Rank (68-72)
- Le 15/12/2023
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"Des fils de putain, y en avait déjà!"
Il était une fois dans l'Ouest
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Dieu sort du palais de justice ! Les flashs crépitent, les questions fusent, les micros se tendent, la meute journalistique se pousse ! « Dieu, Dieu, que va-t-il se passer maintenant ? crie-t-on. Quel est votre sentiment ?
_ Eh bien, j’ai parlé avec les parties… Le juge était lui aussi bien entendu présent ! Nous avons examiné la situation… et il a fallu convenir qu’elle est accablante ! La femme a été dès le début flouée, méprisée ! J’ai sans doute été abusé…
_ Mais par qui ?
_ Eh bien, je ne sais pas ! C’est justement de trouver les coupables dont il a été question ! Et croyez-moi, ils seront durement châtiés ! Mais quel scandale ! Les cimetières de Normandie ou de Verdun, pour ne citer qu’eux, sont faux ! Hélas ! Les milliers de tombes sont vides ! Autrement dit, la nature n’a jamais fait l’homme pour défendre le territoire ! C’est un véritable séisme !
_ La femme obtiendra-t-elle réparation ?
_ Mais c’est évidemment ce que nous souhaitons, d’autant que nous venons à peine de soulever le voile de la supercherie ! Tenez-vous bien, le rôle de la femme, son pouvoir de procréer, n’aurait été mis en place que pour l’asservir, l’humilier ! Je vous lâche là une bombe, qui me laisse moi-même abasourdi !
_ Juliet Pixon, du Post, comment allez-vous satisfaire les plaignantes !
_ Mais il y aura évidemment un jugement, un verdict et les avocats feront leur travail ! Mais vous devez comprendre que, pour une affaire de cette ampleur, les investigations seront longues ! Comment la nature, depuis les premiers hominidés, a-t-elle pu nous tromper ? Comment avons-nous pu imaginer des hommes mourant dans la boue, avec leurs tripes qui s’vident à cause d’une balle ? Qui étaient ces farceurs de 18 ou 45 ?
_ Carol Pinger, du Tribune, de toute façon les guerres, c’est un truc de mecs, non ?
_ Mais bien entendu ! Vous n’avez jamais poussé les hommes à s’battre, à devenir plus puissants, ni même à vous défendre ! Vous pouviez très bien repousser les pillards et même les animaux à vous toutes seules ! Vous avez des os plus souples pour enfanter, mais voilà que j’apprends que c’est par malveillance ! Je vous l’ai dit, j’ai été trompé !
_ Mais comment vous, Dieu, avez-vous pu rester aussi longtemps aveugle ?
_ Bah ! Je voudrais pas avoir l’air de m’excuser, mais vous savez ce que c’est ! La création, c’est une grosse machine ! J’ suis obligé d’ déléguer… et un service, quelqu’un en aura profité ! Imaginez un dinosaure plus malin qu’ les autres… Il veut « emmerder » les mammifères… Il perturbe leur environnement, jusqu’à ce qu’ils s’adaptent de travers… et le mal est fait !
_ Vous pensez bien sûr à un dinosaure mâle ! Vous auriez un nom ?
_ Écoutez, à ce stade de l’enquête, il paraît prématuré de désigner un coupable ! Laissez la police faire son travail !
_ Tout de même, la plainte concerne des milliards de femmes !
_ Vous ne m’apprenez rien ! Le scandale dépasse l’imagination ! D’ailleurs, j’invite toutes les femmes qui le peuvent, à ramener leurs bébés ! Elles seront immédiatement indemnisées ! Un fonds spécial vient d’être débloqué ! Mais permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour les Athéniennes de la guerre du Péloponnèse ! Elles ont cru que leur mari mourait, pour les délivrer de la menace spartiate, alors que les hommes des deux bords s’arrangeaient comme larrons en foire ! Les combats étaient simulés ! Je voudrais apporter mon total soutien à ces femmes-là, comme à toutes les grecques qui ont été enfumées par les Thermopyles ou Marathon !
_ L’homme ne devrait-il pas être banni de l’univers ?
_ C’est une bonne question ! On y réfléchit… En tout cas vous, les femmes, avez toute ma gratitude ! Vous auriez pu profiter de la situation, vous enchanter du pouvoir que vous avez sur les hommes et la puissance aurait pu vous tenter ! Être reine, par exemple, ressemble un piège… Mais jamais je ne vous ai vues âpres au gain ! à chercher à vous supplanter ! Le rang social vous laisse froid ! La célébrité, le statut de star, qu’on s’émerveille de votre corps, vous n’avez jamais pris ça au sérieux et je vous en remercie ! De votre côté, je n’ai pas à me faire du souci ! Et si de temps en temps vous brisez, piétinez, détruisez l’un d’ vos gosses, je sais que c’est parce qu’il vous pousse à bout !
