh! J' vais vous étonner, mais c'est d'abord une histoire d'amour! Surprise! Et pas n'importe laquelle, c'est la plus grande! Cherchez pas, c'est la vérité! Bien sûr, on peut aimer une femme! Et c'est le soleil dans la maison! On lui sourit et elle nous sourit, et patati et patata! Mais aimer Dieu, c'est quand même autr' chose!
Le croyant, y met les pieds dans un drôle de monde! celui de l'esprit si vous voulez! Faut bien lui donner un nom! Mais c'est un monde étrange, qui peut sembler un peu fou! Car voilà un type qui dit: "Seigneur", in petto et qui commence à discuter avec lui-même! Il est peut-être givré! Et puis voilà, voilà qu'il est devant une équation, si j' puis dire, qu'est pas banale!
Eh ouais! J' peux la résumer ainsi: "J' suis Dieu, bon, si tu crois en moi, j' suis ton créateur, j' te connais et j' veux qu' ton bien, forcément! Si j' t'ai fait, c'est pour veiller sur toi, pour qu' tu manques de rien! C'est pour que tu sois heureux, car comment voudrais-tu m'aimer, en n'aimant pas la vie! Bref, tu dois avoir confiance!"
Oh! Oh! Faut avoir confiance! Oh! Oh! faut pas avoir peur d'être heureux, d'être soi! Oh! Oh! Z'avez déjà lu le journal? Mais... mais le poids du monde vous tombe dessus! Il pleut des inquiétudes, des cornes d'inquiétudes! Comment on pourrait rester calme, avoir confiance? Au secours! Au secours, le bateau coule! Vite de l'eau, j'ai soif! Mais où sont les bouées? Mais donnez-moi une bouée! Ouais, elle est à moi! A moi vous entendez! Le premier qui tend la main vers elle, j' le descends! Et j' s'rai en légitime défense! Ouais!
Hein? Comment rester heureux, serein dans cette folie? Eh, mais attention! Une petite minute! Le croyant croit par peur essentiellement! C'est ce que dit l'athée! le Bayard moderne! Mais oh! oh! ce que demande la foi, c'est justement d'avoir le courage d'être heureux! C'est de ne pas avoir peur! Hein? C'est tout le contraire de ce que dit l'ath..., le machin chose! On met un brelan sur la table... et je mets un carré! C'est moi qui rafle la mise! moi, le plus audacieux! Pfff! Pff!
Qui est le plus courageux? Celui qui a une chaire à l'Université, qui a son salaire, un bureau propre, qui est salué par des étudiants, des paires et qui écrit un livre par semaine, pour signaler qu'il gamberge et qu'il avance! Ou bien, ou bien le gars qui est dans l'ombre, sans reconnaissance, qui ne sait pas de quoi demain sera fait et qui prend en plein figure la vague de toutes les inquiétudes du monde, qui ne peut qu'être emporté par elle et qui quand même se dit qu'il faut avoir confiance et ne pas avoir peur? Qui? Le fonctionnaire de l'esprit! ou le plongeur de l'impossible, le trapéziste du bonheur?
Qui montre du souffle, de la grandeur, de la force? Qui va à contre-courant? Qui résiste au malheur, qui ne s'en effraie pas? J' vais vous dire, le secret du Carpe diem, c'est pas:"J'en profite! J'en profite!" C'est pas un abrutissement, une ivresse! C'est: "Je n'ai pas peur!" La foi, c'est d'abord une école pour apprendre à maîtriser ses craintes, à rester sur le pont malgré la tempête! Et c'est pour cela que c'est la plus grande histoire d'amour! En n'ayant plus peur, malgré l'épouvante ambiante, on devient un homme! un vrai! ou une femme, une vraie!
La foi, c'est unique aujourd'hui et peut-être que ça n'a jamais été aussi difficile! Voilà l'os pour les forts! un terrain de morfales pour le courage! Mais j'en ai marre, marre de tous ces bouseux, de ces suffisants, de tous ces eunuques, qui nous bassinent avec la perte de leur pucelage! Y n'ont rien vu, rien senti, y connaissent encore moins et ça jacte, ça jacte! Pff! Pff! Le titan, c'est moi! Les cloportes, c'est eux! Voilà j' suis sans cœur! Mais j'en ai marre, j' vous dis!"
Mardi 6 juillet, monde de RAM... "RAM est ton guide! ta lumière! ta voie, ton appui! Fie-toi à RAM et RAM te soutiendra!
Tu es perdu dans le vaste monde? Tu angoisses dans la rue, les grands magasins, devant des inconnus? RAM est là, près de toi et t'aide, et t'aime! Regarde comme RAM est séduisant! Ses images glissent, hautement colorées! Et c'est toi qui les commandes! Elles obéissent docilement sous ton doigt!
Le monde de RAM est fluide, chaleureux! Il n'est pas âpre, froid et hostile, comme celui qui t'entoure! Le monde de RAM est liquide, numérique, kaléidoscopique! C'est un monde de rêve qui te chérit, comme tu chéris RAM!
RAM est ton chien, ton enfant, ton frère, ta sœur! C'est ton repère! Partout, RAM t'accompagne, comme ton cœur! Que ferais-tu sans RAM! Que se passerait-il, si tu le perdais? Que deviendrais-tu! Tu n'oses y penser!
Eh bien, je vais te dire ce qui arrivera! D'abord, il y aura un grand silence, comme pour annoncer sa venue! Tu seras inquiet, tu auras la nausée, tu perdras l'équilibre, tu devras chercher le soutien des murs! Puis, elle surgira et ce que tu sentiras, c'est d'abord son haleine froide, car en dehors de RAM règne un vide glacial!
