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Du rocher
- Le 22/09/2018
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"Que d'agitation! que d'agitation dehors!" pourrait-on dire, pour singer Mac-Mahon! De nouveau rugissent les voitures et s'il existait un paradis qui leur était destiné, elles présenteraient à son entrée toutes sortes de souffrances! Certaines refuseraient absolument d'avancer davantage, leur tristesse étant incommensurable! D'autres sursauteraient au moindre bruit: "Vous avez entendu?
_ Non...
_ J'ai eu l'impression qu'on commandait mon ouverture et qu'on allait m'étrangler avec la clé de contact!
_ Voyons, reprenez-vous..."
D'autres encore seraient figées dans une éternelle grimace, qui les ferait ressembler grossièrement à un jet! N'oublions pas non plus les grises toussotant, moribondes, victimes du tabagisme passif!
Mais l'énervement n'est pas seulement limité au trafic, on le retrouve aussi par exemple chez les étudiants, dont c'est la rentrée! Pour beaucoup, c'est l'occasion de boire et de faire la fête, comme on dit... et pourtant cela se passe toujours de la même manière, qui est profondément décevante!
D'abord, c'est l'euphorie, causée par les premiers verres... On est volubile, tout scintille, tout paraît possible: on a des ailes de géant! On respire enfin! Envolées toute la lourdeur du quotidien, ses restrictions, ses angoisses qu'on ne comprend même pas!
Mais l'effet de l'alcool se dissipe... Qu'à cela ne tienne! On "remet" ça, on reprend une nouvelle dose! alors qu'on sait déjà qu'on est ivre et qu'on n'a plus le contrôle de soi! Le bonheur disparaît, le froid revient... Au milieu de la nuit, on erre, on braille, on devient agressif, on fait peur! Puis, on se couche inconscient...
Ce n'est pas grave: la semaine suivante ou même quelques jours après, on sera de nouveau le roi ou la reine du monde! On jacassera encore le verre à la main! Le rêve nous fera des yeux doux! La liberté gonflera nos voiles! C'est Icare au bar, qui malgré tout jette sa gourme!
Mais c'est encore la rentrée de la télévision et du monde littéraire! qui sont forcément liés, pour des raisons de promotion, parce que des "écrivains" sont aussi chroniqueurs et vice versa; et parce qu'enfin ce sont les idées, la culture et les personnalités qui sont apparemment au pinacle!
Mais dans cette sphère que de hargne, de férocité, de mesquinerie, de bassesse! On s'y blesse cruellement! L'amour-propre suffoque, gémit, mord à son tour, s'épuise, désespère, puis disparaît! Seuls les morts y survivent! Et pourtant cela fascine et paraît symboliser la vraie réussite: la célébrité ne confirme-t-elle pas notre valeur, n'apaise-t-elle pas notre soif douloureuse d'être, de dominer; ne rend-elle pas l'existence scintillante; ne suscite-elle pas notre jalousie?
L'anonymat n'est-il pas au contraire la nuit, et même la province? Car au fond tout ne se passe-t-il pas à Paris? Toute l'histoire de notre pays ne s'est-elle pas créée dans la capitale? La cour et son faste; la révolution et sa violence; la Commune et ses fusillés; la République et ses débats parlementaires! Ceux qui y vivent ne sentent-ils pas cette énergie, n'en sont-ils pas fiers?
Certains règlent le problème en haïssant Paris, mais ce n'est pas la solution... et à mesure que l'automne s'installe et que nos forces, telle la sève, refluent, notre rayonnement lui aussi diminue et nos projets s'échappent! Le doute alors nous pénètre et le trouble nous envahit! Nous tournons en rond... Un rien nous impatiente! Notre colère est là et nous fait bouillir! Notre équilibre est menacé!
D'abord, en faisons-nous assez? Apparemment non, puisque rien ne bouge! que tout est toujours pareil! les mêmes murs, les mêmes revenus, les mêmes limites, les mêmes voisins, les mêmes nuisances, les mêmes soucis, les mêmes questionnements, sans fin! On est Jérémie sous le ciel gris!
On sait bien que cela n'est pas vrai... En fait, beaucoup de choses ont eu lieu en nous et autour; on s'est transformé avec la force du printemps et durant la belle saison! On a dit certaines vérités, on a pris du volume, on a grandi, on a vieilli aussi... On a appris et on n'est plus le même, cela ne fait aucun doute, mais qu'importe, notre amour-propre souffre de nouveau!
On a l'impression d'être laissé-pour-compte! d'autant qu'on le voit, c'est la médiocrité qui est récompensée! C'est elle qu'on entend, qu'on écoute, qui est saluée! Comment prendre au sérieux des émissions comme ONPC, SLT ou TPMP! Comment peut-on donner de l'intelligence à des crocodiles ou à des perruches! On ferait mieux assurément!
Mais justement, ne devrait-on pas se battre plus, s'engager plus? Les célébrités, les hommes politiques, les acteurs de leur temps, tous n'ont-ils pas au moins le mérite d'être entrés dans l'arène? Ne luttent-ils pas? Ne se défendent-ils pas? Echanger des coups, n'est-ce pas difficile, courageux? Rester muet, n'est-ce pas la solution de facilité? Prendre part au "débat" de son époque, n'est pas ce qu'il y a de plus riche, de plus utile?
Si déjà on était présent sur les réseaux sociaux! si on pouvait y être comme un moineau sur sa branche, en train de piailler! On serait ouvert, actif, épanoui, vivant! Mais on est renfermé, hésitant, lourd... On se soupçonne d'être peureux, timoré... On se voit méprisable et ne reçoit-on pas ce qu'on mérite? Si on se sent prisonnier, c'est qu'on n'a pas la force de s'échapper!
Alors, c'est décidé: on part pour Paris! On a fait sa valise et on va leur montrer! On va voir qui est qui et qui fait quoi! On connaît quelques prises, quelques coups! On a déjà vécu quelques situation chaudes, on n'est pas le premier venu! Le meilleur de nous-mêmes est prêt! On sera à la hauteur! Ceux qui sont restés au pays pourront être fiers de nous!
Mais on ne se doute pas de la nature de notre adversaire! A la première occasion d'en découdre, on se retrouve mystérieusement au tapis! On est sonné! On se remet péniblement debout et on frappe fort, mais dans le vide! En face, c'est l'art de l'esquive au suprême degré! On ne comprend pas et on s'acharne, mais c'est en vain: "l'autre" nous glisse entre les doigts et de nouveau il nous martèle la tête!
Il vaut mieux abandonner et ce n'est que bien plus tard, à l'hôpital, que tout s'éclaire! On ne peut pas lutter contre l'hypocrisie! Elle n'est pas dans notre dimension! Elle fonctionne comme un mirage! Elle est inaccessible, car elle nie ses sentiments, sa réalité! Elle les nie même de toutes ses forces, car il en va de tout son équilibre, de toute sa santé mentale! Confondre l'hypocrisie, c'est mettre le vampire orgueil face au soleil! C'est jouer les icebergs pour le Titanic!
Ce n'est que parce qu'elle se ment à elle-même que l'hypocrisie existe! Elle est dans son monde! Par exemple, l'hypocrisie ne prend pas de plaisir; elle ne veut pas le pouvoir, elle n'est pas orgueilleuse, ni égoïste! (Elle ne sait même pas ce que c'est!) L'hypocrisie est encore désintéressée, au service, que dis-je! est esclave de l'intelligence!
Elle est modérée, toute petite, laborieuse; elle ne veut rien sinon la justice, pour les plus pauvres, est-ce haïssable, méprisable, condamnable? Si on l'écoutait, elle s'éteindrait comme une bougie... et on aurait honte d'être un souffle!
L'hypocrisie ne connaît pas la haine, elle ne saurait s'abaisser à ce point! et pourtant elle tue, méprise, piétine, détruit! C'est la modestie qui assassine! Et d'incroyables lutteurs ont renoncé à la vaincre, tel Jésus notamment! Ou si on veut, on ne peut pas lui faire entendre raison, sans l'exterminer et ce n'est pas le but, n'est-ce pas? Il n'est pas possible d 'être absolument gagnant, à moins d'être un radical ou un extrémiste!
Or, l'un des grands mensonges du monde médiatique, c'est de faire croire, volontairement ou non, qu'il est heureux, enviable! Réussir, c'est a priori dominer et il faut donc des sujets... et des miroirs! Il s'agit de susciter l'admiration et même la jalousie! Mais ne nous y trompons pas, la situation de ces gens est empoisonnée et ô combien mortelle! Car rien ne vaut la paix de l'esprit, même si elle paraît bien isolée et bien morne! Et ici commence la tactique si palpitante du rocher!
C'est un essai pour être pauvre, démuni, éteint, quasiment malheureux! On sonde l'abîme, au lieu de chercher le soleil! On attend... on attend les monstres, ils arrivent! Plus la société s'agite, s'irrite, s'emporte, se montre agressive, arrogante, bruyante, bavarde; plus on devient soi-même inerte, immobile, silencieux, dense, tel un rocher au milieu des vagues! Et on voit passer tous les courants!
Cela n'y paraît pas, mais on s'ancre véritablement dans la tempête! et on devient un lutteur fantastique! Haïr sur un plateau, trouver un ennemi, c'est facile! Rester sourd à ses démons, à ses tentateurs; leur sourire même, c'est bien autre chose! C'est grand, c'est même immense et cela nourrit incomparablement!
L'effort est juste de la patience! Tout le monde s'énerve, crie, veut partir, veut des mesures, des actions, que le film commence, que la star se déshabille! Et on reste serein, tranquille, amène, et pourtant les inquiétudes, les peurs, les angoisses frappent à la porte! Si on les écoutait, on prendrait ses jambes à son cou... ou bien on se marierait, avec le chien de la mariée sur le bras; on aurait plein d'amis et on jouerait les confidents, tard le soir, devant des liqueurs! Bref, on ne penserait plus!
Il y a des peurs plus horribles que d'autres, notamment celles qui concernent la sécurité matérielle! Elles sont pleines de scrofules et vraiment repoussantes! Elles mendient une alarme, une grimace et même une ombre! Mais on leur dit qu'on n'a plus rien et on les repousse gentiment vers la sortie! Elles reviendront! Elles sont a priori inlassables et c'est pour cela qu'on se fortifie en se mesurant à elles!
Les jours passent et toujours aucun bateau en vue! C'est-à-dire que nulle satisfaction ne vient réconforter notre amour-propre! On murmure, on grince, mais on tient bon! On aime la patience, car elle est le seuil de l'inconnu! Elle est un germe et en nous la nature, qui ne sait pas où se poser ailleurs, se repose, et nous aussi! Ce n'est que quand l'esprit est parfaitement détendu que la bonne idée surgit! Elle est aussi simple, aussi économe qu'efficace! La patience met au jour la nécessité!
Cependant, on est de plus en plus pauvre... et l'amertume, la colère, l'envie affleurent! On est perdu! Cela devait arriver, à force d'être inactif! Pourtant, même à ce stade, on sait qu'on n'a pas perdu son temps! que la fleur va éclore, qu'on n'est nullement abandonné! au contraire! On est plein sans le savoir! On est riche, mais on l'ignore encore! Déjà notre regard a changé! La haine, ou la folie, notamment, nous montrent leur vrai visage; leurs mots sont inutiles; nous les reconnaissons sans masque!
L'amour-propre est ce qui nous rassure; le sentiment d'avancer est ce qui nous conduit! Plus notre équilibre en dépend et plus nous avons besoin de satisfactions, de victoires; et plus nous sommes tyranniques, coléreux et durs! Nous sommes alors des fauves, qui doivent chaque jour tuer, dominer, exploiter! Et malheur à ceux qui se trouvent sur notre route!
Plus on est patient et plus on accepte d'être petit, en apparence... Plus on devient maître de ses cauchemars et plus on devient doux avec les autres! On tâte l'épouvante, quand l'amour-propre disparaît! On devient solide comme un rocher! On s'amuse avec l'angoisse; on développe sa confiance! On hume l'éternité!
Bien sûr, on voudrait un monde plus juste! être écouté, sentir davantage sa valeur, errer moins! Mais est-ce possible? Veut-on être le roi à la place du roi et être aussi bête et cruel que lui? Parler avec son égoïsme, c'est forcément toucher à l'infini! C'est regarder la mort et fréquenter les étoiles! C'est sentir toute son existence, c'est la peser!
Pendant ce temps-là, le cheval fou de la haine entraîne ses cavaliers! S'ils sont bâtisseurs, c'est malgré eux! S'ils sont destructeurs, ce n'est toujours pas de leur faute! L'humanité a ses lois et grandit avec ses grappes d'aveugles! Et le vin est plus ou moins bon!
Si le sage n'est pas heureux, c'est qu'il se trompe! Le tyran, lui, finit par dire que tout est vide! Il n'admire plus le ciel bleu et n'écoute plus la pluie, ni le vent! Le sage prévoyait cette amertume et ne la contredit pas; c'est trop tard! Elle est le sédiment de l'égoïsme et de l'hypocrisie!
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Je refuse!
