Rank (43-46)
- Le 11/11/2023
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" Bellissima!
_ Qu'est-ce qu'il dit?
_ Ben, j' crois qu'y dit qu' y a rien à j'ter!"
L'Animal
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Rank est toujours attaché sur sa chaise… En face, deux gros hommes mangent des sandwiches… L’un d’eux dit : « Alors Rank, comment tu te sens ? Prêt pour une nouvelle tournée ?
_ Dis donc, fait l’autre, il est un peu sec ce jambon…
_ Tu trouves ? Pour moi, il est impec. !
_ Tout de même… j’ai l’impression que la Machine nous néglige ! La dernière fois, c’était le cidre qui était tiède ! »
L’autre homme hausse les épaules et finit d’avaler ! Puis, de nouveau il s’approche de Rank, en remontant ses manches ! « Allez, mon p’tit Rank, faut pas chômer ! On n’est pas payé à rien foutre ! Serre les dents, le môme : cette collation m’a remis d’aplomb ! »
Il se met à cogner Rank, à le gifler ! Du sang gicle ! Rank pousse des ouch !, des aaah ! et sa tête voltige, puis c’est son ventre qu’on écrase ! « Pas au visage ! crie l’autre agresseur, qui n’a pas encore terminé de manger. Rappelle-toi ce qu’a martelé la Machine : il ne faut pas d’ traces, qui peuvent faire remonter jusqu’à elle !
_ Tu vas quand même pas m’apprendre mon métier, non ? Mais c’est vrai que j’aime tellement ça que j’ m’emballe un peu ! Pause Rank ! Ouf ! Ah ! Ah ! Bien sûr que ça fait du bien !
_ Bande de… fumiers !
_ Tsss, tsss ! En voilà d’ la méchanceté ! La Machine nous avait bien dit : « Faut bien le rosser, le Rank ! Car comme insolent, y a pas mieux ! » Nous, Rank, on veut seulement que tu percutes le sens du mot respect !
_ On fait not’ job, c’est tout ! renchérit celui qui maintenant a de la mayonnaise et de la tomate au coin de la bouche. Foutu jambon !
_ Bon, on va te refaire le portrait, mon p’tit Rank ! Tu vas être rose comme une jeune fille ! On verra rien de nos coups, après un maquillage ! On est des pros !
_ Qu’est-ce que t’avais aussi à porter plainte contre la Machine ? rajoute encore l’autre. Elle est bien embêtée à présent avec ce procès ! T’es allé raconter aux flics qu’elle te harcelait ! qu’elle te détruisait, que t’étais une victime ! Elle a dû réagir, tu penses ! Quelle honte pour elle ! Sa vie privée en pâture à la presse ! A cause de qui, de quoi ? d’un avorton qui s’ raconte des histoires, qui est comme un coq en pâte, mais qui n’en a jamais assez ! La jeunesse d’aujourd’hui me dégoûte !
_ Allez Rank, faut s’ lever maintenant ! On va au procès ! Tu sais ce qui t’attend si tu témoignes mal ! T’auras qu’à dire que tu t’es trompé ! que t’as perdu le sens commun ! que t’as enfin ouvert les yeux sur ton affreux égoïsme ! que la Machine est en fin de compte la meilleure maman du monde ! Hein, Rank, tu sauras dire tout ça ? Attention, on va mettre la deuxième manche ! Bien sûr que c’est douloureux, mais c’est d’ ta faute !
_ Si jamais, au procès, tu regrettes pas ta plainte, tu fais pas amende honorable, on te fera subir le double… et même le triple ! Tu peux nous croire ! »
Rank et ses deux agresseurs montent dans une grosse voiture noire et filent au tribunal ! La salle d’audience est pleine à craquer et juste à ce moment, la Machine passe à la barre ! Elle a prêté serment et elle déclare au procureur : « Jamais je n’ai voulu faire du mal à Rank ! J’ai toujours été équitable avec lui ! Mais vous savez, le rôle des parents n’est pas facile ! Ils doivent parfois, et je dirais même souvent, s’opposer aux désirs de leurs enfants, afin de les préparer à la dureté de la vie ! Celle-ci ne sera pas à leur service !