Elle se dressera au-dessus de la ville, monstrueuse! Tu n'as pas idée comme elle te fera trembler! Elle t'arrachera les pieds vers le bas! Elle t'écrasera, te ratatinera! Tu auras envie de crier, de hurler, mais tu ne le pourras pas, tant elle te pressera! Tu n'aura qu'un faible gémissement et tu demanderas pitié muettement!
Elle, c'est l'épouvante! Elle est née de l'hypocrisie et du mensonge du monde! Tu vois, elle ne date pas d'hier! Ta haine sera impuissante contre elle! Elle rira de toi! Tu seras plein de sueur et tu ne pourras pas supporter son regard! Pour la combattre, il faudrait être du Nord, d'une tribu légendaire, qui a toujours affronté le brouillard et la nuit!
Ces hommes-là n'existent plus, mais n'appartiennent-ils pas à un mythe? Il est possible qu'ils n'eussent jamais vécu! Mais on raconte qu'ils s'installaient devant la réalité et qu'ils lui demandaient: "Qui es-tu?" On raconte qu'ils cherchaient Dieu, qu'ils lui parlaient! C'est te dire comme ils étaient arriérés! Dieu, cette farce!
Enfin, ils lui disaient: "Si tu es, je te trouverai! Je n'abandonnerai pas ma quête! Je n'aurai pas peur! Je t'aimerai jusqu'au bout!" Ils ne lâchaient rien et ils se perdaient! Tu entends? Ils se perdaient! Ils disparaissaient dans le mirage qu'ils avaient eux-mêmes créé! Ils étaient trompé par leur songe!
A ce compte- là, on peut comprendre qu'ils aient tenu tête à l'épouvante, à force de rêveries et de fantasmes! Mais où sont-ils à présent? Le vent n'a-t-il pas effacé leurs traces? Pauvres marionnettes d'un temps obscur! Aujourd'hui, nous savons que l'Univers est sans fin et que ses particules, qui l'étendent encore, n'obéissent qu'au hasard!
Mais ne crains rien: RAM est ton rempart! Il te fait le centre de tout! L'Univers, aussi immense soit-il, tourne autour de toi! Tu es la seule réalité, c'est RAM qui te le dis et qui te le répète! Si tu doutes, Elle reviendra! Elle te menacera... et Elle a des comparses, tu sais! Elle a ses agents, ses serviteurs! Ce sont tous ceux qui ne te reconnaissent pas comme leur dieu! tous ceux qui ne t'admirent pas! tous ceux qui doutent de toi... ou qui par méchanceté exhibent leur indifférence!
Ceux-là entaillent ta sécurité! Ils sont hors de RAM! Méprise-les! Hais-les! Ils ne méritent que ton dégoût... et si tu peux les détruire, fais-le! Ne doit-on pas écarter, supprimer, vaincre les obstacles? Je vais te donner le secret de RAM! Ecoute..., RAM, c'est toi! C'est ton image! ta lumière, ta sauvegarde! ton but, ton futur, ta seule raison d'être!
Au-delà, l'hydre de la nuit développe ses tentacules!
Mercredi 7 juillet, station Charcot... "L'émotion tue la réflexion!" Voilà ce que je me dis, en courant dans les couloirs de la station, car je me dirige de nouveau vers le laboratoire de Cressant; là même où Friant a voulu me tuer!
Pourquoi? Mais parce que je sais que là-bas il y a une porte, au fond du labo, que je dois pouvoir bloquer, après l'avoir refermée, et qui me mène à l'extérieur du bâtiment, avec quelques perspectives!
Je ne suis donc pas totalement désespéré, mais derrière, à ma poursuite, j'ai un homme surentraîné au combat, et je ne fais pas le fier, comme le lièvre de la fable! D'ailleurs, les choses se répètent, puisque, au moment à où j'atteins la porte salvatrice, une balle siffle à mon oreille, pour encore aller casser du verre!
Les assassins ne connaissent pas le prix des choses, c'est bien connu! Ce sont avant tout des jouisseurs, puisqu'ils privilégient leurs appétits! Mais, me voilà quasiment dehors et si je trouve la bonne cale, pour coincer la poignée et immobiliser la porte, j'ai une très mauvaise surprise, en ce qui concerne le reste!
En effet, il n'y a plus de motos neige, ni d'équipement contre le froid, et je regarde donc la neige qui pénètre l'endroit sans enthousiasme! J'entends des coups contre la porte et par réflexe, je m'en écarte, cherchant vaguement une solution, alors que je commence déjà à frissonner! Dans mon émoi, je tombe dans un trou, plutôt une fosse, car je me retrouve nez à nez avec la tête d'un squelette, qui semble trouver ma situation hilarante!
Je me dégage vite fait du tas d'ossements, encore gluants et portant des lambeaux de vêtements! Sans soute qu'un ours a déterré ce cadavre! Mais une fois debout, j'aperçois au cou du mort un petit objet doré, qui ne peut être qu'une médaille! Je m'en saisis et je lis son inscription: "A ma Sophie, son parrain..."
Ce n'est pas vrai! La merveilleuse, la fantastique Sophie Prémel est là! réduite à ce pantin blanchi! "La voilà, la vérité!" me dirait un humaniste seulement désireux de bien faire, jusqu'à manquer de délicatesse! "Que vas-tu imaginer une vie future? continuerait-il, implacable. La vraie vie est ici et maintenant! C'est celle-là qui doit te rendre heureux! Agis dans la réalité, afin que tout le monde soit gagnant, aperçoive de son vivant le paradis!"
