Les enfants Doms, T2, (70-74)
- Le 31/12/2022
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"Canada! Où est ma chienne Canada?"
Drôles de drames
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Comme l'avait supposé Cariou, la situation économique de RAM continuait à se dégrader et on avait l'impression d'être comme un réacteur nucléaire, dont on aurait perdu le contrôle et qui pourrait, selon les scénarios, s'enfoncer sous la terre, à cause de sa chaleur! L'endettement était ce qui entraînait la surchauffe et qui menaçait la ville d'un effondrement! Il fallait à tout prix réduire le déficit public et malheureusement, cela passait par diminuer la protection sociale, car c'était ce qui coûtait le plus cher!
A ce sujet, les deux ministres de Rimar, monsieur Nuit et Yumi Tanaka, s'empoignaient tous les jours! "Vous essayer encore de faire des économies sur le dos des chômeurs! s'écria Tanaka. Vous rognez sur leurs droits! Vous amplifiez leur précarité!
_ Madame Tanaka, vous savez bien que l'on ne peut pas continuer comme ça! répondit monsieur Nuit. Nous sommes surveillés de près par le FMI! Tous les voyants sont au rouge! Et puis, il n'est pas bon que les chômeurs s'imaginent que de ne pas travailler est la normalité! Nous les pressons pour qu'ils obéissent eux aussi à leurs devoirs!
_ Comme si c'était aussi simple! Vous n'ignorez pas que bien des chômeurs sont déjà des personnes fragilisées! Elles ont été broyées par un système qui les dépasse! Elles ont perdu confiance en elles et le seul remède que vous trouvez, pour les remettre d'aplomb, c'est de les soumettre au stress!
_ Il y a aussi les paresseux et les fraudeurs! On ne peut pas payer les gens à ne rien faire!
_ Puisque vous êtes à cheval sur la justice, que n'obligez-vous les grands groupes à payer leurs impôts! Ils sont là les véritables profiteurs!
_ Vous avez raison, il faut que chacun paye son écot! Mais ici, la situation est loin d'être simple, comme vous le savez! L'économie est mondiale et elle permet toutes les formes d'évasions fiscales! D'autre part, à vouloir trop taxer, on rend le pays de moins en moins attractif! Les entreprises vont investir ailleurs!
_ Vous voilà bien précautionneux tout d'un coup, avec vos amis les riches! une vraie infirmière! "Vous n'avez pas trop chaud? Vous voulez que j'ouvre le fenêtre? Attendez, je vais redresser votre édredon!"
_ Epargnez-moi vos sarcasmes! On essaie seulement d'être compétitif! Mais, malheureusement, les crises que nous connaissons nous contraignent à reconsidérer nos acquis sociaux! Et après le chômage, nous attaquerons la réforme des retraites!
_ Et que ferez-vous quand la base se soulèvera, lasse de se voir exploitée!
_ C'est un risque à courir! Mais ne me dites pas que vous croyez encore qu'une économie puisse fonctionner, sans l'espérance de faire des bénéfices chez les investisseurs! A quoi bon se démener si l'Etat prend tout? Le coup du communisme, ça va une fois, quand le pays est riche! Mais après? C'est le peuple asservi qui masque la ruine!
_ Et les riches devenant de plus en riches! Et les pauvres devenant de plus en plus pauvres! C'est la fracture sociale qui crée la délinquance et la criminalité! La violence est aussi ce qui ruine un pays!"
Tanaka et Nuit poursuivait inlassablement leur dialogue de sourds, car chacun était persuadé d'avoir raison, mais surtout on s'obstinait dans le but de ne rien perdre, de ne pas se déranger, de ne pas remettre en cause ses certitudes! Ce que l'on est dépend de notre égoïsme! La perception de l'autre, quel qu'il soit, est limitée par notre orgueil! Plus nous sommes attachés à notre amour-propre, à notre supériorité, et plus nous nous fermons à la différence, plus nous la rejetons! Qu'on soit pauvre ou riche, c'est notre confort moral qui nous intéresse en premier!
