L' attaque des Doms (61-63)

  • Le 02/11/2024
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R57

 

                  "Oui, j'ai eu très peur!"

                             La Fille de Brest

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« Bienvenue au grand Salon de l’égoïsme ! Comme chaque année nous vous offrons ce qu’il y a de meilleur ! Rien n’est trop beau pour vous, les Doms ! Il doit y avoir une solution pour chacun d’entre vous ! Chaque Dom a le droit à son bonheur, à son plaisir ! N’écoutez pas ceux qui vous disent qu’il faut faire des efforts, qui essaient de vous remettre en question, au nom d’une morale universelle, qui n’existe pas et que d’ailleurs ils ne suivent pas ! N’écoutez pas les éteignoirs, les tristes sires, les soi-disant redresseurs de torts ! Ils veulent votre perte ! Ils veulent vous contrôler, vous dire comment penser !

Moi, je vous dis, cultivez plutôt votre égoïsme ! Car seul vous compte ! Pensez à vous ! Caressez-vous ! Admirez-vous et comme je suis heureux, quand je vous vois si nombreux dans nos allées ! A voir cette foule parcourir notre salon, je me dis « Voilà, y a encore des gens raisonnables et qui aiment la vie ! Il y a encore des gens qui travaillent dur et il est normal qu’ils profitent de leur argent ! » Au diable, tous ceux qui vous culpabilisent, qui vous appellent à dépasser vos haines, qui vous conduisent à l’humilité et à la modestie ! Vous valez mieux que ça ! Le monde vous appartient et l’injustice ici ne frappera plus vos oreilles ! Enfin, vous serez aimés… Alors profitez-en !

Bien sûr, vous allez retrouver nos produits phares ! Par exemple, les chaussures Place-Place…, pour vous, mesdames ! Tout le monde connaît ses chaussures et comment elles font de l’effet au quotidien ! Quelles que soient leur couleur ou leur forme, elles font toujours : « Place ! Place ! », en martelant le sol ! Grâce à elles, mesdames, on vous entend arriver à des kilomètres et on comprend combien vous devez être impérieuse, dominatrice ! Beaucoup d’hommes, dès cet instant, deviennent nerveux, se mettent à gémir, demandent maman, car ils savent que leur maîtresse arrive et qu’elle n’est pas contente !

Quel vêtement, pour accompagner les chaussures Place-Place ? Pour les petits budgets, nous recommandons la tenue Léopard, car c’est prolonger naturellement l’allure dominatrice, d’autant que notre choix mettra en valeur vos courbes parfaites, mesdames ! Cependant, le sac-à-mains sera alors sobre, strict, avec l’idée qu’il cache la cravache, que la sévérité n’est pas feinte, sous l’exotisme ! Mais, si vous avez les moyens, alors allez-y à fond ! Plus vous montrerez de luxe et plus les chaussures Place-Place auront leur place ! L’argent symbolise le pouvoir et il est normal que vous considériez les autres, moins riches, comme vos esclaves ! C’est la règle et vous la rappellerez si magnifiquement, mesdames ! On ne saurait trop vous conseiller un joli petit foulard, signe distinctif de votre caste et d’une santé sophistiquée ! L’élite ne peut pas non plus ne pas propager un parfum subtil et coûteux ! Pensez-y, quand vous passerez devant notre rayon parfumerie !

Un mot sur les hommes maintenant, car ils sont aussi nos amis ! Messieurs, vous trouvez que vos parties ne sont pas assez volumineuses ? Nous avons la solution : la coquille Lavasse ! Elle remplit tout le pantalon, en formant un sac lourd ! Elle s’adapte à toutes les formes de testicules et on la trouve en des dizaines de coloris ! Elle vous ira comme un gant ! Dès que vous l’essaierez, messieurs, vous allez susciter bien des convoitises ! C’est bien simple, on vous suppliera d’exposer votre sexe, de le laisser couler là sur la table, comme un foie de veau ! « On en mangerait ! » vous dira-t-on ! Ce sera vous le maître assurément ! L’effet est garanti douze mois ! Avec la coquille, quel assortiment ? Ma foi, il y a toujours le jean crasseux et puant ! Indémodable ! Un classique, qui dépanne toujours autant ! Mais on peut viser plus haut, style banquier et responsable, par exemple ! Ici, le sexe est porté comme un gourdin sage ! C’est plus raffiné…, il n’y a plus l’effet sac !

A vous de choisir, il y en a pour tous les goûts ! L’essentiel et j’y tiens beaucoup, c’est que vous ne pensiez qu’à vous ! L’idée est de faire croire que vos vies ont toujours un sens, ne serait-ce que pour ne pas être gagné par la panique ! Tout repose sur votre petit ego !