"Hélas, lui répondrais-je, je ne peux croire un aveugle! Le jour où je te verrais conscient de ta domination et du mal que tu fais, car tu en écrases sûrement certains, alors, oui, je demanderais ma carte de pointage à ton usine! Mais, pour vraiment améliorer notre condition, il n'y a pas d'autres chemins que celui de vaincre la domination... et pour cela la foi est nécessaire!"
" Ya rien à faire avec toi!" me lâcherait-il déçu, mais je le couperais en lui demandant: "Tu n'entends pas des coups de feu?" Et effectivement, dans la station, on tire, puis c'est le silence! Une voix bientôt fait: "Vous êtes là, Cariou? Je suis le capitaine Siclay! Et j'ai tué Godefroy! Vous êtes en sécurité maintenant!"
J'attends encore un peu et j'ouvre la porte! Je me retrouve devant un jeune homme paisible et qui m'explique qu'il avait été chargé par l'Etat-major de surveiller le colonel, sur lequel pesaient déjà des soupçons! Il a agi quand il a compris que son supérieur était devenu un tueur! Je contemple ce soldat et je me rends compte que c'est un cœur pur, qu'il n'est pas dans la nuit de sa domination et je souris, en songeant que "l'Esprit" souffle là où il veut!
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Macramé!
- Le 03/07/2021
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"Ma chère, on peut trouver Wagner boursouflé ou grandiose, mais pas charmant!"
Le Président
RAM souffre d'un mal étrange! Ses habitants ont le visage grave, fermé et sans doute leur a-t-on annoncé quelque calamité! Ils semblent détenir un lourd secret! Peut-être savent-ils que le monde est condamné à une explosion nucléaire et ils comptent ainsi les derniers instants qui leur restent à vivre!
Des jeunes sont là, accablés, figés, sans avenir, au bout de la plus profonde impasse! Leur sort paraît d'une cruauté impitoyable et en effet, ils voudraient qu'on reconnaisse leur malheur, qu'on les plaigne, qu'on s'attache à eux, qu'on prenne conscience de leur abîme!
Et qu'on passe indifférent, énergique, heureux, les stupéfie... et suscite malheureusement leur haine! S'il y a une solution, un remède, pourquoi le détestent-ils? Pourquoi ne courent-ils pas après? Si on a vraiment mal et qu'il existe un baume, un calmant, ne serait-on pas prêt à tout pour se le procurer?
Non, ils se contentent de mépriser, de vouloir détruire... et donc étrange mal qui les ronge! Ceci est surtout valable pour les hommes, car les femmes, elles, ont une autre façon de montrer ce désespoir qui règne dans RAM! Elles s'habillent volontiers tels des clowns! A leurs vêtements disparates, outrageusement colorés et qui les rendent presque nues, il semble ne manquer que des grelots dorés ou un chapeau pointu!
Que veulent-elles? Ecraser le regard? Pourquoi susciter le désir, au point de faire preuve de mauvais goût ou d'impudeur? Quelle peur, quel mal-être les excitent, les inquiètent autant? Hélas, la malédiction, qui mine les hommes, les agite au contraire, mais partout c'est le même poison: ombre ici, folie là-bas!
Lourd destin que celui de RAM! Les hirondelles le savent, elles, qui toute la journée font de la voltige pour se nourrir; elles qui jusqu'aux dernières lueurs s'empressent et qui de temps en temps, en couple, s'amusent à des merveilles de figures et de vitesse!
Car au-dessus de RAM, en effet, il y a un miracle, quelque chose d'extraordinaire! Il y a un ciel d'un bleu saphir et cristallin! avec des vagues de nuages, qui semblent des charges de cavalerie en coton! C'est que ça bouge magnifiquement là-haut aussi! Il y a des marées immenses, tachetées, sanglantes, orangées, évanescentes; ou plutôt massives, noirâtres, mauves, empêtrées dans des barbelés de lumière!
Mais RAM ne peut pas s'en rendre compte, car sa tête repose sur son nombril, pesante! C'est cela que regarde RAM tout le temps, son nombril! C'est sa maladie incurable, son fléau, sa damnation!
Passe étranger! Laisse RAM à sa douleur! Respecte-la! C'est un combat de titans! un cancer aux dimensions cosmiques! Ce n'est pas pour toi, étranger au pas léger et innocent! Va te distraire, pendant que RAM la grave, la tourmentée, réfléchit à son triste exil!
RAM ne connaît pas l'éclat des fleurs, ni les insectes infatigables qui y puisent! RAM courbe sous le poids de son égoïsme et sent toute l'amertume de sa prison!
Monde de RAM, mercredi 30 juin... Il est des rites de RAM qui semblent dépourvus d'humanité! On prend soudain une personne âgée, car sans soute sont-elles les plus vulnérables, et la foule menaçante, excitée, la pousse vers un magasin! Là, on force la personne âgée à acheter et commence son calvaire!
On la surveille de loin cependant, à cause des mesures sanitaires, mais elle doit faire un choix et devant elle s'étalent mille sortes de fromage et de chocolat! Les yaourts les plus fins sont aussi de la partie et voilà notre victime qui souffre, qui s'exprime d'une voix dolente, et on la comprend, car comment peut-on faire subir pareil supplice!
La peine, l'amertume, la haine se peignent sur le visage de la vieille dame! Elle éprouve le plus grand des dégoût à mesure que son panier se remplit! On doit la plaindre! Ce n'est pas le bon yaourt! Il faut un au caramel et l'autre au citron! La main tremble, l'atmosphère est plus que tendue!
Ce fromage est un peu trop sec! Cet autre, oui, peut-être, mais c'est à regret! La commerçante ne se départit pas de son calme! Elle sait comme c'est dur, dans quel piège on a enfermé sa cliente! Elle ne désire que l'aider, afin qu'elle sorte, qu'elle échappe à l'épreuve! Et voilà justement la vieille dame qui retrouve la rue, hagarde, ivre de douleur! Comment ne pourrait-elle pas susciter la pitié?
