L' attaque des Doms (125-129)

  • Le 15/03/2025
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R72

 

 

                "Vous voyez cette pièce d'or? Elle sera pour le premier qui voit Moby Dick!"

                                                                                 Moby Dick

 

 

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     Domopolis n’est que le reflet de la domination des Doms ! Plus nous voulons dominer et plus Domopolis s’étend, en écrasant la Chose, et plus celle-ci nous menace et plus nous sommes violents et dominateurs ! C’est une impasse et les Doms prennent peu à peu conscience qu’ils ne peuvent plus vivre comme avant !

Mais nous sommes nombreux et la situation est complexe ! Il ne s’agit pas de s’opposer radicalement, frontalement à la domination, ni aux Doms, même si le danger apparaît urgent ! Il faut que les Doms puissent se nourrir, travailler, avoir le sentiment de la sécurité et de se développer, de s’épanouir, et pour cela ils vont dans des directions très différentes, qui sont celles qui leur conviennent !

Si on veut le monde selon ses goûts, ses priorités, surtout quand on est sûr d’avoir raison, alors on se met à détruire ceux qui font obstacle et on répand la haine ! On sème le chaos et on fait que les Doms se dressent les uns contre les autres ! On arrive à un résultat inverse de celui qu’on espérait ! Des gens notamment polluent par haine, pour bien montrer combien ils méprisent ceux qui veulent sauver la planète !

Il est donc nécessaire de se pacifier soi-même, pour accepter la complexité du monde ! Il s’agit de savoir à quoi on est bon, qu’est-ce qu’on aime et ne pas dépasser ses propres limites ! Dans ce cas, on ne ne perd pas de forces, on continue d’aimer la vie et de se montrer patient et compréhensif, à l’égard de la différence ! Cette connaissance vient essentiellement du renoncement ! Celui qui veut à tout prix satisfaire son amour-propre, en voulant triompher du mal ou de la bêtise, celui-là est comme monté sur un cheval fou, et il s’épuise rongé par la haine ! Il faut savoir renoncer, car c’est grandir !

Ce n’est pas qu’on doive abandonner la bonne cause, laisser faire l’injustice, mais on doit être à même de rigoler de son amour-propre, de pouvoir mépriser sa domination, de n’être pas dupe du pouvoir et de sa séduction ! Or, c’est sur ce point qu’achoppent la plupart des Doms, alors qu’ils semblent animés des meilleurs sentiments ! Certains travaillent à la justice sociale et d’autres prônent le respect pour le pays, mais ils restent haineux et aveugles, puisqu’ils sont menés avant tout par leur domination, leur orgueil ! Propres à s’enflammer et ne renonçant jamais, ils ont bientôt du venin plein la bouche et se révèlent incapables d’évoluer, figés dans le même discours !

Il faut savoir perdre, pour être intelligent ! Mais comment renoncer, tester sa confiance, guérir de ses peurs sans amour, sans attachement, sans persévérance ! Le chemin de la foi permet la compréhension, mais celui de la domination, qui chante le triomphe de la force et la mort des faibles, est une illusion ! Heureux celui qui voit Dieu s’occuper du monde, et qui est confiant, celui-là s’est débarrassé de son ego, qui est parti au fil de l’eau ! Celui-là ou celle-là se rit de ses inquiétudes, dues à l’ego, et s’enchante de la puissance de Dieu ! Il est dans l’étonnement d’un « gouvernement » aussi vaste, aussi profond !

Heureux celui qui se réjouit simplement de la lumière, qui fait le jour et réchauffe le monde ! Le tyran, lui, chaque jour, cherche à s’enivrer de sa puissance et il s’agite constamment ! La domination est comme de l’eau dans les mains : elle ne cesse de fuir, et il faut instamment la « réveiller », sinon les peurs reviennent ! Cela conduit à l’ivresse de la haine et du mépris ! La domination s’aveugle par le spectacle, puise dans l’écrasement de l’autre sa satisfaction ! « Mort à la faiblesse ! » crie-t-elle, pour échapper à l’angoisse qui la talonne ! Heureux celui qui n’est pas dupe et qui voit la vanité des efforts de la domination, sa stérilité !