Entrez, entrez mes amis ! Venez lutter contre la grisaille ! Certains se moquent de vous… et moi, je vous dis : « Ne changez pas ! Ne cherchez pas ! Gardez vos peurs ! Niez-les ! Restez dans vos rêves et vos illusions ! Accroissez vos haines ! N’essayez pas d’aimer l’autre, c’est moins pour vous même ! N’essayez pas de comprendre ! Soyez plus fort que votre adversaire ! Triomphez de lui, sinon il vous détruira ! Vous croyez quand même pas que quelqu’un vous attend par-delà la mort, dans le noir du cosmos ? C’est fini tout ça ! Les dieux, c’est vous ! Comme vous êtes beaux ! Vous rayonnez dans les lumières de ce salon ! Comme je vous envie ! Je vous considère comme mes propres enfants ! Soyez vains ! Merci ! » »

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« Le colonel Svenz voudrait vous voir, dit D 4 à Dominator.

_ Le colonel Svenz ? Je ne le connais pas !

_ Il dit qu’il peut nous aider…, au sujet de la Chose !

_ Pfff ! Bon, faites entrer ! »

Peu après, le colonel Svenz se présente en effet… et on sent le militaire blanchi sous le harnais ! Il est en treillis, avec un corps mince et un visage taillé à coups de serpe ! « Colonel Svenz, dit-il, alors que Dominator l’invite à s’asseoir, en face de lui, sur un canapé.

_ Alors colonel, qu’est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite ?

_ Eh bien, Dominator, je suis un militaire à la retraite, mais je ne suis pas inactif pour autant ! J’ai fondé une firme et j’offre mes services à des gens qui en ont besoin !

_ Quel genre de services ?

_ Eh bien, disons que j’assure la sécurité de gens importants ! Je contribue à la stabilité de certains régimes ! La guerre est mon métier…

_ Moyennant finances, je suppose ?

_ Cela va de soi !

_ Autrement dit, vous êtes à la tête d’un groupe de mercenaires !

_ C’est exact ! C’est le mot !

_ Un verre ?

_ Volontiers ! Mais j’ai appris que vous aviez des ennuis, avec une certaine Chose !

_ C’est exact ! C’est le mot ! Votre verre…

_ Merci ! Que diriez-vous, si je vous en débarrassais ?

_ D’abord, merci, car la situation est bien gênante ! Nous ne savons toujours pas ce qu’est la Chose !

_ Laissez-nous nous en occuper ! Tous mes hommes sont des professionnels !

_ Et quelle serait la facture…

_ Disons une part de 10 % sur vos gisements de pétrole, pendant un an !

_ Fichtre !

_ Vous voulez des résultats et nous risquons nos vies !

_ Entendu ! »

Quelques jours plus tard, les hommes de Svenz pénètrent dans la Chose… Ils portent l’écusson qui symbolise leur groupe : un renard qui se lèche les babines, avec la devise « Nous sommes la mort rusée ! » Svenz marche à leur tête et pour l’instant ils sont entourés de brume… « Quand même, ce silence, Svenz ! fait l’un des gars. C’est encore plus oppressant que des tirs d’armes à feu !

_ C’est vrai, ça, Svenz, approuve un autre. Quand ça pète, au moins on sait où est l’ennemi ! Mais là…

_ Fermez vos gueules et écoutez ! répond Svenz. Il ne s’agit pas qu’on nous tombe dessus, parce qu’on aura l’air de prendre le thé ! »

Le groupe continue d’avancer, mais, gagné par la fatigue, il finit par s’arrêter… « Toujours ces mottes gonflées d’eau et cette brume ! lâche un des mercenaires. Qu’est-ce qu’on fout ici ? » Personne ne lui répond, car tous sont épuisés ! « Bon, on va faire une pause, dit Svenz. On se met en cercle et on reprend des forces ! » Chacun s’assoit et sort de son sac quelque provision… On mange en se fixant d’une drôle de manière, car maintenant qu’on ne marche plus, le silence est encore plus impressionnant !

« Pourquoi tu me regardes comme ça ? demande l’un.

_ Moi, mais je te regarde pas ! répond l’autre.

_ Mais si ! Tu me regardes avec un p’tit sourire, comme si tu te moquais…

_ Tu t’ fais des idées ! Moi, j’ suis tranquille !

_ T’es tranquille et pourtant t’es sournois !

_ Doucement les gars, intervient Svenz.

_ C’est tout de même pas ma faute si t’as les foies !

_ Qui ça qui a les foies ? Tout le monde sait qu’il y a un lâche ici et c’est bien toi !

_ Ben voyons, comme si c’était moi qui avais une petite bite !

_ Les gars, dou... »

Tout va soudain très vite ! Une arme aboie, une autre réplique, puis d’un coup c’est un carnage ! On tire pour se protéger sur n’importe qui ! Encore quelques coups, puis le silence revient… Un formidable silence, sur la brume qui danse un peu !

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« Dominator, dit D 4, une vieille dame voudrait vous voir…

_ Non mais à quoi tu sers, D 4, tu me prends pour un centre social ?

_ Elle dit qu’elle vous connaît très bien… et qu’elle sait des choses… au sujet de la Chose !