Pendant ce temps-là, dans l'indifférence générale, des personnes âgées se suicidaient, notamment en se jetant dans la mer! Elles se noyaient, soit qu'elles n'eussent plus les moyens de vivre, soit que l'angoisse d'un monde vide et apparemment vain les submergeât!
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Je te raconterai l'histoire du roi Domination! Il vivait sur les hauts plateaux du pays d'Agfar et sa cité était magnifique! Elle brillait de mille feux et sa renommé dépassait toutes les frontières! On y venait de loin, toutes les caravanes y convergeaient, car c'était la ville la plus belle et la plus moderne qu'on eût connue! C'était un centre d'affaires aux richesses sans pareilles, qui fourmillait, où l'on pouvait obtenir la fortune, la réussite, où on s'élevait dans l'espoir d'atteindre les sommets, de traiter avec le roi lui-même, d'être parmi ceux qui comptaient!
Domination aimait les arts et les encourageait! Il payait largement les artistes et les rendait célèbres! Ceux-ci célébraient d'ailleurs son goût sûr, ses lumières et la cour ressemblait à un jardin dédié à la beauté! Tout y paraissait élégant, précieux et le jour éclairait des perspectives éthérées, des vols d'oiseaux ou des piliers massifs, qui symbolisaient la puissance!
Le roi était encore entouré de savants, qui lui expliquaient la complexité du monde et le mouvement des planètes! Il y avait là des mathématiciens, des physiciens, des chimistes et on guérissait des malades et on expliquait les phénomènes! Tout ce monde se côtoyait, se mêlait, confrontait ses idées et évoluait! Les rayons du progrès tombaient sur les fronts!
Pour distraire Domination, il y avait des femmes en quantité et chacune était une œuvre d'art en soi! Certaines étaient effrontées, d'autres perverses, sans oublier les douces, les ingénues! Il y avait celles qui excitaient, qui rendaient fou, qui entortillaient, envoûtaient, énervaient, apaisaient, faisaient oublier! Le roi choisissait selon ses humeurs, tantôt il voulait le soleil, tantôt la lune!
Mais la cité fonctionnait aussi grâce aux esclaves... et ils suaient, ils gémissaient, comme le grain sous la meule! C'était la misère, le labeur sans fin, l'injustice muette, la main tendue et le mépris pour obole! Que de pleurs, de nuits sans sommeil, sans rêves! Que de jeunesses brisées, avilies, perdues!
Mais le roi n'en avait cure! Il commandait, il exigeait des hommages, il était le roi! Un jour, il partit à la chasse, avec son aigle, qui l'entraîna bien loin, près d'un lac, dont l'eau était comme un œil vert sous le ciel! Autour des montagnes rougeâtres s'élevaient dans le silence... Une femme d'une grande beauté, habillée en guerrière, se rafraîchissait au bord de l'eau et les sens du roi en furent frappés!
D'habitude, quand il s'approchait et rien qu'au galop de son cheval, on levait la tête et on le craignait, mais la femme ne bougea pas et garda toute sa tranquillité, comme si le roi n'avait jamais existé! Cela ne se pouvait! N'était-il pas Domination? Il décida de sortir son épée, pour faire peur, se jouer de la frayeur de la femme! La lame siffla sur la tête de l'inconnue, mais encore elle ne se troubla pas, ainsi qu'elle aurait été seule!
Le roi fut exaspéré et il cria: "Mais qui es-tu pour me manquer autant de respect! Tu dois pourtant savoir qui je suis! Je suis le roi Domination! Alors incline-toi!" Mais la jeune femme semblait s'amuser de la situation et elle gardait les yeux sur les miroitements de l'eau! Aveuglé par la colère, le roi donna un coup, pour blesser, voir le sang, mais la lame se perdit dans les airs! L'inconnue avait été mille fois plus rapide et avait-elle seulement bougé ou bien était-elle immatérielle?
Le roi voulut en avoir le cœur net et il mit toute sa science de la guerre à atteindre la femme, mais elle était plus insaisissable qu'un courant d'air et elle riait à présent des efforts vains du roi! "Epouse-moi! laissa-t-il échapper. Je n'ai jamais rencontré une femme telle que toi! Tu es aussi belle que forte!