La véritable force n’est-elle pas la sagesse ? Celui qui sourit et qui reste serein n’est-il pas plus solide que celui qui hurle et qui gesticule ! Celui qui sait se taire et attendre ne rassure-t-il pas plus que celui qui veut être le centre de tout ? Que de turpitudes dans ce cas ! Celui qui est patient et qui a confiance en Dieu qu’a-t-il à prouver ? Quelles sont les inquiétudes de son ego, puisque son amour, c’est Dieu ?

Tout le monde connaît l’angoisse, mais le tyran dit que non, que c’est pour les faibles, car c’est son orgueil qui le fait parler ! Le tyran sent sa force, assis sur les faibles, en se moquant d’eux ! Le sage sent sa force, en riant de la haine et des plaintes de son ego ! Jamais la domination ne guérit de sa peur et la mort ne lui apporte qu’amertume et regrets ! Le sage chante Dieu en mourant, stupéfié par la puissance divine !

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      La Chose purifie ! Certes, les animaux et les plantes s’entre-tuent et il est difficile de travailler la terre, pour s’en nourrir, mais la Chose purifie ! Les fleurs et les feuilles « boivent » le soleil et les oiseaux chantent à tue-tête, pour fêter le retour de la lumière et de la chaleur ! C’est le retour de la procréation et du renouvellement ! C’est la « joie » de la vie, toujours impatiente de repartir ! C’est une force qui ne se commande pas et que chacun peut ressentir ! Heureux celui qui en est le spectateur, l’admirateur : celui-là a déjà quitté son ego !

Que nous apprennent les animaux ? Mais que nous sommes comme eux, « embarqués » dans la vie, sur une toute petite planète perdue dans l’espace (mais ça ils ne le savent pas!) ! Ils sont nos frères et quand il se réjouissent de la lumière, nous aussi ! Sans les animaux, nous ressentirions une solitude atroce, qui nous anéantirait et c’est pourquoi leur présence est si précieuse dans les villes ! Sans les animaux, nous serions comme des damnés attachés à notre nombril !

Heureux celui qui est attentif à la Chose ! Il s’arrête, s’assoit et regarde ! Il « prend » le temps de la Chose ! Il s’en pénètre… Muettes deviennent ses questions, ses troubles, ses ressentiments ! Peu à peu, il n’y a plus qu’une contemplation, qui ne demande rien ! La beauté captive, distrait, enchante, console… et purifie, en emportant tout ce qui n’est pas elle ! La lumière est souveraine : son éclat fait fermer les yeux, mais ses jeux dans l’ombre sont merveilleux, infinis ! Le vent anime le tout ! Ici, tout n’est que secrets, attention, amour, confidences pour celui qui sait et qui veut voir ! L’agitation de la ville n’existe plus !

C’est entendu : nous ne pouvons nous fondre dans la Chose et ce n’est d’ailleurs pas notre destin ! Nous vivons parmi les hommes, avec nos besoins d’hommes, mais il nous est toujours possible de rejoindre la Chose et de l’admirer ! Moins l’ego est fort, plus il est confiant et plus la Chose le comble de sa beauté ! Plus le cœur est simple et plus la Chose l’enseigne !

La Chose purifie ! à sa manière, avec sa paix sereine ! Dieu n’est ni pressé, ni endormi ! Dieu rit et l’enfant aussi ! La Chose est absolument gratuite ! Certes, si la Chose était totalement sauvage, nous y serions des étrangers aujourd’hui, mais la Chose évolue tout comme nous ! Elle subit notre influence, mais nous ne la domptons pas ! Nous n’en sommes pas les maîtres, car elle a sa vie propre et elle peut redevenir sauvage, dès qu’elle a le champ libre ! Sa force nous dépasse et ainsi sa beauté aussi ! Nous avons tout à apprendre d’elle ! Elle a la clé de notre paix ! Elle témoigne de la bienveillance divine ! Perdu est celui qui l’ignore, la méprise et qui l’écrase ! Triste et sombre est le Dom ! Malade est-il bientôt ! En guerre croit-il trouver la solution !