_ Bien entendu, mais vous jurez que vous ne méprisez pas Rank ! que vous ne l’avez pas maintes fois piétiné ! Nuls coups bas ! Nulle bassesse ! Nul sadisme de votre part !
_ Je le jure ! »
A cet instant, il y a un brouhaha dans la salle et le greffier parle à l’oreille du juge, qui dit : « On vient de m’avertir que le plaignant retire sa plainte ! L’audience est donc suspendue !
_ Nous réclamons un acquittement pur et simple ! » s’écrie triomphalement l’avocat de la Machine.
Le tribunal se vide et la Machine sort sous les flashes ! On lui tend des micros et elle déclare : « Mesdames, Messieurs, regardez seulement le trouble, la confusion et la douleur d’une mère ! Après jugez-moi, si vous voulez ! » Tout le monde est ébloui par ce courage !
Rank suit et il entend subitement la Machine lui murmurer : « Tu m’as humilié en public… et ça, je ne te le pardonnerai jamais ! » Rank paniqué cherche un visage ami dans la foule, mais il croise les yeux d’un de ses agresseurs, qui fait le signe de lui couper le cou !
Mais ainsi vont les machines, apparemment sans liens avec le mal qu’elles causent ! comme si la main gauche ne savait pas ce que fait la droite ! Les victimes des machines sont leurs bourreaux ! Bienvenu chez les fous !
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Rank regarde par la fenêtre… Une charrette d’hommes, insultée par des femmes, est conduite à l’échafaud ! C’est ainsi chaque jour et la révolution féminine bat son plein ! Il semble que les femmes se réveillent d’un cauchemar… « Comment avons-nous pu supporter le patriarcat aussi longtemps ? s’écrient-elles. Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? Égalité ! Égalité ! Les violeurs à la lanterne ! »
Des Comités de salut public sont formés, des condamnations émises ! Un jacobinisme féminin réclame vengeance ! Des hommes connus s’effondrent, sont démasqués, traduits en justice ! Hier, ils étaient au firmament, des symboles mêmes de la réussite et soudain ils se retrouvent en prison, honnis par l’opinion ! Leur chute est spectaculaire et on se demande à qui le tour !
L’homme est le nouvel « aristo » et perdu, sentant la fin de son règne, que le sol se dérobe sous ses pieds, il tue régulièrement sa compagne, il provoque le féminicide, ce qui bien entendu enflamme la situation ! La haine est dans la rue, la peur aussi ! On réclame des têtes, on rêve d’une domination féminine totale, après avoir définitivement chassé la masculine !
On n’essaie pas de réfléchir…, de comprendre l’origine des choses ! On ne veut pas aimer, mais mépriser à son tour ! On fustige le patriarcat, en utilisant ses travers ! Le renversement des fausses idoles est sans doute nécessaire ! Mais on s’oppose à un aveuglement par un autre ! La femme, déçue dans son égoïsme, se voit victime et dénonce le coupable, qui est bientôt lynché, qui ne pourra plus vivre comme avant, même s’il s’avère innocent !
La coupe est pleine ! L’asservissement des femmes n’a que trop duré et la féminisation de la société est une bonne chose : qui aurait pu penser, il y a cinquante ans, à des lois luttant contre l’homophobie ou le harcèlement sexuel ? Respecter la femme, c’est donner une place aux plus faibles, aux plus fragiles ! C’est l’humanité qui progresse ! Mais pourquoi est-ce possible aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a diminué la domination masculine ? Ce n’est pas seulement le combat féminin !
Rank rêve… Il voit des tombes, des centaines de petites croix blanches, dans du gazon bien entretenu ! C’est le rôle de l’homme que de défendre le territoire et il s’est battu jusqu’à ce que les nations aient leur visage actuel, c’est-à-dire jusqu’aux années 2000, avec la fin de la guerre froide ! La guerre en Ukraine n’y change rien, car elle montre encore une fois de plus combien un conflit armé est devenu préjudiciable pour tous ! Les frontières étant en majorité bien établies, l’ère de la communication et de la globalisation étant arrivée, la défense du territoire n’est plus une véritable nécessité et forcément le rôle de l’homme devient secondaire !
