Les Doms (39-43)

  • Le 11/05/2024
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R37

 

 

         "Regardez mon bras! Regardez où mène la haine!"

                                            Princesse Mononoké

 

 

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« Mais enfin qu’avons-nous vu au juste ? Ce n’est pas possible ! Non, j’ai eu une enfance comme les autres ! Je ne suis pas née de… cette machine ! s’écrie le docteur Cool, dans l’appartement de Paschic.

_ Je ne dis pas le contraire… Vous avez été élevée par vos parents, mais il n’en demeure pas moins que tous les Doms sont produits de cette façon ! Je comprends que vous soyez choquée, mais ouvrir les yeux est toujours difficile, non ? J’ai même envie d’ajouter que c’est nécessaire, si vous ne voulez pas continuer à faire le mal !

_ Le mal ? Quel mal ? Je ne fais de mal à personne !

_ Savez-vous comment s’appelle cette immense cuve, avec son liquide bleuâtre ? C’est le GVI, le Grand Vide Intérieur !

_ Le Grand… Vide Intérieur ?

_ Oui… Voyez-vous, nous sommes issus du règne animal et ce que nous voulons en premier, c’est de nous développer, de sentir notre valeur, autrement dit nous voulons imposer notre individualité, satisfaire notre égoïsme… C’est ce que nous appelons réussir !

_ Mais je ne vois pas où est le mal...

_ Nous sommes donc d’abord animés par la domination animale qui est en nous, que nous soyons fille ou garçon, peu importe ! Mais cela nous conduit à vouloir conquérir notre liberté, en nous débarrassant de tous les obstacles, de toutes les règles que nous trouvons injustes ou encore de toutes les idéologies qui nous disent comment penser ! Nous nous sommes confiés à la raison, qui nous a permis le doute, mais à présent, à force, nous voilà nus face à l’inconnu !

_ C’est le GVI ?

_ C’est cela ! Nous voilà sans repères, mais nous pouvons encore nous masquer cette réalité en augmentant notre domination, car tant que nous contrôlons le monde, il est nôtre et n’y entre pas la différence ! Pour échapper à notre angoisse, nous renforçons notre égoïsme ! Nous détruisons la nature, de sorte qu’elle soit notre miroir ! Et nous donnons naissance à des monstres, à des gens malades, qui ne voient les autres que comme des esclaves ! Nous sommes tellement incapables de vivre sans dominer, que nous pouvons rêver de la guerre ! Chacun tire la couverture à soi et s’imagine ce qu’il veut ! La raison devient inefficace ! Seul compte son monde clos, car c’est le seul qui protège !

_ Le GVI est constitué de peur et donne naissance aux Doms, les champions de la domination ! C’est ça ?

_ Exactement !

_ Et Domopolis, par son excès de domination, écrase la nature, qui répond ! J’ai toujours bon ?

_ Vous suivez parfaitement !

_ Et il y a une solution, un remède ?

_ Oui, il suffit d’enlever la peur et le réflexe de dominer s’arrête !

_ Et comment on enlève la peur ?

_ A votre avis ? Ici, ce n’est pas facile, car déjà l’orgueil, qui émane de la domination, nie sa peur ! Il se sentirait diminué, s’il devait la reconnaître ! Quand l’individu est enfermé dans une forteresse, où il ne connaît que son ego, il peut très bien se persuader qu’il n’a pas peur ! C’est quand la différence frappe à sa porte que l’épouvante le surprend ! Et alors la réaction est presque toujours hostile ! Mais la domination n’a jamais guéri de la peur ! Pour l’instant, les Doms n’effectuent qu’une fuite en avant !

_ Une fuite qui va vers la catastrophe !

_ Hélas ! Mais l’argent non plus ne peut pas résoudre le problème ! D’ailleurs, la solution n’est ni économique, ni politique, ni scientifique…

_ Alors à quoi pensez-vous ?

_ Je ne peux pas encore vous en parler… On ne comprend pas certaines chose seulement par les arguments ! Il faut les vivre entièrement dans sa chair ! Il existe des transformations qui ne s’expliquent pas, même si je vous donne un point de départ logique : la domination est une impasse !

