L' attaque des Doms (34-38)

  • Le 14/09/2024
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R52

 

                 "C'est le grand Nijinsky!"

                                    Le Magnifique

 

                                   34

 

« Bonjour Dominator, dit Ratamor, vous m’avez fait demander ?

_ Oui, j’ai là une connaissance qui peut vous intéresser ! »

Dominator s’efface, pour que Ratamor aperçoive, entre monsieur Nuit et le duc de l’Emploi, un jeune homme assis sur un fauteuil, qui paraît trop grand pour lui ! « Piccolo ! s’écrie Ratamor.

_ C’est un de vos amis ? fait le duc. Figurez-vous qu’il nous tient depuis quelques instants un discours des plus hallucinants ! Par exemple, vous n’aimez pas les voitures, Piccolo, c’est bien cela ? Et pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

_ Ben, parce que les gens ne savent pas où ils vont, ni ce qu’ils font !

_ Ah bon, ils vont pas au boulot, pour payer tes allocs ?

_ J’aimerais bien gagner ma vie, sûr ! Mais faudrait d’abord qu’on m’écoute !

_ Mais on t’écoute, mon bonhomme ! On ne fait que ça !

_ Pas vous ! Vous avez les oreilles trop sales !

_ Non, mais dis donc ! Espèce de morveux !

_ Laissez, laissez, coupe Ratamor, c’est du pur Piccolo ! Il a l’art de faire sortir les gens de leurs gonds ! Où l’avez-vous trouvé ?

_ Au camp 5, répond Dominator, qui mâche un en-cas.

_ C’est un Dom émeraude ? demande monsieur Nuit.

_ Bof, il a pas les yeux très verts ! dit le duc, qui tourne la tête de Piccolo dans tous les sens.

_ Alors Piccolo, qu’est-ce que tu deviens ? fait Ratamor en prenant un siège, pour s’asseoir face à Piccolo. Comme on se retrouve, hein ? Tu en veux toujours à la science ?

_ On peut pas en vouloir à des taupes !

_ Comment il vous parle ! s’insurge le duc.

_ Toi, t’es le duc de l’Emploi, c’est ça ? réplique Piccolo. C’est toi qui fais peur aux gens ? C’est toi qui les traites comme des esclaves ? Alors la Chose est là aussi à cause de toi !

_ Hein ? Tu connais la Chose ? intervient Ratamor. Tu sais ce qu’elle est ?

_ Bien sûr que je la connais ! Elle est mon amie !

_ Voyez-vous ça, coupe le duc. La Chose est son amie ! Le truc immonde dehors et qui bloque l’expansion de la ville est son ami ! Comment un minable comme toi pourrait en savoir plus que nous ?

_ Parce que vous êtes des abrutis !

_ Cette fois, c’en est trop ! Je vais…

_ Doucement duc, fait Dominator, laissez Ratamor en apprendre plus… auprès de ce jeune homme si charmant !

_ Que peux-tu nous dire sur la Chose ? demande Ratamor.

_ Elle est l’amie des enfants qui admirent ! C’est pour ça que vous la voyez comme votre ennemie !

_ Et tu serais capable de lui parler, de lui dire de s’en aller ? demande monsieur Nuit.

_ Mais elle est là pour vous aider ! Vous êtes toujours en crise, nullement heureux et vous détruisez la planète ! Donc, vous êtes des ignorants !

_ Ah bon ? Et qui va donner à manger aux gens ? Tu veux bousiller le système, c’est ça ? s’insurge le duc.

_ Mais non, je ne suis pas violent, ni naïf ! Mais la Chose a son mot à dire… et vous ne l’écoutez pas !

_ Très bien, j’ t’écoute ! fait le duc.

_ Mais t’as les oreilles toutes sales !

_ Lave-les-moi !

_ Bon, comme tu voudras ! »

Le duc entend un grondement… Où est-il ? Il chevauche quelque chose, mais quoi ? C’est liquide et ça porte pourtant son poids ! C’est un cheval d’écume ! Bon sang, quelle puissance ! Le cheval se dresse, se dresse, prend de la hauteur ! Sa crinière est immaculée et bouillonnante ! « Oh ! Ah ! » s’écrie le duc. Ouh ! » Il est pris d’une formidable énergie ! « Allez, vas-y ! » gueule-t-il. Le cheval fonce tête baissée ! Son dos immense se déroule, il siffle, son écume est vertigineuse !