- Le 15/09/2018
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Ouf! C'est haut! Mais on y arrive quand même! Quel point de vue! Et il y a même une table d'orientation! Voyons voir... Hum! Là-bas, à gauche, c'est la naissance de l'Univers, il y a quatorze milliards d'années! Bref, une paille! Des particules se seraient excitées dans le "vide cosmique"! Mais pourquoi? Et le vide existe-t-il vraiment?
Toujours est-il que cela aurait produit une réaction en chaînes, une inflation (déjà à cette époque ils avaient des ennuis monétaires...) et c'est ce qui constitue aujourd'hui le Big Bang, puisque son découvreur, le mathématicien George Lemaître, qui était bedonnant, avait été appelé le père Big Bang par un de ses détracteurs, qui voulait se moquer et de la théorie et de son auteur!
C'est une véritable histoire belge, nationalité de Lemaître, qui par ailleurs est mort évêque! (comme quoi la religion ne paie pas!)
Mais aujourd'hui, des initiés se frottent les mains! Des astrophysiciens, à qui on la fait pas! avertis! jubilent, ont des sourires en coin, se font des clins d'œil complices! "Le Big Bang! mais c'est dépassé, mon vieux! Pour ma part, je n'y crois pas! Voilà tout! Y a mieux! beaucoup mieux! C'est plus subtil, c'est plus vaste, mon vieux!"
Ces malins, qui méprisent un instant initial T, qui le laissent aux besogneux auxquels s'adresse la vulgarisation, imaginent par exemple un univers rebondissant, échappant toujours à son propre effondrement gravitationnel (Big Crunch!), pour réapparaître au bout d'un trou noir tel un phénix! Un univers James Bond donc, qui s'époussette après l'action! Et tout cela pour expliquer la formation des galaxies, ces grumeaux des origines, qui n'auraient pu se former en l'absence d'une sorte de "mémoire" de la toute nouvelle matière!
Bien entendu, je traduis avec mes mots, mais, quoi qu'on en dise, on ne fait que reculer un commencement... A moins qu'il n'y ait pas eu de commencement! Voilà que je redeviens nerveux! Vite, ma quinine! C'est mes crises qui reviennent! Et de nouveau ce ventilateur inlassable au plafond! Et les Viets qui veulent savoir combien on est dans le coup!
Cependant, la suite, on la connaît... Les étoiles sont des centrales nucléaires, qui font pleurer EDF! Les atomes se transforment, se dégradent, produisent de nouveaux corps chimiques! Bien sûr, même pour les étoiles, il faudra un jour éteindre la lumière... Elles finissent en naines rouges, stars déchues et alcooliques à Broadway! ou bien elles explosent, dans un dernier baroud d'honneur!
Toujours est-il que leur carrière est très mouvementée... Comme toutes les vedettes, elles ont des coiffeuses, des maquilleuses, des agents, qu'elles "virent" au gré de leurs caprices et qui se refroidissent au sujet du business! Ces laissés-pour-compte restent tout de même dans le coin, au cas où... et ils forment les planètes et donc les "systèmes solaires"!
Pour que la vie apparaisse sur l'une d'elles, il faut qu'elle ne soit ni trop loin, ni trop près; ni trop lourde, ni trop légère; ni trop ceci, ni trop cela! Le casting est très sévère! Mars, notamment, dans la salle d'attente, était très excitée! Elle disait que le rôle était pour elle! N'était-elle pas plus svelte que la Terre, qui mangeait goulûment un sandwich? Quelle ne fut pas pourtant sa désillusion, quand le choix se porta finalement sur celle qu'elle avait stigmatisée!
On fête donc ça sur Terre, où l'eau coule à flot! et l'ambiance y est si chaude que des choses peu recommandables s'y passent! On noue volontiers des liaisons et à force d'être balloté et de s'enrouler sur soi, on crée des membranes (beurk!). Toujours est-il que la première cellule apparaît il y a un peu moins de quatre milliards d'années (déjà dit le moine!), et nous sommes maintenant au milieu de notre table d'orientation...
Mais attention, la cellule, c'est pas n'importe quoi! D'ailleurs, le reste n'était déjà pas de la pacotille non plus! Mais la cellule, c'est autonome! C'est tout le confort, genre appartement communiste! celui qui est constitué de blocs en plastique, pour chaque pièce, et entre lesquels vont après le travail et en survêtement les habitants, tels des cosmonautes!
La cellule, c'est un noyau qui contient le matériel génétique et qui est en quelque sorte le "cerveau"! Les mitochondries fournissent l'énergie (Tiens! La lampe s'éteint! Lucien, va voir à la cave!), l'appareil de Golgi s'occupe des déchets (sans moufter!) et on peut crier dans le réticulum endoplasmique, ça résonne comme dans un tunnel! Et il y a des postes frontières sur la membrane qui ne rigolent pas du tout! C'est pas l'espace Schengen! La cellule, c'est la roue de la vie!
L'Evolution peut alors commencer! Elle se compte en millions d'années! Elle invente toutes sortes de monstres, qui s'en "mettent plein la gueule"! C'est un cauchemar qui nous précède et qui défie notre imagination! Tout le monde connaît la fin des dinosaures... Un astéroïde frappe le Mexique (pays à problèmes, s'il en est!) et un nuage de cendres couvre toute la terre... Les géants l'inhalent et meurent d'un cancer du poumon! Mais leur lignée n'est pas éteinte: les oiseaux ont repris le flambeau et il est vrai que malgré leur grâce et la beauté de leur plumage, ils ont un air sinistre et des craquètements inquiétants!
Mais l'Evolution, c'est aussi l'histoire d'une individualisation! car plus les organismes apparaissent tard et plus ils sont complexes et donc individualisés! De là à ce que la conscience vienne couronner le tout, ce serait la suite logique! Mais la science n'a pas encore cette vision... Elle a un autre enfant chéri, car elle a des comptes à régler et notamment à l'encontre des dogmes, qui sont effectivement terrifiants! "Liberté, liberté chérie!" et donc elle choie particulièrement la dérive génétique ("qu'aucune patte sale ne saurait toucher!"), comme un pompier protège avec force les incendies de forêts, car la science gardienne du hasard, c'est plutôt le monde à l'envers!
Cependant, nous n'allons pas bien entendu faire le tour de toutes les créatures, qui se sont successivement adaptées et métamorphosées, car je l'avoue les bactéries, pour ne citer qu'elles, m'ont toujours déçu! Et nous arrivons tout de suite aux mammifères et spécialement au singe, notre ancêtre! Ici, la version la plus raisonnable dit que le singe, à cause d'un changement de son environnement, a dû adopter la station debout, ce qui a permis un développement supplémentaire de son cerveau (quelle fierté pour la famille des hominidés!)
Les spécialistes se querellent toujours... Certains pensent que ce changement n'a même pas eu de raison, que les "horloges biologiques" ont subitement fait "coucou, coucou!", sans que le chien dehors n'aboie, ce qui est le signe que personne n'est venu! Mais il y en a qui s'acharnent à diminuer l'homme, qui le méprisent, à mesure qu'ils affirment son origine gratuite et c'est sans doute à cause de quelque infraction qu'ils doivent payer! L'ouverture douloureuse du porte-monnaie peut écarter du prix Nobel! Et pourtant, l'homme tel que nous le connaissons, l'Homo sapiens (il aurait 200 000 ans!), constitue une révolution sans précédent (sur notre table d'orientation, c'est marqué: "Vous êtes ici")!
Par exemple, l'homme est la seule créature qui peut s'enlaidir! et je ne parle pas ici des méfaits du maquillage! En effet, grâce à sa conscience, l'homme est capable de comprendre ce qu'il fait et c'est ce qu'il explique qu'il a le choix. Il peut vouloir suivre son instinct, malgré les arguments de sa raison, et dans ce cas il n'est pas rare qu'il fasse le mal, qu'il blesse autrui, qu'il se montre sournois, méchant, implacable et même sadique! Inutile de dire que ces sentiments se gravent sur le visage et le font repoussant! L'homme est alors fermé, hostile même à son développement, puisque celui-ci ne peut pas se passer du travail, de l'épanouissement de la conscience!
Les animaux sont entiers, complets, d'une parfaite simplicité; ils sont matures, ce que n'est pas l'individu qui est faux!
Autre exemple de la révolution de la conscience: la féminisation de la société! C'est peut-être un fait unique dans tout l'Univers (et c'est chez nous qu'il a lieu!)! même si je sais combien le sujet peut être pénible pour certains... Mais à quoi est-elle due cette féminisation? Elle est bien entendu produite par les femmes, qui veulent elles aussi imposer leur personnalité, avoir leur place, mais également le rôle de l'homme recule, puisque la défense du territoire est d'autant moins nécessaire que la civilisation progresse; mais cela correspond aussi à toujours plus de conscience!
Il faudrait une "bonne" guerre pour remettre les choses en ordre...; mais je ne m'inquiète pas de la chose: le pire a toujours ses zélateurs!
L'homme, face à son destin, ne peut être qu'un créateur! En effet, il ne peut plus vivre comme les animaux; sa conscience le lui interdit! Il ne peut être heureux en satisfaisant ses seuls instincts! Car la conscience lui fait voir l'étrangeté de son existence, son terme; elle l'interroge et il doit se donner des réponses, ne serait-ce que pour calmer ses angoisses! La seule chance de l'homme est donc dans le développement de l'esprit, de la pensée et nous voilà, sur notre table d'orientation, du côté complètement opposé à la naissance de l'Univers.
Cette trajectoire est une évidence! et pourtant que voyons-nous? Mais les hommes et les femmes vivent toujours tels des animaux! Des animaux qui vont en voiture, au bureau, qui s'habillent élégamment, qui portent une cravate ou une chaîne en or, qui mangent avec une fourchette, etc.! Chaque jour, les hommes ne font pratiquement rien d'autre que de vouloir se supplanter les uns les autres! C'est à qui dominera le voisin ou la voisine! C'est à qui roulera le plus des mécaniques ou qui séduira tout un escadron! (Le cerf en rut ou la lionne affamée ne pourraient qu'être contents de nous!)
Mais il y a pire, car les animaux ont des besoins limités, mais pas nous! Ceux qui veulent s'imposer sont capables de haïr, de mépriser, d'être tentés de détruire le moindre quidam qui semble indépendant! et qui donc ne reconnaît pas le pouvoir des chefs! Nous vivons chaque jour une tyrannie, une oppression, un climat éprouvant produit par l'égoïsme général! Et nous ne pouvons pas ainsi nous épanouir et être heureux! Alors que, encore une fois, il est facile de comprendre que l'animal qui est en nous n'a pas d'avenir! Notre bonheur fleurit sur notre cerveau!
Cependant, puisque le monde qui m'entoure est empoisonné, destructeur et surtout ILLEGITIME! j'entre aujourd'hui, le 15 septembre 2018, en résistance (pour singer Pétain...)! Certes, il faut bien gagner sa croûte, mais pas à n'importe quel prix! Sachez que la vie pourrait être radicalement différente! Il serait possible de se lever un matin, en ayant l'impression d'être au paradis! Il suffirait que chacun se dise: "L'autre existe et il a a priori droit à tout mon respect! Je ne dois donc pas le piétiner, l'inquiéter, le pousser, le presser! Mon avidité ou ma nervosité seront calmées, pour ne blesser personne!"
C'est un effort qui est à la portée de chacun, mais que très peu réalise! Ainsi, à partir de maintenant, je refuse l'agitation, le vacarme, le chaos environnant!
Je refuse le trouble, les inquiétudes, les angoisses, les peurs du plus grand nombre!
Je refuse même de m'expliquer avec l'hypocrisie, qui ne manquera pas de me demander des comptes; surtout avec sa colère hargneuse, de gorille attardé!
Je refuse de servir de paillasson ou de cobaye à la haine d'un tas de péquenots, qui ne savent pas quoi faire de leur journée!
Je refuse de considérer certains et certaines comme des divinités! Et je me moque de leurs poses et de leur pauvreté d'âme! (J'ai vraiment autre chose à faire que d'admirer des "trous du cul"!)
Je refuse la "voiture cirque"! celle du jeune qui "s'éclate" et qui suspend le temps avec sa musique, car c'est encore un égoïsme qui triomphe!
Je refuse de prendre au sérieux la télévision, car c'est la maternelle en images!
Je refuse la pression du bébé qui est derrière moi!
Voilà qui pourrait tenir de chartre! Elle est sûrement bien incomplète et votre expérience l'enrichira à loisir! mais vous passerez le mot! Car c'est marre! Nos vies ne doivent pas se réduire à ce que nous subissons dans la rue! La beauté existe et elle est ineffable! La sagesse a un sens qui est infini! Nous pouvons grandir sans frein et être incessamment surpris!
La richesse de l'existence est au-delà de ce tout ce que nous imaginons! Notre "terrain de jeu" va de pair avec l'étendue du cosmos et la profondeur de la mort!
Rien ne justifie que nous nous galvaudions, à cause de la paresse, de la méchanceté et de la bêtise de la majorité!
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De l'ambiance
- Le 08/09/2018
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Comme chaque année, à la même époque, et je crois que c'était l'objet d'une de mes premières chroniques, on est assailli par des sirènes d'ambulance, au point que cela devient tel un acouphène horrible, une plainte lamentable, le cri de la souffrance d'une ville ou d'une époque!