_ C’est étrange… Vous parlez comme si vous veniez d’une autre planète !

_ J’ai parfois moi-même cette impression… Mais avez-vous déjà entendu parler de cette légende des Doms, à savoir qu’il existerait une porte, quelque part, et qui permettrait d’atteindre la vérité ?

_ Quand j’étais enfant, oui, on m’a raconté cette histoire...

_ Vous pensez qu’elle n’a aucun fondement ?

_ Mais, vous-même, vous dites que c’est une légende…

_ Le GVI, vous l’avez bien vu, non ?

_ Oui, mais je n’arrive toujours pas à y croire !

_ Vous voilà une étrangère parmi les Doms ! L’aventure commence, si je puis dire ! »

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Le lendemain, Paschic et Cool sont dans un salon de thé, où ils font la queue avant de s’installer… Soudain derrière eux se dresse une femme géante, vêtue comme un samouraï ! Son masque est effrayant et elle dégaine son sabre ! « Aaaaaah ! » crie-t-elle en abattant son arme sur Paschic et Cool, qui s’écartent de justesse ! Une table est brisée, des chaises sont renversées et des clients paniqués se ruent vers la sortie ! La femme donne de nouveaux coups de sabre et Paschic et Cool se protègent comme ils peuvent, mais la situation devient critique…

Paschic crée alors dans le salon de thé un vaste champ de fleurs jaunes ! Elles ondoient au gré du vent et s’étalent jusqu’à l’horizon ! « Mais qu’est-ce… ? fait le docteur Cool.

_ Chut ! répond Paschic. Couchez-vous parmi les fleurs ! »

Le duo se retrouve à même la terre du champ et il peut contempler les fleurs par-dessous… Un puissant parfum leur emplit bientôt les narines, tandis que de paresseux petits nuages glissent dans le ciel bleu ! « Mais elle va nous trouver ! dit en tremblant Cool. La voilà qui vient !

_ Chut ! Restez tranquille ! »

La femme samouraï s’énerve : « Où êtes-vous les deux raclures ? Soyez chic, montrez-vous ! J’ m’en vais vous découper en rondelles ! J’ supporte pas qu’on m’ fasse attendre, quand il s’agit d’ manger des gâteaux ! Pour qui vous prenez-vous ? Les arrogants, moi, j’ les taille ! J’ les diminue ! J’ les rapetisse ! J’ leur rappelle qui est le maître ! Allez, ayez du courage, sortez de vot’ trou, mes doux rats ! »

Paschic et Cool sentent le sol trembler, à mesure que la femme se rapproche et l’envie est forte de se lever et de se mettre à courir, mais la poigne de Paschic maintient Cool couchée ! Puis, soudain, la situation change ! Le ton de la samouraï devient plaintif, avec une pointe de peur ! « Où êtes-vous mes mignons ? dit-elle. Vous n’allez pas laisser maman gâteau toute seule ? J’ vous promets de ne rien vous faire, si vous sortez de vot’ cachette ! C’est que je n’ suis pas tranquille, moi ! Toute cette étendue de… plantes, ça m’oppresse ! Et ce vent, ce silence ! Oh ! Mes agneaux, j’ vous pardonne ! J’ ai besoin d’ vous, j’ vous jure ! Je vous en prie, ne me laissez pas toute seule ! On est de bons camarades, vous et moi ! Face à la nature, on doit se serrer les coudes ! J’ suis pas méchante dans l’ fond ! J’ai seulement l’ sang un peu chaud ! Hein ? Où êtes-vous, j’ vous en prie ! »

La femme commence à crier, la panique s’empare d’elle et c’est si fort que même Cool voudrait jeter un œil, mais Paschic l’en empêche ! La femme n’en finit plus de hurler et c’est maintenant une plainte horrible, puis il y a une sorte d’explosion et les membres de la samouraï voltigent ! « Il n’y a plus de danger ! dit Paschic et le duo se relève, pour voir en un endroit le champ ensanglanté ! Mais rapidement encore les oiseaux reviennent chanter et les fleurs semblent des soleils bercés ! « Mais qu’est-ce qui s’est passé ? demande Cool. Qu’est-ce que c’était que ça ?