_ Je veux bien, répondit la jeune femme, mais libère tes esclaves! Fais leur bonheur! Renonce à ton pouvoir, à tes richesses! Quitte ton rang et ta cité! Et nous vivrons comme deux amants dans le vent!
_ Mais... Mais je ne peux pas! Je suis le roi!
_ Alors adieu!"
La jeune femme monta sur son cheval et Domination s'accrocha à elle: "Donne-moi au moins ton nom, que je puisse te retrouver!
_ Sache que je m'appelle Spiritualité!"
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La journaliste Mélopée tapait un article pour son journal, en jetant un œil distrait sur une "bible" grammaticale! Elle agissait ainsi parce qu'elle voulait a priori faire son travail sérieusement et qu'elle était bien consciente de son ignorance! Elle lisait: "La ponctuation est l'ensemble des signes... bla, bla... servant à indiquer les liens logiques... C'est un élément essentiel de la communication écrite! Pfff! Le point a pour fonction de terminer la phrase... La ponctuation reflète la respiration de l'auteur, la clarté de ses idées! Elle montre même sa personnalité! S'il est avide, suffisant, il ne respectera pas la ponctuation!"
"Ben, ça alors! s'écria Mélopée. Qu'est-ce que c'est qu' ce bouquin?" La journaliste regarda alors son propre article, qui était en réalité un billet d'humeur, et elle lut: "Surtout que le roi Rimar veut terminer la guerre au plus tôt. Malgré la résistance Kuranienne. Qui se révèle plus forte que prévue. Et que pourtant on aurait pu supposer..."
"Hum! se dit Mélopée. Apparemment, je ne respecte pas du tout la ponctuation, car il n'y a là en réalité qu'une seule phrase! Eh! Mais on m'embête à la fin! J'écris comme ça vient, point barre! Oh! Oh! Mais alors j' suis avide et suffisante! Mince! La journaliste Mélopée est en réalité une vieille sorcière! Oyez, oyez, peuple de RAM!"
Cependant, Mélopée lut encore un autre passage de sa "bible" grammaticale: "L'alinéa est la séparation que l'on établit en allant à la ligne... On commence la nouvelle par un retrait... Selon une mode récente, les imprimeurs suppriment ce retrait, ce qui rend l'alinéa peu visible, voir invisible! Le texte en est de moins en moins clair!"
"Bon sang! se rengorgea Mélopée! Bravo les imprimeurs! Y manq'rait plus qu'on s' laisse marcher sur les pieds!" A cet instant, l'écran de Mélopée se brouilla, pour laisser place à un visage d'homme, massif et morne, sous de grosses lunettes carrées! "Qu'est-ce que c'est cette embrouille! jeta la journaliste.
_ Je suis Boa, dit l'homme, et je peux vous aider!
_ M'aider? M'aider à quoi? Et d'abord qu'est-ce que vous foutez dans mon ordi? Mais Boa... Boa? Ce nom ne m'est pas inconnu! Eh! Mais c'est vous le mec qui a été tué dans le Cerveau des Trois gros!
_ En effet! Mais je ne suis pas tout à fait mort... Mon esprit est devenu numérique et j'ai à cœur d'aider ceux qui en ont besoin!
_ Ouais... J' vois toujours pas c' que tu pourrais faire pour moi!
_ Mélopée, je sais que tu veux devenir une journaliste célèbre, qu'on parle de toi, que tu occupes le devant de la scène!
_ Tout juste! Mais c'est dur: y a d' la concurrence!
_ C'est parce que tu ne sais pas y faire! Je peux t'apprendre à rédiger un article, pour qu'il soit à coup sûr sensationnel! On ne pourra plus se passer de toi!
_ Eh! Minute! Faut pas travestir les faits! On est toujours perdant à c' jeu-là!
_ Tss, tss! Tu vas rester pure comme de l'eau claire! C'est juste une question de méthode!
_ Bon, dans c' cas, d'accord!
_ Y a quand même un prix à payer...
_ Dis voir...
