L' attaque des Doms (144-148)
- Le 26/04/2025
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"No more, no less!"
Fortress
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« Mesdames, Messieurs, je crois que nous allons vaincre la Chose ! déclare Dominator.
_ Aaaah ! fait l’assemblée venue l’écouter, dans la Tour du Pouvoir.
_ Oui, c’est une idée de Monsieur Nuit, qui, vous le savez, est notre spécialiste béton ! Hum !Vous ne le verrez pas malheureusement, car il est modeste, mais surtout il a été transformé en escargot, par cette infâme Chose et donc il a préféré rester en retrait, le nez dans quelque salade ! Ah ! Ah ! Hum ! Mais le projet de monsieur Nuit est le suivant : bombarder la Chose de kits industriels !
_ Ooooh !
_ Oui, les kits sont parachutés sur la Chose et dès qu’ils touchent le sol, ils se développent eux-mêmes ! Les uns construisent un hangar, les autres une petite usine, etc. ! Le but est de poser les bases de multiples zones industrielles ! tels des postes avancés de Domopolis ! La Chose devient alors marginale, comme si le mouvement naturel était de relier ces nouvelles installations à la ville ! Il ne s’agit plus d’attaquer de front la Chose, mais de la miner, de la parasiter, afin de mieux la phagocyter !
_ Hourra ! Hourra !
_ Oui, mes amis, nous voyons le bout du tunnel ! Nous allons vaincre la Chose ! Chaque arbre, chaque ruisseau, chaque fleur sera traqué et exterminé ! Pourquoi ? Mais parce que nous nous foutons de la beauté, comme de l’an 40 ! Est-ce qu’elle donne du pain, des emplois ? Non, elle n’est qu’un agrément ! D’ailleurs, la science est formelle : la beauté n’est qu’une invention de l’homme ! On pourrait rajouter que seuls les lavettes et les assistés, tous les perdants de la vie en somme, lui accordent de l’attention ! Nous, les forts, nous réagissons autrement ! Nous savons où est l’essentiel et quels sont nos devoirs ! La beauté a voulu la guerre et elle l’aura !
_ Hourra pour Dominator ! Hourra !
_ Je vous pose la question ! Sommes-nous restés cet enfant admiratif devant la sauterelle ou le nuage ? Avons-nous gardé son sentiment de confiance, dans le monde merveilleux qui était le sien ? Nous sommes-nous réfugiés en sa sainte simplicité, afin d’échapper aux aspérités de la vie ? Non, bien entendu, nous avons grandi et ouvert les yeux ! Nous avons appris la valeur de l’argent et du travail ! Nous sommes devenus des gens sérieux, avec des responsabilités et des problèmes sérieux ! Le rêve revient à nos portes, sous la forme de la Chose, pour nous demander des comptes ? Eh bien, moi, je vous dis : « A bas le rêve ! parce qu’il est stérile ! Le rêve ne passera pas par moi ! »
_ Bravo ! Vive Dominator ! A bas le rêve !
_ Merci ! Merci ! Nous, nous connaissons la vérité, la dure vérité ! Le monde appartient aux forts ! à ceux qui dominent ! Le monde appartient aux Doms !
_ Bravo ! Bravo ! Encore !
_ La beauté veut notre peau… et elle ne l’aura pas, c’est moi qui vous le dis ! Quoi ? On voudrait qu’on se mette à regarder les choses, sans agir ? qu’on soit là devant la Chose, sans l’exploiter, sans y construire ? Quoi ? Il faudrait se réfréner et apprendre la patience ? Quoi ? Il faudrait que je n’aie plus peur, devant le vide de la vie ? que j’accepte des trous dans mon agenda ? Quoi ? Que je me calme, que je veuille savoir ce que je fais là et quel sens a tout ça ? alors, alors que ma population est assoiffée de besoins, de nouveaux logements ! On voudrait que je reste les bras croisés, alors que tant de gens me demandent du bruit, de l’agitation, du développement, pour apaiser leurs propres angoisses ? On voudrait que je dise oui, d’accord à l’apparente inertie de la Chose, à sa mollesse ? Non, merci, je ne suis pas de ceux qui abdiquent et qui évoluent ! Je suis fier de ma bêtise, puisqu’elle sauve !
_ Hourra ! Hourra : Voilà qui est parlé !
_ Je suis fier de mon hypocrisie, puisqu’elle s’appelle nécessité !
_ A mort la Chose ! A mort la beauté !