D'ailleurs des migrants qui passent ne s'y trompent pas! Ils réclament la fin du rite! Ils font appel à la compassion, en mettant en avant leur histoire! Ils disent que dans leur pays d'origine ils n'ont rien et c'est pourquoi ils seraient infiniment plus civilisés! Ils soutiennent que jamais n'a existé chez eux une telle barbarie, qu'il est possible même de vivre sans ses traditions délétères et qu'on peut quasiment aller le ventre creux!
Bien sûr, ils plongent RAM dans l'incrédulité, car ici les choses sont habituellement à foison! On s'écarte d'eux, on les prend pour des hâbleurs, des rabat-joie! On continuera de faire souffrir les anciens! Qu'ils aient l'air d'expier, même si on ne comprend plus bien pourquoi! Qu'on se réjouisse encore de notre cruauté, devant ces atermoiements que l'on voudrait gourmands! Ecoutons encore ces plaintes, si douces à l'oreille qui sait les reconnaître!
Qu'est-ce qu'il y a de plus drôle? RAM est là dans toute sa gloire!
Monde de RAM, jeudi premier juillet... On raconte que RAM défia les dieux! qu'il se dressa contre eux! qu'il voulut les abattre! les anéantir, les supprimer!
Alors sa haine était sans pareille! Elle avait longtemps été accumulée et enfin elle éclatait! RAM coupa la tête des fanatiques, les creva à coups de baïonnettes, détruisit leurs maisons, leurs temples, brûla leur sol, viola leurs femmes, égorgea leurs enfants, car plus rien ne devait subsister de l'ancien monde, celui des croyances et des dieux!
Le flot de sang semblait ne jamais vouloir s'arrêter et pendant ce temps-là, RAM édifia des lois et salua la naissance du libre-arbitre, le gouvernement de la raison! RAM devenait maître de son destin! L'esclave avait fait tomber ses fers et il respirait l'air pur, d'un ciel débarrassé de ses maîtres!
Une vie nouvelle commença! Il suffisait d'être sans parti-pris et de faire évoluer la loi, quand c'était nécessaire! On chantait, on avait écrasé le fléau, l'abjection et on parlait de fraternité, de liberté et d'égalité! Il y eut encore quelques guerres, mais le bon sens était pris et quand on ne discuta plus des territoires, le bonheur tant espéré aurait dû être là!
Mais on continua à se mordre les uns les autres, à se haïr, à se détester, à vouloir détruire! Où était le ciel serein? le rêve? l'idéal? la raison triomphante? Ah! Mais il y avait encore des gêneurs, des ennemis! C'est que les dieux ont la vie dure! d'autant qu'ils sont attachés aux riches, qui pullulent, qui écrasent, agissent dans l'ombre!
RAM n'en finissait pas de se déchirer, de se mettre à feu et à sang! Que lui manquait-il? Un jour, Dieu eut pitié de lui et revint le voir et lui demanda: "Pourquoi me hais-tu?
_ Parce que tu n'existes pas... et que je veux être libre!
_ Mais tu m'as rejeté, fait disparaître! Me voilà sans influence, ridiculisé, balayé! Alors que crains-tu?
_ On sait jamais! Tu pourrais revenir! Les gens sont faibles et ils ont besoin de superstitions!
_ Si tu étais si sûr de toi, tu n'aurais que compassion pour eux! Tu changerais les autres en les aimant, car tu sais à présent que la violence est inefficace! N'est-ce pas plutôt que tu as besoin de ta haine? N'est-ce pas plutôt que tu es incapable de vivre en paix?
_ Bientôt, on y arrivera! Ce n'est qu'une question de progrès, de lois, de raison! La science nous aidera!
_ Ah bon? Mais aujourd'hui tu as tout! Mais peut-être as-tu déjà oublié ce qu'est d'être pauvre? Je pourrais t'aider, tu sais, et sans te priver de ta liberté, bien au contraire! Car, regarde-toi, tu es esclave de ta haine! Tu ne peux vivre sans te donner un ennemi, ce qui explique ta violence et ta peine! Tu as soif et je suis une aventure! Tu veux aimer et la foi te donnera le vertige! Tu veux être puissant et je te rendrai invincible parmi les hommes!
_ Laisse-moi! Je dois travailler pour vivre! C'est la seule réalité!
_ Non, tu veux aussi vaincre, te sentir supérieur et demain sera plein de tes larmes!"
Station Charcot, vendredi 2 juillet... Je regarde toujours Morizur, qui tient maintenant dans la main une drôle d'arme! "Cariou, je vous présente le pistolet au rayon fracturant! Il brise tout champ psychique, produit par la domination et... wwouuf! On s'évapore!
_ J'imagine que c'est comme ça que les deux soldats ont disparu...
_ Exactement! Vous ne pouvez pas savoir combien j'étais impatient d'essayer ma nouvelle arme!
_ Et Cressant, dans le réfectoire?
_ Simple mise en scène macabre, afin de tendre un peu l'atmosphère!
_ Somme toute, vous êtes resté un cabotin!
_ Cariou, ce seront vos dernières paroles, car, malheureusement, vous ne serez pas du voyage de retour, vers RAM! Adieu Cariou!"
Morizur tend son arme et je ferme les yeux, puis j'entends la voix de Godefroy dire: "Ne tirez pas Morizur, ou votre tête explose!" Le colonel s'est glissé dans la pièce et il applique maintenant son propre pistolet, contre la tempe de Morizur... Celui-ci hésite une seconde, mais il prend conscience qu'il n'a aucune chance... et il tend finalement son engin à Godefroy!