_ Cette reconnaissance vient un peu tard, vous ne trouvez pas ?
_ Encore une fois, j’en suis désolé ! Mais, maintenant, je dois vous quitter, car j’ai rendez-vous avec un quark, qui se dit victime de l’expansion cosmique ! »
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La ville s’appelle Aliéna et paraît comme toutes les autres, mais c’est pourtant en elle que s’impose pour la première fois et totalement la domination féminine ! Les forces de l’ordre notamment sont uniquement constituées de femmes et elles sillonnent les rues dans leur uniforme argenté, leur chevelure cachée par un casque et avec un pistolet électrique, contre les hommes à l’allure bestiale et qui n’aurait pas encore compris que les temps ont changé !
Ce jour-là, sur la place principale, des policières font une annonce relayée par des écrans géants ! « Attendu que les hommes sont des cochons, fait une femme sévère, et que nous voulons tous l’égalité des sexes, il sera désormais interdit à l’homme de transmettre son désir libidineux hors des des endroits indiqués ! Sont concernés notamment des bars qui porteront la vignette stipulant leur accréditation ! Dans ces établissement, la femme montrera qu’elle est réceptive aux hommages masculins, grâce à un voyant vert ! la couleur rouge indiquant qu’elle est hostile ! Ce nouveau règlement entre en vigueur dès aujourd’hui ! Tout contrevenant, qui ne respectera pas la couleur rouge, sera puni selon les articles 680 et 54 B du code ! Fin du message ! »
Les hommes qui écoutaient baissent la tête… Ils ont vu ce qui se passe à la périphérie de la ville ! Là sont élevés des gibets, exhibés des condamnés et d’autres choses… Le père incestueux, par exemple, est enterré vivant, de sorte que les gamins peuvent uriner sur sa tête, ce qui n’est qu’un juste retour des choses, mais généralement l’homme ne survit pas longtemps !
Le violeur a le pénis arraché et jeté sur un tas pourrissant ! Puis, on empale le coupable, comme pour lui faire sentir une sodomie forcée ! C’est comme ça qu’on apprend ! L’auteur d’un féminicide est simplement fusillé et laissé à la merci des chiens ! Plus loin, il est possible de battre celui qui a eu la main leste ou quiconque a prononcé des propos irrespectueux ! Le mâle fait profil bas !
C’est en fait tout le pouvoir qui a changé de mains ! Finis les costards cravates, qui prennent des décisions pour les utérus ! La femme dirige, commande, a les plus hautes fonctions et plus rien ne bloque son développement ! Certaines parlent même d’enlever aux hommes leur droit de vote : aux prédateurs il faut à tout prix rogner les dents ! Des projets voient le jour, sont examinés : les hommes sont parqués, dans de gigantesques camps, où ils sont affaiblis génétiquement, puisque leur force physique n’est plus nécessaire ! Les femmes discutent, soupèsent : quid des reproducteurs, comment garder le plaisir sans la soumission, quel progrès dans les godes, influence des querelles lesbiennes sur le groupe, etc. ?
On n’en finit pas de faire les comptes et le ménage ! Les scandales sont légions, la domination masculine est traquée, dénoncée, la tolérance zéro s’installe ! Cependant, dans l’une des rues principales d’Aliéna, le soldat Paschic marche d’un air dégagé et seulement préoccupé par des questions philosophiques : que nous dit la beauté, quel lien entre elle et notre égoïsme, quel sens peut-on donner à la vie, d’où vient le mal, etc. ? Paschic ne regarde personne en particulier, car il est tout à sa réflexion et c’est là une grosse erreur, qu’il va très vite payer !
Il tourne dans une rue secondaire et reçoit à l’aine un formidable coup de pied ! Sous la douleur il s’écroule et au-dessus de lui une femme fait : « Non mais pour qui tu te prends ? Tu me croises et tu n’ me jettes même pas un coup d’œil ? Pourtant, j’ai tout c’ qui faut là où il faut, crois-moi ! »
Paschic en grimaçant essaie de distinguer quelque chose et effectivement, au niveau de sa tête, qui est couchée sur le trottoir, il y a deux pieds fins qui se prolongent par deux jolies jambes ! Paschic voudrait regarder plus haut, mais sa souffrance l’en empêche, alors que la femme reprend : « Je ne tolérerai plus la moindre arrogance, la moindre suffisance ! Quand je me déplace, je veux de l’admiration, de la soumission ! Où on va si on me snobe ? Est-ce que j’ai été assez claire ?