_ Bientôt, Domopolis s’étendra au-delà de la Chose ! Elle sera une ville admirée par tous ! Peu importe qu’elle devienne de plus en plus violente, ou polluante ! Peu importe que les jeunes aient de plus en plus de problèmes mentaux ! Le tout, c’est qu’on dise devant Domopolis : « Ça, c’est de la ville et de la belle ville ! Le Dom triomphe encore ! »
_ Ouais ! Ouais ! Vive le Dom !
_ Assez de discours ! Champagne pour tous ! »
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Plus tard dans la soirée, Dominator se met à chanter « sa » chanson, que tous les Doms présents connaissent bien, ce qui les fait participer à ce « magnifique » spectacle ! Dominator apparaît en effet dans un smoking éclatant et sous une lumière qui le fait briller !
« Moi, j’ suis Dominator ! commence-t-il.
Et c’est moi, le plus fort !
Je ne connais pas l’angoisse !
Car ça porte la poisse !
Tu veux mon secret ?
Que j’écrive quelque décret ?
Ah ! Parce que toi, tu pleures ?
Ah ! Parce que toi, t’as peur ?
Attends, je vais t’ donner un bon tuyau !
De quoi mouiller l’ maillot !
Commande le monde !
Sois immonde !
C’est toi le seul !
Les autres sont des linceuls !
Écrase tout !
C’est toi partout !
Le chœur des Doms : « Eh ! C’est Dominator !
C’est lui le plus fort !
Il connaît pas l’angoisse !
Ça porte la poisse !
Tu veux son secret ?
Tu veux son décret ?
Ah ! Parce que toi, tu pleures ?
Ah ! Parce que toi, t’ as peur ?
Mais commande le monde !
Sois immonde !
Écrase tout !
C’est toi partout !
Dominator reprend : « Le début des ennuis !
Le début de la nuit !
Mais c’est le respect !
Mais c’est la paix !
Sois hypocrite !
Fais-toi guérite
De l’honnêteté,
De la vérité !
Fais-toi le chien
Du bien !
Défends les valeurs
Du riche et de la pâleur !
C’est le cheval de Troie
De Dominator roi !
Pourchasse, martyrise !
Rien de pire que la nuance grise !
Tous au billot !
C’est toi le plus haut !
Eh ! J’ suis dominator !
Le choeur : C’est lui le plus fort !
Dominator : Ah ! Parce que toi, tu pleures ?
LC : Ah ! Parce que toi, t’as peur ?
D : Mais écrase tout !
LC : C’est toi partout !
D : J’ connais pas l’angoisse !
LC : Ça porte la poisse !
D : Sois immonde !
LC : Commande le monde !
D : Sois hypocrite !
LC : Fais-toi guérite !
D : Fais-toi le chien !
LC : Du bien !
D : C’est le cheval de Troie !
LC : De Dominator roi !
D : Ah ! Ah ! Mes amis, mes amis, comme je vous aime !
LC : Ah ! Ah ! La haine il sème ! »
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L’Escamoteur, un des plus fidèles agents de Dominator, est dans son château, qu’il a pu se payer grâce à ses nombreuses missions au service du pouvoir ! Il est entouré de ses amis Mensonge et Hypocrisie et il exulte ! « Mes amis, mes amis ! dit-il. C’est un grand jour, car voici l’antidote à la Chose (il montre un écran d’ordi) ! L’IA, mes amis ! L’IA qui va nous débarrasser de la Chose ! De cette immonde Chose, qui est là dehors ! à nous guetter, à nous vouloir du mal ! Brrr !
_ L’IA ? Mais comment ? demande Mensonge.
_ Mais tout simplement ! répond l’Escamoteur. Vous voulez des fleurs ? Attendez, je vais demander à l’IA ! De petites fleurs bleues, en forêt, sous le soleil brumeux du matin ? Hein ? C’est ça que vous voulez ? Une image bien romantique, bien poétique, balaise pour un photographe simplet ? Voilà, j’appuie sur ce bouton et… l’image apparaît, créée par l’IA ! encore mieux qu’au naturel, dans cette affreuse Chose !
_ Évidemment, c’est pas mal ! fait Hypocrisie.
_ Pas mal ? Mais c’est superbe, oui ! C’est qu’ j’ suis un artiste, moi ! un dieu ! Ah ! Ah ! Et je peux tout faire ! Il suffit d’ demander ! Vous voulez de la peinture, de la grande peinture, infiniment créatrice, bien que mieux que ces patachons de Corot et de Cézanne ! Attention, je pianote, j’informe l’IA de ce que je veux ! Je me sens comme un peintre inspiré, sans les souffrances imbéciles de la vie de bohème, évidemment !
_ Évidemment !