_ C’était une Dom à forte domination ! de degré 4, j’ dirais, sur une échelle qui va de 1 à 5 !

_ Une Dom de degré 4 ? Mais c’est la première fois que je vois ça !

_ N’oubliez pas que votre regard a changé, depuis que vous avez vu le GVI ! Ses conséquences sont maintenant pour vous visibles !

_ Vous voulez dire qu’ils sont…, que nous sommes vraiment comme ça !

_ Exactement ! Mais tant qu’on est soi-même dominateur, on ne peut s’en rendre compte !

_ Et le champ de fleurs, c’est vous ?

_ Oui, comprenez-moi, il ne s’agit pas de lutter contre les Doms avec leurs armes ! de faire preuve soi-même de haine ou de colère ! Il n’est pas question de devenir un Dom à son tour ! Alors, je crée de la nature autour du Dom, ce qui le tue !

_ Mais… comment ?

_ Plus la domination du Dom est élevée et plus elle lui est bien entendu indispensable ! Dans ce cas, il est impossible au Dom de se retrouver seul, sans esclaves, sans victimes ! En face de la seule nature, il est renvoyé à son mensonge et à son angoisse ! Son monde est perforé par la différence et l’inconnu… et il explose ! Fin de l’histoire ! C’est pour ça que je vous dis que l’agitation des Doms est moins réelle qu’un nuage ! La vérité, c’est déjà se tenir debout seul et paisiblement devant la nature !

_ Mais où sommes-nous à présent ?

_ Mais toujours dans le salon de thé... »

Le docteur Cool retrouve effectivement le salon et le champ de fleurs a disparu ! De l’ordre a été remis et Paschic et Cool peuvent à présent s’installer à une table… « Je n’en reviens pas ! dit Cool. Tout cela est si extraordinaire ! Vous m’apprendrez à créer… de la nature ?

_ Ça dépend…

_ Ça dépend de quoi ?

_ Eh bien, d’abord, nous allons manger quelque chose, nous remettre de nos émotions… Je vais regarder votre beauté, aimer le monde et…

_ Et…

_ Et alors je considérerai la situation... »

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Le lendemain, Paschic et Cool se promènent dans Domopolis, mais Cool est vite choquée par ce qui se passe ! En effet, la plupart des gens qu’elle croise disent : « Dom ! Dom ! » incessamment ! Ce n’est pas fort, mais tout de même distinct ! « Comme c’est étrange ! s’écrie Cool.

_ Quoi ?

_ Ils disent tous : « Dom ! Dom ! »

_ Vous le remarquez ? Très bien, cela prouve que vous évoluez ! Plus vous renoncerez à votre propre domination et plus celle des autres vous sera apparente !

_ Là, chacun exprime sa domination ?

_ Exactement ! Mais comment expliquez-vous que nous trouvions la vie parfaitement normale ? Nous sommes sur une planète perdue dans l’espace… Nos vies se terminent par la mort et il faudrait s’astreindre pendant tout ce temps à un travail, qu’on n’aime généralement pas ! Pourquoi n’avons-nous pas le vertige ? Pourquoi acceptons-nous si bien notre quotidien ? Il n’y a qu’une réponse ! C’est parce que notre domination nous protège, en nous préoccupant entièrement !

_ Mais il y a la nécessité de gagner sa vie !

_ Bien sûr, mais ce n’est nullement suffisant ! Nous sommes tellement chevillés à notre ego et à sa réussite, que nous restons aveugles et insensibles au gouffre d’étrangetés qui nous borde ! Regardez ce qui se passe autour de vous…Les gens sautent d’une petite domination à une autre ! C’est pourquoi ils disent : « Dom ! Dom ! » Ils garantissent ainsi leur équilibre, en adoptant un comportement qui leur est instinctif ! En effet, les animaux n’ont pas de questions existentielles, puisqu’ils assurent tout le temps leur domination !

_ Je ne comprends pas vraiment...

_ Observez cette femme par exemple… Elle fait impression sur cet homme, elle en devient le centre d’intérêt ! A cet instant, elle a le sentiment de sa valeur et nulle angoisse ne peut l’atteindre ! Le fait que nous soyons si fragiles sous le ciel bleu, avec nos questions, ne lui vient même pas l’esprit ! Elle compte ! Puis, elle passe au suivant, comme si d’homme en homme elle tissait un invisible fil d’Ariane !