L’égoïsme féminin peut alors réclamer sa part, car c’est d’abord l’égoïsme qui pousse les êtres humains ! Il ne peut en être autrement du fait de notre origine animale… Bien sûr, la conscience change la donne, nous invite à dépasser nos instincts et nous parlons d’amour, de justice, de compréhension, mais ce n’est pas notre raison qui encourage notre haine ! C’est encore notre égoïsme qui nous fait aussi virulents !
D’ailleurs, le problème vient quand les hommes ne veulent nullement perdre leurs privilèges, leurs prérogatives et reconnaître que les temps changent, notamment en faisant valoir le caractère sacré des textes religieux ! Ceux-ci, on le comprend bien, ont été écrits à une époque où la domination masculine était une priorité et ils placent donc l’homme devant la femme, car c’était lui le bouclier contre les attaques ! C’était encore le règne animal, la loi du plus fort et la femme devait faire avec !
Mais elle n’est pas non plus desservie par la nature : elle a aussi un rôle qui lui est propre et c’est celui de la reproduction (ce qui ne veut pas dire non plus que la femme est contrainte de faire des enfants, car encore une fois la conscience « change la donne »!) ! Mais la femelle, chez les animaux, est généralement chargée de l’installation des petits et de leur naissance ! A ce stade, le mâle n’est plus le maître et il ne fait qu’obéir ! La femelle pie, par exemple, est l’architecte du nid et elle envoie le mâle chercher des brindilles !
La femme instinctivement s’occupera mieux de son intérieur qu’un homme ! C’est comme ça et ce n’est pas culturel ! De même, l’homme aura toujours du goût pour l’affrontement, même si la femme lui reproche son excès de testostérone, car c’est la sélection naturelle qui continue… Mais il n’en demeure pas moins que la révolution féminine sera appelée elle aussi à disparaître, à être dépassée ! Si, pour l’instant, c’est loin d’être une évidence et plutôt l’heure du règlement de comptes, c’est que les « machines » vivent dans une illusion, au grand effarement de Rank !
En effet, les femmes n’ont nullement besoin de la force physique pour opprimer et détruire leurs enfants ! Elles peuvent avoir à leur égard le même despotisme, la même violence que ceux des hommes ! Et pourtant, pour la Machine, c’est Rank l’oppresseur, le manipulateur, le danger ! Comment alors ne pas voir combien notre égoïsme nous aveugle et qu’il est au fond notre seul ennemi ?
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Comment les machines pourraient-elles être en paix ? Ce n’est pas une question de sécurité matérielle… En effet, si le but de votre vie, c’est vous-même, votre réussite, le sentiment de votre supériorité, vous devez être toujours en représentation, notamment sur les réseaux sociaux, où vous vous mettez en scène et attendez que votre public vous approuve, vous loue ! Chaque jour donc, il doit être question de vous et il vous est donc impossible d’accepter la solitude, le silence, la patience ! Mais au contraire il vous faut instamment des projets, une agitation constante, des admirateurs, des gens à contrôler, sous votre pouvoir, etc. !
L’anonymat, l’attente, la confiance même sont forcément des symboles d’échec pour les machines, une inévitable cause d’angoisse ! Le soldat Paschic, doux, rêveur, ayant l’air maladroit, lent, absent, ne peut que provoquer l’ire de la Machine, son inquiétude, son désespoir ! Il est très vite jugé faible, inapte, raté, inférieur et l’accable, l’écrase le plus total mépris de la Machine ! C’est comme si un orage constant fondait sur Paschic et qu’il ne pouvait être blessé, tant il est à l’échelle de la vermine ! Pourtant, c’est bien ce troufion qui détient la clé du bonheur et de la paix des machines !
Certes, Paschic a son petit égoïsme, sa fierté ses peurs (il n’est pas né dans un chou!), mais aussi et surtout il a cette « goutte d’esprit », dont il n’est pas responsable et qui le fait aimer éperdument la beauté de la nature ! Le « pauvre » Paschic s’extasie devant un brin d’herbe, une feuille d’automne ou le chant d’un ruisseau ! Il est ravi par tout l’éclat de la verdure et le comportement d’un cloporte l’intéresse prodigieusement ! Inutile de dire que dans ce cas les colères de la mer ou de croiser un renard sont considérés comme des cadeaux, de la magie supplémentaire ! Évidemment, cela provoque l’incompréhension des machines, qui considèrent alors Paschic tel un idiot, un simple !