Inutile de dire que ce phénomène ne concerne pas uniquement les blessés, les victimes des accidents, c'est toute la société qui en pâtit, car bien entendu les secours, les soins ont un coût et même s'il est normal que les assurances jouent leur rôle, cette "hécatombe" ne laisse pas de grever le budget national!
Il est donc essentiel de comprendre pourquoi il en est ainsi et la première raison, que j'ai déjà évoquée, c'est le changement de saison et en l'occurrence la baisse des températures! Au plus profond de nous, celle-ci suscite un sentiment d'insécurité, car elle est synonyme de la fin des récoltes et elle annonce la future arrivée de l'hiver, c'est-à-dire la rareté de la nourriture! Même si aujourd'hui nos frigos restent pleins, nous ne pouvons pas empêcher notre inquiétude de ressurgir et de nous rendre nerveux... Que l'on songe à l'apaisement que produit un beau soleil de juillet!
Mais cela prédispose et non détermine... Il y a d'autres facteurs bien plus importants et citons d'abord notre bonne volonté, car nous ne sommes pas tous mauvais évidemment! Mais beaucoup d'entre nous ont pris de bonnes habitudes cet été, notamment sportives, et on veut les faire durer! Cependant, même en nous, la nature a commencé son "repli" et nous n'avons plus les forces dont nous disposions naguère, si bien que la fatigue insidieusement nous mine déjà!
Ah! Mais nous ne "lâcherons" pas! Ce n'est pas notre genre! Nous ferons l'effort... et c'est le corps qui cède! La blessure apparaît et quand on est jeune, ce n'est pas bien grave, on se répare vite, mais il en va tout autrement passé un certain âge! Des gens boitent et bientôt on verra des plâtres! C'est réglé comme du papier à musique et seule la patience permet d'éviter cela...
Mais justement parlons de la patience, car ce qui produit aussi en ce moment notre nervosité, ce sont bien entendu nos plaisirs et il ne faudrait surtout pas les oublier ceux-là, sinon nous serions de fieffés coquins, s'pas! Nous brûlons de faire telle chose, comme par exemple exhiber notre dernier achat vestimentaire, ce qui doit provoquer l'intérêt, voire la jalousie de tous! Mais même achever une corvée nous apporte un soulagement et donc une satisfaction, mais notre impatience est telle qu'elle tourne à la rage, à la maladresse et qu'elle peut nous envoyer dans le "décor" un peu plus loin! Il n'est donc pas exagéré de dire que nous rejoignons l'hôpital poussés par notre plaisir!
Cependant, notre impatience a bien sûr à voir avec notre immaturité! Plus notre amour-propre est vif, gourmand et même vorace et plus inévitablement nous sommes sujets à l'irritation, la colère et même à la haine et au mépris! Dans ce cas, nous "écrasons", nous affolons le faible, qui ne tarde pas à rompre, à se briser... Il arrive même qu'il pleure, mais c'est la loi du plus fort, s'pas? Du moment que les brutes passent, c'est le principal! N'en a-t-il pas toujours été ainsi? Le tyran fait peur et on craint plus que tout son emportement, sa furie, sous les étoiles, quelque part dans la Voie lactée, dans l'Univers sans fin! ou bien par là, non loin du cimetière, où dorment tant d'autres coléreux ou peureux, la mâchoire saillante, comme s'ils rigolaient tout leur soûl!
Frénésie du trafic, qui nous use, nous démolit! Agitation de gens qui ne savent vraiment ni qui ils sont, ni ce qu'ils font! Monde injustifié! Pourquoi ne pas regarder le ciel bleu et se demander si tout cela a un sens, si on peut être heureux? Encore faut-il déjà s'arrêter un peu, faire donc appel à sa patience, ne serait-ce qu'un tantinet! C'est ce que j'appelle un effort! Tout ce qui satisfait notre égoïsme, même soulever cent kilos en grimaçant, n'en est pas un! Mais, baste, celui qui prend le temps de dévider l'écheveau des lois qui nous gouvernent va de surprise en surprise, jusqu'à son triomphe final, sa joie infinie et dansante! Les autres ne quitteront pas leur vallée de misère et resteront commandés par la haine!
Mais j'entends le pas d'une morte; un pas sec, claudicant, quasi métallique, lugubre en tout cas! C'est un spectre qui vient maintenant à nous... Qui est cette vieille décharnée, dont l'haleine pue à cent mètres? C'est l'hypocrisie! Elle habite l'immeuble d'en face! Chaque matin, elle part travailler! C'est son devoir, dont elle n'est même pas fière! Au contraire! L'hypocrisie sort comme un serpent menaçant! ou plutôt comme une troupe de la Gestapo!
"Qui ne travaille pas?" demande l'hypocrisie. Son œil en colère sonde les façades, fouille les silhouettes! Elle essaye de dénicher les resquilleurs! les profiteurs! Si elle pouvait, elle installerait des contrôles, ferait des vérifications... Elle découvrirait le parasite, qui prendrait peur et qui s'enfuirait! Qu'à cela ne tienne! Les chiens sont dressés pour ça! On va le débusquer et le ramener le fuyard, à moins qu'il ne résiste trop et qu'on soit forcé de l'abattre! Parmi les fainéants, seuls ceux qui portent le sigle DE (demandeur d'emploi) peuvent aller à leur guise!
Dans son intérieur, l'hypocrisie se raconte toujours la même histoire; elle est comme une vieille folle autour de son feu... Elle se plaint, elle gémit... Elle dit: "Ah! Si tout le monde pouvait travailler comme moi, j's'rais heureuse! Moi aussi, j'voudrais m'la couler douce! Moi aussi, j'voudrais prendre mon temps, rester buller comme on dit! Pour qui j'cotise? Pour qu'on m' méprise, oui! Chaque matin, par tous les temps, faut qu'j'aille! Personne me respecte! Ni au boulot, ni même ailleurs! Et pourtant y a qu' moi qui vaille la peine! Snif! Ah! Les gredins! Si je pouvais leur marcher d'ssus, sentir leurs viscères sortir et même gicler! Hi! Hi! J'en ai déjà l'eau à la bouche! Allez, faut aller se coucher... C'est pas tout d'rêver! D'main ça r'commence!"
Un jour, Dieu fut fatigué d'entendre se plaindre l'hypocrisie et il alla frapper à sa porte. Dès qu'elle ouvrit, l'hypocrisie fut aveuglée par une lumière tellement éblouissante qu'elle ne put se tromper sur l'identité de son visiteur! "Seigneur! dit-elle en tremblant, si j'avais su, j'aurais fait les carreaux... et mon plaid affreux que je tiens encore dans la main!
_ C'est égal, dit Dieu, viens avec moi!
_ Mais pour aller où? Y a mon pot-au-feu qui mijote...
_ On va chez le "profiteur" d'en face! Un ange va s'occuper du reste!
_ Bon, bon..., mais peut-on se fier à un ange?"
Sans répondre, Dieu prit l'hypocrisie dans sa clarté, en se pinçant tout de même le nez, et ils apparurent au-dessus d'un dormeur, car entre-temps la nuit était venue... Mais le dormeur était agité, il gémissait même!
_ Oh! Là! là! Il n'a pas l'air bien! fit l'hypocrisie, et c'est...?
_ C'est celui que tu hais chaque matin, parce qu'il reste "planqué", alors que toi, tu vas au boulot!
_ Mais pourquoi il semble pleurer comme ça?
_ Mais parce qu'il a peur! Depuis le départ, il a peur! Il est dans un monde qu'il ne comprend pas!
_ Ah? Mais qu'est-ce qu'il ne comprend pas?
_ Mais le mensonge! C'est-à-dire toi! Il est tout seul et il a dû grandir avec un profond sentiment d'insécurité! On dirait un combattant du Vietnam, tu trouves pas?
_ Vous voulez dire qu'il est traumatisé..., mais c'est quand même pas à cause de moi! J'mens pas, moi! J'suis honnête, j'travaille, j'accomplis mon devoir, tandis que lui, y n'a que c'qu'il mérite!
_ Ecoute, j'te propose un "deal"! Pendant un mois, j'te fais comme un coq en pâte! T'auras plus besoin d'aller bosser, j'arrange tout avec tes employeurs! T'auras tout l'argent qu'tu veux et t'auras tout ton temps à toi! D'acc?
_ Vrai?
_ Tope là!"
L'hypocrisie commença ainsi une nouvelle existence! Elle chantonnait en revenant des magasins, elle achetait plein de choses, elle avait plein de projets! Elle prit son chien et décida d'aller se promener, d'aller respirer sa liberté! La chance n'avait-elle pas fini par lui sourire? Sur le trottoir, elle croisa un groupe qui s'amusait et le regarda d'un air mauvais... Elle pensa: "Si seulement ceux-là allaient bosser, étaient plus sérieux!" Puis, soudain, elle se figea: "Mais... mais je n'ai plus droit de parler comme ça, se dit-elle, puisque moi-même, désormais, je ne fais rien!"
Sa haine était pourtant toujours là et elle se demandait pourquoi. "C'est parce que tu veux dominer! lui murmura Dieu dans l'oreille. C'est parce que tu veux être le maître, que tout le monde t'obéisse! Tu es le chef et les autres tes esclaves! Et tu hais ceux-là parce qu'ils t'échappent! Leur bonheur est une preuve de leur liberté! Et tu les veux assujettis, à ta botte! Ton mépris, ta colère, ton dégoût ne sont pas une question de bosser ou de ne pas bosser! C'est ton égoïsme qui souffre, qui détruit tout ce qui n'est lui, tout ce qui ne le valorise pas! qui détruit l'autre, simplement parce qu'il existe!
C'est toi, ma vieille qui fait le monde dur, sans pitié! C'est toi qui fais hurler les sirènes, au secours des blessés! C'est toi qui remplis les hôpitaux! C'est toi qui uses, qui broies! C'est même toi qui désempares le sage, qui le ronges et qui le brises; le sage que j'aime tant! Car lui, il m'aime de toute son âme, de tout son cœur! Mais, toi, tu lui dis: "Porte ce sac là-bas, même s'il est lourd! car c'est la règle!" Et quand le sac est là-bas, tu lui dis encore: "Il y a d'autres sacs! Eh! eh! C'est ça, la vie! On rigole pas!" Alors que tu te dorlotes, tu te choies, tu t'adores! Toi et moi, on sait que tu n'as jamais porté de sacs!
_ Chaque matin, je...
_ Chaque matin, tu fais acte de présence, puis tu t'ennuies... C'est tout juste si tu ne te rendors pas! Et ce qui te rend malheureuse, c'est qu'on ne s'occupe pas de toi! A part ta personne, le reste ne vaut rien! Tu détestes comme tu respires!
_ Mais vous m'avez inventée!
_ Oui-da! On doit avoir le choix, même celui de mentir, sinon la conscience ne serait pas la conscience! Au fait, mon ange a raté ton pot-au-feu!
_ Espèce de saligaud!"
Ici, l'hypocrisie essaya d'attraper Dieu, mais il était déjà parti! "Et d'abord, tu n'existe pas!" cria-t-elle sous l'effet de la rage, puis elle se mit à pleurer! Elle voulait tellement être heureuse! Mais alors il eût fallu aimer l'autre, le considérer, se diminuer! Horreur! Plutôt mourir! Et l'hypocrisie retourna chez elle, gémissant sur son souper raté, regardant avec mépris les lumières qui brillaient dehors: autant de gens indifférents et paresseux!
Le sage va sous le ciel bleu, léger, joyeux, car il sait! Il a l'éternité devant lui, pour lui! Elle est même déjà présente, l'éternité, car qu'est-ce qui pourrait troubler le sage? Il n'a pas faim, ni froid... Qu'est-ce qui pourrait le troubler? Il ne veut pas ceci ou cela, il est, c'est tout!
Il étend les pieds, il bouge les jambes, il chantonne; il est en paix! On peut attaquer sa vie matérielle, essayer de lui empoisonner l'existence, c'est possible! Mais rien, ni personne ne pourra lui enlever ce qu'il sait, ce qu'il a appris; alors il est heureux! et même immortel! car le temps n'a plus de prise sur lui!
Le sage refuse le monde du mensonge; il ne se laissera pas entraîner par lui! Car le sage connaît le monde et peut même le guérir! Mais l'inverse n'est pas vrai!
Le sage est indépendant, il possède un véritable trésor, dont il jouit et qui grandit sans cesse! Le sage voit les malheureux et les plaint... Le sage voit les méchants et leur résiste!
On peut tuer le sage et c'est même la seule manière, au fond, de lui enlever sa joie! "Le monde est fou sous le ciel bleu!" se dit le sage et il hausse les épaules. Là-haut, un nuage passe; là-bas de la lumière dore des feuilles... Le sage sait et s'en étonne, et cela le ravit!
C'est un bonheur sans fin!
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Sur Vichy
- Le 01/09/2018
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L'exemple de Vichy va nous servir pour rappeler une vérité que nous oublions trop souvent, notamment parce que nous sommes influencés par la psychologie ou la psychanalyse; même si à l'égard de ces savoirs je ne voudrais pas paraître tel Molière au sujet des médecins!