« Ah ! Ah ! fait le duc. C’est pas possible, une telle puissance ! » Puis le cheval vient frapper les rochers et sa crinière explose dans tous les sens ! « Ah ! Ah ! » crie encore le duc au milieu d’un déluge d’écume ! Puis il rouvre les yeux ! Les autres le regardent avec surprise, effarement !

_ Vous avez vu ça ? demande le duc.

_ On a vu quoi ? demande Dominator.

_ Mais la vague, l’écume dorée, le dos émeraude !

_ Non, on te voit t’agiter et on se demande si tu n’es pas fou !

_ Mais… je dois être tout mouillé ! »

 

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C’ est au tour de Dominator de se rendre dans le laboratoire de Ratamor… « Du nouveau ? demande-t-il en serrant la main du professeur.

_ Peut-être bien…

_ Et Piccolo ?

_ Figurez-vous qu’il est en train de goûter ! C’est l’une de ses exigences !

_ Mais enfin pourquoi le gardez-vous ? Il était très bien au camp 5 !

_ Eh bien, j’ai comme projet de pénétrer dans la Chose, grâce à Piccolo !

_ Mais… vous n’y pensez pas sérieusement ! Vous avez vu le tour qu’il a joué au duc ? Il peut vous mener en bateau, dans la Chose, et vous y laisser !

_ C’est possible… Mais j’y songe pourtant sérieusement ! Mais, si je vous ai fait venir, c’est pour ceci... »

Ratamor désigne un microscope… « Regardez, je vous en prie, reprend-il.

_ Voyons voir, répond Dominator, qui colle son œil sur l’appareil. Qu’est-ce que c’est ? On dirait mon propre reflet !

_ Ça l’est ! Et si c’est moi qui regarde, c’est moi que je verrai !

_ Mais… mais c’est impossible !

_ La preuve que si ! Mais savez-vous ce que vous observez ? C’est un échantillon de la Chose !

_ Vous avez réussi à prélever un échantillon de la Chose ?

_ Le plus simplement du monde ! Je suis allé au bord de la Chose et j’en ai pris un morceau ! Elle s’est apparemment laissé faire !

_ Bon, mais à quelles conclusions êtes-vous arrivé ?

_ Passez-moi votre montre… Merci. Je vais déposer dessus une goutte de la Chose… Voilà… Maintenant, regardons votre montre et la mienne…

_ Mais ma montre ralentit… Elle retarde maintenant ! La Chose donc abîme le mécanisme !

_ Pas du tout ! La Chose n’est pas matérielle… Je sais que c’est difficile à croire, mais elle n’agit pas matériellement sur votre montre !

_ Ah ! Ah ! J’avoue que je suis perdu ! Mais vous avez sûrement une explication !

_ Mais oui, la Chose est maîtresse du temps ! Elle peut arrêter le temps !

_ C’est impossible !

_ Si, la perception que nous avons du temps dépend de nous-mêmes, de notre conscience ! Quelqu’un qui est stressé voit le temps s’écouler plus vite !

_ Vous voulez dire que la Chose permet de voir plus calmement les événements, ce qui ferait ralentir le temps !

_ Exactement !

_ Mais… mais comment ?

_ Grâce à un surplus de conscience ! Elle est un concentré de réalité, alors que le stress, l’énervement la déforment, la rendent inaccessible !

_ Tout cela me dépasse !

_ En fait, la Chose pourrait être un nuage de spiritualité…

_ Quoi ?

_ Une conscience du futur, si vous préférez… Je prends mon Domiseur… Je vous rappelle son fonctionnement : chaque Dom déforme l’espace, à cause de son égoïsme, qui attire les autres Doms présents…

_ D’accord, vous m’avez déjà expliqué cela…

_ Il y a des Doms de tous les degrés… A une extrême, on trouve le DTN, ou Dom trou noir, qui a un égoïsme ou une domination tellement grands que les autres n’existent que s’ils sont soumis ! C’est avec cette force que j’ai conçu le Domiseur… Il crée un champ égoïste auquel personne ne résiste ! Et maintenant, je tire sur mon échantillon de la Chose...

_ Le rayon du Domiseur change de couleur…

_ Non seulement la Chose le fait changer de couleur, mais elle remonte encore le long du rayon… et si je n’arrête pas le Domiseur, il sera envahi lui-même par la Chose ! Ouh ! Je sens sa chaleur !