_ Mais elle ne veut pas les séduire !

_ Bien sûr que non ! Elle cherche seulement à se rassurer ! Mais cet homme là-bas est pareil ! Seulement, ce n’est pas plaire qu’il veut ! Ce qui l’intéresse, c’est de se sentir supérieur aux autres hommes ! Il est plus grand, ou plus fort, ou plus riche ! Lui aussi se nourrit de l’intérêt et même de la soumission qu’il suscite ! Il ne faut surtout pas croire que nous vivons dans un monde figé par les conventions ! Au contraire, tous nos comportements trahissent nos doutes et nos troubles, comme une pierre crée une onde, quand elle tombe dans l’eau !

_ Vous parlez de troubles et de doutes, mais il y aussi nos joies, nos succès !

_ Les joies que vous percevez dans la rue, les discussions ou les rires bruyants sont souvent trompeurs ! Ils sont encore là pour attirer l’attention, ce qui masque la peur ! C’est toujours un moyen de dominer, d’occuper les premières places dans un espace, comme si on était les personnes importantes de l’endroit, les élites qui se sentent particulièrement à l’aise ! Il y a des moyens plus brutaux pour le même résultat… Certains notamment passent avec une musique à tue-tête ! Pourquoi croyez-vous que les jeunes sont toujours en train de consulter leur Smartphone, que j’appelle un Narcisse ? Mais ainsi ils ont le sentiment de contrôler le monde, qu’il est le prolongement d’eux-mêmes, que celui-ci leur appartient ! Qu’ils doivent regarder autour et bientôt c’est la panique !

_ A vous entendre, on ne peut plus rien faire dans la rue ! N’est-ce pas normal que de se faire valoir ? L’autre ne sert-il pas de repère ?

_ Certainement, mais pas au prix d’être soumis, utilisé ! Car là est le problème : dominer, ce n’est pas respecter ! D’ailleurs, très vite, quand vous vous opposez aux Doms, ils deviennent méprisants, haineux et veulent vous détruire ! Toute résistance est pour eux synonyme de peur ! Et comme je vous l’ai déjà dit, la domination peut atteindre des degrés destructeurs, qui anéantissent ! J’ai été mis dans des situations dont vous n’avez aucune idée ! Je me suis débattu à 3 000 mètres de profondeur, sous la mer, coincé par des plaques de fonte ! J’ai résisté à des types qui ressemblaient à des rabots électriques ! J’ai grimacé pendant des erreurs, rejetant la domination de quelque monstre, comme dans un interminable match de tennis ! Voilà pourquoi nous ne savons pas vivre ! Voilà pourquoi nous sommes toujours en crise, alors que nous avons tout ! Voilà pourquoi aujourd’hui la planète est condamnée ! »

                                                                                              42

Cool et Paschic sont un peu plus loin, quand un incroyable spectacle s’offre à eux ! Des chars innombrables sillonnent un terrain boueux ! Des avions passent dans le ciel, avec un fracas assourdissant ! Des soldats courent, fusil en main, entre des gerbes de bombes ! « Mais qu’est-ce qui s’ passe ? Où sommes-nous ?

_ C’est le monde de la Machine ! la domination à outrance ! sans respect pour personne !

_ Vous parlez de la Machine, qui commande Domopolis ?

_ Oui, elle présente un degré de domination, assez caractéristique… C’est une sorte de forteresse, bâtie sur une peur viscérale, mais celle-ci est occultée grâce à une tyrannie constante ! Tout doit tourner autour de la Machine et tous sont ses esclaves ! Ce que vous voyez, c’est son quotidien, rien ne doit lui résister !

_ Mais c’est horrible ! C’est plein de morts et de sang ! On entend des enfants qui pleurent et des cris de souffrance ! »

A cet instant, un véhicule de la Police militaire arrive au niveau de Cool et Paschic ! « Qu’est-ce que vous faites là ? crie l’un des policiers.

_ On s’en va ! répond Paschic. On a été surpris de découvrir cette guerre !