La Chose purifie, en enseignant la sagesse ! Plus les épaules sont larges et plus la lucidité vient ! Il n’est pas question pour ceux qui sont tourmentés par eux-mêmes de porter ! Le jeune est sans force, tant il est préoccupé par lui-même ! Il est « vert » comme un jeune plant ! Il se cherche, se découvre et cela lui prend tout son temps ! C’est la maturation qui donne des réponses ! Et quand les fruits viennent, ils viennent en abondance ! Le sage ne se fatigue plus, car bien souvent il s’est déjà bien « usé », en se souciant de bien faire, de plaire ! Il a eu peur de Dieu, de ne pas être à la hauteur ! Mais le voilà calme, tranquille, se réjouissant de vivre, comprenant les inquiétudes des autres et sachant les apaiser !

Le sage comprend, mais les autres continuent de s’agiter ! Quand il regarde le chemin parcouru, le sage repense à ses efforts en souriant et même en ayant le vertige : comment a-t-il pu se dépenser autant ? C’est un miracle qu’il soit encore en un seul morceau ! Le monde est si troublant, si effrayant ! Que de tâtonnements pour trouver la voie juste ! Que de pleurs, de larmes suite aux injustices et aux souffrances ! Pourtant, le sens est là ! La connaissance attend, vaste et simple ! Plus on se confie à la Chose et plus le monde des Doms rétrécit !

Mais Domopolis « enfume », épuise ! Celui qui ne se confie qu’à la ville n’en finit plus d’être perturbé ! Il ne se connaît pas ! Il enchaîne les haines et les amours sans les comprendre ! Il est plein de frustrations et de tristesse ! Rien n’est clair où règne la domination, ni les envies, ni les ennuis ! On se lève chaque matin dans un tunnel et on se dilue dans d’interminables histoires !

C’est le que la voie de la Chose ou de l’esprit paraît trop haute, trop froide, trop exigeante ! On préfère ses appétits, ses petites joies d’avoir triomphé sur l’autre et on reste dans la nuit ! C’est pourtant Domopolis qui lasse, qui trouble et qui vide ! Le chemin de la Chose n’est nullement amer ! Le renoncement n’est nullement déchirant ! S’il le paraît, c’est qu’on a encore abusé de soi, qu’on s’est troublé à cause de l’effort, du souci de bien faire !

Mais la Chose enlève tout souci, sinon elle ne serait pas la Chose ! Elle est la paix !

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     Des sirènes retentissent au camp n°5 ! là où sont enfermés les Doms émeraude et qu’on essaie toujours de soigner ! Une évasion ! On signale que 4 Doms émeraude ont « fait le mur », mais ce n’est pas tout à fait exact : on est plutôt venu les chercher ! Un commando s’est introduit dans le camp et a quasiment forcé des Doms émeraude à quitter leur couchette et à les suivre !

Rappelons que les Doms émeraude sont remarquables par leur apathie et qu’on soupçonne la Chose de les avoir transformés, ce que leurs yeux d’un grand vert luminescent semblent attester ! Pour l’instant, ils ont été poussés dans une camionnette et ne disent rien, quand un membre du commando, le visage encore noirci, s’adresse à eux : « Alors, les gars, heureux d’avoir retrouvé la liberté ? » Mais le silence est la seule réponse !

« Eh ! Les gars, reprend le soldat, faudrait voir à nous remercier ! On a quand même risqué gros, pour que de nouveau vous respiriez l’air du dehors ! » Malheureusement, les Doms émeraude gardent cet air absent qui les caractérise, comme s’ils étaient perdus dans un rêve infini ! « Tu parles d’une bande d’emmanchés ! fait en colère le soldat. Ils ont même pas la reconnaissance du ventre ! Qu’est-ce qui nous a pris de les sauver ?

_ Laisse-les tranquille ! intervient un collègue. Ils sont traumatisés ! La prison, ça détruit son homme ! Il leur faut du temps ! Ils se dégèleront quand on arrivera !