_ Mais ça veut dire quoi ?

_ Eh bien, que vraisemblablement la Chose combat notre égoïsme !

_ Mais alors nous sommes perdus !

_ Non, la Chose a-t-elle attaqué ? Si elle attaquait, ne deviendrait-elle pas elle-même égoïste ?

_ Je vois… Il n’en demeure pas moins que la Chose est là dehors et qu’elle bloque la ville ! »

 

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D 4 entre dans le bureau de Dominator : « Les Domunistes veulent vous voir...

_ Les Domunistes ? Ils existent encore ceux-là ? Dites que je suis en réunion !

_ Ils affirment qu’ils peuvent combattre la chose !

_ Mmmmph… Bon, fais-les entrer... »

Un étrange Dom fait son apparition… C’est en fait un ensemble de Doms, mêlés d’une façon inextricable, jusqu’à former une boule, d’où ressortent les têtes, quelques unes en haut, les autres en bas ! Cependant, quand la boule roule, celles d’en bas passent en haut et vice-versa, pour que l’égalité soit respectée !

« Bon, les Domunistes, je vous connais… Vous me connaissez… je vous accorde cinq minutes pas plus !

_ Ce sera largement suffisant ! dit une tête du haut.

_ Nous n’avons pas l’habitude de bavasser ! rajoute une tête du bas. Nous allons toujours droit au but !

_ Exactement ! Le beau discours, c’est pour le bourgeois décadent ! approuve une autre tête du haut.

_ Nous, nous travaillons tous pour le bien commun !

_ L’égoïste thésaurise ! dit une tête sur le côté.

_ Chez nous, point de chef, d’où cette boule !

_ Je sais, je sais, réplique Dominator. Mais vous ne m’avez pas encore expliqué le motif de votre visite !

_ Nous allons y venir, mais c’est l’heure de tourner un peu notre boule, car j’ai l’impression que les têtes d’en haut sont en train de se sentir supérieures ! Or, cela ne se peut !

_ Vous voulez que je fasse rouler un peu votre boule ? demande incrédule Dominator.

_ Cela peut attendre ! coupe une tête d’en haut. Nous avons des choses plus urgentes à régler !

_ Minute ! Minute ! rétorque une tête d’en bas. Revoilà le venin du capitalisme ! La faiblesse de la personnalité ! L’individualisme forcené ! Tête d’en haut, tu m’entends ?

_ Je t’entends, je t’entends et je dirais même plus qu’on n’entend que toi ! C’est là le problème ! Peut-être est-ce le moment de faire ton autocritique ! N’as-tu pas mangé deux carrés de chocolat ce matin, alors que nous, nous n’en avons eu qu’un !

_ Ah ! Ah ! Tout pour rester en haut, hein, la tête ? Tout le monde ici connaît ta concupiscence ! Allez, avoue le désir de la bête qui est en toi ! Tu dois te livrer au groupe, afin de ne refaire plus qu’un avec lui !

_ Salopard ! Ordure ! Bourgeois ! Comme si chacun ici ne savait pas que tu veux te taper ma sœur !

_ Faites tourner la boule, je vous en supplie, Dominator, que je parvienne jusqu’à ce salaud !

_ Dix ans de camps !

_ Soixante ! Que les rats te bouffent !

_ Cela ne servirait à rien que je fasse tourner votre boule… Vous resteriez à la même distance ! Oh ! Et puis, vous me faites perdre mon temps ! Je vous donne une dernière chance : c’était quoi votre idée ?

_ Ben, la boule… Euh, je veux dire la Chose, corrige une tête sur le côté, elle nargue le peuple, par sa masse ! C’est-à-dire par une individualité démesurée ! Il s’agit de lui faire comprendre que le bonheur est justement de s’anéantir, en se livrant au groupe ! Là, telle qu’elle est, elle doit être bien malheureuse, chagrine !

_ Je connais effectivement vos principes, mais je doute qu’ils puissent s’appliquer à la Chose ! Cependant, je vais vous révéler un secret : elle serait plutôt de votre côté !

_ Comment ça ?

_ Elle lutterait contre notre égoïsme !

_ Mais comment, puisqu’elle est unique et que nous ne la commandons pas ?