Mais ce qui irrite par-dessus tout les machines et particulièrement la Machine, c’est l’indifférence de Paschic à leur égard ! Il n’est nullement impressionné par elles… et comment pourrait-il l’être, puisque la vanité des machines lui paraît justement le contraire de la beauté de la nature, comme quelque chose qui est ridicule, rapetissant ! « Comment prendre au sérieux un individu, se dit Paschic, alors que dans la moindre parcelle du monde éclatent une splendeur illimitée, un génie incroyable, vertigineux, qui fait par exemple ressembler l’espace à une décoration de Noël ? »
Paschic ne peut attribuer cette magnificence qu’à Dieu et il n’en revient pas que les machines cherchent pour ainsi dire à prendre la place de celui-ci ! Comme si elles pouvaient soutenir la comparaison ! C’est cet étonnement, ce dégoût même que les machines lisent dans les yeux de Paschic et dès lors leur haine à son encontre devient implacable ! Leur incompréhension laisse place à leur envie de détruire ! Cependant, la Machine, qui n’a pas que du mauvais en elle, qui est quand même une mère, se demande si Paschic n’est pas dérangé ou handicapé mentalement, ce qui expliquerait pourquoi il résiste à l’autorité parentale, en ne la considérant pas comme la torche qui éclaire le monde !
Paschic a donc rendez-vous avec un spécialiste et le voilà dans l’univers des machines, avec la secrétaire très digne, la salle d’attente bien propre, pour que la peur s’insinue et que le psy apparaisse telle une sommité ! Puis, Rank est introduit et découvre un cabinet feutré, lui aussi éminemment sérieux, puisque les cadres aux murs ont même l’air de l’art défini par la psychanalyse, c’est-à-dire comme des cas de maladies !
Le psy est légèrement nerveux, ce qui est bien naturel, car il se demande toujours à qui il a affaire et il ne veut pas qu’on lui saute dessus, avec un couteau, et c’est pourquoi Rank, notre soldat Paschic intime, l’aide un peu, en lui parlant dans un sens auquel il doit s’attendre ! Rank évoque ainsi les inquiétudes de la Machine et il se rabaisse en avouant sa timidité et même son égoïsme !
Il montre qu’il est bien embêté et qu’il doit causer bien des soucis, mais tout ce blabla est inutile, Rank le sait, puisque le psy le déteste déjà, ne se trouvant pas admiré, ne se voyant pas le savant, le dieu de la connaissance dans le regard de Rank, qui lui-même devrait être soumis ! Ainsi la colère du psy s’amasse, tel l’orage de Jupiter et la foudre va frapper le pauvre soldat Paschic, qui se prépare mine de rien !
C’est une pluie acide qui tombe enfin sur la tête de Rank, une trombe pleine de mots du jargon ! Des mots destinés à percer, à tuer ! Le psy n’est plus celui qui soigne, mais celui qui détruit et qui piétine ! Il n’y a plus d’éthique ! C’est la réplique de la machine, sa haine et Rank entend qu’il est un schizophrène léger, sûrement névrosé ! Border-Line ? Son surmoi ? Épouvantable ! Il est le paranoïaque sournois ! Le cas typique de l’égocentrique ou du pervers narcissique !
La justice de la science, objective, a parlé, rendu son verdict ! Il n’y a plus rien à faire : Rank est fiché, condamné, maudit par la raison ! Va-t’en Rank ! Rase les murs ! L’abjection s’enfuit !
Le cœur du soldat Paschic est encore gros, sa tristesse incommensurable et pourtant il continue de chanter ! Quand est-ce qu’il pourra aider les machines ?
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Ce soir, il y a cinéma dans le camp de la Machine et tout le monde se réjouit, sauf Rank ! Il reste toujours sur ses gardes, car il sait qu’en plein milieu de la séance la Machine peut apparaître, en disant : « Mais qu’est-ce que cette connerie ? Allez, vous arrêtez ça et tout le monde au lit ! » ou bien « Moi, j’avais envie de voir l’autre programme ! » et on doit alors changer de chaîne ! C’est le camp de la Machine, où chacun est contraint de lui obéir, y compris bien entendu le soldat Paschic, quoiqu’il traîne les pieds, plein de sa tristesse !