_ Ouais…, mais tout de même ! »

La camionnette poursuit sa route dans la nuit et enfin se gare devant une ferme. On descend et on marche vers une lumière, qu’un grand gaillard, en treillis et sur un seuil, obscurcit de sa silhouette ! L’homme fume un cigare et s’écrie joyeusement : « Bienvenue aux victimes du capitalisme ! Maria, veille à ce qu’ils ne manquent de rien, tu veux ? Entrez, mes amis ! Par ici, les camarades ! Venez vous restaurer ! Maria a préparé ses spécialités ! Bande de veinards ! »

Les Doms émeraude pénètrent lourdement dans la maison et s’assoit autour d’une table, ne témoignant aucune émotion ! « J’ vous préviens, chef, y sont pas bavards ! dit le soldat qui leur a parlé durant le voyage.

_ C’est normal, Rodrigo ! répond le chef. Ils se méfient ! J’en ferais autant à leur place…, mais c’est parce qu’ils ne nous connaissent pas ! Une fois qu’ils sauront qui nous sommes, quel est notre but, ils changeront du tout au tout ! Mangez camarades, réjouissez-vous ! Vous êtes ici dans le berceau de la future révolution ! Ah ! Ah ! Je vous la coupe, pas vrai ! Mais c’est que nous sommes des gens sérieux, nous visons loin ! C’est tout le système qu’il faut changer… et qui le sait mieux que vous ! vous qui avez été enfermés pour vos idées réfractaires ! »

Le chef s’attend à une réaction, voire à de l’enthousiasme, mais les Doms émeraudes ne touchent même pas les plats, se contentant de fixer droit devant eux ! « Hum ! fait le chef, soudain décontenancé.

_ J’ vous l’avais bien dit, chef ! reprend le soldat. On a affaire à des ingrats !

_ Camarades ! s’écrie le chef. Qui vous a emprisonnés, humiliés, tourmentés ? Qui sont vos bourreaux, vos oppresseurs ? Mais les profiteurs, les supers riches, la finance internationale ! Ceux qui se gavent et exploitent ! Ce sont vos ennemis et ce sont les nôtres aussi ! Notre combat est le vôtre ! Et demain nous renverserons ce système , nous installerons une société juste et il n’y aura plus de Doms émeraudes, en train de souffrir dans le camp n° 5 ! Comment pourriez-vous ne pas partager notre cause ? »

Mais les Doms émeraudes semblent toujours être ailleurs… « Chef ! On s’est trompé ! jette le soldat. On a sorti des petits bourgeois, des nantis ! Peut-être même des espions du grand capital ! Aïe ! Aïe !

_ La ferme ! Je crois que je percute… Ces gaillards, c’est pas la lutte sociale qui les intéresse ! Non, c’est le vert, l’écologie, la protection de l’environnement ! sinon pourquoi ils auraient les yeux émeraude, hein ? Camarades, laissons pour le moment la justice sociale, d’accord ? On y reviendra, mais concentrons-nous sur la défense de la nature, de la Chose, hein ? Car je crois que c’est là ce qui vous préoccupe ! Mais justement ! Qui pollue, qui détruit, qui exploite, qui se gave sur le dos de la Chose, qui met en péril notre planète ? Mais ce sont les supers riches, les profiteurs, le grand capital, la finance internationale ! C’est le patron méprisant ! Alors, alors, on est ensemble, pas vrai ? Allez, faut boire un coup, entre frères ! Maria, ressers-les, tu veux ? 

_ Mais ils ont pas bu ! fait Maria mécontente.

_ Eh ! Les Doms émeraude, je vous PAAARLE ! Moi, le chef de la future révolution ! Vous êtes bouchés ou quoi ! Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous, suppôts du capitalisme ! Je vais vous faire ramper, moi, mes salauds ! Je vais vous en faire baver ! Y a pas place pour les traîtres, ici, bande de fumiers ! Les traîtres , ils terminent le dos au mur, avec douze balles dans la peau !