_ Faites tourner la boule, bon sang ! Y a de l’oppression qui ruisselle !

_ L’oppression est dans l’œil de celui qui la voit !

_ Vas-y, dis nous tout ! Ne nous cache rien !

_ Vous soutenez que la Chose veut la justice en respectant l’individualité? C’est impossible !

_ Penser est le mal !

_ Oh ! Pitié ! » fait Dominator.

 

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Le vaisseau Dom 45TY550° continue son voyage vers les confins de l’espace… « Général, fait le Dom passerelle à la radio, on nous signale une planète habitée…

_ J’arrive ! »

Une planète habitée est une priorité dans le programme de recherche du vaisseau et le général rejoint le poste de commandement… Sans attendre, il demande les images et des caméras ultra-perfectionnées montrent la planète… « Apparemment, il n’y a plus de végétation sur cette planète ! dit le Dom spécialiste.

_ Moouais…

_ Il n’y a plus que des cubes ! rajoute le Dom passerelle.

_ Préparez la navette ! dit le général.

_ C’est comme si c’était fait ! s’exclame à la radio le Dom machine. Et une navette pour le général ! Et une !

_ Qu’est-ce qui m’a fichu un imbécile pareil ! réplique le général.

_ Vous savez bien que tous les mécanos sont un peu tordus ! explique le Dom passerelle. Les radiations... »

La navette quitte le vaisseau, dans le système du Grand Cerceau, vers la planète inconnue, qu’on songe déjà à baptiser Cube 56TI, suivant les lois galactiques… Mais, à bord de la navette, l’équipage est malmené, comme il se doit, par l’entrée dans l’atmosphère, puis soudain on découvre le paysage, ou plutôt la ville, car elle s’étend indéfiniment ! « Ça va pas être facile pour se garer ! fait goguenard le Dom spécialiste.

_ Allo, allo, est-ce que vous me recevez ? appelle le Dom Passerelle. Ici, la navette de reconnaissance du vaisseau Dom 45TY550° ! Allo ? Est-ce que vous me recevez ?

_ Tant pis, on atterrit ! coupe le général.

_ Faudrait pas qu’on prenne un obus !

_ Ce serait déjà fait depuis longtemps ! »

La navette se pose et son équipage sort à la découverte de la ville… Ce sont des blocs gris, qui s’imbriquent les uns dans les autres… Il n’y a pas de fenêtres, ni de chants d’oiseaux, ni d’arbres… « Comme c’est étrange, dit le Dom passerelle. On dirait que tout est vide !

_ Ou bien, c’est une civilisation bien plus évoluée que la nôtre, coupe le Dom spécialiste, et la vie a pris une forme qui va nous surprendre... »

Les Doms trouvent un ascenseur et se mettent à descendre… « En tout cas, il y a de l’énergie ! » dit le Dom passerelle et soudain l’ascenseur s’ouvre sur une foule, qui pousse des chariots, dans un immense supermarché ! « Eh ben voilà ! fait le général. Il n’y avait qu’à demander ! » Mais une chose frappe : tout le monde est habillé pareil, avec une combinaison blanche et surtout, surtout, il n’y a aucun bruit ! Toute cette foule se meut en un profond silence !

Le Dom spécialiste s’engage dans un rayon et s’approche d’une femme, accompagné de son enfant… L’aspect de ces gens n’est pas très différent de celui des Doms et c’est donc très naturellement que le Dom spécialiste s’adresse à la dame, comme si lui-même faisait ses courses et cherchait quelque chose ! « Excusez-moi, dit-il en souriant. Hem ! Vous savez où est la sauce tomate ? » Mais la femme ne le regarde pas et continue à remplir son chariot ! Le Dom a l’impression de ne pas exister et troublé, il regarde l’enfant, mais celui-ci est aussi indifférent que la mère !

La même mésaventure arrive au Dom passerelle et au général ! Eux aussi essaient d’entrer en contact avec les habitants, mais rien n’y fait ! Ils sont face à la même passivité, à une attitude qui a tout de celle du robot ! Partout des gens circulent, mais ils sont muets et gardent un visage fermé ! Les Doms se regroupent bientôt et sont déconcertés ! « Mais, bon sang ! Qu’est-ce qui se passe ici, général ! demande le Dom passerelle.

_ Et si nous étions pour eux invisibles ? fait le Dom spécialiste. Une interférence...