Pourtant, la Machine est une victime, du fonctionnement du camp, des charges imposées par la famille, de l’égoïsme des hommes ! La preuve ? La Machine a une pièce bien à elle, qui lui sert, dit-elle, de refuge ! Là elle est à l’abri des demandes des uns et des autres, de leur avidité, car le monde est dur à l’égard des femmes ! C’est une petite pièce sans fenêtres, quasiment un débarras, dans laquelle la Machine effectue encore humblement quelques travaux de couture, comme si tout de même la femme ne pouvait vraiment échapper à sa triste condition !
On vient voir la Machine dans cette pièce avec crainte, en se sentant coupable, avec le sentiment qu’on va encore enlever au pauvre ses haillons ! Mais c’est oublier le pouvoir de la Machine, que c’est elle qui commande le camp et qu’en définitive on contemple un mirador ! Si chacun paraît libre et s’enchante du cinéma, c’est qu’il est en règle avec la Machine et bien que le film soit lancé, Tautonus se lève et monte au mirador !
C’est un devoir ! Dans le règlement, Tautonus ne peut pas prendre de plaisir, sans s’inquiéter de celui de la Machine ! Cela vient de l’ingratitude supposée de Tautonus ! Sa réussite sociale est due à la Machine, mais en profite-t-elle ? Non, évidemment, nous sommes dans un monde d’hommes ! Tautonus parade aux réunions, aux cérémonies, aux conseils… Il a une vie de représentation très riche, très active, d’où est absente la Machine ! A peine est-elle invitée à certains dîners et encore parce qu’on ne peut pas faire autrement, semble-t-il !
C’est une plainte constante de la Machine, que Tautonus soit le seul à jouir du statut du couple ! Peu importe que les commerçants des halles saluent avec déférence la Machine et lui choisissent les meilleurs morceaux, elle reste la grande perdante dans sa petite pièce, sa « guérite », sans fenêtres, bien qu’au fond elle ne demande pas plus, la pauvre ! Tautonus doit toutefois veiller à ce qu’on « n’oublie pas » la Machine et le voilà dans le mirador, aux ordres, alors que le film pour une fois l’intéresse prodigieusement !
« C’est intéressant ? demande benoîtement la Machine.
_ Oui, c’est très bien…
_ Bon, alors vas-y…
_ Tu n’as besoin de rien ?
_ Non, j’ai tout ce qu’il me faut ! Un peu d’ fil, des aiguilles et ça ira... »
Tautonus reprend sa place au cinéma, soulagé, mais comme un petit garçon pris en faute, parce qu’il a du plaisir ! Ce sera d’ailleurs inscrit sur le grand livre des comptes et il faudra rembourser, d’une manière ou d’une autre ! Tautonus s’est détendu à telle date, mais le nom de la Machine n’apparaît pas ! On est loin de l’équilibre !
Plus tard, le soldat Paschic, lui aussi, est obligé de passer par le mirador : c’est le « bonne nuit » ! Paschic fait un bisou à la Machine, mais c’est une corvée ! Le « bourreau » tend la joue et Paschic surmonte son dégoût ! Car il n’est pas dupe : il sait depuis longtemps que la Machine se gave, se goberge, qu’il n’y en a que pour elle et que rien ne peut apaiser son mépris !
La Machine est comme une pompe, à laquelle chacun est relié notamment par la peur ! Chaque jour elle puise, vide, ordonne, condamne, exile, etc. ! La maison est sa cour ! Les autres sont ses esclaves, mais c’est elle qui gémit et bien des machines aujourd’hui se comportent comme elle ! Ces femmes n’ont pas d’ambitions, elles sont dépourvues d’égoïsme, elles ne font que se dévouer, que croire aux promesses qui leur sont faites et dans ces conditions, l’homme est bientôt jugé coupable, sournois, calculateur et on engage des poursuites contre lui !
C’est le « syndrome » du Mirador ! On est là-haut, avec un œil sur tout et prêt à tirer sur celui qui s’échappe, mais on se plaint du froid, de l’inconfort, de se sacrifier alors que les autres s’amusent ! Pourtant, quand on veut régner, on est forcément déçu !
Il faudra toute une vie à Rank pour qu’il gagne sa liberté, qu’il se débarrasse de sa peur ! Il lui faudra toute une vie pour qu’il rie de ce que le monde existe sans la Machine !
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