_ Ouais, je crois plutôt que vous êtes des espions !

_ Mais pas du tout ! s’indigne Cool. On ne savait même pas ce qui se passait ici !

_ Eh ben, maintenant, vous savez ! Et vous allez nous suivre au poste !

_ Ça, il n’en est pas question !

_ Ah ! Ah ! La femelle qui moufte ! Allez, tout le monde en voiture, sinon on vous abat tout de suite ! »

Cool et Paschic sont conduits dans un bunker, où on commence à les interroger ! « Bon, fait le policier, vous vouliez faire du mal à la Machine ! C’est bien ça ?

_ Qu’est-ce que vous allez chercher là ? Et puis de quel droit vous nous retenez ici ? » s’insurge Cool.

Le policier garde le silence, se met debout et gifle violemment Cool ! « Mais pour qui tu t’ prends, connasse ? fait le policer. Tu crois que tu peux parler aux soldats de la Machine, avec cette insolence ! T’as qu’un seul droit ici, c’est de la fermer ! Prends exemple sur ton compagnon : lui, il connaît la musique ! Et il se croit même très malin ! Mais on va vous briser tous les deux, comme du bois sec ! »

Cool gémit un peu et se caresse les joues, tandis que le policier se rassoit : « Bon, dit-il, on a remis les pendules à l’heure ! Donc, vous êtes des espions… et vous vouliez faire du mal à la Machine ! Cela ne peut pas être autrement…

_ Car tout vient de la Machine et tout retourne à la Machine ! lâche Paschic.

_ Ah ! Ah ! Je savais que tôt ou tard tu l’ouvrirais ! J’adore les redresseurs de torts ! les idéalistes ! C’est de la chair tendre, sous mes poings ! »

Le policier se lève de nouveau et commence à cogner Paschic méthodiquement ! Le visage de Paschic devient méconnaissable, ce qui fait hurler Cool ! « Mais enfin arrêtez ! crie-t-elle. Vous allez le tuer !

_ Et alors ? Je ne fais qu’obéir aux ordres de la Machine ! »

Un autre policier ouvre la porte et fait signe à son chef de sortir… Cool en profite pour s’occuper de Paschic, qui est couché sur le sol ! « Mon Dieu ! Mon Dieu ! fait-elle. Dans quel état il vous a mis !

_ Oui, j’imagine que je ressemble à une tomate écrasée…

_ Mais vous ne pouvez pas de nouveau créer de la nature, pour tuer la Machine ?

_ Si je peux, mais la Machine est trop puissante, pour être tuée… Elle va entrer dans une colère folle et frappera tout azimut ! Vous êtes prête à courir coûte que coûte ?

_ Oui, on ne peut pas rester là !

_ Très bien, on y va... »

La pièce se remplit d’eau de mer et des vagues se forment sur des rochers ! « Voilà, maintenant, escaladons cette falaise et à son sommet, on foncera par les champs ! Surtout, ne vous retournez pas ! » crie Paschic. Le duo gravit à tout allure une pente rocailleuse, qui n’est pas trop raide, mais derrière il sent que la mer entre dans une furie monstrueuse ! Paschic et Cool cependant s’efforcent de ne pas y faire attention et ils atteignent les hauteurs… Là, ils ne peuvent pas ne pas jeter un coup d’œil en arrière et ce qu’il voit dépasse l’imagination ! Un serpent hideux est dressé jusqu’au ciel ! Il siffle et dans ses yeux ne brûle que la haine !

« Le vrai visage de la Machine ! lâche Paschic. Venez ! » Et ils disparaissent dans les buissons d’une vallée !

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Il y a de nouveau une réunion de crise, dans le gouvernement de Domopolis ! La Machine commande la table et autour on trouve Bona, Lapsie, Tautonus, monsieur Nuit, le duc de l’Emploi et le professeur Ratamor ! « Bien, dit la Machine, vous connaissez le problème : nous manquons d’eau ! Professeur Ratamor, je crois que vous avez une solution…

_ Effectivement, nous avons réussi à fabriquer de l’eau de synthèse… et nous sommes déjà prêts à assurer à chaque Dom sa ration quotidienne, si je puis dire, car il ne s’agit pas d’eau pour la toilette ! Elle est seulement destinée à être bue… et elle se présente sous forme de pilules… J’en ai apporté quelques unes ici…

_ C’est formidable ! s’écrie Bona. Au moins, on ne mourra pas de soif !