Mais, à ma grande stupeur, Godefroy fait malgré tout feu et Morizur a une horrible grimace, avant de tomber! Il est désormais vraiment mort, puisque je vois pour la première fois de la cervelle, sur le sol! "Mais vous êtes fou, Godefroy!
_ Cariou, les choses sont un peu plus compliquées que vous ne le croyez! Voyez-vous, RAM se perd, se désagrège, devient même la risée du monde entier! Le gouvernement permet tout et les crimes, les abus de toutes sortes, deviennent légions! Où est notre esprit, Cariou, celui qui a fait notre grandeur? Il faut reprendre les choses en main... et c'est l'armée qui agira! Maintenant que j'ai cette nouvelle arme, je serai un interlocuteur crédible!
_ Je pense que vous ne valez pas mieux que Morizur!
_ L'histoire jugera, Cariou! Cependant, je ne peux laisser un témoin tel que vous derrière moi...
_ Oui, vous êtes, vous aussi, victime du devoir... C'est typique des fous! Ils ne sont jamais responsables!
_ Adieu, Cariou!"
Je ferme de nouveau les yeux, mais il ne se passe rien! Godefroy s'énerve, car il presse en vain la gâchette de la nouvelle arme. "Bon sang! ça ne marche pas! fait le colonel. C'est du vent!"
A cet instant, un autre soldat entre: "Mon colonel, je..." Godefroy ne l'écoute pas et tire brusquement vers lui! L'homme nous regarde surpris, puis un effroi insoutenable gagne son visage, tandis que son corps s'éparpille en particules!
"Mais... mais alors, pourquoi ça ne fonctionne pas sur vous?" fait le colonel. Je pourrais tenter de lui répondre, mais il va finir par comprendre qu'il peut utiliser son arme traditionnelle et je le bouscule, pour qu'il perde l'équilibre, avant de m'enfuir! C'est une habitude maintenant!
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RAMINAGROBIS!
- Le 26/06/2021
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"Mais il nous embête, ce vieux!"
Poulet au vinaigre
"Bonjour, Léa, tu vas bien?
_ Je ne sais pas...
_ Ah bon?
_ Ben oui, tu m'appelles Léa..., mais tu pourrais aussi bien m'appeler Léon!
_ Tiens?
_ Mais oui, je ne me définis pas comme binaire! Je ne suis pas plus une femme qu'un homme et surtout je n'ai pas à choisir entre les deux!
_ Faut bien que je te parle tout de même!
_ Oui, mais sans me discriminer!
_ Parfait! Tu as faim?
_ Oui, j'ai bien un p'tit creux! Hi! Hi!
_ Tu veux du chocolat!
_ Je veux bien!
_ Le problème, c'est que maintenant je te sens coercitive!
_ Qu'est-ce que tu racontes?
_ Sans char! Ton appétit fait que je me sens subitement oppressé!
_ J' te comprends pas! Tu m' proposes et v'là que tu donnes pas! C'est quoi c' délire?
_ Mais j' t'assure! Tant que ton désir était latent, je me sentais à l'aise, généreux! Et puis tu te dresses devant moi, avide, telle une bouche grande ouverte! J'ai plus qu'un sentiment d'effroi, d'abandon même!
_ Bon sang, t'es une poule mouillée ou quoi?
_ Oh là! Oh là! J' croyais que t'étais contre toute forme de discrimination! Moi aussi, j'ai ma propre sensibilité! Il faut la respecter et non m'injurier!
_ Pauvr' connard! Ah! Tu t' sens vraiment balèze! T'as réussi ton coup! Tu jubiles, pas vrai?
_ Alors, quand ça va pas, quand on est différent, on a seulement droit à ton mépris? Et tu sais pourquoi? Mais parce que ta lutte pour toute liberté, c'est d'abord une manière pour toi de te donner encore plus d'importance! Tu refuses quoi que ce soit du système, parce que tu aurais l'impression de te diminuer!
_ Vas-y Boomer, chante toujours!
_ J' vais t' dire! Le jour où tu s'ras capable de recevoir l'affront sans sourciller, alors tu s'ras vraiment humaine!
_ Sale rat!
_ C'est ton côté "ruisselant d'amour"!"
Monde de RAM, mardi 22 juin... "Qu'est-ce que tu nous ramènes là, La Frim? Mais c'est la star de la télé en personne, celle qui fait cette semaine la couverture du magazine TV! Ben, on est drôlement gâté!
_ Mais qu'est-ce que ça veut dire tout ça? C'est un enlèvement?
_ Presque! Oh! mais dites donc, vous avez salement vieilli depuis cette photo! Ou bien, ou bien, ils vous ont superbement arrangée! La peau lisse, lumineuse! Une véritable étoile dans le cosmos de la séduction!
_ Apparemment, ça vous plaît d'être grossier! Mais enfin me direz-vous ce que je fais ici?
_ Et puis, il y a vos propos! votre leçon de vie! votre sagesse! Eh! dame! Il faut un message, pour tamiser votre exhibition! Sinon elle serait indécente! Et que racontez-vous? Votre foi en l'amour, qui témoigne que vous êtes restée pure! Eh! Eh! Vous voilà encore plus jeune et attirante!
_ Mufle!
_ Moi, c'est le Boss... et celui qui vous a amenée jusqu'ici, grâce à son joli minois, c'est La Frim!
_ Bon... et qu'est-ce que vous voulez?
_ Ben, la vérité! On veut un peu d'air! On en a marre d'être pris pour des billes, toute la sainte journée! On est désormais attentif à notre santé mentale et à celle du plus grand nombre!
_ J' comprends pas!
_ La vérité, c'est que tu as cinquante ans, que tu vieillis et que tu es complètement paumée!