_ Bravo chef ! lance le soldat. Ça, c’est de la justice sociale ! »

                                                                                                                128

     « Tu es de Domopolis ? Tention à la police ! » Le Dom qui chante est un grand gars en baskets et survêtement ! Il a encore des chaînes en or et un micro à la main ! Il fait son show dans un de ces palais pleins de blancheurs, dédiés à la consommation, là où règnent la chaleur et l’image ! Ici, le Dom se sent comme chez lui, sa vie a enfin un sens, quoiqu’il existe un envers au décor ! Des Doms en effet travaillent, dans des conditions épouvantables ! Ils sont comme « exhibés », au milieu d’un passage, sans cachettes, pour vendre du nougat ou servir des boissons chaudes ! Ces personnes en deviennent transparentes, serviles au sein d’une ambiance étouffante ! Ce sont les victimes du Rêve blanc, alors que les autres Doms y avancent tel un troupeau grimaçant, quand les achats ne vont pas assez vite !

Mais peu importe ! Cet univers convient bien à un besoin ! On le trouve dans la chanson du grand gars en baskets : envie de puissance, triomphe de soi, ce qui nécessite un ennemi extérieur, un monde contraire qu’il faut vaincre ! La domination nécessite un affrontement, quitte à imaginer un adversaire ! L’animal, chaque jour, exerce sa force, en rejetant de son territoire tous les intrus, même s’ils ne sont pas menaçants ! Ainsi, il reste performant et garde le sentiment de son pouvoir ! Le Dom ne fait pas autre chose : il cherche continuellement la victoire, la réussite !

C’est un combat, qu’exprime le grand gars en baskets, avec son micro : « Tension Police, Domopolis !

Tension aux bourgeois sournois !

Tension système, quand il dit qu’il t’aime !

Ils veulent ta peau !

Ils te veulent en copeaux !

Puise dans ta force, puise sous l’écorce !

Toi, le résistant, tu n’as plus le temps !

Tu es au bout du tunnel et tu n’as plus qu’elle !

Liberté ! Hanté par elle !

Tension Police, Domopolis !

Tension système, quand il dit qu’il t’aime ! 

Tension bourgeois sournois !

Mais toi tu sais, décès !

Mais toi tu pièges, le siège

Du patron pas rond !

Mais toi, tu niques le baron

Pas chic ! Citron,

T’en as dans le citron !

Mais toi, tu laisses pas faire

Quand on te met des fers !

Tension police, Domopolis !

Tension système, quand il dit qu’il t’aime !

Tension bourgeois sournois !

Tension sensuelle :

La liberté, c’est elle !

Hanté par elle,

Car tous pareils, mon frère,

Sur Terre !

Tension bourgeois rogues !

Tension bourgeois dogues !

Tension drogue !

Tension came, clame

Trop calme !

Tension police, Domopolis ! 

Tension système, qui dit qu’il t’aime… ! »

Pendant ce temps-là, le « palais blanc » vend la tenue du « rebelle » : baskets immaculées, survêtements, bijoux, coiffure ! Le « résistant » devient une créature du Rêve blanc ! Il croit s’en évader, mais en devient un stéréotype ! l’un de ses meilleurs porte-drapeaux ! Le culte de soi triomphe, en s’alliant à la révolte ! Le règne des « cosmonautes » en baskets a commencé, dans l’espace du nombril !

« Tension trop lisse, Domopolis ! Tension manipulation ! »

                                                                                                                     129

     Que fait le Dom quand il est mécontent, insatisfait ? Va-t-il dans la Chose, pour obtenir des réponses ? Se remet-il en question ? Nullement ! Le Dom croit qu’on lui doit quelque chose et comme il se nourrit de domination, il affiche volontiers une tête méprisante, boudeuse, qui demande des comptes ! C’est ce qui s’appelle œuvrer pour le bien de tous !

Le Dom attend, ou tend des pièges, pour montrer sa supériorité ! Sa proie n’a pas vu venir le coup ! Elle est blessée et le Dom s’en réjouit ! Au moins la journée n’aura pas été perdue ! Tout ce qui paraît indifférent au Dom, qui ne le considère pas comme une idole, est impitoyablement rejeté ! Le Dom est telle une araignée, au centre de sa toile et ses victimes peuvent être sexuelles ! Certains Doms ne vivent que pour le sexe et si quelqu’un passe angoissé, affaibli, perdu, il est à même de devenir un esclave sexuel du Dom, jusqu’à l’avilissement le plus complet ! On parle bien d’araignées dans leur toile ! Et l’on sait combien un psychisme épuisé peut vouloir disparaître dans la chair !