_ Formidable, formidable, c’est vite dit ! coupe monsieur Nuit. Il faut bien de l’eau encore pour la cuisson des aliments et on ne peut pas non plus rester sales… D’autre part, vous savez bien qu’il est impossible de bétonner sans eau !

_ Il nous faut donc constituer des réserves d’eau, en allant la chercher à l’extérieur de la ville, dit la Machine.

_ Cela veut aussi dire des sorties sous la menace des attaques de la nature ! enchaîne monsieur Nuit.

_ Je me charge de former ces convois protégés ! fait Tautonus. C’est du ressort de l’armée !

_ Vous pensez vraiment trouver des réserves d’eau importantes, à l’extérieur ? demande le duc de l’Emploi.

_ Nos services de recherches ont déjà repéré quelques lacs, malheureusement trop éloignés, pour songer à l’installation de conduites, reliant la ville…

_ Il peut aussi de nouveau pleuvoir, coupe la Machine, le tout est de tenir jusqu’à l’hiver !

_ Où nous serons la proie des tempêtes, qui feront trembler le dôme ! rajoute le duc de l’Emploi.

_ Pour la sécurité des convois, fait Bona à Tautonus, vous pourriez employer ce Paschic ! Il serait peut-être capable de repousser les attaques de la nature, en parlant aux arbres ou aux animaux !

_ Vous n’êtes pas sérieuse ! coupe le duc de l’Emploi.

_ A ce sujet, intervient Lapsie, je voudrais vous mettre en garde… Paschic est aimé du peuple ! Il est devenu une sorte de sauveur ! N’oubliez pas que nous sommes tous des « vendus », si je puis dire, dans l’esprit de l’opinion ! Paschic apparaît comme un pur et c’est même de là que viendrait son don ! Si nous lui accordons du pouvoir, il risque de prendre nos places, et en tout cas, il sera très difficile par la suite de nous en débarrasser !

_ Lapsie a raison ! renchérit le duc de l’Emploi. Nous ne pouvons pas prendre au sérieux n’importe quel charlatan ! Nous perdrions tout crédit !

_ Professeur Ratamor, qu’en pensez-vous ? demande la Machine.

_ Eh bien, je ne suis qu’un scientifique, évidemment ! Je n’ai pas votre vision de politiques… Ce qui m’intéresse, ce sont les faits, la vérité ! La magie, ou ce qu’on peut appeler le paranormal, n’a a priori aucune valeur scientifique !

_ Vous ne pouviez nier, cependant, que Paschic a bien sauvé le docteur Cool ! s’écrie Bona.

_ Que s’est-il passé exactement ? L’arbre a-t-il une conscience ? Non ! On ne peut pas lui parler, en faisant appel à sa pitié ! Disons qu’un concours de circonstances a été profitable à… ce Paschic !

_ Et au docteur Cool ! réplique Bona.

_ Professeur Ratamor, coupe le duc de l’Emploi, si vous êtes capable de fabriquer de l’eau, pourquoi ne pas en faire aussi pour la toilette ou pour bétonner ?

_ Hum… Pour obtenir de l’eau de synthèse, une certaine dose d’eau naturelle est nécessaire…

_ Formidable ! fait le duc ironiquement. »

Une vitre soudain explose et une pierre roule sur le sol ! « Bon sang ! Mais qu’est-ce… ? fait quelqu’un, quand les autres sont frappés par la stupeur ! Mais Tautonus se précipite déjà vers la fenêtre et dit : « Des manifestants ! Ils sont venus en nombre ! » Tous se lèvent et vont voir… Au pied du bâtiment, il y a effectivement une foule et elle est en colère. Elle montre des slogans et crie : « Paschic président ! », « Votez Paschic ! », « Nous voulons Paschic ! » , « De l’eau avec Paschic ! »

« Eh bien, ça n’a pas traîné ! » fait Lapsie.

 
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