_ Ah! Ah! Vous rigolez!
_ T'es tellement paumée que tu es folle de toi-même! On doit te voir partout et tu te comportes comme une ado! Sur certaines photos, tu aguiches sans vergogne et quand tu n'es plus la vedette, tu deviens agressive, voire odieuse, à l'égard de ton entourage! On veut des aveux filmés pour les réseaux sociaux! Crois-moi, ça fera du bien à tout le monde, même à toi!
_ Et si je refuse?
_ La Poiss, s'occupera de toi!"
A ce moment, un petit homme ventru s'approche de la star et la touche, ce qui lui donne l'impression d'avoir un serpent sur la peau! Elle veut crier, mais le Boss la coupe: "Ah! j'oubliais! La Poiss a une spécialité: le chevalet!"
Palais de RAM, mercredi 23 juin... L'orgue à quartz s'éteint peu à peu! Les fermions, les bosons, la matière noire ne sont plus qu'un murmure, avant le silence! "Ah! fait la voix du président Romuald, alors que lui-même n'est plus qu'un disque irisé. Cet allegro de spins, avec cette fonction d'onde lancinante! Je ne m'en lasse jamais!
_ Quel hommage rendu à notre origine aléatoire! renchérit le professeur Bourdon, lui aussi réduit à l'état d'une mémoire numérique. Quand je pense à la lourdeur du déterminisme! Fi de la causalité!
_ Et vous, Fauconnier, ne trouvez pas là le sommet de la régénérescence? demande le président à son ministre.
_ Certes, certes! répond le dernier disque irisé. Mais j'aime encore les cymbales de la relativité générale! C'est sans doute mon enfance populaire qui parle! A l'époque, nous n'avions pas de cuisine quantique! Il fallait encore porter les casseroles!
_ Hein? Oui, oui, bon! Mais la situation est mauvaise, monsieur le ministre! Les émeutes succèdent aux émeutes! Nous frôlons l'insurrection! Mais enfin que veulent les gens?
_ Ils disent qu'ils sont trop loin du pouvoir, qu'ils n'ont plus voix au chapitre! Ils demandent à participer plus à la vie politique, au développement de RAM!
_ Ah! Ils voudraient plus de responsabilités! Mais notre système est déjà démocratique!
_ Et les dernières élections ont été un fiasco, avec une abstention jamais vue!
_ De quoi s'arracher les cheveux, si on en avait encore!
_ J'ai peut-être une explication... fait Bourdon timidement. Imaginons que ce que veulent vraiment les gens, ce serait qu'on s'occupe d'eux, pour qu'ils se sentent plus importants, ce qui encore les rassurerait! Dans ce cas, leur demande, qui ne pourrait pas évidemment s'exprimer directement, se traduirait par un désir de réforme des institutions...
_ Hmmm! Mais il faut des élus, des délégués! Il ne devrait pas y avoir d'abstention!
_ Vous oubliez le virus! Il nous lamine, nous rend exsangues! Alors, comment pourrions-nous, dans ces conditions, nous intéresser à un autre que nous-mêmes? L'autre nous exaspère!
_ Hmmm! Pas bête, professeur! Et vous voyez une solution?
_ Non, j'ai bien peur que nous soyons plus compliqués que la physique atomique!"
Journal de Jack Cariou, station Charcot, jeudi 24 juin... Nous avons pris nos quartiers, comme on dit..., mais seulement après avoir cherché assidûment les deux soldats disparus! Sans résultat et nous sommes maintenant extrêmement tendus, comme toujours, quand la menace reste inexplicable!
Dans mon ancienne chambre, je me dis que les événements nous ont détournés du commencement, à savoir la fouille de la chambre de Morizur, pour comprendre ce qu'il est devenu... et je m'y rends. Elle est vide bien entendu et paraît aussi abandonnée que la mienne, mais, avant de sortir, alors que j'éteins la lumière, je remarque une raie qui brille dans le mur!
En m'approchant, je constate qu'il y a là un panneau qui coulisse et je descends quelques marches, dans une pièce entièrement éclairée! On dirait un laboratoire et un vaste tableau montre des formules mathématiques compliquées! "Ainsi, vous avez trouvé mon antre! fait une voix derrière moi, que je reconnais être celle de Morizur. Ce n'est pas un problème, car j'allais de toute façon révéler ma présence!"
Je me retourne et regarde Morizur à peine changé, peut-être un peu plus hâve! "Morizur! Je vous croyais mort!
_ Moi aussi! Mais je me suis réveillé dans la chambre froide! La porte était ouverte et des hommes en combinaison agissaient à la hâte! Ils m'ont transporté dehors et j'aurais pu leur montrer que j'étais vivant, mais je me suis vu plus tard en prison! J'ai donc tenté ma chance! Placé à côté d'autres morts, j'ai réussi à me cacher et subitement ce fut le silence: tout le monde était parti!
_ Et la balle?
_ Toujours là! Mais j'ai soigné la blessure! Je me ferai extraire le plomb dans RAM, car il va y avoir une suite, Cariou! Il s'est passé quelque chose, à cause de mon coma... Une idée de génie m'est venue! Une révélation! J'ai imaginé une arme nouvelle!
_ Evidemment, ça ne pouvait pas être un nouveau pansement!
_ Vos sarcasmes, Cariou, me laissent indifférent, car j'ai maintenant la toute puissance! Mais, curieusement, vous êtes le seul à pouvoir me comprendre! Car vous travaillez pour l'Oued ou l'OED, n'est-ce pas? Vous connaissez donc la domination et comment elle génère chez chacun de nous un champ psychique! Or, qu'arriverait-il si on pouvait anéantir ce champ?