_ Attention, un, deux, trois ! Matez les gueux ! Matez la populace ! Ça, c’est du travail ! L’art n’est plus le privilège d’un illuminé ! Quel talent j’ai ! Et la Chose là dehors, enfoncée ! La beauté, on en fait maintenant ce que l’on veut ! Elle est scientifique ! Elle n’est plus qu’une affaire mathématique ! La technique est créatrice ! Bon sang ! Finis les artistes pompeux et névrosés ! Et adieu la Chose ! Ah ! Ah !
_ Vous avez entendu, demande Mensonge.
_ Non quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? répond l’Escamoteur.
A cet instant, on entend des coups sourds contre la porte du château. « Qui ça peut être ? à cette heure-ci ! fait l’Escamoteur. Il fait nuit et…
_ Et dehors c’est la tempête ! rajoute l’Hypocrisie, alors qu’une éclair illumine la pièce lugubrement.
_ Il faut aller voir ce que c’est ! coupe l’Escamoteur. Mensonge, t’ y vas !
_ Moi ? (le grondement du tonnerre éclate tout près!)
_ Mais oui, toi ! T’es pas plus bête qu’un autre, non ? «
Mensonge se rend à la porte et revient avec un étrange vieillard tout mouillé. « Excusez-moi, dit celui-ci. Je crains d’abîmer vos tapis avec toute cette eau qui dégouline de mon manteau !
_ Hein ? Euh ! Ça ne fait rien ! répond l’Escamoteur contrarié. Qu’est-ce que vous voulez ?
_ Permettez-moi d’abord de m’asseoir… Voilà, je suis la Tempête !
_ Ah ! Ah ! La Tempête ? Elle est bien bonne !
_ Pas tellement! En fait, je suis envoyé par la Chose !
_ Comment ? La Chose a des émissaires ?
_ Faut croire ! Cependant, la Chose s’est dite vexée, de ce que vous pensez vivre sans elle !
_ Voyez-vous ça ! Mais on fait ce qu’on veut, monsieur… monsieur Tempête !
_ Eh bien, pas exactement ! C’est une question d’équilibre, de pollution, de réchauffement, etc. ! C’est un peu trop compliqué pour vous et c’est pourquoi on m’a envoyé ici !
_ Non mais, pour qui vous vous prenez ? Tenez, vous savez quoi ? Je peux vous reproduire à loisir grâce à l’IA et même en mieux ! Regardez, monsieur Tempête, je vais vous en faire voir de la tempête, moi et de la balaise ! Une tempête en mer et voilà, admirez le travail ! Ça, c’est de la tempête, très loin de votre imper mouillé et de votre air décati ! La Chose c’est fini, monsieur Tempête ! On passe à autre chose, ah ! ah ! »
A cet instant, on entend un vacarme épouvantable et la Tempête explique : « Ça, ce sont mes amis et je crains qu ils aient pris ombrage de ne pas avoir été invités !
_ Vos amis ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
_ Que votre cave et donc votre chaudière sont noyées ! J’ai jamais pu calmer vraiment mes amis !
_ Espèce d’enfoiré ! Sortez d’ici immédiatement ! Vous entendez ?
_ Comme vous voudrez ! Ah ! J’ai un message de la beauté pour vous ! Elle ne se donne qu’aux saints !
_ Allez vous faire foutre ! »
Tempête s’en va, mais pas ses amis et les fenêtres éclatent ! « Patron, fait Mensonge, on appelle les vrais pompiers ou ceux de l’IA ? »
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Paschic se réveille dans une chambre étrange, qui n’est pas la sienne ! Où est-il ? Il se souvient vaguement d’individus qui l’ont maintenu dans la rue, puis plus rien… Encore faible, il se lève et s’approche de la fenêtre : dehors, il y a des bâtiments, comme ceux d’un camp et la chambre elle-même pourrait être celle d’un hôpital ! « Oh ! Mais je vois que vous êtes réveillé ! fait une voix derrière Paschic. Laissez-moi me présenter : je suis le professeur Ratamor… et voici ma collaboratrice, la psychologue Lapsie !
_ Oui suis-je ? Et qu’est-ce que je fais ici ?
_ Vous êtes au camp n° 5, où nous soignons les Doms émeraude… et si on vous a « amené » ici, c’est pour que vous contribuiez à une vaste campagne contre la dépression !
_ Je ne comprends pas…
_ D’après nos informations, vous êtes dépressif depuis longtemps, comme les Doms émeraude d’ailleurs ! Nous allons tenter de comprendre pourquoi, afin de vous guérir !
_ Et si je ne veux pas ?
_ Mais c’est dans votre intérêt ? Ne voulez-vous pas aller mieux et même participer à notre lutte ? Votre guérison pourrait servir d’exemple !