_ Décidément, tout le monde veut m’aider, mais personne n’y parvient ! Des nouvelles des mercenaires ?

_ Aucune !

_ Bon, fais entrer la vieille dame, mais c’est la dernière fois !

_ Entendu... »

La vieille dame entre dans le bureau et se précipite vers Dominator, pour lui faire la bise : «Dominator, mon garçon !

_ On se connaît ? fait Dominator, en essuyant ses joues, avec un certain dégoût. 

_ Oh ! Quel vilain petit garçon ingrat tu fais ! Tu n’invites pas ta maman à s’asseoir ?

_ Ma maman ?

_ Oh, bien sûr, je ne suis pas ta mère officielle, ça va de soi ! Et pourtant je t’accompagne depuis ton enfance et maintenant que tu es devenu Dominator, c’est encore moi qui te donne toutes tes idées ! Je peux donc prétendre être ta mère, tellement je ne fais qu’un avec toi ! Dis donc, il est très confortable ce canapé ! Je vois que tu te soignes ! C’est bien, je n’ai rien contre ça ! Au contraire, comme je dirais pas non, non plus à un verre !

_ Je vous trouve un drôle de toupet ! Mais vous allez m’expliquer tout ça, n’est-pas ?

_ Mais bien sûr, mon grand ! Maman t’a t’elle déjà laissé tomber ? Allez, viens t’asseoir près de moi ! Comme il fait bon ! C’est bien chauffé ! T’as raison, c’est pas quand on tombe malade que les choses s’arrangent !

_ Alors comme ça, toutes mes idées, c’est vous ?

_ Mais bien sûr, mon chou ! Hmmm, pas mauvaise ta gnôle, mon garçon ! Ah ! Maman en avait bien besoin ! Mais oui, tous tes projets, c’est moi ! Par exemple, l’extension de Domopolis, c’est d’ mon cru ! J’adore parler d’ cru ! Hi ! Hi !

_ L’extension… de Domopolis ? Ben voyons !

_ Mais si ! Une ville toujours plus grande, jusqu’à ce qu’elle empiète sur la Chose et que celle-ci réagisse, c’est bibi ! Tes idées conservatrices, pareil ! La fermeture des frontières, ta haine à l’égard des étrangers, j’en passe et des meilleurs, toujours maman ! Tu me ressers un verre ? J’ai soif !

_ Ah ! Ah ! Vous êtes impayable ! Je ne vous connais même pas, et vous êtes en train de me dire que vous me commandez entièrement ! comme si je n’avais aucun libre-arbitre, ni de personnalité !

_ Mais bien sûr que si, tu es libre ! Et t’as ton caractère bien à toi ! Ne t’inquiète pas ! Je t’aime comme tu es ! Car sous mon influence, tu aurais pu te comporter très différemment, par exemple en creusant un trou dans le sol… Certains le font… Ou bien tu aurais pu devenir alcoolique ! Hips ! Mais toi, non, tu as beaucoup plus d’envergure ! Avec moi, tu développes toute une politique ! Tu parles de la grandeur des Doms ! comme quoi ils doivent retrouver une puissance perdue ! T’arrêtes pas ! Des projets pharaoniques, t’en as plein ! Des discours, t’en regorges ! Tu écrases même tes adversaires ! Tu les injuries ! Tu appelles l’enfer sur eux ! Tu rêves même de conquêtes guerrières ! Si bien que tu finis par oublier maman ! Snif !

_ Et comment ! puisque c’est la première fois que je te vois ! Je te tutoies maintenant, vu que tu bois toute ma bouteille !

_ Tu vois, je te l’ai dit ! Tu m’oublies complètement ! Snif ! Tu brises le coeur d’une mère ! Mais j’en ai vu bien d’autres, tu sais ! Vous me niez tous dans le fond ! Je ne suis pas un atout, ni présentable ! On m’ignore volontiers… et pourtant je réapparais comme je veux ! Hi ! Hi ! Vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi !

_ Je pense que tu as assez bu… et que D 4 va te raccompagner !

_ D 4 ? Le singe de l’entrée ? Mais, baste, je suis venu te parler de la Chose !

_ Ah ! Bien, j’ t’écoute et après…

_ Laisse tomber… Elle est plus forte que toi ! Ce n’est pas toi qui vas dominer la Chose ! Ceux qui la fréquentent sont d’une autre trempe que toi !

_ Mon Dieu, ça fait dix minutes que je te supporte… et c’est dix minutes de trop !

_ Mais c’est pour ton bien que j’ dis ça ! La Chose, va falloir que tu t’en accommodes ! C’est pas une mauvaise... chose ! Ouf ! Ouf ! Et comme tu te surmènes, tu s’ras pas complètement perdant ! Faut qu’ t’apprennes à lever le pied ! Hips !

_ Mais t’es complètement saoule, ma parole ! Allez hop, dehors !

_ Laisse-moi te dire mon nom, dans ton oreille ! Voilà mon chou, je suis ta peur ! »

 
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