_ Mais… mais je ne vous ai même pas vue ! balbutie Rank. Enfin, je veux dire que j’étais ailleurs, distrait, je..
_ Bon sang ! C’est pas vrai ! Tu t’enfonces ! Rien ne rentre ! Sauf celui-là ! »
La femme frappe à nouveau et le soldat Paschic plonge dans l’inconscience, en découvrant une nouvelle fois pourquoi la ville s’appelle Aliéna !
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Rank cherche un raccourci… Les phares de sa voiture balaient la brume et peu à peu il se rend compte qu’il s’est perdu : devant il n’y a plus que des clôtures de champ et l’asphalte a laissé place à une route pierreuse ! Fatigué, Rank s’arrête et s’endort...
Il est réveillé plus tard par un sifflement et une intense lueur ! Luttant contre l’éblouissement, il cherche à voir de quoi il s’agit et il n’en croit pas ses yeux : c’est un vaisseau spatial qui atterrit, avec sa coque en métal lisse et ses lumières clignotantes ! Mais le bruit est tellement strident que Rank ne peut s’empêcher de perdre connaissance !
Le lendemain matin, il se réveille péniblement et songe naturellement à repartir, mais avant il se décide tout de même à examiner le champ où le vaisseau spatial a dû toucher le sol ! Il croit au fond avoir été victime d’une hallucination, comme les marins en ont parfois, à force de veiller, et effectivement, il ne trouve pas d’herbes écrasées, ni brûlées ! « J’ai dû rêver... », songe Rank, quand il aperçoit plus loin deux campeurs… ou plutôt deux campeuses !
Rank se dirige vers elles, car elles ont peut-être vu quelque chose et en s’approchant, il est frappé par la beauté des deux femmes, qui sont très grandes et en pleine installation ! « Excusez-moi, leur dit-il, mais vous n’avez rien remarqué de particulier cette nuit ? Un bruit étrange, un éclairage violent ?
_ Non, on a dormi comme deux marmottes ! répond l’une et approuvée par l’autre.
_ Ah ! Bon, bon… Euh, dites, ne le prenez pas mal, mais vous n’avez pas un peu peur de camper comme ça, toutes seules, dans un endroit aussi isolé ?
_ Et on aurait peur de quoi ?
_ D’un homme mal intentionné, par exemple !
_ Mais les porcs, on s’en occupe ! On est là pour ça ! »
« Quelle étrange réponse ! » se dit Rank, qui ne peut se départir d’un sentiment de malaise, plus il regarde les jeunes femmes ! Elles sont attirantes pourtant, mais bien plus grandes que Rank et elles ont une certaine raideur ! L’une d’ailleurs porte un mug à sa bouche et son petit doigt ne se plie pas, comme si elle était blessée ! « Vous vous êtes fait mal ? » demande Rank, en montrant sa propre main et il surprend un échange de regards entre les deux femmes ! Un silence menaçant s’ensuit, puis subitement la campeuse la plus près de Rank lui donne un coup, avec une poêle !
Le soldat Paschic s’écroule au sol, où il voit fondre sur lui son assaillante ! Par pur réflexe, il se saisit d’un piquet de tente, le brandit et la femme est transpercée ! Elle titube, tombe à son tour et là, sous les yeux médusés de Rank, son corps disparaît en rayonnant !
Paniqué, Rank guette la deuxième femme qui semble chercher une arme et il s’enfuit ! Il court à sa voiture et la démarre ! Mais elle ne veut rien entendre et la campeuse apparaît, braquant une sorte de pistolet ! Le moteur rugit et la voiture fait une violente marche arrière ! Un jet de lumière passe à côté et un arbre est désintégré ! « Non de Di… ! » s’écrie Rank, qui enclenche la première, le pied à fond sur l’accélérateur !
La route défile devant Rank et ses pneus hurlent, alors qu’il rejoint la départementale ! Il évite de peu un camion, qui klaxonne longuement, puis le calme revient : Rank se remet à réfléchir ! Qui sont ces deux femmes ? D’où viennent-elles ? Apparemment d’une autre planète ! Que veulent-elles, quelle est leur mission ? Mais elles l’ont dit : elles vont s’occuper des porcs ! Elles sont là pour ça ! Peut-être pour se faire justice ! Peut-être parce que leur planète n’a plus d’hommes ! Ils ont tous été tués !
Rank se met à pleurer, il est encore sous le choc ! Le soldat Paschic n’a pas résisté au feu et il entre maintenant dans un bourg, en se rendant compte qu’il n’a pas encore pris son petit déjeuner et c’est pourquoi il se gare devant un café ! Il entre dans l’établissement et commande des œufs et des saucisses !