_ Et on ne percevrait pas leurs conversations, leur rires ? objecte le général.

_ Et on peut tout leur faire ! jette le Dom passerelle, qui se met à faire les plus épouvantables grimaces, à un sexagénaire qui passe sans réagir.

_ Oui, évidemment, concède le Dom spécialiste. Mais alors, comment expliquer tout ça ?

_ Peut-être que ces gens, explique le général, sont morts de l’intérieur…, qu’ils continuent leur vie par automatisme…, sans joies, ni peines !

_ Oh là ! Oh là ! Général ! s’écrie le Dom passerelle. Vous êtes en train de me foutre la trouille !

_ A moi aussi, à vrai dire, fait le Dom spécialiste.

_ Bon, OK, on rejoint la navette !

_ Le tout, c’est de retrouver l’ascenseur ! Surtout ne pas se planter ! »

 

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C’est la première d’un grand spectacle à Domopolis, dans le célèbre palais Domart, et les spectateurs, tous en tenue chic, montent le large escalier de l’entrée, qui pour l’occasion a été recouvert d’un tapis rouge ! On montre sa toilette, son couple, son élégance, on sourit aux caméras et on se dirige vers sa place ! On admire encore une fois le luxe de la salle, ses lustres légendaires, ses dorures connues de toute la planète ; on reconnaît un ou une amie, on lui fait un signe ; on montre une célébrité, un personnage important !

Mais ça y est : les lumières s’éteignent et le rideau se lève ! Une merveilleuse chanteuse apparaît, pleine de bijoux étincelants, les épaules nues sous une fourrure, avec un corps de rêve dans une robe à fourreau ! Les femmes jugent et les hommes ont la bouche sèche ! La voix unique de la chanteuse, cette voix ensorcelante, chaude, puissante se fait entendre ! Que dit-elle ?

«  Je suis l’égoïsme !

Et je triomphe dans la ville !

Car je n’apprends jamais rien !

Je ramasses toutes les miettes !

Toujours à l’affût !

C’est moi la dent blanche !

C’est la moi la tenaille, la piqûre !

C’est moi la dent blanche qui sourit

Car si tu savais, si tu savais,

Comme… je te méprise !

Oh ! Comme je te méprise ! »

Il y a une pause et les accords langoureux, puis tragiques d’un orchestre ! La musique sert à appuyer les sentiments de la chanteuse, qui est absolument envoûtée par son sujet, qui se recueille pour mieux reprendre !

« Je ne perds jamais une occasion !

Le monde est mien et je pousse, pousse !

Je n’essaie pas de m’améliorer !

Je ne veux pas guérir mes peurs !

Au contraire, je veux tout !

Et je pousse, je pousse !

Je prends, je prends !

Car j’en ai le droit ! J’existe !

Et tant d’autres prennent… et me bouffent, me bouffent, me poussent !

Oh ! Si tu savais… Oh ! Si tu savais !

Oh ! Si tu savais, comme je te méprise !

Oh ! Comme je te méprise !

Je te méprise… ! »

Nouvelle pause…. La chanteuse baisse la tête, car toute sa sensualité s’exprime et les violons l’accompagnent ! Les spectateurs sont touchés, certains pleurent, tout le drame de cette femme trouve un écho dans les cœurs ! Cet égoïsme qu’elle exprime est universel ! C’est le leur ! Oh ! Comme elle les connaît bien ! Chacun ici se sent chez soi ! aimé enfin ! Puis, c’est le final… La chanteuse relève la tête, reprend son chant, en ayant l’air d’implorer le ciel, ce ciel apparemment muet, indifférent au sort malheureux de la chanteuse ! Quelle tragédie, quel destin incroyable ! Quelle iniquité aussi de la part des dieux : l’opéra à son point d’orgue ! Il ne pourrait pas pleuvoir de toute façon !

« Je suis l’égoïsme !

Je triomphe dans la ville !

C’est moi la dent blanche !

C’est moi la morsure !

C’est moi la tenaille !

Et je pousse, je pousse !

Car j’en ai le droit !

Oh ! Si tu savais….

Si tu savais…

Si tu savais…

Comme je te méprise !

Comme… je te mépriiiiise ! »

C’est le triomphe ! Tout le monde se lève et applaudit à tout rompre ! Les enfants jettent des fleurs !

 
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