Mais, avant de retourner dans le temps, il nous faut considérer ceci... Les faibles, les fragiles, les sensibles, les inquiets sont dominés par les forts et malmenés par eux! Les forts exercent leur pouvoir, imposent leur rythme, veulent des hommages et qu'on leur obéisse! Ils écrasent, meurtrissent et prennent la patience, la bonne volonté des doux pour de l'impuissance ou de l'hypocrisie, et bref, ils ne voient le monde qu'à travers leurs désirs, et c'est ce qu'on appelle la tyrannie!
Dans ces conditions, les forts n'évoluent pas et les sociétés ne changent pas ou peu! C'est pourquoi, malgré la modernité de la nôtre, nous sommes toujours aussi perdus et... malheureux! Nous ne comprenons toujours pas que notre soif de domination est instinctive, qu'elle est à l'origine de notre égoïsme et que celui-ci ne peut que nous conduire dans une impasse! Car nous ne pouvons pas vivre tels des animaux, même si nous sommes habillés à la dernière mode!
Nos angoisses doivent trouver une autre réponse que celle de notre domination et c'est la spiritualité ou le développement de la conscience qui sera le futur de notre équilibre! Toujours est-il que pour l'instant les victimes des tyrans sont toujours aussi nombreuses! Et l'un des symptômes de la dépression est notamment de se sentir exclu! (Même si pour la science on est affecté d'une tel sentiment par l'opération du Saint-Esprit!)
Ceux qui dès l'enfance se retrouvent dans un monde hostile et se voient rejetés appartiennent à la catégorie des faibles et ils nourrissent rapidement un complexe quant à la vie des forts! Malgré leur résistance, ils se jugent inférieurs, inadaptés, ignorants et même idiots, quand ceux qui apparaissent comme supérieurs, semblent à l'aise, heureux et clairvoyants!
Il n'est donc pas étonnant que le faible se désintéresse de l'actualité, de la politique et encore de l'histoire de son pays! N'est-ce pas l'affaire des responsables, dont il ne fait pas partie? Le faible se recroqueville sur lui-même et croit fermement que la sphère des adultes, celle qui prend des décisions, n'est pas pour lui! Notez que l'on a tout fait pour cela, car aux forts il faut des faibles!
Cependant, ce n'est que bien plus tard que le faible, si par hasard il survit, peut ouvrir les yeux! Il a suivi son chemin, atteint lui-même la maturité et il constate alors une chose incroyable: les forts sont aveugles! Leur soi-disant savoir n'est rien d'autre que le pouvoir qu'ils exercent sur les plus faibles! Dès que leur domination s'arrête, ils sont vides, anéantis et peureux comme des enfants! Le fort reste immature!
Pour le faible, qui l'est de moins en moins, les choses progressent! La société est de plus en plus claire et aussi de plus en plus petite! Elle devient le fruit d'une histoire, à laquelle le faible maintenant s'attache! Car rien n'est figé! Ni la croûte terrestre, ni l'humanité! Ni la condition du faible, ni le pouvoir du fort!
Mieux comprendre l'histoire permet au faible de se développer davantage, de diminuer le sentiment de son exclusion, de guérir en mesurant toujours plus l'ignorance et le mensonge du fort! Il gagne des armes pour combattre la tyrannie de l'égoïsme, car le voilà en plein dans le monde des adultes, celui qui lui paraissait fermé! Et il y est encore plus sûr que la plupart! Le faible qui grandit ne perd pas son temps, le fort si!
Donc, imaginons-nous au printemps de 1940, parmi les forts, les acteurs de leur temps, et que découvrons-nous? Les forts de France sont balayés par les forts d'Allemagne! Ceux qui chez nous se disaient avertis, compétents; qui trouvaient normal leur pouvoir, qui méprisaient les faibles, qui vivaient dans les ministères; le gratin, les ronds de cuir, l'élite, qui avait la charge de diriger le pays, de le protéger; celle-là même est mise en déroute et prend la fuite! C'est une faillite totale et la panique a gagné la population!
Notez que tous ces chefs responsables de la défaite n'admettront jamais leur erreur, leurs fautes! Qu'ils aient eu pour nom Reynaud, Gamelin, Waygand ou Lebrun, et la liste serait quasi interminable, ils resteront persuadés d'avoir agi au mieux et s'efforceront après la libération d'en convaincre l'opinion; comme si la victoire allemande avait échappé à toute logique, ainsi qu'un phénomène paranormal!
C'est que l'apanage des forts, ce qui fait leur sève, c'est l'orgueil! qui n'est en l'occurrence que notre instinct de domination poussé à l'extrême! Le pouvoir pour l'orgueil est un dû! Il n'est pas question pour lui d'occuper quelque poste subalterne, mais néanmoins utile! L'anonymat, la simplicité, la patience, la douceur, la modestie et a fortiori l'humilité sont ses ennemis! Le décorum, le luxe, la pompe, la déférence dont il est l'objet sont ses amis! De même, marcher sur un serpent lui inspire moins d'horreur que s'il devait écouter, respecter et surtout s'excuser, car il a dans ce cas l'impression de déchoir, de se faire injure et curieusement encore d'être manipulé!
L'orgueil a une idée si haute de lui-même qu'il est parfait! Il est face à la critique comme une forteresse imprenable! sauf pour les Allemands, bien entendu! qui dévastent le pays! Pourtant, un homme avait averti les forts! Tel un prophète, il a voulu changer leur mentalité! Il voyait la guerre à venir comme Hitler! Il avait compris toute l'efficacité de la force mécanique! Il était de la nouvelle ère!
Mais il a été raillé, méprisé, tourné en ridicule, car on n'impressionne pas l'orgueil, on ne lui apprend rien, car c'est lui qui sait! N'est-il pas au pouvoir? Cet homme, on s'en doute, c'était Charles de Gaulle, qui était mieux considéré outre-Rhin! Non seulement il soutient sa théorie, mais encore il la met en pratique! Car il est l'un des seuls à opposer aux agresseurs une défense valable, en utilisant la même arme qu'eux, à savoir une division de chars, de blindés! Cela lui vaudra d'être promu général!
Il accompagne aussi le gouvernement dans sa fuite et il tente de convaincre le généralissime Weygand, son supérieur donc, qu'une installation en Afrique du Nord permettrait de continuer la lutte! Il explique que le conflit va devenir mondial, par l'entrée en guerre des Etats-Unis! Mais le fort Weygand hausse les épaules, il ne donne pas une semaine à l'Angleterre pour se rendre, et plus tard il dira à Reynaud et à Pétain que de Gaulle est un enfant! Car c'est là encore une des caractéristiques du fort: tout ce qui le contrarie ou lui est étranger se résume à de l'enfantillage, de la rêverie! Le mépris est la transpiration de l'orgueil!
Par deux fois, le futur est montré aux forts et ils ne veulent pas le voir! Après la guerre, Weygand niera avoir eu cette discussion avec de Gaulle, car l'orgueil fait sa lessive: il oublie tout ce qui pourrait gêner la perfection de son image! On connaît la suite: Pétain, au nom de la France, demande l'armistice et de Gaulle s'enfuie, telle une luciole dans la nuit! Puis, comme tous les prophètes, il sera condamné à mort!
On en arrive à Vichy, cette monstruosité! On commence par donner au Reich tous les opposants allemands qui se sont réfugiés chez nous et qui faisaient confiance à la réputation de notre pays d'être une terre d'asile! de libertés, de droits! Plus tard, on livrera les Juifs, plusieurs milliers, dont seules quelques centaines survivront! Pétain, pour sa défense, dira à son procès qu'il a évité le pire, qu'il a été un bouclier contre les coups de l'oppresseur et qu'il avait chaque jour un couteau sous la gorge! Mais là encore c'est l'orgueil qui parle! qui ne se rappelle plus son rêve, son ambition, son plaisir! C'est l'orgueil tel qu'il est! pauvre, mesquin, sec, malhonnête, sans grandeur d'âme!
Car la réalité est toute autre! Montoire, c'est Pétain qui veut plaire à Hitler, car il a un cadeau pour lui! La France nouvelle! celle qui remplace la France républicaine, minée, affaiblie par la guerre des partis politiques, pervertie par l'enseignement laïque, fragilisée par l'exode rural! La France nouvelle, c'est la France d'autrefois, mais à l'heure allemande! C'est la campagne solide, l'ordre dans les esprits grâce à la religion; c'est une jeunesse dynamique et pur; c'est un pays sain, dévoué!
Evidemment, si la France nouvelle séduit Hitler, il pourra compter sur elle, lui faire confiance, et il retirera ses troupes, et Paris sera de nouveau la capitale de la France, et les Français obéiront au dominant allemand! Par son offre, Pétain espère faire d'une pierre deux coups! retrouver la France qu'il aime, avec l'assentiment d'Hitler! Il a les yeux qui brillent, mais il rêve!
Car le Führer n'est pas seulement un névrosé obsessionnel, un mystique, un nerveux irascible, une personnalité complexe! C'est aussi un voyou sans scrupules, dont la haine, l'égoïsme et le dégoût sont portés au paroxysme! La France nouvelle ne l'intéresse pas! Pour lui, le cas de la France est réglé: elle a perdu et n'est plus qu'une vache à lait! Il faut qu'elle paye! N'est-ce pas elle qui a déclaré la guerre? Elle sera pressée comme un citron!
A cause de Vichy, la France va devenir sans le vouloir le meilleur allié de l'Allemagne! Elle va lui donner des millions! de la main d'œuvre en veux-tu en voilà, par le STO! Elle va dresser ses enfants les uns contre les autres, à Dakar, en Syrie! Sur son sol, ce sera la milice opposé au maquis! Elle combattra durement ses futurs libérateurs et son égarement pèsera sur tous les esprits libres!
Car Vichy a perdu de vue la vérité essentielle: c'est qu'il y a un ennemi et que c'est l'Allemagne! Comment une telle chose a été possible? D'abord, les circonstances sont exceptionnelles! L'Allemagne a gagné, mais si rapidement qu'il n'y a pas eu de destructions! Le choc est bien là, mais chacun peut désirer regagner sa place! reprendre sa vie d'avant! Et comme les forts ne cherchent qu'à retrouver le sens de leur importance, ce qui garantit leur équilibre, ils sont de nouveau pleins d'ambitions et Vichy se crée!
Qui sont les enfants? De Gaulle et ses va-nu-pieds, ou bien Pétain et ses ministres? Qui sont les rêveurs, les aveugles, les irresponsables? Les résistants, les révoltés, les rebelles, les fauteurs de troubles, ou bien les bien-pensant, les doctrinaires, les ambitieux, les dominants? Qui voit? Le sage ou le tyran? Qui est lucide? Celui qui rit de son égoïsme ou celui qui en est l'esclave?
De même que Vichy a oublié son ennemi, nos sociétés ignorent le leur! Somme toute, c'est Vichy qui continue! Nous vivons en collaborant avec ce qui nous détruit! Et notamment la psychologie et la psychanalyse nous induisent en erreur, nous masquent la réalité; car elles nous font croire que si nous n'allons pas bien, la solution, le remède est seulement en nous; ce qui est faux! Il y a bien quelqu'un qui nous veut du mal! Mais ne dit-on pas à celui qui nous gêne: "Va consulter!"
Qui est notre ennemi? C'est le même que celui qui a produit Hitler ou le nazisme! C'est celui qui hait, qui méprise, qui bouscule, qui presse, qui écrase, qui dévore! C'est l'animal qui est en nous quand il est choyé, favorisé, le maître! C'est celui qui jalouse, qui ment, qui triche, qui défie, qui use! C'est le dominant qui veut des dominés, des esclaves, des serviteurs, des admirateurs, une cour!
Qui est notre ennemi? C'est celui qui exclue, qui ne voit que ses plaisirs, qui fait tourner le monde autour de lui, qui ne grandit pas, qui reste un bébé, qui crie, qui est coléreux, violent! Cet ennemi-là, nous ne le combattons pas, puisque apparemment il n'existe pas! Au contraire, nous le flattons! Nous rêvons avec lui d'une France nouvelle, nous aussi! Nous serons un partenaire exemplaire de notre égoïsme, de notre soif de dominer!
C'est Vichy qui continue et qui nous entraîne dans sa misère! C'est nos vies lourdes, la tristesse de notre incompréhension! Ce sont nos maladies, notre angoisse, nos inquiétudes, notre peur de la mort, car notre ennemi nous mène, nous assèche, nous casse, nous brise, nous vide! C'est le prix de notre collaboration! C'est nous la vache à lait!
Des résistants? Il y en a, quelques uns! Ils voient le drame, mais ne peuvent intervenir! L'ennemi règne en maître! Il est dur comme l'acier, il forme un bloc! Il ne veut que sa propre logique, sa seule vision, son monde unique; celui qu'il connaît et qui le favorise! Peu importe que ce soit aussi celui qui le condamne!
L'ennemi est voué au désert, à la soif inaltérable! Mais nous continuons, nous ne changeons pas, car nous rêvons, comme Vichy! Nous voulons être heureux à côté du monstre, avec la bête! Nous voulons dominer dans la joie, ce qui est impossible!
Seul le sage voit son bonheur grandir! Lui seul connaît la paix! Lui seul apprend que chaque jour est une éternité! Lui seul peut être léger comme l'oiseau, doux comme le bon pain! Lui seul a vaincu l'ennemi!