La chaleur lui fait du bien et il se met à observer la rue qui s’éveille, tout en restant plongé dans ses pensées ! Comment dire aux gens et particulièrement aux hommes ce qui se passe ? Aller voir le shérif et lui expliquer que la morte a disparu ? Il va rire, d’autant que Rank continue à douter de ses sens ! Qui pourrait l’aider ? Cet homme là-bas qui balaie doucement devant son épicerie ? Ou cet autre, apparemment aveugle et qui se déplace grâce à une canne blanche ?
Rank mange avidement, comme si le cauchemar allait disparaître ! Il paye et rejoint sa voiture, mais désormais sa vie ne sera plus la même ! Il sait qu’« elles » sont déjà là, les envahisseuses, et qu’elles ont juré la perte de l’homme !
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La marche est difficile tant la végétation est dense, et toujours cette touffeur qui fait suer abondamment ! Au dessus, le soleil étoile la canopée, révèle des émeraudes et ses rayons jaunes tombent ici et là, comme en une cathédrale naturelle !
« C’est encore loin ? demande un des membres de l’expédition.
_ Encore une dizaine de kilomètres », répond laconiquement Rank, qui s’est reconverti dans l’organisation de périples extrêmes ! La survie il connaît ! D’aucuns racontent qu’il mange des yeux de tapir, avant de commencer la journée !
Soudain le groupe se fige ! Dans une clairière s’élève une sorte de totem, qui comporte trois crânes, avec l’air de toujours crier et ils appartiennent à des enfants ! « C’est autre chose que MeeToo… fait Rank, pour faire valoir son bisness, mais les femmes autour lui jettent un regard assassin !
_ Mais qu’est-ce que c’est ? s’écrie celui qui tout à l’heure s’impatientait.
_ C’est une borne, explique Rank. A partir de maintenant, nous pénétrons sur le territoire de la Machine !
_ La Machine ? fait l’une des femmes.
_ Ouais, vaut mieux pas en parler ! »
Le groupe repart, plus tendu qu’auparavant : la vision de ces crânes hante les esprits et qui est la Machine ? Enfin, on arrive au but de ce trek salé : une chute projette ses eaux bouillonnantes, sous un manteau de vapeur ! Son abord est tellement périlleux qu’il la garde des touristes ! D’un éperon rocheux cependant, on voit se dresser des monts rougeâtres... « C’est magnifique ! fait une femme à côté de Rank. On peut rejoindre ces montagnes ?
_ Non, on ne peut pas !
_ Serait-ce que vous avez peur ?
_ Hum… Pour vous, les naïfs de la ville, le mal c’est un psychopathe déguisé en clown, mais il est en chacun de nous, prêt à bondir !
_ Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton !
_ Qu’est-ce qui se passe, chérie ? demande le mari qui arrive.
_ Notre guide ne veut pas nous conduire jusqu’à ces montagnes, parce qu’il a peur !
_ Écoutez, enchaîne le mari à l’adresse de Rank, je suis prêt à vous payer le double, si vous nous amenez là-bas ! Elles ont l’air vierges ces montagnes… et c’est une destination qui pourrait rendre jaloux beaucoup de nos amis !
_ Je vais vous montrer quelque chose… »
Rank enlève sa chemise et découvre un corps entaillé de partout ! Le mari secoue la tête, comme s’il voulait chasser une mouche ! La femme, quant à elle, continue de fixer Rank et lui dit : « Je n’ai jamais renoncé… et les hommes ne m’impressionnent pas !
_ Mais la Machine est une femme… et elle broie des enfants !
_ Très bien, alors montrez-moi cette femme, qui dénature notre sexe ! »
Finalement, Rank acquiesce et le groupe, qui a voté pour les monts rougeâtres, se remet en marche ! On progresse dans un silence pesant, car aucun animal ne se fait entendre ! Il semble qu’il fasse de plus en plus sombre et la forêt se termine brusquement devant une paroi abrupte, dont on n’aperçoit même pas le sommet ! Sur la pierre, il y a une inscription… « Qu’est-ce que ça veut dire ? demande quelqu’un.
_ Que tout vient de la Machine et retourne en elle ! répond Rank. Bon, je propose qu’on campe ici, avant de continuer ! » Les tentes sont montées et chacun se retrouve devant le feu... On se réchauffe à sa flamme, car malgré tout on est inquiet ! Plus tard, le foyer n’est plus qu’une mince fumée et apparemment tout le monde dort ! Pourtant, le mari se rend compte que sa femme n’est plus dans la tente et il part à sa recherche !