_ J'aimerais d'abord que tu me montres tes seins!"
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Le professeur Ratamor se tenait la tête entre les mains dans son cabinet... La salle d'attente était bondée et on y trouvait toute la diversité de l'humanité, toute sa souffrance, mais aussi tout son mépris et son sans-gêne! Ah! Il y en avait des maux à guérir et les plaintes avaient le débit du fleuve Amazone, une vraie cour des Miracles! Mais voilà, le médecin Ratamor n'en pouvait plus, au point même de haïr toute cette misère, cette "saleté"!
Eh! Mais c'est que nous sommes tous pareils! Nous avons beau être sensibles au malheur et vouloir le soulager, il n'en demeure pas moins que notre amour-propre a ses besoins et qu'il doit sentir sa valeur, sinon son utilité! Or, le pauvre Ratamor était submergé, noyé! Il ne s'était pas respecté, comme s'il était possible de travailler sans manger, sans pause, en se diluant dans le devoir ou la compassion, en n'existant plus, en devenant pur esprit!
Mais en plus le médecin ne lisait pas forcément dans les yeux de ses patients de la reconnaissance! Sous l'effet de la guérison, on ne "baisait pas son anneau", ce qui d'ailleurs aurait gêné Ratamor, mais on continuait à gémir, à attirer l'attention sur soi, car on n'en avait jamais assez, on était comme des gouffres sans fond et on querellait à l'occasion, parce que d'autres prenaient davantage!
Tout cela épuisait Ratamor, qui n'avait fait que s'enfoncer dans la dépression la plus noire et qui avait humilié plusieurs fois des malades, comme avec piccolo, car enfin le corps regimbait, se révoltait et l'envie du bonheur perçait, éclatait brutalement, amèrement, blessant et terrorisant! Au final, Ratamor ne changeait pas le monde, ne l'améliorait pas, mais il en maintenait la hiérarchie, le mépris et les malmenés le restaient! Certes, on bénéficiait de soins, mais la peur qu'on subissait, qui venait essentiellement de l'égoïsme de la supériorité, ne disparaissait pas et son poison continuait à détruire!
Ratamor se rendait bien compte de son impuissance, de la complexité de la situation et il se demandait si la meilleure chose n'était pas de se suicider, mais un dernier fond de raison lui murmurait que c'était là encore un effet pervers de la dépression! Il soupira et appela sa secrétaire: "Vous allez renvoyer tous ces gens, lui dit-il. On ferme le cabinet! Je ne suis pas fait pour ça! Rassurez-vous, je vous verserai un salaire, tant que vous n'aurez pas trouvé une autre place!"
Qu'aimait Ratamor? C'était sa position de professeur! de défenseur de la science! de champion de la vérité! Ce qu'il ne supportait pas, c'était ces obscurantistes, ces fanatiques, qui devant le réchauffement climatique, prônaient un retour en arrière, sans la science, avec des croyances et non des faits!
C'était bien la science qui avait tiré la sonnette d'alarme, quant aux émissions de CO2! C'était donc la science qui pouvait également réparer, trouver le remède! Et puis, était-il possible de vivre en faisant fi des connaissances actuelles? Le fanatique ressemblait à un marin lâche, épouvanté par la fureur des éléments, qui s'enfermait dans la cale en disant: "Il n'y a que notre belote qui compte!"
Ratamor allait remonter sur le ring! Il reprendrait son poste à l'Université! Il y fustigerait de nouveau les faibles, les imbéciles, tous ceux qui cachaient leur orgueil, leur soif de pouvoir, grâce à la religion, leur soi-disant foi! Le gladiateur de la science s'oignait déjà par son imagination! Gonflux était mort, Lapie aussi, restait Piccolo, l'obstacle par excellence! Mais on trouverait une solution pour celui-là!
Ratamor s'animait, reprenait espoir! Au gong, il cognerait dur, il mettrait l'adversaire dans les cordes, l'asphyxierait, avant que celui-ci ne finît par glisser sous les coups! KO! Ou bien le professeur se voyait planter son trident, dans le ventre du mensonge, de la bête, pour obéir au pouce renversé de l'empereur Vérité!