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D'obéir
- Le 25/08/2018
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Quand nous étions enfants, notre monde s'arrêtait à l'autorité des parents; d'où notre sentiment de sécurité, malgré nos peurs ou nos drames, car il y avait une limite, un terme à nos choix! A partir d'un certain stade, il n'y avait qu'à obéir, qu'à suivre un ordre, qu'à respecter certaines règles et cela nous semblait naturel, indiscutable, bien qu'à l'occasion nous puissions renâcler ou nous révolter, ce qui montre par ailleurs que nous ne demandions pas mieux que de conquérir notre liberté et combien nous étions impatients d'en jouir, car alors on aurait pu être et faire ce qu'on voulait! Notre personnalité se développait ardemment et on rêvait d'entrer dans la vie active, d'échapper à la tutelle des parents!
Si cette soif d'indépendance est en chacun de nous, on peut se demander si elle n'est pas amplifiée à mesure qu'elle est contrariée, si elle ne devient pas d'autant plus vivace qu'elle rencontre des restrictions, comme si l'esprit se plaisait à imaginer toutes sortes d'aventures, à condition qu'elles ne soient pas réellement sérieuses, puisque l'autorité des parents les empêcherait; comme si la sécurité pouvait servir tel un trampoline, pour sauter plus haut! Car dès que les portes de la vie s'ouvrent en grand, un courant d'air glacial semble souffler sur la majorité et nos destins deviennent compliqués, comme un champ de fleurs bouleversé par le vent! Où sont passées nos aspirations si vives qu'elles devaient nous faire pousser droits?
C'est qu'au fond nous sommes tous devant l'inconnu! Et c'est même là peut-être le grand miracle de la vie! Des milliards d'êtres nous ont précédés et pourtant nous n'en savons pas beaucoup plus qu'eux; notre présence sur Terre a toujours un caractère d'étrangeté, mais cela veut dire aussi que nos vies peuvent être inventées, devenir une création! En somme, notre individualité garde toute sa chance de prendre toute sa dimension! Nous n'avons pas à suivre le chemin des autres, à mettre nos pieds dans leurs traces, à moins que nous ne le voulions! Autrement dit, l'homme est toujours nouveau, car son questionnement demeure! Certes, l'expérience de l'humanité grandit sans cesse; la science apporte des réponses; les arts changent notre regard, mais la mort et la majesté des nébuleuses gardent leur secret!
A priori donc, nous disposons d'un terrain de jeu infini! Bien entendu, la société a des lois, des règles, elle exige de nous des devoirs et en échange elle nous offre une protection, un cadre de vie; mais il n'en demeure pas moins que notre conscience reste libre et qu'on peut même s'aménager un quotidien qui soit le moins contraignant possible, afin justement d'avoir plus de temps pour réfléchir! Mais veut-on vraiment cela? L'inconnu n'est-il pas précisément ce qui nous effraie, ce qui nous rebute?
Si nous avons des questions, des peurs, des tensions, ne cherchons-nous pas le plus rapidement possible des réponses, un soulagement, de la distraction? N'évitons-nous pas autant qu'on le peut ces moments qui justement sont flottants, incertains, ténus, apparemment dénués d'intérêt, qui semblent même maussades, tristes, au point de nous mettre mal à l'aise? Mais comment pourrions découvrir sans trouble, sans émotion, sans gêne, sans anxiété? Pourrait-on ne pas quitter la tranquillité des sentiers battus et trouver en même temps une chose nouvelle? L'invention, l'idée n'a-t-elle pas un prix; c'est-à-dire peut-elle être obtenue sans difficultés?
Où est l'enfant qui "rêvait de tout casser"? qui brûlait d'être? qui voulait les étoiles? Devenu adulte, il a le champ libre, mais il n'est plus là! Il n'est pas au rendez-vous et chacun ici a une explication, une histoire, un prétexte! Ecoutons-les!
" Rêvez, c'est bien! Faut rêver! Mais vous verrez, quand vous s'rez grands! Y faudra gagner sa vie! avoir un métier! Et là couic, faudra marcher au pas! Plus question d'battre la campagne! C'est ça, la réalité, les p'tits gars!"
Et en effet ce raisonnement a sa part de vérité: "Faut bien gagner sa croûte!", mais on peut se demander à quoi sert une vie livrée à un travail qui ennuie, qui n'est qu'une corvée! Imaginez plus de quarante ans à se contenir, à s'efforcer de "tuer le temps"! On donnerait le vertige si on répertoriait tous les moyens trouvés pour que la journée passe, quand il n'y a rien à faire! J'ai connu une équipe qui tournait trois fois de suite autour du même rond-point, afin de ne pas arriver trop tôt au dépôt! C'est l'homme qui apprend à devenir une tortue, et qui même rentre comme elle la tête! Tout ça, pour la sécurité!
Inutile de dire que ces conditions sont propices à l'alcoolisme, à une sexualité morbide et aux énervements! La moindre tentative des employeurs pour changer les choses est sentie comme une perte et provoque une crise!
Mais voici un autre discours: " Profite de ta liberté, mon garçon! Quand tu auras fondé une famille, tu n'auras plus une minute à toi! Les enfants te prendront tout ton temps! Il y a leur éducation, leur santé; ils te donneront des cheveux blancs et même te conduiront à la tombe! Le rêve, c'est bon pour les célibataires! Les égoïstes autrement dit! Enfin, la famille reste quand même une aventure!"
Ces dernières paroles sont généralement dites avec regret, comme s'il fallait être quand même content de son sort; question d'orgueil sans doute! Cependant, il est vrai que nul ne peut prévoir où le mènera une famille et c'est sûrement bien des soucis et peu de libertés! Nous voilà responsables des autres!
Mais au lieu de s'en réjouir ou d'en être absolument fiers, nous présentons la chose comme une prison, un devoir et on oublie un peu vite que seul le plaisir a normalement dû guider nos pas; car c'est bien par amour que nous nous sommes unis à quelqu'un, et c'est bien par espérance que nous avons souhaité des enfants! Rien ne nous forçait sur ce chemin, à part peut-être toute l'horreur que nous avons perçue à vivre solitaire!
Car toutes ces explications, qui tendent à nous faire croire que nous n'avons jamais eu le choix, ont tout de même un dénominateur commun, une cause récurrente, à savoir un désir inavoué d'obéir, de "rentrer dans le rang", d'être privé de sa liberté par des devoirs, un fonctionnement indiscutable!
En fait, quoique adulte, nous n'avons pas quitté la situation de notre enfance, alors que nous n'avions qu'une seul hâte, celle d'en changer! Mais nous nous retrouvons de nouveau avec une tutelle et des règles que nous ne pouvons transgresser! L'autorité de nos parents est devenue celle de la personne avec laquelle on vit, ou bien celle de notre employeur, ou bien même celle produite par les obligations de notre quotidien!
Mais si nous avons voulu obéir, c'est bien entendu par peur de l'inconnu! Pour certains, d'ailleurs, il n'est même pas été question d'entrevoir quoi que ce soit: la quête de sécurité est si forte qu'on "glisse" d'un "système" à un autre, d'un joug à un autre; comme on évite de regarder le fond d'un précipice, en longeant ses bords, par peur du vertige!
Pour d'autres, l'inconnu a été comme de mettre le pied dans une eau glacée; il a provoqué un dégoût, une épouvante qui a marqué à vie, et l'on passe le restant de ses jours dans la chaleur du foyer, avec le travail en semaine et la promenade dominicale!
Mais il y a une autre raison que la peur ou l'angoisse qui nous fait fuir l'inconnu! C'est qu'apparemment il est sans grades! Loin des hommes, il n'a pas l'air de conduire à la réussite! Il ne flatte pas l'orgueil, ni l'égoïsme! Tout au contraire, il a tous les symptômes de la maladie; il paraît aussi inutile qu'anormal! N'est-il pas opposé à la chaleur humaine, au simple bon sens, à la notion de devoirs, de responsabilités!
Nous, qui sommes dans la normalité, dans la chose reconnue, approuvée par tous, n'avons-nous pas fait le bon choix? Ne sommes-nous pas les gens vraiment responsables, courageux, qui affrontons la vie comme une figure de proue, dignement, fièrement?
Et le faible qui doute opine, reconnaît son erreur! Celui qui cherche est fragile et parfois il ne demanderait pas mieux que de rejoindre le plus grand nombre, d'être lui-même asservi par quelque fonctionnement! Il est alors la dupe des autres, car tout le monde ici a oublié sa peur de l'inconnu et même la réalité! Car la société est bien différente de ce qu'elle prétend être!
D'abord, nous ne sommes pas heureux! Nous traînons notre ennui dans la rue, quand ce n'est pas notre dégoût! Malgré tout notre confort! Nous n'arrivons même pas à être en meilleure santé, car nous sommes victimes de troubles de toutes sortes! Mais comment pourrait-il en être autrement?
Nous ne regardons pas nos peurs en face! Nous les refoulons, au profit de notre orgueil! Car en plus la rue est un théâtre! où il s'agit de s'afficher comme les plus beaux, les plus forts! Nous ne calmons, ni ne comprenons donc nos inquiétudes et notre environnement, produit par un mélange de craintes et d'égoïsme, ne peut pas ne pas être agressif, épuisant, destructeur!
Mais ce n'est pas le pire! Il y a en effet un signe qui ne trompe pas sur nos états d'âme! C'est que si nous rencontrons quelqu'un qui nous paraît plus heureux, plus libre, quelqu'un qui justement a eu le courage d'explorer l'inconnu, son inconnu, alors nous le haïssons, nous le jalousons, nous lui faisons connaître tout notre mépris, au lieu de lui demander les clés de son éclat, de son épanouissement! car encore une fois une telle démarche, une telle demande déplairait à notre orgueil! à notre amour-propre ou notre soif de domination!
Cette attitude témoigne sans conteste de notre misère! de notre pauvreté d'esprit, de notre profonde insatisfaction, de la souffrance de notre vanité et par là de notre ignorance crasse, dont nous voulons quand même être fiers! Un homme heureux, à l'aise, content de son sort, ne perd pas ses forces; il peut se montrer curieux des autres, car il est disponible! Il possède surtout son propre trésor, celui qui le nourrit et lui fait savoir qu'il est sur la bonne route, et il ne jalouse donc pas (pourquoi le ferait-il?) et la différence chez lui suscite un intérêt sincère, très rarement un rejet!
Notre mépris à l'égard des "sages" a une conséquence tragique! Nous répétons les mêmes erreurs! Comme nous ne voulons pas de l'inconnu, ni de ceux qui en rapportent une connaissance, un enseignement, qui pourrait être à l'origine d'un nouveau progrès, nous recommençons des parcours qui ont déjà fortement saigné l'humanité et on peut ici prévoir sans se tromper d'autres guerres à venir, avec leur lot de souffrances infinies!
Cependant, il est vrai que faire face à l'inconnu chaque jour est une épreuve! Cela demande des efforts constants! Etre différent exige d'être un monde tout seul, car il faut répondre à toutes ses questions! Il est nécessaire de s'appuyer sur une logique générale; une véritable création en somme, car sinon ce sont les opinions des autres, celles qui sont le plus souvent fausses, parce que nées de l'hypocrisie, qui gagnent, qui dévorent, qui délitent, qui emportent l'esprit à vau-l'eau!
Il faut donc chaque jour combattre pour son indépendance, sa vérité, ses convictions, et cette lutte va même dans les petits faits journaliers, ce qui peut paraître épuisant! Obéir apparaît alors comme une planche de salut, un Eldorado, un paradis! On remet les clés, on suit les ordres et on ne pense plus! On s'endort, non? On sommeille debout! La quille, enfin! Vive le somnambulisme! Et surtout qu'on ne me réveille pas! Parce que moi, j'bosse! moi!
Non! Le véritable travail, c'est bien d'affronter l'inconnu! C'est celui-là qui est vraiment difficile et exigeant! Ne serait-ce que parce qu'il s'oppose a priori à notre égoïsme, parce qu'il nous contrarie dans ce que nous avons de plus profond! C'est lui qui nous fait risquer le plus, qui nous engage totalement! Car, je le répète, c'est un parcours sans grades, c'est une aventure sans public! Ce sont des victoires sans témoins, c'est une hostilité de la part des autres pour récompense!
C'est aussi une découverte spirituelle; car notre développement est celui de notre conscience! Et c'est pourquoi encore le message religieux n'est jamais loin, il est inspirateur! Il y a bien sûr la science à prendre en compte et l'athéisme existe, mais je doute que celui-ci nous rende heureux et même nous mène quelque part!
Toutefois, aussi rebutante que puisse sembler cette recherche, elle est la seule capable de nous donner la paix! la tranquillité d'âme! Et on comprend bien pourquoi: tous ceux qui refusent de se regarder tels qu'ils sont, qui restent attachés à leur "gloriole", et qui haïssent pour la défendre, ceux-là demeurent comme le cul entre deux chaises! Et ils ne peuvent trouver de certitudes! Ils sont toujours à la merci des angoisses et du jugement des autres!
Or, nous sommes uniques, absolument uniques! Même si des caractères se ressemblent, les différences d'époques et de conditions font de nous des êtres sans pareils! La vie est la chance pour que notre personnalité grandisse et devienne entière! Il n'y aura pas d'autres opportunités! Face à l'Eternité, si vous rendez une peau de chagrin, quelque chose d'informe, qui n'est ni chair ni poisson, vous serez le premier à en avoir honte! Qu'est-ce qu'un chiffon, pétri de jalousie, peut réclamer à la grâce merveilleuse de ceux qui sont morts pour elle!