Il la trouve assez vite : elle est penchée sur leur fils et lui dévore le cœur ! Ils étaient venus en famille et c’est le drame immonde ! L’homme prend son revolver et tire sur ce visage qui se régale de sang et même le défie ! Rank intervient et se saisit de l’arme… Le groupe est catastrophé ! « On dira qu’elle a été prise de folie ! explique Rank au mari. Je suis désolé pour votre fils, mais nous faisons demi-tour, n’est-ce pas ? »
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Un couple viellissant mange sa soupe… Les enfants sont partis depuis longtemps et l’homme et la femme se font face, tandis que le silence est seulement troublé par une horloge mécanique… « Le gynéco m’a dit que j’avais encore un très beau col d’utérus ! fait la femme subitement.
_ Ah…
_ Oui, après toutes ces années, c’est étonnant ! Il est bien lisse, quasi celui d’une jeune fille !
_ Hon, hon…
_ Ça prouve la bonne santé de mes follicules ! A mon âge, certaines ont déjà des règles troubles, jaunâtres presque !
_ Ouais, ouais…
_ Faut voir aussi dans quel état est leur trompe de Fallope ! Elles ont une très mauvaise ovulation !
_ Ouais, ouais…
_ Dans mon col, par contre, l’ovule glisse gentiment… Une vraie perle ! Il n’y a aucun poil qui gêne la sortie, j’y veille !
_ Ouais, ouais…
_ Évidemment, vous les hommes à part le football et la bière... »
L’homme ne répond pas, il rêve… Il se demande comment une femme peut rejeter absolument le pouvoir de sa séduction ! « Nous nous équilibrons grâce à la domination animale qui est en nous, pense l’homme, c’est elle qui nous donne le sentiment de notre valeur ! Les hommes s’attachent à leur impact physique, les femmes à leur séduction ! Alors comment des femmes peuvent-elles s’amputer ainsi, de ce qui les fait tenir debout ? C’est pourtant cela le fond des mouvements féministes américains !»
« Vous les hommes, vous êtes toujours centrés sur vous ! reprend l’épouse.
_ Ouais, ouais... »
L’homme arrive à la réflexion suivante : « La femme qui rejette toute séduction hait les hommes ! Elle voit son charme méprisé et elle en vient naturellement à détester ceux qui ne veulent pas d’elle ! La plupart des homosexuels fonctionnent suivant cette logique ! Le gay a été écrasé par sa mère et il ne supporte pas les femmes ! La lesbienne a été humiliée par son père et elle rêve de se venger des hommes ! Une femme, contrariée dans sa domination, peut donc voir le regard masculin comme celui d’un oppresseur, une marque d’inégalité ! Ne pouvant séduire, elle méprise ! »
Le couple a fini de manger et après la vaisselle, il s’installe au salon… Pour le calme, il n’y a pas de télévision et la femme se plonge dans un gros livre, qui raconte l’histoire de la Machine ! Au bout d’un moment l’épouse dit : « Tu te rends compte ! Cette Machine commande une armée de femmes et elles arrivent devant une ville, qui est entièrement occupée par des hommes… Eh bien, la Machine rase toute la ville et tue tous les hommes ! C’est quand même excessif, non ? »
Le mari se contente de hausser les sourcils au-dessus de son journal… Il se dit : « Évidemment, plus notre domination ou notre orgueil sont forts et plus l’obstacle déclenche notre haine ! Ainsi s’explique la soif de détruire de la Machine ! Notre équilibre repose alors sur l’illusion que nous devons vaincre nos ennemis, pour être heureux ! Par exemple, l’extrême gauche, qui voit sa domination empêchée par les capitalistes, les combat sans relâche ! De même, l’extrême droite sent son pouvoir menacé par les étrangers et leur est hostile ! Le féminisme veut encore la fin du mâle ! »
« Tout ça m’ennuie et me fatigue ! fait soudain l’épouse en refermant son livre. La haine ne mène à rien ! » Le mari regarde sa femme et il comprend pourquoi il l’aime toujours! Elle est intelligente, peut-être plus que lui ! En tout cas, elle est plus directe, plus intuitive, alors qu’à lui, il faut toujours des tonnes de raisonnement, d’arguments ! Puis, elle est courageuse aussi ! Combien de fois lui aurait laissé tomber ! Elle, elle s’accroche, elle est capable de construire un nid confortable, au bord d’une falaise, avec presque rien ! Chapeau !
Une nuance d’admiration passe dans les yeux du mari et la femme lui tend les bras ! Ils s’embrassent et vont se coucher, en se faisant mille tendresses ! Le respect veille sur eux !
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