Ratamor se frottait les mains! Une minute avant, il était une épave, un spectre au visage gris! Maintenant, le sang colorait ses joues et il aimait la vie!
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L'Aveugle voyait! Bien que dépourvu de la vue depuis sa naissance, aujourd'hui il pouvait regarder le monde comme n'importe qui, grâce à la science, la technologie! Ses yeux n'avaient ni blanc ni iris, ils semblaient deux grandes pupilles, encore plus noires que la nuit, mais en réalité ils étaient constitués d'objectifs miniaturisés, qui envoyaient leur image sur un capteur numérique! Le cerveau analysait celui-ci par des nerfs à moitié artificiels, où les tissus se mêlaient à l'électronique!
La vision de l'Aveugle était formée de plus de cinquante millions de pixels et elle lui donnait des pouvoirs hors-normes! D'abord, l'Aveugle pouvait zoomer, jusqu'à une focale de 600 mm, il avait le coup d'œil d'un aigle! Il lui était encore possible d'y voir la nuit, car il lui suffisait pour cela d'augmenter la sensibilité du capteur! Nyctalope comme un chat! Mais surtout il filmait, photographiait comme il voulait! Il avait un fichier interne, où des centaines d'humains étaient catalogués! C'était un commissariat à lui tout seul!
C'est pourquoi il était devenu le meilleur agent de Fumur! Celui-ci était obsédé par les complots! On en voulait à son culte! Des loges maçonniques en avaient juré la perte! Les renégates avaient d'abord cru, mais la raison et la liberté du monde moderne les avaient rendues agnostiques! Nul doute que leurs mains invisibles tâchaient de détruire l'œuvre de Fumur! Il fallait les repérer et les couler, avant d'être soi-même envoyé par le fond! Un combat sans merci était engagé! Le "Malin" ne passerait pas!
L'Aveugle servait d'espion: il entrait dans tous les cercles, en donnant toutes les garanties de son innocence, puis il éternisait ses hôtes à leur insu! Il ramenait des preuves qu'il analysait dans tous les coins et à toutes les proportions! Rien ne lui échappait! Tel personnage en retrait était identifié! Tel mouvement sur les lèvres était décrypté! L'Aveugle apportait bientôt un rapport à Fumur et des personnes étaient arrêtées, interrogées, avant de disparaître! Si le message religieux invitait à la mansuétude, ce n'était pas pour son bras armé!
L'Aveugle dominait RAM sous son grand-angle, quand son fish-eye le rassurait sur ce qui se passait derrière! Son autofocus n'était jamais pris en défaut, même dans la pénombre ou le brouillard! La mise au point était immédiate et le corps de l'Aveugle jouait encore le rôle de trépied, ce qui permettait des poses lentes et l'élimination des éléments gênants! L'Aveugle, dans sa vision, pouvait débarrasser une rue des passants, pour ne garder que sa cible, d'autant que celle-ci fut devenue une proie, immobilisée par la peur, tel un rongeur devant le serpent!
Ainsi l'Aveugle repéra Cariou, qui avait à cet instant une densité différente! Parfois, Cariou échangeait librement avec des commerçants et sa puissance se mettait à rayonner! La plupart du temps, tout ce qu'il était demeurait caché, pour se défendre principalement, car les attaques ne tardaient pas! Mais, s'il avait la possibilité d'être heureux, Cariou prenait sans même s'en rendre compte toute sa dimension et il s'apercevait alors, avec étonnement et même un certain vertige, que les autres n'existaient pas vraiment, qu'ils étaient comme de l'eau autour de lui!
Cela était dû au fait que la plupart ne cherchent pas, qu'ils restent comme des enfants dans la société, comme s'ils ne quittaient pas l'école! Ils n'essaient pas de tâter l'immensité de la vie! Son "mystère", qui est aussi celui de la mort, ne leur parvient pas! Mais, comme Cariou paraissait se dresser hors de la foule, il intrigua l'Aveugle, qui se colla à ses basques, avec l'obstination du chien de chasse!
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