PS: il existe tout de même des "trucs" pour vivre mieux votre combat au quotidien, notamment le stretching, et je vous conseille à ce sujet le très beau livre de Craig Ramsay, Stretching, anatomie et mouvement, aux éditions du Courrier de livre. Il est clair comme de l'eau de roche et dès les premières séances, vous serez un autre vous-même! Vous retrouverez la magie de votre corps et vous verrez que les autres n'ont aucune excuse, à se traîner comme ils font, telles des limaces! Car ce moyen est quasiment gratuit et ne demande qu'une trentaine de minutes de son temps!
Bien sûr, le sage ni ne boit ni ne fume; il n'a pas besoin de l'ivresse pour oublier, car il aime ce qu'il fait, sinon il serait un hypocrite! Il ne veut pas non plus que son cerveau soit comme une chaudière, car la patience est sans doute sa plus grande vertu!
Je vous invite encore à jeter un œil sur ma dernière peinture, vous en prendrez plein les mirettes et un voyage dans l'espace n'est jamais inutile!
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Du doute
- Le 18/08/2018
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Le doute est un de nos adversaires quotidien... Chaque jour, il nous attend sur l'aire de combat... Parfois, il dresse sa stature monstrueuse et il nous enserre immédiatement par une méchante prise... Nous suffoquons, nous demandons grâce et quand il relâche enfin son étreinte, nous ne sommes plus que l'ombre de nous-mêmes, et nous voilà à nous traîner, sous les huées, vers un coin sale du ring!
D'autres fois, c'est tout le contraire! Nous regardons calmement le doute et il tremble déjà! Non sans raison! Car nous l'envoyons dans la foule d'un simple mouvement de bras! Devant le public médusé, nous nous demandons même comment peut-on nous opposer pareille lavette! Et dans le vestiaire, nous martelons à notre manager, dont le cigare tombe, que c'est bien la dernière fois que nous devons offrir un tel spectacle!
Entre ces deux extrêmes, c'est plutôt une guerre d'usure... Le doute profiterait de la moindre fissure, pour nous pénétrer et nous ronger, comme s'il exerçait sa propre pression... et de même nous le chassons suivant notre moral, qui est plus ou moins "gonflé"!
On comprend bien que le doute dépend de la conscience que nous avons de nous-mêmes... Plus celle-ci est forte et plus elle s'impose et rejette le doute, et il importe donc de revenir sur ce qui nous constitue, nous construit et nous rend sûrs de nous-mêmes! Cependant, nous allons aussi voir que ce travail, que cette lutte avec le doute nous est somme toute nécessaire, et que ceux qui ne la connaissent pas et qui même la refusent sont les vrais poisons de la Terre!
Mais personne n'ignore le test psychologique qui demande de dessiner un arbre! Si les racines sont bien plus petites que le feuillage, une main lourde s'abat sur l'épaule du dessinateur! Il est catalogué comme fragile et il est emmené dans un camp spécial, où il pleure loin de sa maman!
Mais il nous faut bien entendu revenir aux origines, car c'est d'abord durant l'enfance que s'établissent nos fondations... et principalement ce sont nos rapports avec nos parents qui vont constituer notre équilibre. S'il y a respect mutuel, si nous avons le sentiment d'avoir notre place, il n'y a a priori aucune raison pour que nous perdions un œil avec son ressort, ou une jambe avec son mécanisme coulissant! Et le doute dans ce cas nous regarde comme un "partenaire fiable"; il nous propose un tas de contrats et c'est un bras de fer commercial qui commence; nullement un affrontement de chars!
Par contre, si nous sommes grevés de chagrin, le doute vient nous voir en fredonnant et prend nos mesures, car il ne s'y trompe pas: nous "sentons déjà le sapin"! En effet, nous voilà dans cette partie obscure de l'humanité, celle des "perdants", des introvertis, des souffreteux, des dolents; de ceux qui se traînent et qui se plaignent toujours! de ceux qui ralentissent la société, des éteignoirs, de ceux qui devraient consulter et que même les psychologues morigènent, agacés qu'ils sont par tant de léthargie, de mauvaise volonté! La vie n'est-elle pas une fête?
Mais ce n'est pas fini! On n'est pas seulement piétiné au départ! On n'émerge pas dans la vie active, comme à la suite d'un mauvais rêve, tel Belmondo au mieux de sa forme! Non, le doute, la fragilité en somme, va nous entraîner dans un fabuleux voyage! Son petit train entre dans le château des mille épouvantes! C'est le lot du raté! Et ici un masque affreux surgit, avec un affreux ricanement! Mais c'est de la pacotille! Voici le numéro de la scie circulaire... Un volontaire dans la salle? Oui, vous le type éteint au troisième rang! Venez!
_ Non, je ne peux pas... En ce moment, mon sciatique...
_ Et hop, je vous tire sur scène! Et on le remercie bien fort, par de chaleureux applaudissements! Merci! Alors je vous explique le truc...
_ Oui...
_ Vous êtes fragile... Vous doutez donc!
_ Je goûte?
_ Non, vous doutez! Encore un qui ne pense qu'à manger! Mais, mon pauvre monsieur, qui croyez-vous paie la boulimie? Nous, les contribuables, les gens sérieux! Je reprends donc, vous doutez! Comme vous êtes aussi plein de bonne volonté et un gentil garçon, vous faites des efforts et du fait de votre fragilité, vous pensez que jamais ils ne suffisent! Conclusion, vous vous... détruisez! Ah! Ah! C'est là toute l'astuce! Car non seulement vous avez déjà du chagrin, mais on va vous en donner encore! Allongez-vous sur la table!
_ Mais non!
_ Vous êtes bien tous les mêmes! Sécurité! A chaque fois, il faut faire appel à la force! Un numéro du tonnerre, j'vous dis! J'mets en route la scie circulaire...
_ Mais vous êtes fou!
_ Ne renversez pas les rôles, s'il vous plaît!"
Ci-gît le "mollusque", le doute et la fragilité l'ont tué! Passant, qui que tu sois, prie pour les faibles!
Mais qu'est-ce qui peut conduire des parents à "meurtrir" leur progéniture? Il y a des faits graves, comme l'abus sexuel, qui brise l'intégrité... Il y a aussi le grand film de la psychanalyse, en cinémascope, avec comme vedette le complexe d'Oedipe! L'enfant suit plus ou moins mal la notice freudienne! S'il est maladroit et qu'il se met de la colle sur les mains, il assemblera des pièces dans le mauvais sens! Il présentera une chaumière informe et restera bloqué à une étape du rallye! avec souvent une furieuse envie de faire pipi, ou pire! En se dandinant, il pourra réfléchir à ses petits plaisirs de pervers polymorphe, non mais!
Hélas! hélas! L'épopée hollywoodienne est passée, faute de crédits! Et nous allons nous montrer bien plus réaliste, bien plus pragmatique même que tout le peuple américain réuni! Car on peut en vouloir à un enfant, on peut l'écraser pour une raison simple, très logique, et qui se rencontre tous les jours, sous nos yeux, partout, et qui pourtant semble absolument ignorée, en particulier par la psychologie! (Qui a crié: "Les psy au poteau!"?)
Et si un "môme" pouvait aider à se remettre en forme, hein? C'est qu'la vie, elle est bien injuste! Elle s'occupe pas toujours de nous! Moi, l'bourreau, j'aime bien qu'on soit aux p'tits soins pour moi! J'le mérite! Mais y a des moments où les autres y rigolent entre eux! J'me sens subitement seul et puis j'vois dans son coin une belle victime, genre enfant doux, attentif et sage; c'est ceux qu'je préfère !
La docilité, y a qu'ça de vrai pour un bourreau! La bonne volonté, c'est comme un mur quand on joue au tennis! T'as beau frapper le môme, y revient y goûter! Le c...! C'est qu'il aime ses parents!
L'enfant paillasson, vous connaissez? Non? On "s'essuie les pieds" dessus pour retrouver un peu d'allant! On le conduit avec autorité, on le presse, on l'humilie, on le fait pleurer pour se sentir à nouveau chef! On retrouve le sentiment de son importance, par l'exercice du pouvoir! Peu importe les dégâts, faut qu'ça fume!
Vous pensez que j'évoque là un cas particulier, extrême, anormal; le fruit véreux de quelque parent monstrueux! Mais les rapports de l'enfant avec ses parents sont généralement ceux qu'il aura avec la société et si vous regardez autour de vous, vous verrez que constamment les plus faibles servent de faire valoir aux plus forts!
Tout s'éclaire dès qu'on prend conscience de notre instinct ou de notre soif de domination! Le tyran n'est rien d'autre qu'un individu qui ne voit que la satisfaction de son égoïsme; le doute il ne le connaît que les années bissextiles!
Le tyran est le type le plus courant, car c'est le plus facile; celui qui fait plaisir immédiatement: on a du succès parmi les hommes! On peut s'admirer, mais quand le public manque; quand on n'a personne pour se mettre en valeur; il reste l'oppression, le mépris, la haine que l'on peut faire subir à tous ceux qui justement sont hésitants, gauches, fragiles à cause du doute!
Ces scènes-là ont lieu chaque jour! On toise, on commande, on pousse, on moque, on écrase, on avilit, on injurie, on bat même les doux, les patients, les timides, les silencieux, les pauvres! On accentue le travail du doute chez eux, sa destruction! On fournit des victimes à la dépression! On les jette dans son feu en grognant!
Pour certains, le doute prend des proportions colossales! Il occupe toute la maison, tout l'esprit! Il conduit à se blesser cruellement! Il peut mener au suicide! à la boulimie, à l'anorexie! à toutes sortes de maux qui transforment la vie en chemin de croix!
Et que fait le tyran pendant ce temps-là, mesdames et messieurs? Il se goberge, il s'en "met plein la lampe"! Il accumule tous les plaisirs, il ne perd jamais une occasion de paraître, de dominer, de montrer sa supériorité, sa superbe!
On pourrait me croire manichéen, simpliste; mais le tyran a le nez dans son amour-propre comme un cochon dans sa bauge! Rien ne le dérange et invariablement il revient sur lui-même; vous n'existez que si vous le flattez, que si vous vous occupez de lui!
Le tyran trouve votre attention parfaitement naturelle! Il n'y voit aucun effort et si vous y manquez, vous aurez droit à son mépris! même si cela fait plus de dix ans que vous nettoyez sa voiture! Car le tyran a tous les droits! Quand il veut haïr, il hait! C'est juste! C'est son monde qui compte, c'est le seul qu'il connaît!
Le doute supplie le tyran de l'écouter! Il lui parle des arbres, des fleurs, des torrents, du bleu de la mer, de l'écume immaculée, des nuages, des papillons! Mais le tyran fulmine, il bout, car on a osé lui dire qu'il avait un ongle peut-être trop long! Il reste sourd aux appels du doute, qui lui rappelle l'histoire, les millions de morts, tous ces jeunes tués, massacrés, loin de chez eux, comme ça, comme on souffle une bougie! tous ces crimes, toutes ces souffrances, tous ces cris, tout ce désespoir produits par les guerres!
Mais on a osé "effleurer" le tyran! Il est plein de rage, de mépris; c'est un mur, son ombre se dresse jusqu'au ciel! Il médite sa vengeance! Elle sera terrible! Déjà des corbeaux , des vautours survolent le tyran! On sait combien il est dur, cruel, qu'il ne fait pas de quartier et que son sillage est facilement encombré de cadavres!
Le doute revient à la charge! Il rappelle au tyran la mort, la triste fin, le trou dans la terre! Il enchaîne sur la misère, les enfants squelettiques, la poussière, les mouches; le confort de nos sociétés, l'eau à volonté, les boulangeries illuminées!
Mais la haine du tyran est implacable! Qu'est-ce qui pourrait le dérider, sinon des plaintes et des gémissements montant vers lui? Et le doute s'en va! Il rejoint le plus faible, celui qui boite, celui qui tremble! Le doute creuse l'âme fragile, comme une coquille d'huître; il en fait un vase, prêt à se remplir de la sagesse!
L'esprit du tyran est comme un château fort; celui du sage est vide, humble, pour recevoir l'eau limpide du savoir! celle qui est comme la rosée sur les fleurs, celle qui rafraîchit éternellement, celle qui apaise! qui console et qui donne de la joie! celle qui fait danser! qui donne la victoire! la seule qui soit sans morts, sans victimes!
C'est la récompense du doute, de celui qui cherche! Le doute marche dans la nuit, trouve les portes closes et doit lutter contre le froid! Le doute gémit, pleure, maudit, boit le sel du chagrin! Le doute pense qu'il est fou, abandonné, méprisable; il mange des pierres!
Le tyran, lui, festoie; il n'en a jamais assez! Il s'ennuie! Il n'est pas satisfait, il veut toujours plus de distractions! de plaisirs! On lui doit tout! Il ne comprend rien et ne veut rien comprendre! Il tape sur la table s'il se sent lésé; il terrorise! Il veut des comptes! Il menace, il crie; il pèse sur les autres! Son égoïsme l'accompagne comme son chien!