_ Vous m’avez conduit ici de force ! Vous continuez donc à abîmer la confiance que je peux avoir en moi, confiance qui est primordiale, si on veut soigner la dépression !
_ Eh bien, je vois que nous avons en vous un merveilleux sujet d’étude ! Votre intelligence va nous être précieuse ! Mais venez, ma collègue Lapsie va vous préparer, pour le premier traitement !
_ Et mes vêtements ?
_ Ici, vous n’en aurez pas besoin ! Tous nos patients sont en robe de chambre, sur leur pyjama ! »
Paschic suit ses « hôtes » en blouse blanche et pénètre dans une vaste pièce, au centre de laquelle il y a une table d’examen ! Autour se trouvent des appareils tous plus compliqués les uns que les autres, alors que le plafond est en forme de dôme ! Le plus surprenant est peut-être un bras mécanique, terminé par ce qui pourrait être un œil !
« Bienvenu dans notre repère, si je puis dire, hi, hi ! fait Ratamor. Lapsie, à toi de jouer !
_ Enlevez votre robe de chambre et asseyez-vous sur la table d’examen ! dit Lapsie à Paschic. Je vais vous expliquer ce qui va suivre… D’après votre dossier, vous accusez la Machine de vous avoir écrasé ! À la suite de quoi vous avez bâti toute une théorie de la domination sur les Doms ! Or, nous, nous allons vous prouver que vous faites fausse route, que l’intégration et même l’harmonie entre les Doms est possible ! Il faut dialoguer, travailler avec la raison ! Nous ne sommes plus des enfants !
_ Notre méthode, rajoute Ratamor, va vous permettre de revivre le passé, d’une manière plus objective, débarrassée de votre paranoïa, si je puis dire ! Vous allez convenir, comme nous, que vous avez exagéré la nuisance de la Machine et vos souffrances ! Vous allez vous rendre compte que la tâche d’une mère est loin d’être simple ! Autrement dit, Paschic, en route vers la sagesse… et votre bonheur ! »
Lapsie finit d’installer des électrodes sur la tête de Paschic, qui doit s’allonger… Puis, les appareils vrombissent et l’« œil » mécanique se penche sur Paschic, comme s’il commençait à le regarder ! Paschic essaie de résister, mais il est bientôt entraîné dans un tourbillon, un abîme, d’où il émerge subitement dans une scène de repas dominical !
Paschic reconnaît la Machine, Tautonus et ses frères et sœurs ! Il ressent une puissante émotion, car, pour lui, il est devant l’image même du bonheur et de la sécurité ! Tout est propre, la cuisine est merveilleuse et il y a cette chaleur dont seules les familles sont capables !
Pourtant, la Machine est nerveuse… C’est d’autant plus surprenant que Tautonus s’amuse avec sa fille et son fils aîné ! Paschic ne quitte plus des yeux la Machine et il semble être le seul à percevoir le problème… Puis, soudain, la Machine tire de dessous la table un fusil à canon scié ! Elle le pointe sur Paschic, qui sent la sueur lui dégouliner dans le dos !
« Non ! Non ! » crie-t-il, mais il prend la décharge en pleine poitrine, ce qui le projette en arrière et le renverse sur le sol ! Il est plein de sang ! Il n’en revient pas ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Adieu la sécurité, l’amour, la famille, l’innocence ! Il est où ? Il n’y a pas de paix ! Les Doms s’entre-tuent et voilà Paschic qui doit maintenant comprendre pourquoi !
« Paschic ! Paschic ! hurle Lapsie. Calmez-vous, voyons ! Vous êtes de retour parmi nous !
_ Je crois que cette première expérience est un échec, dit Ratamor. Il vaut mieux que vous regagniez votre chambre, Paschic ! Des infirmiers vont vous raccompagner !
_ Bon sang ! s’écrie Lapsie, une fois que Paschic a quitté la pièce. Vous avez vu, la Machine lui a tiré dessus !
_ C’est peut-être la névrose de Paschic , qui nous a fait voir ça ! Elle est tellement incrustée qu’elle rabâche ce scénario ! J’ai déjà vu ce genre de cas ! Mais je mâterai Paschic comme les autres ! »
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Paschic se retrouve de nouveau attaché à la table d’examen, Lapsie s’affairant autour de lui ! « Oui, Paschic, explique Ratamor. La science est en marche et rien ne l’arrêtera ! Tous vos a priori seront balayés ! Nous allons vous redonner foi dans le Dom ! Vous verrez qu’il est aussi capable d’amour et que le progrès est contenu dans la raison ! La dialogue, Paschic ! On expose les problèmes et on avance ! Il est prêt, Lapsie ?