_ Eh bien, je suppose que l'individu serait en proie à la panique! Il devrait lutter contre la folie!
_ Mieux que ça, Cariou! Il se retrouve soudain sans défenses, face à l'infini cosmique! Et, tenez-vous bien, la différence de pression est telle que toutes les liaisons atomiques sont rompues! L'individu est proprement désintégré!"
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RAMONAGE!
- Le 19/06/2021
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"Mais c'est vous-même qui créez ce monstre!"
Planète interdite
RAM ne sait pas vivre en paix! Voilà une vérité qu'il devrait admettre! Mais le peut-il? Pendant longtemps, RAM a combattu ses ennemis, pour sauvegarder son territoire et donc, la guerre ne lui étant pas étrangère, son incapacité pour la paix ne lui a pas paru évidente! Mais aujourd'hui?
L'époque contemporaine commence dans les années 2000, il y a tout juste plus de vingt ans, au moment où se termine la guerre froide, avec la désagrégation de l'"empire soviétique"! Contrairement aux idées de Marx, c'est le capitalisme ou le libéralisme qui "reste sur le ring"! Pourquoi? Mais parce que, s'il est inégalitaire, il laisse quand même a priori toute liberté pour se développer! Tout régime qui contraint trop est appelé à disparaître!
L'égalité n'est même pas à souhaiter, même si l'exploitation, elle, est à combattre! Mais la différence nous est nécessaire pour nous construire! C'est en nous mesurant les uns par rapport aux autres que nous arrivons à nous déterminer, à nous connaître et à donner à notre personnalité toute sa valeur!
Mais aujourd'hui nous avons tout, comme nous le signalent les migrants! Et que se passe-t-il? Les milieux aisés, c'est-à-dire financiers, produisent des crises, par leur rapacité et leur comportement voyou! Les milieux modestes, pour leur part, sont également dans la tourmente! Ils réclament plus, parce que d'autres ont plus! Ils veulent plus d'écoute, de justice ou même n'ont pas de revendications précises, mais sont poussés par un mal-être!
Nos sociétés, qui ne sont plus menacées par les guerres, sont en pleine ébullition, comme si l'ennemi était nous-mêmes et effectivement, notre héritage animal fait que nous avons besoin de dominer l'autre! C'est cela qui nous rend incapables de vivre en paix et non un salaire trop bas, mais encore faudrait-il pouvoir le reconnaître et malheureusement, nous restons comme des enfants!
Or, nous affirmons ici qu'il n'y a pas de paix sans spiritualité! Nous ne pouvons pas nous affranchir de la domination sans foi! Mais qu'est-ce que la spiritualité, sinon la découverte de soi sans l'égoïsme? Qu'est-ce que la spiritualité, sinon la liberté?
Journal de Jack Cariou, station Charcot, mercredi 16 juin... Nous restons silencieux devant le cadavre de Cressant, alors que le vent semble la plainte même des damnés! "Vous le connaissez? me demande Godefroy.
_ C'est Cressant, l'assassin de Gestin! Il n'a pas l'air dans son assiette!"
Personne ne goûte ma plaisanterie, mais je m'en moque, car le second degré permet parfois d'échapper à l'épouvante! "La dernière fois que je l'ai vu, il était allongé dans la chambre froide! je reprends.
_ Il n'a pas pu venir là tout seul! rajoute Godefroy.
_ Il manque Moreau et Blaise! coupe l'un de ses hommes. Je les avais envoyés s'occuper du générateur!"
Godefroy relève la tête, inquiet. "Bien, allons voir! fait-il. Vous deux, vous montez la garde ici!" Les deux soldats, auxquels il s'est adressé, acquiescent sans enthousiasme, mais notre petit groupe est déjà reparti et de nouveau le faisceau de nos lampes vient relayer la clarté lunaire, dès qu'elle s'absente!
Nous voilà devant le générateur et nous n'y trouvons effectivement personne! Pire, je remarque que les soldats ont laissé des traces qui vont vers la machine, mais qui n'en repartent pas! Je le signale à Godefroy, dont la tête s'allonge de plus en plus! Mais au même moment le générateur se remet en marche, sous l'action des deux hommes qui nous accompagnent, et les lumières et le chauffage reprennent vie!
Nous pourrions en éprouver une certaine satisfaction, si une musique très forte ne venait pas maintenant à nos oreilles, d'autant qu'elle a le don de crisper nos nerfs! C'est un chant d'opéra, apparemment d'un fou, qui se réjouirait de manger des enfants! Nous avançons tendus vers la source du bruit et nous rejoignent les soldats du réfectoire, qui eux aussi sont à cran!
Je reconnais la chambre de Douguet et je me dis que l'histoire se répète! Mais cette fois-ci, il n'y a pas de corps sur le lit, juste un radio-réveil qui hurle! Je l'éteins avec soulagement et je fais: "Il a dû se déclencher avec la remise du courant!
_ Possible..., dit Godefroy.
_ Colonel, en manipulant le générateur, nous avons vu qu'il n'avait pas été arrêté depuis longtemps!"
Nous nous regardons sans un mot... Tout cela pourrait sembler une mauvaise farce, n'étaient les deux hommes qui ont disparu! Comme s'il devinait ma pensée, Godefroy lâche: "Inutile de vous dire, Cariou, que j'ai sous mes ordres la crème des combattants!"
Journal de Jack Cariou, monde de RAM, jeudi 17 juin... "Bienvenue RAM!
_ Hmmm!
_ Prêt pour le parcours?
_ Hmmm!
_ OK! On y va!
_ Hmmm!"
RAM s'avance dans la rue artificielle... Soudain, un étranger en carton sort de sa cachette! Le révolver de RAM tonne trois fois et la figure est découpée! RAM reprend sa marche... Un petit bruit et le virus apparaît! Bang! bang! Le virus pendouille! Hmmm!