Le doute a mené le sage au puits intarissable, à la source qui rend clairvoyant! Le sage reconnaît, devine, prévoit, tend vers l'infini, vers le regard de Dieu et ainsi se forme sa paix!
Le tyran gronde encore, son cercueil est trop petit!
Le sage rejoint la lumière!
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D'un joyau
- Le 16/08/2018
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Quel est le bien le plus précieux sur Terre? L'argent? A en croire certains, oui... L'argent dirigerait le monde! Eh bien, dans ce cas, raison de plus pour s'en rendre maître, car à quoi bon une vie d'esclave!
"On ne gagne jamais assez d'argent!", disent d'autres, qui révèlent ainsi un profond sentiment d'insécurité, lui-même causé par le manque de confiance en soi!
Bien entendu, l'argent permet de se "détendre", de voir davantage la vie en rose, mais sont des hypocrites ceux qui voient la félicité dans le pactole, car l'expérience la plus simple nous enseigne que, sitôt nos désirs satisfaits, nous sommes de nouveau inquiets!
Le sexe? Le sexe serait-il le trésor de nos vie? Mais qui peut supporter les défauts de l'autre, quand le plaisir est passé et que les sentiments ne sont pas là?
L'amour? Mais qu'est-ce l'amour, sinon une chose qui évolue avec nous? Quand on est jeune, on croit à l'amour comme à un idéal qui doit triompher de tout! C'est la passion qui parle! La conscience n'a pas encore émergé du feu! Plus tard, quand on se connaît mieux et qu'on tient enfin sur ses jambes, l'amour est forcément plus réfléchi! Il n'a pas perdu en intensité, il est seulement mieux dirigé; il en est aussi plus efficace et plus fidèle!
La famille? Oh oui! Elle semble l'image même du bonheur! On forme un groupe et la solitude n'a même plus d'existence! C'est une dynamique, des affections constantes! L'angoisse n'entre pas dans la maison et la vie passe dans un tumulte chaleureux!
Mais les familles soudées sont souvent injustes; elles sont exclusives et le monde doit tourner autour d'elles! Malheur à celui ou celle qui dans leur sein sont marqués du sceau de la différence! Ils y seront broyés, car la force appartient au nombre!
D'autre part, les enfants sont appelés à devenir des individus à part entière et cela ne va pas sans déchirements, ni désillusions pour chacun! Les parents maudissent une progéniture qui leur résiste et qui dans le meilleur des cas en est accablée de chagrin! C'est le difficile chemin de la croissance, qui est pourtant inévitable!
Enfin, la mort lève le voile sur les caractères! L'héritage montre le plus souvent les égoïsmes et le temps du bonheur familial est oublié! Ce sont des cadavres qui disent au revoir à un autre!
Le pouvoir? Le pouvoir, qu'on peut associer à la gloire, la notoriété, serait-il susceptible de combler tous nos vœux? A priori oui, puisque nous voulons instinctivement dominer... Ne nous donne-t-il pas le sentiment de notre importance, de notre réussite, de notre valeur? Ne nous préserve-t-il pas des inquiétudes, sœurs de l'échec et de l'anonymat?
Cela est vrai, mais en partie seulement! Car le pouvoir est comme un feu dans une grotte de glace! Il faut le nourrir sans cesse, pour en sentir l'effet bienfaisant! Il conduit donc à la tyrannie, aux calculs et même aux plus sombres bassesses, comme on le voit à la télévision! Le dernier recours du pouvoir est le mépris, le ragot; c'est nager dans l'égout!
Le pouvoir est rarement bon, car il est le domaine des spectres! Et son bonheur, sa chance n'est qu'une façade!
Non, le bijou, la lumière de nos existences, c'est la paix intérieure, celle de l'esprit! Ne serait-ce que parce qu'elle peut bonifier tous les éléments qui sont déjà sur ma liste!
En effet, le sage est détaché de son amour-propre; il n'en est pas le jouet et c'est un maître ruineux! Il veut la vitrine la plus belle, qu'on puisse l'envier et qu'elle n'offre pas de prises aux critiques! Cela crée beaucoup de besoins et demande autant d'argent! Dans ce cas, qui est le plus courant, on est facilement inquiet et agressif; on a peur de perdre, de manquer, on craint l'avenir et la violence n'est jamais loin!
On demande des comptes aux plus faibles; on regarde comme un inquisiteur ceux qui bénéficient des minima sociaux; on est prêt à brûler le profiteur avéré! On pèse sur le monde; on se méfie de l'inconnu, qui a déjà un air de voleur; on se ferme pour se protéger de la différence; le raisonnement se sclérose, on est plein de jugements! On est envieux, amer, alors qu'on a fait son propre malheur, parce qu'on a voulu posséder, pour paraître supérieur! Mais l'hypocrisie empêche d'ouvrir les yeux!
Au contraire, la sage vit de peu et il reste calme... Il ne perd pas de vue l'essentiel, qui est d'avoir de quoi manger! Le spectre de la pauvreté doit l'effrayer de moins en moins et sa paix qui grandit ne blesse personne!
On comprend aussi que la patience augmente le plaisir sexuel, mais surtout l'amour trouve chez le sage une portée infinie, comme nous allons le voir!
Enfin, la gloire ou le pouvoir ne s'intéressent que rarement au sage, car on voit mal des fauves céder le passage... Pour que cela arrive, il faut des circonstances exceptionnelles, qui révèlent l'impuissance des chefs et qui font qu'ils s'inclinent! Mais ce n'est pas le sage qui triomphe; ce sont ses idées, sa foi, dont il est le serviteur... Ainsi encore il n'y a nulle avidité, nulle destruction!
Mais une question se pose: comment acquérir cette paix intérieure, de l'esprit? Autant le dire tout de suite, il faut se vaincre soi-même; il faut dépasser ses limites pour mieux les connaître! Il faut se mettre en danger, il faut chercher! Il faut oser et persévérer!
On comprend très bien les choses quand il s'agit d'un alpiniste ou d'un navigateur solitaire! Ils sont mis à l'épreuve par la difficulté du but qu'ils ont choisi! La nature les éprouve, au-delà même de ce qu'ils avaient pu imaginer! Ils doivent lutter; ils gémissent, ils souffrent, ils se reprennent et continuent!
C'est un rendez-vous ultime avec soi! Le péril met à nu l'individu; c'est sa vie qu'il risque! Son courage le sauve et après l'épreuve, il n'est plus le même! Son expérience fait sa fierté et désormais le nourrit! Ce qu'il sait sur lui et donc sur le monde est vrai, car cela a été frappé sur l'enclume de la seule nécessité! Celui qui revient parmi les hommes, après son exploit, est fort d'un secret! Jamais plus il ne regarde les autres de la même manière!
Il en va tout autrement quand on ne quitte pas les oripeaux du confort! On peut toujours s'y tromper, s'y raconter des histoires, élaborer des théories, rester aveugle... Une partie de soi peut y demeurer cachée, ignorée, car rien ne vient la menacer, lui demander des comptes! On est comme un gamin qui rêve qu'il pourra se défaire d'une bande de voyous, mais quand surgit la violence, il n'est pas à la hauteur et il se montre lâche!
C'est ainsi notamment pour tous les psychologues de la Terre, qu'ils soient encore psychiatres ou psychanalystes! Cela ne veut pas dire que la psychologie ne soit pas utile auprès de certains malades, comme "garde-fou" notamment, car elle a une présence rassurante..., mais ce que je combats, c'est la théorie et le danger de l'analyse ou de la psychothérapie est une légende! Ceux qui y croient se mettent en valeur, se donnent de l'importance; quand notre alpiniste ou notre navigateur solitaire se taisent, en se rappelant tout ce qu'ils ont enduré et à quelle faiblesse ils ont été réduits!
La souffrance psychologique pourrait-elle conduire à se "livrer" entièrement? à abandonner tout orgueil, tout amour-propre? Il est vrai qu'elle crée déjà la demande d'une aide..., mais encore faut-il donner au thérapeute un savoir, une autorité indiscutables, et quel esprit, même sous le joug de la souffrance, pourrait-il s'abuser au point de ne plus voir un être humain en face de lui, mais un dieu?
La salade de la psychologie n'a pas de fin, car il n'en va pas de sa survie! Le thérapeute ne voit pas son égoïsme, car, quoiqu'il en dise, il n'est jamais vraiment dépouillé de son pouvoir! Qu'on puisse être brisé, vaincu par une analyse est une farce, qui satisfait secrètement le patient amoureux de lui-même! C'est un séisme d'alcôve, sans la "patte" de la nature! C'est encore chez le thérapeute, comme chez le patient, une belle complaisance à leur égard, même si les dehors peuvent être austères! Il n'y a pas de vérités, quand le risque est feutré! Bref, c'est bon pour les enfants!
Mais comment replacer dans le domaine de l'esprit, de la paix intérieure, l'expérience de l'alpiniste? Il faut un moteur, un sommet..., une quête qui incite à se dépasser et qui doit engager toute la conscience!
Je n'en vois qu'une, la foi! l'amour que l'on peut vouer à Dieu! A partir de là, on a bien le moteur: ne pas décevoir celui qu'on aime! On a bien la difficulté, car le message religieux invite à s'opposer à l'instinct! autrement dit à la facilité! N'oublions pas que le développement de l'homme ne peut être qu'un chemin vers la connaissance!
Mais déjà résonnent les trompettes de la psychanalyse! sa sirène d'alerte ("T'es foutu, Boyington!")! car qui dit refoulement dit risque de névrose! Mais oui! Le risque est réel et il est nécessaire, sinon il n'y aurait pas de parois! pas de vertige, pas d'ascension! Si on ne secoue pas l'arbre, il n'y aura pas de fruits!
Mais la psychanalyse va plus loin: elle soutient que si on se tourne vers la foi, c'est pour satisfaire autrement une pulsion sexuelle refoulée! comme si à défaut d'ami (ou de partenaire!) on ne trouvait que Dieu (je passe sur le complexe du père, mais il ne perd rien pour attendre!)!
On connaît la forêt d'ombres où se "réfugie" la psychanalyse; c'est l'enfance dont nous n'avons qu'un vague souvenir et il est difficile d'y voir clair! Pour ma part, je vois plutôt, même si cela peut paraître choquant, surtout sur un plan scientifique, je vois plutôt des hommes et des femmes qui naissent en n'étant pas du monde, à cause de leur sensibilité particulière! Quand je dis qu'ils ne sont pas du monde, c'est que celui que nous connaissons leur est absolument étranger: ils ne le comprennent pas et n'en partagent aucunement les mécanismes! Même si au tréfonds, évidemment, ils sont du même bois que les autres, ils ne mentent pas, ils ne cherchent à pas supplanter qui que ce soit, ils n'ont nulle hypocrisie; ils sont particulièrement attentifs à la souffrance, chez eux, comme chez les autres! Ils sont pleins de bonne volonté et autrement dit, ils sont purs!
Ce serait des esprits éveillés, de même que, à l'autre bout de l'éventail, il y en aurait de farouchement égoïstes! Tout cela peut ressembler à un beau charabia, mais je ne crois pas que l'influence du milieu, c'est-à-dire en l'occurrence les traumatismes, puissent être à l'origine de la foi!
(Je rappelle que la psychanalyse ne voit pas du tout que nous voulons nous détruire! Pour elle, le tyran n'existe pas! d'où son incroyable naïveté et son infini aveuglement! Ce n'est pas parce que vous "réglez" vos problèmes personnels, que le monde va devenir gentil et que vous allez pouvoir vous y sentir comme un poisson dans l'eau! Bien au contraire, suis-je tenté de dire, car le monde se protégera de votre indépendance!)
En tout cas, je n'ai jamais vu un thérapeute lucide, quant à l'importance de son amour-propre, et l'individu qui veut plaire à Dieu et donner le meilleur de lui-même, celui-là s'engage dans une aventure extraordinaire, aux proportions toujours plus vastes et dont il recueille des trésors sans prix!
Car les résultats sont là, ce qui n'est pas vraiment le cas ailleurs! Et ils sont inestimables, divins pour ainsi dire! Celui qui "s'est vaincu", qui a atteint son sommet, qui par sa force d'âme a éprouvé ses limites, qui par sa persévérance n'a pas renoncé, qui par amour même s'est mis en danger, celui-là redescend de la montagne avec d'autres yeux, avec une paix que nul ne connaît autour de lui!
Plus rien ne peut détruire notre ami, ni même l'entamer! Le cri de ses propres fissures restent sans effet sur lui... et les influences extérieures, les haines et le mépris dont les autres, par jalousie, voudraient l'empoisonner, glissent sur lui et le font même sourire! Que pourraient-ils savoir, ceux-là, des vents qui soufflent sur les sommets et des précipices que l'on franchit?
Surtout, surtout, la paix intérieure donne un équilibre étranger à la domination! Il n'est plus question de se sentir supérieur, quitte à écraser le voisin, pour se rassurer! On ne voit plus la liberté des autres comme une menace! On ne fait plus le mal pour donner un sens à sa vie!
Mais à quoi servent nos vies, sinon à développer nos personnalités? Comment peut-on se contenter des joies du despotisme, alors que les inquiétudes nous ouvrent les portes de l'infini? Et quels peuvent être nos fruits, si notre sève n'est que celle de notre égoïsme? Les feuilles ne sont-elles pas les ailes des plantes?