_ Parfaitement oui, nous pouvons débuter !
_ Bien ! Paschic, vous allez revoir la Machine et voir que son amour existe bien ! Il y a eu méprise de votre part et sans doute aussi du narcissisme !
_ Certainement ! rajoute Lapsie. Vous êtes proche du PN, du pervers narcissique, Paschic et n’étaient ces expériences, je…
_ Allons, ma chère, corrige Ratamor. N’avons-nous pas décidé de redonner confiance à Paschic ? Montrons-nous aussi que nous savons faire la part des choses et que nous ne condamnons pas !
_ Oui, mais je...
_ Très bien ! Démarrage des appareils ! A tout à l’heure, Paschic ! Vous allez nous revenir transformé, j’en suis sûr ! Vous nous direz, rayonnant : « Vous aviez raison ! Je me suis trompé ! L’amour du Dom existe ! » Ah ! Ah ! Tu parles d’un veinard ! »
Paschic revoit en frémissant l’œil hypnotique s’approcher de lui et il replonge dans l’abîme ! Mais voilà qu’il se réveille avec la forme d’un disque, au bout d’un fil, que la Machine allonge et reprend ! Paschic se rend compte avec horreur qu’il n’est qu’un yo-yo dans les mains de la Machine ! Mais écoutons celle-ci : « Oh ! Si vous saviez comme je l’aime, ce Paschic ! D’ailleurs, j’aime tous mes enfants et j’aime Dieu aussi ! Je ne fais pas le mal ! J’en serais incapable ! (Elle joue avec son yo-yo!)
_ Hum ! Excusez-moi…, dit Ratamor, qui intervient dans l’illusion, mais Paschic est au bout de votre yo-yo ! Il ne doit pas trouver ça vraiment agréable !
_ Hein ? Paschic au bout de mon yo-yo ? Tiens, c’est vrai ! Mais c’est aussi normal ! Paschic doit faire ce que je dis, sinon où on irait ?
_ Mais… là, il sert votre plaisir et…
_ Du plaisir, moi ? Sachez que je ne prends jamais de plaisir ! Je n’ai que des responsabilités et des devoirs ! Si vous saviez comme c’est dur d’être mère de famille et à quelle ingratitude on doit faire face ! Moi, prendre du plaisir, mais je ne suis qu’une victime transparente, mon cher monsieur !
_ Bien sûr, mais…
_ Tenez, si j’ai envie de balancer mon yo-yo contre le mur, je peux le faire ! Vlan ! Voyez, Paschic n’a rien dit, parce qu’il n’a pas eu mal ! Il sait comme je l’aime et que je ferais tout pour lui ! Moi, seul le connaît ! C’est moi qui l’ai fait, après tout ! Vlan ! Prends encore ça, Paschic !
_ Mais arrêtez ! Vous lui faites du mal !
_ Impossible ! Pour que Paschic ressente du mal, il faudrait qu’il existe, ce qui n’est pas le cas ! Il n’est qu’une partie de moi-même, que je commande à ma guise ! Et vlan ! Voyez, il dit toujours rien ! Oh ! Si vous saviez comme je l’aime ! comme j’aime les autres ! La bonté même, je suis !
_ Il doit souffrir horriblement !
_ Vous parlez encore de Paschic ? Pensez, il simule ! C’est un simulateur ! un menteur et un paresseux ! Si on l’écoutait, il faudrait ne penser qu’à lui ! Or, moi, j’existe aussi ! Je ne suis pas seulement là pour jouer les bonniches !
_ Certainement ! Mais si vous demandez du respect, vous devez en avoir aussi pour les autres !
_ Vraiment ? Vous savez que vous m’ouvrez un monde complètement nouveau ! Vous pensez donc que je dois avoir du respect pour Paschic ?
_ Absolument !
_ Il faut aussi qu’il soit une personne, c’est ça ? Mais…, mais qui pensera à moi alors ? Tout ce temps consacré à Paschic, c’est encore moins pour moi !
_ Mais...
_ Ecoute-moi bien ! (La Machine a rangé le yo-yo dans sa poche et sorti un gros couteau, qu’elle met sous la gorge de Ratamor!) C’est chez moi ici ! C’est moi qui commande ! Et c’est moi qui compte, pigé ?
_ Oui.. oui…
_ Paschic, j’en fais ce que je veux ! Il m’appartient ! Regarde-moi ! Voilà, c’est bien ! Je vois que tu m’ comprends ! Et ne dis plus que je ne l’aime pas ! L’amour, c’est mon rayon ! »
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