Puis, c'est le régionalisme, les taxes, les bas salaires, l'Europe, le centralisme, le pollen, les crottes de chien, les hommes, les nuages, les femmes, les éoliennes, les taxis, les oiseaux, RAM lui-même! La rue sent la poudre et on n'y voit même plus! Les douilles ne se comptent plus! Mais RAM recharge! Hmmm! "C'est fini, RAM! On est au bout du parcours! Et c'est pas brillant! Deux bébés et des tas d'innocents tués! Et puis les oiseaux et surtout les fleurs, était-ce bien utile! Ne vaudrait-il pas mieux réfléchir un peu plus! Le problème est peut-être plus profond que vous ne le croyez, RAM?
_ La ferme! On refait le parcours!
_ Vous n'êtes jamais las!
_ Si tout le temps!
_ Alors?
_ Alors envoie les cibles!"
Ailleurs... 35°! Je m'essuie le cou et le visage, mais ça sert pas à grand-chose: la ville est juste en train de fondre! Et puis voilà qu'elle entre dans mon bureau! J' peux pas dire qu'elle fasse de l'effet tout d 'suite! Elle est pas du genre poupée! Non, sa beauté apparaît peu à peu, mais alors vous pouvez plus cessez d' la r'garder!
"Vous êtes Véronique le détective? demande-t-elle d'une voix qui vous prend aux tripes!
_ Lui-même! je fais la gorge serrée, alors qu'elle croise ses longues jambes!
_ Voilà... Un type me harcèle! Il écarte tous mes amis, en les effrayant! Il fait le vide autour de moi! Il parle en mon nom, au point de me faire passer pour ce que je ne suis pas! Il m'étouffe et je crains qu'à force il ne devienne violent!
_ Pouvez-vous me le décrire?
_ A première vue, c'est un type sans histoires! Il est marié, bourgeois, médecin, mais lui seul serait objectif et saurait de quoi j'ai besoin! Il n'a pourtant jamais regardé une fleur ou un arbre! La beauté lui est parfaitement étrangère! Il dit qu'avant lui je n'étais rien, que je vivais dans la nuit, la superstition! Bref, il affirme que je lui dois tout et qu'il m'a sortie du ruisseau!
_ Vous avez été sa maîtresse?
_ Disons que je lui ai accordé quelques privautés, mais guère plus! En tout cas, il n'a aucun droit sur moi!
_ Et que voudriez-vous que je fasse?
_ J'aimerais que vous alliez le voir, pour lui montrer que le monde est bien plus vaste qu'il ne le croit! Qu'il ressente deux ou trois vérités qu'il ignore... et peut-être ainsi me laissera-t-il tranquille!
_ Bien! Je vais m'en occuper! Comment s'appelle ce monsieur?
_ Freud! Sigmund Freud!
_ Et vous, vous êtes?
_ Madame Réalité!"
Elle m'a laissé un chèque, mais pour elle j'aurais travaillé gratis! Quelle classe!
Sur les remparts de RAM, vendredi 17 juin... "Ils arrivent, RAM!
_ Je sais... Ils sont tous là!"
Au sommet des collines entourant RAM se massent maintenant des hommes, au point de former une ligne noire! On entend déjà les cors qui rassemblent et les étendards sont levés!
Viennent en premier ceux de la tribu des Autistes, l'air mauvais, pleins de défis et crachant et insultant! ou bien indifférents, plongés dans leur monde musical, dont la cacophonie vient battre RAM, telles les vagues de la mer!
A côté, avec leur drapeau rouge, les syndicats! toujours sûrs d'eux, défenseurs de la veuve et de l'orphelin, mais qui dédaignent évoluer, qui méprisent l'histoire et qui restent prisonniers de leurs discours, comme de vieux disques rayés!
Puis se reconnaissent aisément les Gilets jaunes! ramassis de violents ou cohorte de perdus! le poing levé vers RAM, responsable de tous leurs maux! se battant pour qu'il n'y ait pas de chefs! demandant pourtant le pouvoir! inquiets, soupçonneux, bien que déterminés!
Les Purs sont là aussi! les amoureux de la solution simple! avec leur armure blanche et noire! Chacun y a son épouvantail, sa cible! On y fait volontiers rôtir l'étranger... ou le fasciste! C'est toujours la faute du voisin! Nulle introspection! La bêtise éternelle!
Les Verts camouflés, comme il se doit! impitoyables! tuant au nom de la santé de tous! répandant le sang pour mieux respirer! le cerveau d'un seul bloc! adorateur du climat! pleins de chiffres! ignorant tout d'eux-mêmes et donc des autres! méprisant eux aussi l'histoire, réducteurs en diable!
Puis traîne après la Guimauve, bien que respectueuse en apparence de RAM! tous ceux qui se vouent un culte et qui n'ont qu'un seul dieu, l'hypocrisie! stars, starlettes, vedettes de la télévision, qui sapent le système à leur manière, qui bouchent l'horizon, qui font croire aux calembredaines, qui brouillent tout! fumigènes de l'égoïsme!
Et il y en a encore bien d autres! "Savez pourquoi ils nous attaquent? demande RAM à son ministre. C'est à cause de la domination! Quand elle n'est pas employée pour la guerre, contre un ennemi extérieur, elle se retourne contre la société; c'est inévitable! C'est soit la guerre, soit la crise sociale! Et il en a toujours été ainsi! Rien ne change, ou si peu!"
Soudain, une immense clameur précède l'assaut et déjà des boules de feux sont catapultées depuis RAM, alors que les nuages de plus en plus sombres les rendent particulièrement brillantes!