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Sur Van Gogh
- Le 05/08/2018
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Quand on lit les biographies de Van Gogh et notamment celle de Wikipédia, on est assommé, abasourdi! Mais voici la teneur générale... Vincent naît dans une famille bourgeoise, d'un père pasteur... C'est un enfant sérieux, silencieux, pensif...
A vingt ans, il réussit chez Goupil et Compagnie, une firme internationale, qui vend des tableaux et qui a été fondée par son oncle Hein. Cependant, cinq ans plus tard, il en est licencié parce qu'il est choqué qu'on y traite l'art comme n'importe quelle marchandise!
On a donc perdu en route l'enfant sage et chez les Van Gogh, on ne badine pas avec l'argent!
Mais, après son échec dans le commerce de l'art, voici que Vincent se tourne vers le deuxième centre d'intérêt de la famille, à savoir la religion! Quelle belle fidélité, quel beau respect pour les idées de tous ceux qui l'entourent! Vincent chercherait-il à prouver quelque chose?
Cependant, il met la même passion à vouloir évangéliser qu'à vendre des tableaux! Son zèle inquiète même ses parents et un témoin note à l'époque: "Il ne mange que du bout des lèvres..." Vincent est par conséquent déjà dépressif, mais pourquoi?
Ses parents, toujours attentifs à son bien-être, à son épanouissement, décident de le soutenir dans son désir de devenir pasteur et ils lui paient ses études de théologie; mais, à leur grand dam, Vincent échoue à tous ses examens et pour atteindre son but, il est finalement conduit à un poste de prédicateur laïque, auprès des mineurs de charbon du Borinage.
Face à la misère, le fragile Vincent va se blesser cruellement! Il va se dépouiller de tout, devenant plus pauvre encore que ceux qu'il veut secourir, et il va se demander toujours plus, jusqu'à sombrer dans la plus noire dépression, en croyant suivre le message évangélique!
Bien plus tard, quand il repensera à cette période, Vincent dira dans ses lettres que la religion chrétienne est atroce; mais ce que nous enseigne cette expérience, c'est que Vincent n'est pas "construit", qu'il ne sait pas se préserver, que sa personnalité est incapable de se "défendre"! Ceci est essentiel et devra être retenu pour la suite...
Toujours est-il que l'autorité religieuse dont dépend Vincent ne comprend pas son "chemin de croix", qu'elle en est inquiète et pour se débarrasser de celui qu'elle juge à présent comme un gêneur, elle le soupçonne d'être socialiste et le remercie!
De nouveau rejeté, Vincent est en proie au doute et ne sait que faire, et cet état, qui pourrait être pris pour de la paresse, provoque une violente dispute entre Vincent et son père. On imagine assez les reproches de ce dernier, qui devient las de ce qu'il considère comme les "frasques" de son fils! Mais qu'est-ce qui l'effraie dans la bouche de Vincent, au point qu'il se renseigne sur la façon de le faire interner?
En fait, le génie de Vincent gronde, comme un volcan! La lave veut trouver sa route et elle écarte la surface, les apparences, et c'est cela qui fait si peur au père de Van Gogh! Mais également Vincent commence à voir pour quoi il est fait et ce sera la peinture!
Cependant, les atermoiements ne sont pas finis! Au fond, même si Vincent sent bien en lui une force vive, une création, il porte déjà le poids de son inadaptation: il ne peut pas, dans la nuit de sa personnalité, ne pas se considérer comme un être repoussant, décevant (voir la Métamorphose de Kafka!), et aussi ses débuts dans son art sont-ils timides, prudents; il lui faut toujours la sécurité d'un enseignement, la perspective rassurante d'un diplôme!
Il s'inscrit donc à l'Académie royale des beaux-arts, comme il suivra plus tard çà et là les leçons de quelques peintres indépendants, mais il ne sera véritablement l'élève de personne et il continuera de rompre avec toutes ces formations, ce qui se soldera encore par de fréquents retours à la maison familiale et ce qui renforcera l'impression de dilettantisme et même d'égoïsme que produit désormais le peintre et qui mettra de nouveau son père en fureur (celui-ci mourra d'ailleurs d'une crise cardiaque!)
La même apparente instabilité se retrouve dans la vie sentimentale de Vincent... Avec les femmes, le peintre se montre maladroit, naïf, incertain, mais surtout chaque rebuffade est vécue comme un drame, car Vincent est devenu très sensible à l'hostilité dont on peut faire preuve à son égard!
Il peut aussi faire peur, car, perdu dans le tréfonds, il en vient à croire que s'il n'arrive pas à conquérir, à "trouver chaussure à son pied", ce qui le ferait rentrer selon lui dans la normalité, c'est parce qu'il manque de courage, de détermination, chose qu'on lui reproche effectivement!
Devant son insistance, qui est plutôt le fruit de l'angoisse que d'un réel désir, on s'effraie inévitablement, on "montre les dents" pour chasser l'intrus! Si en plus la jeune fille perturbée fait une tentative de suicide, ce qui se produit avec une voisine, il n'est pas difficile d'imaginer Van Gogh se prenant déjà la tête entre les mains, en se trouvant le monsieur à l'origine de toutes les catastrophes!
Mais, baste, de fil en aiguille, il se retrouve à Paris et d'après la biographie de Wikipédia, qui n'est que consensuelle, c'est comme si on revivait l'histoire du Vilain petit canard! Vincent serre des mains, on lui tape dans le dos, il sourit à un tel, écoute un autre; c'est le cygne qui a trouvé sa véritable famille, celle des peintres modernes de l'époque! On citera Lautrec, Seurat, Pissarro, Gauguin et tant d'autres!
Pourtant, Vincent ne s'attarde pas en aussi bonne compagnie... Il a besoin de solitude pour être lui-même, ne serait-ce que pour échapper à toute influence, dont il aurait du mal à se défendre, et il s'installe donc à Arles, comme chacun sait, sous la lumière qui le passionne!
Mais Vincent ne sait pas vivre seul sans se blesser! Il n'a aucune confiance en lui! N'est-il pas un paresseux, un menteur, un sournois, une "planche pourrie", un dilettante, un profiteur! Il a le choix, au bord du puits sombre que les nombreux reproches qu'il a dû déjà subir ont construit! Il travaille donc en se soupçonnant du pire, en étant son propre geôlier, son propre bourreau et seul l'alcool lui apporte quelque réconfort!
Il n'a surtout pas besoin d'une nouvelle contrariété... Ses nerfs éprouvés ne pourraient supporter de se disperser et c'est pourtant ce qui se produit avec la visite d'un autre "titan", Paul Gauguin. Tout le monde connaît l'épisode de l'oreille coupée, mais il n'est pas plus étrange que les blessures que s'infligent aujourd'hui certains adolescents, à coups de cutter! Ces actes révèlent essentiellement une angoisse extrême et sont loin d'être incompréhensibles, mais il serait trop long ici de se lancer sur le sujet...
Toujours est-il que les habitants d'Arles, en témoignage de la charité humaine, demandent l'expulsion du peintre et son internement. Il n'en demeure pas moins qu'un seuil a été franchi: à partir d'une certaine dose de fatigue, Vincent est sujet à des crises, durant lesquelles il se comporte d'une manière absurde, en mangeant par exemple sa peinture!
Il est quasiment impossible que Vincent soit une menace pour les autres; c'est un doux, mais il comprend que désormais il doit se ménager, et il a sûrement pris connaissance de certains signes avertisseurs chez lui, qui lui indiquent qu'il est de nouveau, à cause du surmenage, sur une pente dangereuse... Cela va-t-il lui servir?
Après un séjour à l'hôpital de Saint-Rémy-de-Provence, qu'il avait rejoint de son propre chef, Vincent se retrouve à Auvers-sur-Oise, sous la protection du docteur Gachet. Ici, la biographie nous surprend par son optimisme, puisqu'elle nous dit que Vincent est alors tout proche de sortir de l'anonymat... et en effet, quelques articles ont paru à son sujet dans la presse..., mais on pourra même lire plus loin, dans un paragraphe intitulé Reconnaissance, que le peintre était connu et apprécié de son vivant et que, s'il est de notoriété publique qu'il n'a vendu qu'un seul tableau, rien ne prouve qu'il n'en a pas vendu d'autres!
Vincent, lui, est plus réaliste et un dernier accès de désespoir lui fait penser que "la plaisanterie a assez duré"! Il s'est battu de toutes ses forces pour rien! Il est toujours dépendant financièrement et il n'a fait qu'aller vers le pire, puisque sa vie de forçat est maintenant agrémentée de crises de démence! Il se hait sûrement et le monde qui l'entoure également! Il se tire une balle dans la poitrine..., mais ce n'est pas fini! Il faut encore qu'il se traîne seul jusqu'à sa chambre, où son agonie commence, sans aide médicale réelle, bien que la présence de son frère Théo, prévenu, soit tout de même une consolation!
En fait, Vincent n'a jamais été fou; ses lettres le prouvent amplement, mais il faut beaucoup de temps pour se pacifier! Il faut aussi un peu de chance..., mais il faut surtout voir les hommes tels qu'ils sont, pour s'en faire justice! Sans cela, il est impossible de créer les fondations qui manquent et qui permettent l'assurance... et donc la paix! C'est cette opération indispensable que nous allons réaliser maintenant...
Cependant, l'impression générale de la biographie que nous avons utilisée est celle-ci: tout le monde a donné le meilleur de soi pour aider van Gogh (même l'arme à feu qui a servi pour son suicide!) et n'était cette "stupide" maladie mentale, le peintre aurait pu réussir et avoir une vie heureuse!
"Jo", la femme de Théo, n'a-t-elle pas, juste après la mort des deux frères, multiplié les expositions, les vernissages, au point qu'on pouvait se demander, une coupe de champagne à la main, si l'absence du peintre ne venait pas de ce qu'il n'avait pas trouvé de taxi? Ne s'en était-il pas fallu d'une cheveu? Le succès, pour ainsi dire, ne pendait-il pas au nez de Vincent?
Mais il y avait cette maladie..., cette étrange maladie, car paraît-il plus de cent cinquante psychiatres ont voulu la diagnostiquer (gratuitement!), sans qu'on parvienne à une certitude! S'agissait-il de la schizophrénie, d'un trouble bipolaire, de la syphilis, du saturnisme, etc.
Il existe pourtant une piste dans la correspondance de Vincent, car il s'y plaint vivement du mépris de son père à son endroit, comme s'il n'avait jamais été pris au sérieux! Ceci est essentiel, car c'est d'abord l'affection de nos proches qui nous construit! Et d'ailleurs cet aspect, qui expliquerait parfaitement l'instabilité de Vincent, n'a pas échappé à une certaine psychologie, qui donne la raison du comportement du père...
Il n'aurait jamais fait le deuil d'un premier enfant! Et effectivement, les parents Van Gogh ont eu d'abord un fils mort-né, qui s'appelait lui aussi Vincent! On a donc donné au peintre le même prénom, sans doute en souvenir du bébé défunt, mais cela veut-il dire que le chef de famille fût rongé par une douleur secrète, de sorte qu'il négligeât celui qu'il devait considérer comme l'aîné?
Malgré des études très sérieuses sur ce problème, on demeure sceptique, car on voit mal le pasteur Van Gogh, clamant chaque dimanche du haut de sa chaire, que la main de Dieu est parfois lourde, mais qu'il faut tout de même aimer sa Volonté toute puissante, car la récompense sera grande; tout en n'y croyant pas lui-même! C'eût été docteur Jekyll et mister Hyde dans la sacristie!
Par contre, au contraire de la psychologie, nous, nous savons que c'est notre soif de dominer qui est à l'origine du développement de nos personnalités, qu'elle ne peut que nous conduire à la tyrannie et que c'est pour cela que dans nos sociétés, bien que nous ayons tout, nous ne sommes pas heureux (encore faut-il le reconnaître!)!
Aussi devons-nous comprendre que même des parents peuvent jalouser et mépriser leur progéniture, s'ils sentent chez elle une liberté, un bonheur qui semblent une injure, une menace pour leur pouvoir, leur importance! De même, il est nécessaire d'admettre qu'écraser le fruit de ses entrailles est encore une manière de restaurer son autorité et donc son amour-propre!
Le monde n'est pas lisse, mais nous dormons! Nous préférons mille fois répéter les mêmes erreurs, plutôt que de changer! Toutefois, tant que notre instinct de domination ne sera pas pour nous une réalité, nous n'avancerons pas! Et tant que nous croirons au monde enchanté de la psychologie et de la psychanalyse, nous ne progresserons pas!
Cependant, avec notre nouvelle lanterne, la vie de Vincent s'éclaire! Il est celui qui dérange, qui inquiète, qui remet en cause et c'est pour cette raison qu'il n'est pas aimé, mais craint, rejeté et haï!
La nature est-elle sadique, pour placer certains dans un milieu qui leur est résolument hostile et qui les anéantit? Evidemment non, mais l'homme est la seule créature qui peut refuser de "grandir", au profit de son égoïsme! Et l'humanité devrait être jugée sévèrement pour la peine infinie de Van Gogh, puisqu'elle-même l'a déjà jugé!