Il y a bien une lutte de la conscience pour se développer, s’épanouir et si l’individu est en paix, il n’a aucune difficulté pour contrôler ses sens ! C’est l’angoisse, le tourment qui poussent à se perdre dans une relation, mais le sexe n’apporte aucune réponse, quant à la peur du quotidien ! Certes, le bien-être du corps apaise l’esprit, mais il ne fait pas de raisonnements, ni réfléchir ! En définitive, c’est bien l’esprit qui donne des solutions !

Mais le Dom ne va pas jusque-là ! Il se ressert toujours la « même soupe » ! Il est figé dans son discours, il tourne en rond ! Même s’il sent des satisfactions, il finit par retrouver le même marasme et en accuse les autres, la situation ! Le Dom fatigue, tellement il est prévisible ! On connaît ses limites, qu’il ne faut pas lui parler de telle ou telle chose, car immédiatement son disque rayé revient, se remet à chanter ! C’est comme une seconde peau, au propre comme au figuré, parce que le Dom n’est pas bien individualisé : il croit bêtement être le centre d’intérêt des autres, comme si le monde tournait autour de lui ! Le Dom accepte la vie, à condition qu’il ne voit les choses que dans son sens ! Si on essaie de le faire grandir, il est tout de suite dépassé et c’est sa pensée figée qui lui tient lieu de maison, pareille à la coquille d’un escargot !

On voit souvent le Dom se jeter sur la personne qu’il impressionne et qui le flatte ! Commence alors un dialogue hypocrite, qui arrange « tout le monde » ! On se caresse, on se ménage, pour se tenir chaud ! C’est un échange sans dangers ! où chacun trouve son compte ! Parfois, le dégoût affleure, mais il est vite réprimé ! On est en terrain connu, rabâché, on joue un rôle, bientôt stérile et qui fait bâiller ! Mais on adore la sécurité, quoiqu’on ne supporte pas la routine, d’où la « gueule » ! Ainsi le monde en carton-pâte des Doms continue et semble suffire ! Qu’il y ait des guerres, de la violence, des crimes, des viols fait qu’on tombe des nues, consterne absolument, puisqu’on nie son propre mal-être et sa haine, qui pourtant détruit !

La Chose, elle aussi, attend ! Elle est toujours prête à accueillir le Dom, à lui montrer ses secrets, à répondre à ses questions, encore faut-il que le Dom soit demandeur et on a vu combien il peut passer dans la Chose, sans cesser d’être un Dom, parlant incessamment de lui ! L’effet dans ce cas est nul ! Le Dom doit se dépouiller de lui-même, de son égo, pour entrer dans la Chose et la comprendre ! Il faut donc qu’il accepte son individualité et une sorte de solitude ! C’est bien lui qui est concerné et pas un autre ! Alors, la Chose parle, enseigne, avec son temps à elle ! Elle n’écrit pas des trucs sur les troncs, mais elle pénètre, à mesure qu’on se pénètre aussi de soi-même ! C’est un travail de maturité !

Généralement, celui qui sort de la Chose revient vers le monde des Doms, en étant apaisé, avec le sourire et plein de compréhension ! C’est le signe qu’il a évolué et il voit les Doms avec indulgence, comme s’ils n’étaient que de grands enfants perdus ! La destruction de la Chose, par les Doms, peut aussi susciter la révolte, le chagrin et la haine, mais même ces sentiments sont appelés à disparaître, au profit d’une sérénité heureuse ! La Chose rassure et donne du bonheur, sinon elle ne serait pas la Chose !

La Chose fait danser et enchante et on est bien loin là des joies forcées et bruyantes des Doms ! La Chose ne procure pas une ivresse passagère, elle n’est pas un rêve, ni un mirage ! Elle n’est pas un leurre ! On doit pouvoir s’appuyer sur elle, sans qu’elle cède ! Elle est un rocher, au milieu de la tempête ! Celui qui fait confiance à la Chose voit qu’il grandit, qu’il est plus heureux, que les Doms fonctionnent comme ceci ou cela ! La Chose n’enferme pas dans un monde artificiel, bien au contraire ! Elle donne le sentiment de l’infini et cela n’a pas de prix !

 
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